Slovaquie
Kolarovo,le
2.10.2014
Etape:100
km
Temps gris
brumeux,typique d'un mois de novembre,petit à petit l'automne nous
enserre dans ses griffes humides et frisquettes,le moral reste bon,il
faut savoir prendre la route coûte que coûte et se dire chacun son
chemin.Le rythme malgré tout tranquille de notre avancée
bucéphalique,nous permet d'appréhender et d'intégrer presque
sereinement les changements survenant dans notre vie quotidienne.
Malgré tout,parfois je me sens rattrapée brutalement par une
réalité qui n'est plus la mienne depuis fort longtemps déjà.
Incursion dans un hyper marcher,le premier depuis des lustres,temple
dédié à la consommation,je me sens gênée par tant
d'abondance,dans ma tête se bousculent les images de toutes ces
populations et pays démunis que j'ai pu rencontrer,besoin de
sucre,pain......produits de consommation ordinaires,il y en a tant
sortes,emballages......différents et pourtant si semblables,je ne
sais que choisir,je me sens perdue,décalée,au bord des larmes,dans
quel monde vit-on ????? Réaction certes excessive,qui longtemps
m'interpellera,mais je ne peux me raisonner,vais-je arriver en me
réinstallant dans une vie plus sédentaire à garder suffisamment de
distance avec tout cela,ne pas tomber dans les excès de la
surconsommation,du pas le temps,de l'insatisfaction
chronique..........
Retrouver la selle de mon
bucéphale m'apaise,encore des kilomètres et du temps devant
moi,pour réfléchir,penser,continuer d'apprendre,se souvenir,ne pas
oublier.
Quelques coups de
pédale suffisent pour que nous nous retrouvions à
Esztergom,dernière ville hongroise de notre parcours,nommée la
petite perle du Danube elle ne manque pas d'attraits,imposante
basilique,château,palais,centre ville aux vieilles maisons colorées
magnifiquement restaurées,marché local et populaire où nous
arrivons à dépenser jusqu'au dernier Forint......... prenons le
temps d'y musarder longuement,restons interdits en voyant quelques
cyclistes,voyageurs au long cours des temps modernes,qui juchés sur
leurs vélos feront le tour de la place tout en prenant des photos.
Désormais plus de place,pour les amicales salutations et le brin de
causette.
Pont
traversant le Danube,pas de poste frontière et pourtant nous
voilà,déjà,en Slovaquie(un peu plus de 5 millions
d'habitant),capitale Bratislava,sa monnaie l'Euro,l'impression que
désormais plus rien ne m'est vraiment étranger. Superbe piste
cyclable,remarquablement bien indiquée longeant le Danube à travers
forêts aux couleurs automnales,prés verdoyants.....
Komarom,grande ville
bourdonnante,agitée d'un important trafic urbain,située aux
confluents du Danube et de la rivière Vah. Route nous
échappant,marche avant,marche arrière,avant qu'un chaleureux
slovaque ne nous remette sur ce que nous supposons être le bon
chemin. Point d'abri,pluie diluvienne,orage s'abattant sur nous,une
seule option celle de pédaler vigoureusement.
Fin
de journée,Kolarovo,il pleut toujours des cordes, trempés jusqu'aux
os,planter notre guitoune ne nous dit rien qui vaille,jeter notre
dévolu sur un hôtel semble être le choix le plus judicieux,notre
vie se dépense désormais en Euro et les prix annoncés nous font
dresser les cheveux sur la tête,malgré la situation épineuse ne
pouvons nous y résoudre. Quittons la ville en direction du
Danube,lorsque apparaît un magnifique pont enjambant une petite
rivière,sur l'autre rive,un lieu magique,petite maison dans la
prairie,sorte de ranch où
s'égayent,canes,chèvres,poules,ânes.......notre bonne étoile
serait-elle avec nous,nous n'osons pas vraiment y croire. Nous y
sommes accueillis chaleureusement par une jeune femme qui nous
servira d'interprète au près de la propriétaire des lieux,qui nous
proposera,une petite chambre dans un bungalow,cage à lapin sentant
le renfermé pour la modique somme de 6 €,nous sommes aux
anges,n'en revenons pas de notre chance,nous allons pouvoir passer la
nuit bien à l'abri et au sec !!!!!
Bratislava,du
3 au 4.10.2014
Etape:114
km
Accus rechargés après
une bonne nuit de sommeil,des cieux pas encore complètement pacifiés
mais montrant meilleures intentions,l'humeur est légère et
guillerette. Avant de quitter les lieux,à l'instar de mes
habitudes,m'enquière au près de notre charmant hôtesse,de la route
suivre.Complètement effarés,nous ne pouvons que prendre
conscience,que nous nous sommes totalement foudroyés,dès
Komarom,avons pédalé comme de beaux diables dans la fausse
direction !!!!!! Ne pouvons que remercier la pluie de nous avoir
stoppés dans nos élans. Il ne sert à rien de se désespérer,ne
nous reste plus qu'à rétablir le cape !!!!!!
Début d'étape,pas vraiment
agréable,parfois un peu cauchemardesque à travers une campagne et
des villages slovaques affichant de pauvres airs tristounets,sur des
routes pourris très circulantes où les chauffeurs ne font guère
preuve d'esprit civique. Contacts plutôt mitigés avec une
population parfois bien mal embouchée,animosité urbaine à laquelle
nous ne sommes plus habitués.
Soulagement lorsque
après plus de 40 bornes,retrouvons le Danube et la route qui est la
nôtre. Longues lignes droites à travers champs
verdoyants,forêts,ciel se dénudant enfin pour laisser apparaître
un soleil bienvenu. Tempétueux vent de face,forcissant au fil des
kilomètres,heureusement que mon poussin est là pour me protéger de
son immense carcasse !!!!!
Bratislava(400'000
habitants),capitale slovaque que nous atteignons en fin
d'après-midi,fatigués mais heureux de la tâche accomplie. Petite
bière en terrasse en attendant tranquillement Andréa et Thomas(warm
showers)ayant la gentillesse de venir nous récupérer,dernière
virée de 7 kilomètres à la nuit tombante avant d'arriver à bon
port,petit appartement douillet où mijotait déjà sur les fourneaux
un délicieux poulet. Chez Andréa et Thomas,il n'y a que
l'appartement pour être petit,conquis dès le premier instant par la
chaleur de leur accueil,nous ne cesserons tout au long de notre
séjour d'être touchés par leur générosité,prévenance..... De
merveilleux moments de partage,de superbes discussions..... toutes
ces choses donnant à la vie son véritable sens.
Bratislava,charmante
et coquette capitale slovaque,centre culturelle et économique du
pays,mélange avec goût l'ancien et le moderne. Centre ville
historique pris d'assaut par des hordes de touristes de tous poils et
tous horizons. Ville d'aspect florissant,l'apparition tout comme à
Budapest d'une certaine misère sociale y est d'autant plus
frappante,sans abris laissés pour compte de nos sociétés,faciès
d'alcooliques,des airs de vaincus pour certains,agressivité latente
pour d'autres.....désœuvrement social,dénuement au sein de
l'opulence......que cela doit être dur !!!!!
Vienne,du
5au 8.10.2014
Etape:83
km
C'est avec peine
et grande tristesse,que déjà,bien trop tôt à notre goût,nous
quittons Andréa en ce jour,malgré le désir de nous attarder,la
route ne peut plus vraiment attendre,Vienne nous tend les bras.
Bratislava et Vienne,sont les deux capitales les plus proches du
monde.
Pont
enjambant le Danube traversé nous retrouvons quasiment
instantanément en Autriche, pas de poste de frontière,je mets un
temps certain à réaliser mon entrée dans ce pays,qui il n'y a pas
si longtemps encore me semblait tellement éloigné. Autriche(8,5
millions d'habitants),capitale Vienne,une monnaie désormais unique
l'Euro.
Superbe
piste cyclable,nature manucurée d'une propreté immaculée,chaque
chose semble y avoir sa place,apparition de nombreux panneaux
d'interdiction ne laissant aucune place à l'erreur,maisons
cossues,châteaux juchés sur les collines,champs aux cultures tirées
au cordeau......monde aseptisé,magnifique et généreuse nature,un
Danube de plus en plus majestueux,même si chaos et anarchie
commencent déjà un peu à me manquer,je ne peux m'empêcher d'être
émerveillée par tant de beauté. En ce dimanche nombreux sont les
cyclistes croisés,tenues flamboyantes dernier cri,vélos performants
et clinquants,la tête dans le guidon..... plus payées de retour les
salutations que je m'obstine à adresser à tout un chacun,Patrick
rigole gentiment,il y a longtemps qu'il a abdiqué. A la périphérie
de Vienne,un troquet,rendez-vous et ami des cyclistes,l'envie d'un
café nous pousse à une petite halte que Patrick n'a pas encore
vraiment digéré,il restera longuement la main tendue en attendant
la monnaie sur le billet de 5 € tendu avant de comprendre que
celle-ci ne viendrait jamais. Les boules en plus c'était un self
service !!!!!!
Vienne(~1,8 millions
d'habitants),un canal bordé de gigantesques réservoirs d'essence
nous y emmène,la ville gigantesque étire ponts et tentacules en
tous sens,les nombreux panneaux indicateurs ne nous sont d'aucune
utilité. Avons rendez-vous avec Jeff(warm showers),mais il est où
ce foutu centre ville ?????? Largement éclairée,pourvue de
nombreuse pistes cyclables,panneaux d'interdiction et de
permission.....y rouler tandis que s'installe l'obscurité ne pose
aucun problème. Après force tâtonnements,inlassables
questionnements,finissons par atterrir devant la bonne porte où nous
sommes reçus par un Jeff simple et chaleureux,français
expatrié,ayant roulé sa bosse et gardé un heureux souvenir de la
Suisse nous accueillant dans son vaste et superbe appartement qui
nous laisse pantois d'admiration. Entre «français»qui se
respectent,nous ne sommes pas long à nous retrouver dans le bar d'à
côté à disserter à bâtons rompus dans la langue de
Molière,autour de bonnes bières fraîches,un peu plus et je me
croirais déjà de retour. Notre séjour viennois ne pourrait se
présenter sous de meilleurs hospices.
Grâce à
l'hospitalité et aux bons conseils de Jeff,nous avons toutes
latitudes pour visiter Vienne à notre rythme. Capitale
grandiose,opulente,cossue,fascinante......une liste de qualificatifs
la rendant presque intimidante,il y a tant de choses à y voir et à
y découvrir,que je ne sais où poser le regard je m'y sens comme une
môme devant un énorme gâteau au chocolat,ayant acquis la sagesse
de l'adulte,nous la visitons avec lenteur,la consommant avec
modération,sous peine de risquer l'indigestion.
Églises,cathédrales,opéras,le palais de l'impératrice Sissi,noms
illustrent s'inscrivant sur les murs,musées,calèches tirées par
des chevaux,magasins aux marques prestigieuses,cafés
branchés,restaurants,hôtels 10 étoiles......tout y parle de
richesse,réussite sociale.......mais où est la crise sociale
??????? Ville que je visite avec émerveillement,mais avec
Patrick,nous sommes d'accord,pour lui préférer Budapest,que nous
trouvons plus chaleureuse et colorée.
Coulons des jours heureux en
compagnie de Jeff qui,quotidiennement nous réserve de belles
surprises,fondue,camembert.......délicates attentions profondément
touchantes. D'un seul coup d'un seul,l'automne semble avoir cédé la
place à l'hiver,chute drastique des températures,soleil de plus en
plus pâlot ne réussissant plus à réchauffer nos carcasses
grelottantes......oserons-nous,nous attarder encore longuement en
cours de route ??????
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