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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

vendredi 18 mars 2011

Jordanie sur la route de la mer morte- Madaba du 12 au 16.03.2011


Route de la mer morte-Madaba du 12 au 16.03.2011

Etape:46 kms
Comme un signe de bon augure,le soleil darde ses chaleureux rayons et le ciel est d'un bleu limpide lors de notre réveil matinal. Ghassab en véritable fée du logis nous concocte un dernier petit déjeuner avant que nous ne prenions la route. Il nous dépose avec armes et bagages sur le bord de la route bitumée,nous y retrouvons Solimane pour un dernier au revoir avant que nous ne quittions notre nouvel Ami dont je garderai à n'en pas douter un souvenir ému.

Heureusement que Ghassab nous avait annoncé une route plate,nous ne sommes pas montés sur nos vélos que nous nous retrouvons confronté à une patate digne des Pyrénées,obligés de mettre pied à terre et de pousser nos bicyclettes lourdes de toutes les provisions emmenées. Souffle court et muscles bandés,seul le moral tient la route. Les encouragements de soutien se succèdent au gré des lacets de ce petit serpent bitumé,la progression ne se compte pas en kilomètres mais plutôt en mètres tant elle est lente,dure et fastueuse,régime qui durera sur plus de 10 kms,avec en prime une route qui petit à petit se dégrade pour ne ressembler plus qu'à une mauvaise piste gravillonneuse où mes chaussures recollées maintes fois à la glu glissent et ripent. Cependant arrivés enfin au sommet nous ne pouvons qu'être émerveillés par le spectacle qui s'offre à nos yeux. En toile de fond une vaste plaine émaillée d'acacias et de dunes de sable aux couleurs orangés, comme un mirage sur le chemin que nous nous apprêtons à descendre un troupeau de dromadaires. La descente abrupte ne s'avère pas plus aisée que la montée,un sol glissant et des virages en épingle à cheveux la rende dangereuse et me font serrer les miches sur ma selle,même mon poussin en devient précautionneux,c'est pour dire!!!!!!! Nous arrivons dans la plaine soulagés d'en finir, nous y sommes accueillis par un vent de face,l'épreuve continue dans cette région semi désertique qui borde le Negev israélien. Seuls quelques campements bédouins attestent de la présence humaine. Il nous faudra la journée pour parcourir ces 46 kms, la journée touche gentiment à sa fin et c'est le creux d'un wadi qui nous offrira son hospitalité pour la nuit avec en toile de fonds de merveilleuses montagnes colorées qui prennent des teintes somptueuses au coucher du soleil. Notre bivouac s'organise,comme toujours un café en récompense de cette dure et longue journée, collecte de bois en vue d'un petit feu de camp,mais le vent qui ne cède pas nous fait renoncer à cette idée et à celle d'un repas chaud. Heureux de retrouver le ciel étoilé comme décors de nos nuit,la lune bien qu'à moitié pleine nous éclaire comme si nous dormions sous un lampadaire.


















2ème étape:85 kms

Patrick retrouve ses meilleures habitudes et me réveille avec un bon café,la nuit fut bonne et plus de traces des fatigues de la veille,c'est tout guillerets que nous reprenons la route excités à l'idée de découvrir la mer morte. Avons retrouvé la route principale et son intense trafic,principalement constitué de camion transportant de la potache,première ressource du pays. Pas vraiment drôle,mais la bande sur le côté de la route nous met à l'abri des dangers. La route dans un premier temps se veut doucement vallonnée avant de plonger sur plus de 2 kms dans la dépression annonçant les prémices de la mer morte et sa plaine,fertile à souhait, champs de tomates qui poussent en quantité biblique tout autant que courgettes,patates,aubergines et oignons. Les camions surchargés de ces délicieuses denrées sont un peu à l'image du petit poucet, semant sur leur passage de quoi faire une gigantesque salade. De nombreux check point sans doute dus à la proximité d'Israël ponctuent la route,occasion pour nous de refaire le plein d'eau ou d'être invités pour un thé. La route se poursuit jouant gentiment du yoyo,les champs de tomates s'estompent,les usines de potasse sont derrière nous de même que leur camion,le trafic se fluidifie et laisse place au bleu intense de la mer morte,waouah!!!!Rencontre d'un jeune cycliste Lettonien,qui nous fait l'article sur la petite cascade au près de laquelle il a bivouaqué,rencontre éphémère et sympa,l'information n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et la gardons sous le coude pour demain. Un des rare petit village rencontré sur cette route nous permet l'achat de quelques denrées,avant d'imaginer un bivouac. Invités dans un premier temps pour le thé dans un campement de Bédouins,rapidement ils nous offrent le gite et le couvert,mais la nombreuse marmaille hurlante,les chiens,l'odeur d'urine des troupeaux de chèvres et de moutons et l'envie de se retrouver tous les deux nous feront décliner l'offre et poursuivre notre route.
Quelques kms plus loin,une ancienne carrière est élue pour notre bivouac.








3ème étape:26 kms
L'envie de se laver prend le pas sur tout le reste, et c'est décidé cap sur la cascade. L'étape est courte mais des plus sympathique, continuons de longer la mer morte et ses interminables champs de tomates d'un côté tandis que de l'autre se dessine clairement Israël et les territoires palestiniens. Présence toujours aussi importante de check points militaires. Après quelques hésitations nous finissons par la trouver notre fameuse cascade,située au fond d'une gorge idyllique et verdoyante où poussent quelques palmiers. Malheureusement les pique niqueurs du dimanche ont laissé derrière eux une quantité industrielle de déchets,je me sens triste de voir un si beau lieu détérioré par la main humaine. Désireux de prendre du recul par rapport à la route et aux ordures,nous décidons d'un bivouac plus loin au fond de la gorge,et là c'est une véritable épopée qui commence,décharger nos vélos et transporter toutes nos possessions en plusieurs étapes,le long du chemin pierreux et escarpé qui descend avant de remonter tout en traversant la rivière. L'entreprise nous demande pas mal d'énergie, mais une fois installés nous nous disons que parfois le bonheur a un prix et le jeu en vaut vraiment la chandelle,heureux que nous sommes dans cet environnement sauvage loin du bruit et de la fureur de ce monde. Tels Adam et Ève au paradis terrestre nous nous retrouvons bientôt à poil,barbotant et nous frottant d'importance,nous commencions à bien porter notre nom de yacks,dans les eaux délicieusement tièdes de notre hospitalière rivière. En fin de journée Patrick s'en va à la quête de beaux clichés et d'une éventuelle baignade,lorsqu'il tombe sur un poste de guet militaire qui refuse l'idée d'une trempette et d'un bivouac dans le coin.
Les questions pleuvent,les réponses restent évasives,Patrick fait mine de ne rien comprendre (vu son anglais légendaire il n'a pas vraiment besoin d'être un grand acteur),avec le temps ils finiront par se lasser et le lâcher au coucher du soleil. Discrètement et en tapinois il rejoint le bivouac où je commençais à m'inquiéter de le voir autant tarder. Encore une fois nous avions collecté du bois dans l'idée d'un petit feu de camp,mais cette fois-ci c'est la prudence qui réfrénera notre envie. Tout heureux et excités de se trouver si bien en ces lieux nous avons peine à trouver le sommeil et de plus une grenouille se met à jouer à la Callas en coassant son bonheur de vivre sur cette terre.




















4ème étape:34 kms

Nous tournons le film de notre épopée à l'envers ce matin afin de faire regagner la route à nos vélos et bagages. Au bout de 13 kms,le petit déjeuner s'impose,alors que nous nous apprêtons à attaquer nos maigres victuailles,deux Jordaniens en goguette nous invitent à les rejoindre et partager leur succulent pitance faite maison,génial la journée commence bien,ils nous font même cadeau du pain qu'il reste. Après ce gargantuesque petit déjeuner,l'énergie nous manque sérieusement pour poursuivre notre route surtout lorsque nous nous trouvons devant un panneau indiquant une grimpette de 5,5 kms au pourcentage de 10 %,les bras nous en tombent et après concertation décidons de tenter la route en stop. C'est alors que commence une interminable attente infructueuse sous un cagnard de plomb,peu de véhicules se présentent et seuls quelques taxis ou voitures de location observent nos manège. Pas en veine,la tombée du jour nous trouve bredouille sur le bord de la chaussée et nous oblige à poursuivre un bout de route en vue d'un éventuel bivouac. Au bout de quelques kms,nous tombons sur Ahmed et son petit tea shop, qui nous invite à dormir chez-lui. Patrick se targue déjà de m'avoir trouvé un palace mais au moment de m'installer force m'est de constater que je ne dormirai qu'aux portes extérieurs de ce fameux palace!!!!! Quelque peu déconfits par cette journée merdique,nous préparons popote et bivouac sur un lieu qui ressemble étrangement à un parking poubelle!!!! Rencontre fort sympathique avec deux policiers un peu cow boys qui assurent la sécurité côtière et s'engagent de la même manière à assurer la nôtre durant cette nuit,quelle histoire!!!


5ème étape:Madaba:44 kms


La nuit fut encore plus pourrie que prévue,entre les moustiques et les différents fêtards qui s'égayent autour d'un barbecue. Le matin nous retrouve les yeux gonflés et la tête dans le cul,nous nous conditionnons mentalement bien décidés à rejoindre Madaba par nos propres moyens. Le panneau annonçant la fameuse grimpette de 5,5 kms ne nous enchante pas plus que la veille,mais cette fois-ci nous nous y attelons sans tarder avant que le courage ne nous fasse à nouveau défaut. Certes l'effort est rude et nous progressons lentement mais finirons par atteindre le sommet,et incroyable de se dire qu'une fois parvenus à ce point,nous nous retrouvons juste à l'altitude du niveau de la mer (la mer morte se trouve à 408 m en dessous du niveau de la mer). Les points de vue sont spectaculaires,de là nous pouvons clairement voir la ville de Jéricho en territoires palestiniens. Fières de nous, nous nous félicitons de notre réussite sans nous douter une minute de ce qui nous attend,en fait c'est maintenant que l'épreuve commence..... Le moral en prend un coup lorsque nous nous retrouvons face à un panneau indiquant cette fois-ci une pente à 13 %,vu notre charge obligés de mettre pied à terre,c'est soufflant,suant transpirant que nous poussons nos montures,altitude et distances gagnés mètre par mètre tantôt à la force des bras,tantôt à celle des mollets,mais surtout celle de la tête. Arrivés dans le petit village de Mahin,au bout de 30 kms la route nous laisse enfin quelque répit en même temps que les paysages changent, présence de conifères,oliviers,cyprès,champs de colza et d'orge qui donnent à cette région des petits airs de Toscane. Les derniers kilomètres sont plus aisés, quelques petits raidillons nous amenant sur des descentes plus que bienvenues. C'est tout de même fourbus et épuisés que nous atteignons Madaba où notre seul et unique but dans un premier temps est d'y trouver une hôtel pour nous poser et fort heureusement la chose s'avère simple, rapidement nous élisons domicile au Queen Ayola Hotel,un peu désuet et décati mais l'accueil y est des plus chaleureux, les prix pratiqués relativement doux pour le pays,accès internet gratuit. Une bonne douche chaude,un excellent repas et un vrai lit( cela faisait longtemps),ponctuent la fin de cette rude mais oh combien gratifiante journée!!!


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