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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

vendredi 29 juillet 2011

Les pays du Caucase:L'Arménie Lac Sevan- Gosh du 17au 21.07.2011



Les pays du Caucase: L'Arménie
Lac Sevan

Village au bord du lac,le 17.07.2011
Etape:75 kms

Le vent s'est calmé et le ciel a retrouvé une mine réjouie,requinqués par une bonne nuit de sommeil et le repas gargantuesque de la veille,nous attaquons joyeusement les 20 derniers kilomètres de côte identiques à ceux de la veille pour atteindre,le lac de Sevan et la ville du même nom.
C'est un spectacle affligeant que nous offre la ville de Sevan dès notre arrivée. La petite cité située à 1'900 m d'altitude,10'000 habitants a dû connaître des jours meilleurs,usines défuntes qui étalent aux quatre vents leur tripes rouillées,carcasses de voitures,immeubles vétustes,rues inanimées et jonchées de détritus,l'endroit revêt des airs de tristesse,défaite et désolation comme vaincu par le temps et l'adversité. Les usines fermées et un climat des plus rigoureux a amené plus d'un tiers de la population à fuir les lieux au moment de l'indépendance. C'est quelque peu consternés et interrogateurs,que sommes-nous venu faire ici,que nous nous asseyons sur le bord du trottoir, pour avaler notre petit déjeuner composé de pain et de chocolat,afin de décider de la marche à suivre. Poussant un peu plus avant le centre ville nous offre une vision un peu plus joyeuse,la rue principale, plus animée semble avoir fait les frais de quelques rénovations,quelques petits commerces et immeubles typiquement soviétiques,mais surtout les pompiers de la ville qui fort aimablement réparerons les pédales de nos vélos qui ont perdu une vis en cours de route et nous confectionneront un délicieux café. Renseignements pris le tour du lac de Sevan,200 kms de route aux dires des pompiers plate????? Alléchés par la perspective de toute cette platitude,la décision est vite prise,c'est parti pour un tour 
du lac.



Je n'aurai pas effectué 2 kms que déjà je maudirai ces foutus pompiers,de un la route n'est pas plate loin s'en faut,de deux ce n'est même pas une route mais une lamentable piste des plus fréquentée en ce dimanche,le lac de Sevan étant une destination privilégiée pour les habitants de Erevan fuyant la chaleur de la capitale. Le premier aperçu du lac est monstrueusement moche,des projets immobiliers abandonnées,des cabanes de ferraille rouillée tenant lieu de guest house et toute une foule de baigneurs fous qui s'égayent alentours,je rêve, l'endroit est touristique!!!!!!









 Au rythme de nos kilomètres chaotiques les choses s'arrangent petit à petit,nous retrouvons une route potable,le dénivelé devient plus conciliant,les «infrastructures» touristiques disparaissent pour laisser place à la vraie vie rurale,petits hameaux,troupeaux de vaches,une campagne certes desséchée mais sur fond d'eau bleu azur. Situé sur un petit promontoire,le monastère de Hayravank et ses khatchkars tout recouverts de mousse orange,vieux de 1'100 ans a belle allure. Son intérieur simple aux multiples voûtes et piliers sculptés m'offre calme,sérénité et fraîcheur,petite halte sympathique qui me réconcilie avec notre décision.





























Le ciel est à nouveau incertain,le vent se lève,
nous atteignons gentiment mais sûrement notre quota kilométrique de la journée,mes jambes commencent à rechigner devant l'effort. Un petit village fermier,quelques immenses fermes délabrées,des maisons de ferraille rouillée,carcasses de voitures,des bergers et bergères veillant sur leurs troupeaux de vaches. Le village n'est pas vraiment beau,mais l'environnement est grandiose et sauvage,une steppe caillouteuse entourée d'une haute chaîne de montagnes,respirant le calme et la tranquillité. Patrick trouvera le paysan du coin qui mettra à notre disposition une espèce de bunker russe sur 4 roues,ce n'est pas à proprement parlé un palace,l'endroit est rigolo et incongru mais nous serons à l'abri en cas d'intempéries et même nos bucéphales peuvent y dormir en notre compagnie.
Nous passons un moment en compagnie de la maigre population locale qui semble plus qu'interrogatrice et ahurie par notre débarquement. Nous en profitons pour une visite dans l'église du village et la petite chapelle que nous indiquera fièrement la vachère du coin,des lieux intimes qui semblent raconter toute l'histoire de ces villageois.




















































Lusakunk,le 18.07.2011
Etape: 60 kms
La nuit constellée de quelques gouttes de pluie ne fut pas aussi bonne qu'espérée,notre roulotte de fortune avait comme quelques tendances à pencher. La journée s'annonce chaude et le vent annonce de manière bien matinale ses intentions. Petit à petit la sécheresse et rudesse des paysages s'atténuent,apparition de quelques bouquets d'arbres,de vergers,noyers,abricotiers,cerisiers. A la croisée des chemins une piste caillouteuse et périlleuse nous emmène à travers une petite gorge,traversant le village agricole d'Artsvanist à l'église de Vanevank datant de 903 simple et dépouillée,elle semble attendre patiemment sous la chaleur torride la venue de quelques chalands de passage. Un curé peu soucieux de nos âmes passera le temps de notre visite assis dans son verger suspendu à son téléphone portable.
Dans le village,tandis que Patrick photographie quelques camions et tracteurs préhistoriques,le jeune et fier propriétaire de ces véhicules pétaradant nous fera l'honneur de sa petite fermette et nous y accompagnera dans une visite guidée.
Retour par une imprévisible piste sableuse sur la route principale qui a revêtue sa plus belle robe et est exempte de tout trafic,
nous y retrouvons des paysages lagunaires et arborés,saules,platanes,bouleaux et autres arbres d'eau,qui nous protègent des furies d'Eole. Après la sècheresse de tous ces derniers kilomètres,la vision rafraîchissante d'une nature moins torturée par les rigueurs du soleil. Répit qui ne durera qu'un trop bref instant,vent et montées abruptes nous attendent au détour du chemin,encore une fois je me retrouve à pousser mon bucéphale qui,tout comme moi renâcle à avancer contre le vent. Une station essence,je commence vraiment à croire que ces dernières sont les saintes protectrices des voyageurs comme nous,se trouve fort à propos sur notre route,Patrick est encore une fois à la recherche d'eau chaude pour le café. Nous y faisons la connaissance d'Hacop,nous n'avons pas vraiment de langage commun à part celui des signes et des mains,mais le courant passe bien et point n'est besoin de mots pour se comprendre. Il ne tarde pas à nous inviter chez-lui,il est encore tôt,il serait bien malgré le vent et la fatigue que nous avancions encore un peu. Devant notre refus,son insistance se fait grande et il ne lui faudra pas beaucoup d'effort pour arriver à bout de nos volonté défaillante à l'idée d'une bonne douche et d'une couche,nous cédons à la tentation. Nos vélos sont promptement montés à bord de sa camionnette,il ne nous reste plus qu'à croiser les doigts pour qu'il ne nous fasse pas parcourir à l'envers tous les kilomètres si durement gagnés,et fort heureusement c'est à 3 kilomètres de là au village de Lusakunk qu'ils nous emmènent. Une grande et chaleureuse maison de pierre,entourée d'un magnifique jardin potager et d'un beau verger. Nous y sommes reçus par son adorable famille,sa mère Lena,son épouse Liana et ses 2 fils,tous ravis de nous recevoir. Comme toujours les petits plats sont mis dans les grands,cafés,gâteaux,chocolat font leur apparition,viennent ensuite la douche et la lessive avant de passer aux choses sérieuses,le festin pomme-de-terre,poulet grillé,salade,fromage accompagnés de l'incontournable vodka. Le moment est des plus plaisant mais la fatigue prend le dessus et nous regagnons notre chambre d'hôte où nous attend la couche généreusement prêtée par Lena pour une douce nuit de sommeil 

























































Drakfik,le 19.07.2011
Etape:88 kms
Au réveil Liana et Lena sont bien présentes et au petits soins pour nous,cafés,gâteaux,nous ne reverrons pas Hacop resté dans les bras de Morphée. La société arménienne sous ses airs de liberté est restée bien macho,les femmes s'occupent de la maison et des enfants,les hommes sont entre potes levant bien souvent le coude mais rarement le petit doigt et de manière surprenante,ces derniers bien souvent ne me serrent pas la main. Les villageois ont du se donner le mot,et quelques petites vieilles curieuses viennent voir les bipèdes qui ont débarqué dans leur lieu en vélo et sont ravies de faire partie de la photo de famille.
Champs de blé déjà moissonnés,collines arides nous accompagnent au cours de ces premiers kilomètres jusqu'à le ville minière(or) de Vardenis aux tristes immeubles,usines abandonnées de l'ère post-soviétique. C'est avec une route complètement pourrie constellée de trous,ornières à travers lesquels il faut jongler minutieusement que nous entamons cette deuxième partie du lac,elle ne semble pas vouloir en finir et s'avère pire qu'une véritable piste. D'un seul coup nous nous retrouvons sur une route flambant neuve,mais pas la peine de crier victoire trop rapidement celle-là ne durera qu'une vingtaine de kms avant de céder la place à une vraie piste jalonnée de quelques montées ardues,vraiment pas de tout repos,ah 
les pompiers de Sevan,si je les revoyais!!!!!!
Le long du parcours quelques petits villages,de moins en moins de terrains les montagnes se resserrent autour de nous avant de se transformer en collines aux douces formes arrondies. Nous retrouvons bientôt la civilisation et ses complexes touristiques et hôteliers complètement abandonnés et inachevés qui ne sont pas sans me rappeler ceux de la mer Rouge, à une plus petite échelle bien évidement,triste et moche. Quelques échoppes vendant souvenirs,bouées,une plage minuscule où s'entassent comme des sardines de joyeux vacanciers.
Le ciel commence à montrer des signes d'une future colère,le vent se lève il est temps pour nous de trouver un refuge pour la nuit. Un complexe hôtelier en construction abandonné sur les rives du lac,l'endroit est certes pourri,mais après un petit coup de ménage effectué par Patrick,il acquiert une mine raisonnable et acceptable. Nous n'avons plus rien à manger et les magasins ne courent pas les rues dans le coin,une petite échoppe vendant le minimum vital,nous fera cadeau du fromage et des quelques légumes achetés,n'ayant pas la monnaie à nous rendre sur le seul «gros» billet que nous possédons!!!!!
Une petite soirée bucolique à ressasser nos souvenirs de voyage sur les rives du lac. L'ingéniosité de Patrick n'a pas de borne lorsqu'il s'agit de faire un café,il réussira à chauffer de l'eau sur les braises laissées par des pique-niqueurs du dimanche!!!!!
Le ciel est électrique,le vent souffle en rafale et c'est au moment où je me glisse avec délice dans ma couche que le ciel se zèbre d'éclairs avant qu'un violent orage éclate et déverse sa rage sur notre cahute pas vraiment étanche,elle prend l'eau de partout,le plafond suinte,de petites lucarnes placées juste au-dessus de nos têtes laissent présager du pire,mais je ne sais pas quel miracle,visiblement nous avons installé nos couches au bon endroit et nous serons épargnés par ce déluge!!! Encore une fois merci à notre bonne étoile!!!!

















Gosh,le 20.07.2011
Etape: 80 kms
La nuit fut brève,l'orage de la veille n'a pas vraiment lavé le ciel qui est gris et maussade,la pluie n'est pas loin,les paysages n'en n'ont qu'une allure plus déprimante et sinistre. 20 kms ventre à terre avant que Patrick ne trouve enfin l'endroit où il peut faire son café!!!!
Nous quittons le lac avant d'emprunter la route qui monte de manière douce et régulière vers le nord du pays,mais voilà que nous nous retrouvons comme deux cons lorsqu'un tunnel de 2,5 kms de long se présente à nous,que faire??? Conseil de guerre et au final ma sagesse l'emportera,nous attendons qu'un truck se présente afin de pouvoir y charger nos vélos,l'attente fut de courte durée et le passage du tunnel un jeu d'enfant. 


Nous débouchons de l'autre côté sur le col de Sevan et quelle vision magique. Changement total de décors,hautes montagnes habillées de forêts verdoyantes,cela ressemble à s'y méprendre à nos beaux paysages montagneux,quelle luxuriance après toute la sécheresse de ces derniers temps.
La route virevoltante plonge abruptement en direction de la petite ville de villégiature,station climatique de Dilijan. La précaution est de mise,la route est rendue glissante en raison de la légère pluie qui tombe. Dilijan petite ville au charme surranée de 17'000 habitants,lieu de retraite privilégié durant l'ère soviétique spécialement pour les écrivains,compositeurs et artistes. L'endroit me paraît tout à fait sympathique et ce n'est pas l'envie de m'y poser qui manque, mais nous n'y ferons qu'une brève halte approvisionnement,Patrick a envie de nature 
sauvage et de petits villages.

La route continue de plonger longeant la rivière Aghstev,c'est mirifique. Je me trompe de chemin,n'ayant pas vu l'embranchement de la route où il fallait tourner et perdrai mon poussin en cours de route,je suis en fait en train de retourner sur Dilijan????? Nous ne restons jamais perdus bien longtemps l'un pour l'autre,tandis qu'ayant remarqué mon erreur je suis en train de redescendre,je vois mon Patrick qui arrive à ma rencontre tout soucieux de savoir où était passée sa poussine.
Nous arrivons bientôt à l'embranchement de la route qui emmène sur le monastère d'Haghartsin,le panneau indique 6 kms,que faire,un peu nase,je me laisserais bien allée à ma paresse,mais bon 6 kms allons-y!!!! Parfois il vaudrait mieux réfléchir plus longuement avant de prendre une décision,c'est le parcours du combattant qui commence,la route est des plus tortueuse et pentue et dieu qu'ils semblent long ces 6 kms,le pourcentage est si élevé que parfois les raidillons sont insurmontables et nous nous retrouvons poussant nos vélos,pour ma part avec l'aide de mon chevalier servant. Quand enfin nous parvenons au but nous sommes récompensés par la beauté grandiose et sauvage du cadre,de magnifiques forêts de chênes,noyers,noisetiers entourant de toutes parts le monastère d'Haghartsin(qui signifie danse des aigles). Le monastère construit au 12 ème siècle est certes d'une grande beauté,mais il fait en ce jour l'objet d'énormes travaux de restauration,qui m'empêchera de l'apprécier à sa juste valeur.



































La descente est plaisante et l'envie de me poser encore plus pressante que précédemment,j'en fais part à Patrick qui à priori semble l'entendre,mais je suis sûre qu'en son fore intérieur il fomente l'idée de se rendre jusqu'au prochain monastère de Goshavank qui à coup sûr se trouve encore au bout d'une de ces interminables montée. Le long de la route la recherche d'un hébergement qui n'existe pas se fait sans grande conviction et lorsque je me retrouve devant le panneau monastère 7 kms,je ne peux que le prendre sur moi,rassembler toute l'énergie qu'il me reste pour arriver à bout de cette foutue montée. Le long serpentin bitumeux,s'étire,monte honteusement,se tord à droite à gauche ne nous laissant guère de répit,nous sommes à bout de force,quelques maisons se présentent enfin à notre vue et nous pensons notre torture terminée,mais il sera dit qu'en ce jour il nous faudra boire la coupe jusqu'à la lie. Le monastère se trouve juché au sommet du village,et la première réflexion de Patrick en voyant le monastère sera: «dire que j'ai fait tous ces efforts pour cela!!!!!!». La place du village, que je renommerais la place de la victoire pour l'occasion,un banc salvateur où nous nous écroulons le temps de récupérer nos esprits et d'y voir un peu plus clair. Nous finirons après quelques recherches par trouver une chambre rustique avec vue plongeante sur la vallée et le monastère chez l'habitant. Une fois posés que ces lieux sont beaux. Après une bonne douche nous partageons notre repas avec notre famille d'accueil et n'ayant pas besoin de remonter sur nos bicyclette le lendemain nous prolongerons pour une fois tardivement la soirée profitant enfin de la fraîcheur nocturne.







Gosh,le 21.07.2011
La fatigue est toujours bien présente ce matin au réveil et je passerai cette journée dans un état larvaire d'hébétude,n'ayant qu'une envie me reposer et dormir. Gosh petit village fermier et montagnard,le contact avec la population,habituée à un grand va et vient touristique se veut plus mercantile qu'humain,mais cela nous va bien,nous aspirons à quelque tranquillité. Le magnifique monastère à la pierre rose et aux teintes des plus changeantes en fonction de la luminosité de Goshavank construit en 1188,simplicité architecturale,pureté de ses lignes,une fois l'effort consommé il valait vraiment le détour. En soirée l'occasion de quelques magnifiques clichés lorsque l'orage quasi quotidien sévira à nouveau.
















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