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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

lundi 4 novembre 2013

Népal Dum Kibas - Kohalpur du 25.10 au 2.11.2013

                                                  Népal

Dum Kibas,le 25.10.2013
Etape:63 kms

                                                          Il fait nuit,un jeune enfant en haillons couché sur le trottoir se fait battre à coups de pied,par un commerçant à qui il a tenté de voler une paire de chaussures,il réussit à s'échapper grâce à notre intervention. L'action n'est certes guère louable,mais la punition nous paraît bien trop rude,ce n'est qu'un enfant..... Pays pauvre où tout un chacun tente de survivre comme il peut,certains se battent pour garder le peu qu'ils possèdent tandis que d'autres sont prêts à tout pour obtenir ce qu'ils n'ont pas. La vie n'y vaut pas grand chose,c'est la loi du plus fort qui l'emporte au détriment de la notion d'humanité,grands et petits le châtiment est le même !!!!!! Scène que je ressasse dans ma tête,elle me poursuivra longuement me laissant interrogative,pensive,attristée quelle vie et quel avenir pour ces enfants déshérités ???? Je ne peux oublier la chance d'être née là où je suis née et nous maudire de l'oublier sans cesse !!!!!


                                                           Importante différence entre températures diurnes et nocturnes au matin,la brume a tout recouvert de ses voiles,j'aime le flou des silhouettes au sein de paysages que l'on devine à peine.



                                                                   La configuration du pays est telle,qu'elle réduit la possibilité des voies de communication. Pour se rendre dans l'ouest du pays,sommes obligés de faire le tour de la chaîne des Mahabharat,(empêcheuses de tourner en rond que nous avons traversé à plusieurs reprises)et d'emprunter à nouveau une route déjà connue. Etape et paysages familiers,les rizières ont muri,l'heure de la moisson a sonné. Retraversée de cette plaine du Teraï qui n'en n'est pas vraiment une,route offrant à nos roues ses ondulations,alternant ses sempiternelles montées et descentes au sein de paysages toujours aussi jolis.
Les élections approchant, dans l'air une certaine fébrilité,voitures,motos,maisons......arborent les drapeaux contant l'appartenance politique de tout un chacun,véhicules munis de hauts parleurs scandant slogans politiques sillonnent les routes,présence militaire s'intensifiant,particulièrement dans les bourgades les plus importantes.



























                                                                               Dum Kibas,nous y retrouvons notre mamita,ses délicieux samosas et thés,tandis que nous sommes attablés en train de nous remplir la panse,apparaît Jackson,cycliste malais,suant et transpirant à grosses gouttes,tout sourire,parlant peu,bien que pressé il prendra le temps de nous offrir un thé avant de repartir comme un dératé,rencontre des plus sympathique mais pour le moins éphémère,il semble épuisé heureusement qu'il n'a pas connaissance de la grimpette qui l'attend dès le prochain virage.







                                                           Incroyable mais vrai la petite bourgade de Dum Kibas renferme un deuxième guest house,ayant moyennement apprécier le contact dans le premier,nous changeons de crèmerie,chambre en sous-sol ressemblant à un vélodrome tant elle est grande,tout aussi spartiate elle a au moins le mérite d'être plus fraîche et nous l'espérons moins bruyante.







Butwal,du 26 au 28.10.2013
Etape:59 kms


                                                  Notre chambre bunker,N° 13,n'a eu que le mérite d'être plus fraîche et moins bruyante. A peine sous la couette,piqûres et démangeaisons de mauvais augure,arrangeant d'imaginer le moustique vorace. Branle bas de combat,notre plumard est un véritable pucier,nous ne tardons pas à débusquer les infâmes bestioles. Virons couettes,oreillers,rien n'y fait,les puces attaquent de plus belle. Réveil des propriétaires,changement de chambre,scénario un peu trop connu à notre goût. Pensons désormais être tranquilles,mais que nenni,l'histoire ne fait que se répéter,essayons en vain le troisième lit, matelas,couette,oreiller sont à nouveau virer pour y installer notre matelas gonflable. Les bestioles s'égayant toujours aussi joyeusement, nous déposons les armes,sudoku pour occuper ces heures gratteuses et sans sommeil. 3h du matin,Patrick finit par s'installer sur le sol en compagnie de son matelas,pour moi trop tard pour imaginer dormir,nuit noire parfaitement blanche.


                                                      Oeil glauque et gonflé,le neurone vaseux,tête de travers,bosses,creux... notre corps ressemble aux routes népalaises. Le chant du coq annonce le départ aucune envie de s'attarder en ces lieux inhospitaliers. Incroyable mais il ne vient même pas à l'idée des proprios d'effectuer,vus les inconvénients, un rabais sur le prix de la chambre,nous nous en chargeons nous-mêmes,et ne sommes absolument pas d'humeur à négocier,l'étonnement se peint sur les visages,notre regard assassin doit nous éviter toute remarque.

                                                                    Sachant que notre étape débute par les 8 kilomètres de grimpette,que nous avions effectués sous une pluie battante,il nous faut du courage pour enfourcher nos valeureux destriers. 30 kilomètres d'une route déjà connue,point trop de circulation. Après avoir avalé montée et descente, avançons vaillamment à travers la plaine du Teraï,qui,pour une fois porte bien son nom, défilent devant nos yeux des paysages champêtres,les rizières ont jauni,travailleurs en pleine moisson,le monde rural est en effervescence,l'esprit hébété peine à imprimer les images. Un peu dur de se gratter tout en pédalant. Rizières cédant la place à des forêts de tek,route un peu plus ondulante pour cette fin d'étape. Soulagement et bonheur en apercevant Butwal la poussiéreuse,nous sommes épuisés,je me sens fière de nous,incroyable la force de la volonté !!!!!!









                                                       Sommes accueillis toujours aussi chaleureusement dans l'hôtel douillet où nous retrouvons chambre et lit si propre d'antan. Je me précipite sous la douche,envie de me débarrasser au plus vite des souvenirs de cette nuit cauchemardesque. Tellement fatigués qu'il nous est impossible de fermer l'oeil,Patrick passera un après-midi hagard,l'oeil rond fixé sur le petit écran diffusant des match de foot.

                                                                                            Fatigue encore très présente journée de repos. Grande lessive,on ne sait jamais,des puces auraient pu s'incruster dans nos fringues,nous nous occupons tranquillement sans vaquer à rien de particulier,il est bon de récupérer dans le confort.

                                                                                      Une journée de repos qui ne fut point suffisante,au matin,toujours aussi glauque,le bide en vrac,qu'à cela ne tienne nous nous en accordons une supplémentaire toute aussi fainéante,je sens que ma petite maman juive serait fière de nous !!!!!!





Chandrauta,le 29.10.2013
Etape:67 kms



                                                            Avons retrouvé figure humaine et notre entrain,nous pouvons à nouveau larguer les amarres,de nouvelles découvertes nous attendent.

                                                            Brume matinale,air saturé de poussière et de gaz d'échappement,le quotidien des routes népalaises. Poursuivons le long de la plaine agricole du Teraï,étape tranquille au rythme des moissons,chassé croisé des bus,truck,vélos,tribu de langhurs s'agitant dans un arbre,vol solitaire d'une cigogne,troupeaux de buffles,zébus,biquettes paissant dans les vestiges des rizières, bourgades qui se succèdent,le Teraï région la plus densément peuplée du Népal,alternance de rizières,champs de cannes à sucre, forêts,égal à lui-même,il dévide ses mêmes scènes rurales au sein d'une platitude presque parfaite. Mon esprit libre peut voguer à loisir,pour lui les kilomètres n'ont guère d'importance,il se rit des distances,je rejoins en pensées, famille, amis,cela fait si longtemps déjà,je me sens gagnée par une certaine nostalgie,tous sont toujours si présents dans mes pensées,mais en est-il de même pour eux, ne commencent-ils pas à se lasser de toute cette absence,de tous ces récits et pays inconnus ????? Tout autant d'Histoires d'Amour qu'il faut entretenir pour qu'elles puissent durer longuement !!!! Même si l'heure n'est pas encore venue,bien souvent revient la question du retour dans nos conversations,que va-t-on y retrouver,que sera-t-on capables de mettre en place,quel sens va prendre notre vie,je le sais,même si parfois,la route me fatigue,il va m'être très dur de la quitter,de ne plus chevaucher mon bucéphale quasiment au quotidien. Comment s'inscrire à nouveau de manière active dans notre société moderne de consommation où bien souvent l'argent,les possessions..... prennent le pas sur les relations humaines et le temps de vivre. Je sais d'ores et déjà que j'y perdrai ma plus grande liberté et richesse,le temps !!!!!! Pas d'affolement encore et bien évidemment pas de réponses !!!!!!!!









                                                         Chandrauta,nouvelle bourgade népalaise grouillante et poussiéreuse,hangars à grain où tracteurs,chars à boeufs,rickshauwallah déposent leurs cargaisons de riz,usine de canne à sucre éructant une fumée noire inquiétante, mosquée attestant de la forte présence musulmane,barbus et fatimas hantent le pavé. Les villes du Teraï,c'est le Népal mâtinée d'Inde,on y perd une certaine douceur,les contacts ne sont plus les mêmes,immigration importante due à la proximité des frontières. Notre guest house est rapidement déniché,retour dans une chambre spartiate aux lits de fakir,cela ne peut pas être tous les jours fête !!!!!





















Travailleurs saisonniers












Propreté made in Népal



Lamahi,le 30.10.2013
Etape:61 kms









                                                        Entraînement pour notre séjour indien à venir,tandis que je sirote mon thé,l'oeil pas encore vraiment ouvert,déjà,je me trouve au zoo,entourés de dizaines d'indiens,nous fixant de leurs grands yeux ronds,auscultant,touchant nos bucéphales,posant questions !!!!!!! Un peu rude dès le saut du lit !!!! Bientôt déjà,un nouveau festival,Diwali,les échoppes se garnissent de guirlandes colorées(mala),dieux clignotants et poudres de couleurs pour les tikas sont de sortie.




                                                                                                  Le plat Teraï et ses scènes rurales habituelles sur les dix premiers kilomètres avant que nous ne rencontrions en travers de notre route,la petite chaîne montagneuse des Dundwa Range,frontière naturelle avec l'Inde. Route tout en virages grimpant au sein d'une gorge étroite aux hautes parois arborées,terrain instable propice aux éboulements,lors de grosses pluies,des pans entiers de montagnes se sont éboulées,impressionnant. Circulation plus éparse,montée régulière et tranquille à travers une belle forêt de tek,petits hameaux aux maisons de torchis et toits de chaume,la marmaille y grouille,accourant à toute jambe lorsque l'on fait mine de s'arrêter. Courage,fuyons avons envie de profiter de la relative tranquillité sonore de cette étape. Route extrêmement rugueuse et bosselée,véritable shaker faisant souffrir popotins et bras. Le sommet est bientôt atteint offrant une superbe vue plongeante sur le vaste fleuve Rapti,bordé de larges plages sableuse,la vision est belle.









                                                                                                                                                                                      Chaleur et moiteur sont bien présentes, luminosité assassine,ciel voilé comme empoussiéré estompant couleurs et paysages. Retour à une sympathique platitude,les kilomètres défilent au rythme des scènes rurales,champs de colza,cacahuètes,femmes(c'est à elles que bien souvent échoient les lourdes tâches campagnardes)transportant les éteules de riz,chevriers emmenant paître leurs troupeaux de biquettes,la moisson touche à sa fin et déjà les champs labourés attendent un nouvel ensemencement.





                                                                             Lamahi,identique à ses consoeurs,ville poussiéreuse et carrefour(il semblerait que toutes les villes népalaises d'une certaine importance soient carrefour),signe la fin de l'étape. Après avoir siroté notre thé rituel,trouvons refuge dans une chambre exiguë loin des sollicitations en tous genres,envie de tranquillité faute de calme,vocable inexistant dans ce Népal urbain et trépidant !!!!!








Kusum,le 31.10.2013
Etape:57 kms

                                                         

Notre gargotte





                                                                                                 


                                                                                   Ondulations sinueuses,Teraï perdant sa platitude,serpent de bitume se frayant un chemin entre les Dundwa Range et le fleuve Rapti d'un côté tandis que nous longeons de l'autre les Churla Range. Rapidement nous laissons derrière nous rizières, labourage des champs. Région se dépeuplant pour céder la place à de belles forêts aux essences variées,eucalyptus,bambous,teks,sals habités d'oiseaux chanteurs,perroquets,merles,bulbuls.... Nichés au milieu de nulle part quelques hameaux,maisons de torchis aux toits de chaume. D'agricole la campagne devient fermière,champs de colza,élevage de bétail,chèvres,moutons,cochons,vaches et zébus faméliques,terre et population sont des plus pauvres. La sympathique et crasseuse marmaille pullulent et s'époumone sur notre passage,enfance candide aux grands yeux noirs et brillants qui,malgré les rudes conditions de vie,semble durer plus longuement que dans nos contrées. Trafic erratique qui nous laisse de beaux moments de tranquillité,route toujours aussi rugueuse et tressautante,fesses en souffrance sur ma selle en train de rendre l'âme.

















                                                                   Kusum,amas de maisons jetées au bord d'une route où le taux de poussière frise la cotte d'alerte,chèvres,poules,chiens s'y ébattent joyeusement,quelques petites échoppes,une population sympathique qui ne parle que peu l'anglais, point de guest house,nous commençons à nous inquiéter. Retour sur nos pas,à deux kilomètres de là, une belle surprise,une maison cossue sise à côté d'une station essence sans essence,fait office de lodge. L'endroit est superbement arrangé,une grande chambre proprette et d'un calme inespéré nous y attend. On ne pouvait rêver mieux pour un tranquille après-midi de repos.

Crêtes de coq







Kohalpur,le 1-2.11.2013
Etape:59 kms

                                                                           Brume agitée d'une petite brise,froid,une certaine grisaille,un temps tristounet en parfait accord avec ce jour de la Toussaint. Premier jour de novembre dédié à nos disparus,même si dans ma tête,il n'y a pas de jour particulier pour penser à ceux qui nous manquent définitivement et inexorablement,ils ont désormais la liberté d'aller et venir comme bon leur semble,je ne peux m'empêcher d'y penser un peu plus particulièrement que de coutume. La tristesse m'envahit mais je me console en me disant que tant que l'on pense encore à eux les êtres aimés ne sont pas vraiment morts.

                                                                                                                                                  Route toboggan nous emmenant à travers une superbe campagne. Nombreux troupeaux,chèvres,vaches,buffles,zébus,champs de colza étincelants,maisons de torchis,paysages dignes des plus belles toiles de maîtres,nous sommes éblouis par tant de beauté. La route est complètement désertée de tous véhicules,je ne peux que m'en réjouir avant de trouver cela bizarre,un convoi de bus et camions précédé de l'armée me met la puce à l'oreille,ce n'est que plus tard que nous découvrirons le pot aux roses,à l'appel du parti maoïste,jour de grève généralisée!!!! Voilà qui n'est pas pour nous déplaire tant que cela ne nous empêche pas de rouler,tout au long de cette étape,la route ne sera que pour nous et quel silence.
Le monde rural cède la place au monde sylvestre,après avoir ondulé sur quelques 25 kilomètres,une fausse platitude et de longues lignes droites sans fin avant que nous ne rejoignions une plaine qui n'est que forestière. Soleil s'installant brillamment,l'étape se veut belle,la population rencontrée se montre particulièrement sympathique et accueillante,sommes bien loin des régions où sévissent les troupeaux de touristes,la marmaille n'est point quémandeuse,les sourires sont francs et gratuits.
























                                                          Début d'après-midi,lorsque nous mettons pied à terre dans la torpeur poussiéreuse de Kohalpur,aucune agitation,la ville une fois de plus carrefour,semble dormir sous l'oeil vigilant de l'armée et de la police. Les élections à venir mobilisent les forces armés du pays. Les politicards continuent leurs tournée des grands ducs,de petits rassemblements paradant drapeaux au vent,quelques 133 partis politiques(la charrue,le vélo,l'arbre.....)qui tous veulent une part du gâteau,ce n'est pas gagné et l'on peut avoir quelques craintes quant à l'avenir du pays.

                                                             Chambre à vue de nez propre,peut-être l'endroit idéal pour un jour de repos lessive,maintenance de nos bucéphales avant de nous attaquer à la montagne ??????


                                                      La grève prend fin en début de soirée et tout à coup ce n'est plus du tout la même chanson,la frénésie s'empare de la population,les bus sont pris d'assaut,la ville reprend vie dans un charivari d'enfer. Notre guest house n'est pas épargné,conversations,téléviseur hurlant jusqu'en milieu de nuit,vas et viens incessants...... le Népal dans toute sa splendeur,râpé pour la bonne nuit de sommeil !!!!!

                                                                                          
                                               Lessive,tentative de réglage de nos dérailleurs qui déraillent,scrabble......pas grand chose de plus à faire en ces lieux qui ne sont que de passage. Ville agitée au matin,qui s'alanguit en cours d'après-midi,va-t-elle retrouver toute sa frénésie une fois la nuit venue ????
Notre gargotte









2 commentaires:

  1. Bonjour,
    je tombe sur votre blog un peu par hasard : bravo pour votre écriture formidable : ce n'est pas donné à tout le monde.
    Je souhaite passer une semaine au Terai pour profiter de beaux paysages : a vous lire, me conseillez vous de me rendre autour de Kohalpur et Kosum ? Par ailleurs, pourrais je louer un velo sur place pour arpenter cette belle campagne ? a vous lire et merci pour ces instants de poésie (eric.labonne-ext@socgen.com)

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