Népal
Dum
Kibas,le 25.10.2013
Etape:63
kms
Il fait nuit,un jeune
enfant en haillons couché sur le trottoir se fait battre à coups
de pied,par un commerçant à qui il a tenté de voler une paire de
chaussures,il réussit à s'échapper grâce à notre intervention.
L'action n'est certes guère louable,mais la punition nous paraît
bien trop rude,ce n'est qu'un enfant..... Pays pauvre où tout un
chacun tente de survivre comme il peut,certains se battent pour
garder le peu qu'ils possèdent tandis que d'autres sont prêts à
tout pour obtenir ce qu'ils n'ont pas. La vie n'y vaut pas grand
chose,c'est la loi du plus fort qui l'emporte au détriment de la
notion d'humanité,grands et petits le châtiment est le même !!!!!!
Scène que je ressasse dans ma tête,elle me poursuivra longuement me
laissant interrogative,pensive,attristée quelle vie et quel avenir
pour ces enfants déshérités ???? Je ne peux oublier la chance
d'être née là où je suis née et nous maudire de l'oublier sans
cesse !!!!!
Importante
différence entre températures diurnes et nocturnes au matin,la
brume a tout recouvert de ses voiles,j'aime le flou des silhouettes
au sein de paysages que l'on devine à peine.
La configuration
du pays est telle,qu'elle réduit la possibilité des voies de
communication. Pour se rendre dans l'ouest du pays,sommes obligés de
faire le tour de la chaîne des Mahabharat,(empêcheuses de tourner
en rond que nous avons traversé à plusieurs reprises)et d'emprunter
à nouveau une route déjà connue. Etape et paysages familiers,les
rizières ont muri,l'heure de la moisson a sonné. Retraversée de
cette plaine du Teraï qui n'en n'est pas vraiment une,route offrant
à nos roues ses ondulations,alternant ses sempiternelles montées et
descentes au sein de paysages toujours aussi jolis.
Les élections approchant,
dans l'air une certaine
fébrilité,voitures,motos,maisons......arborent les drapeaux
contant l'appartenance politique de tout un chacun,véhicules munis
de hauts parleurs scandant slogans politiques sillonnent les
routes,présence militaire s'intensifiant,particulièrement dans les
bourgades les plus importantes.
Dum Kibas,nous y
retrouvons notre mamita,ses délicieux samosas et thés,tandis que
nous sommes attablés en train de nous remplir la panse,apparaît
Jackson,cycliste malais,suant et transpirant à grosses gouttes,tout
sourire,parlant peu,bien que pressé il prendra le temps de nous
offrir un thé avant de repartir comme un dératé,rencontre des plus
sympathique mais pour le moins éphémère,il semble épuisé
heureusement qu'il n'a pas connaissance de la grimpette qui l'attend
dès le prochain virage.
Incroyable mais
vrai la petite bourgade de Dum Kibas renferme un deuxième guest
house,ayant moyennement apprécier le contact dans le premier,nous
changeons de crèmerie,chambre en sous-sol ressemblant à un
vélodrome tant elle est grande,tout aussi spartiate elle a au moins
le mérite d'être plus fraîche et nous l'espérons moins bruyante.
Butwal,du
26 au 28.10.2013
Etape:59
kms
Notre
chambre bunker,N° 13,n'a eu que le mérite d'être plus fraîche et
moins bruyante. A peine sous la couette,piqûres et démangeaisons de
mauvais augure,arrangeant d'imaginer le moustique vorace. Branle bas
de combat,notre plumard est un véritable pucier,nous ne tardons pas
à débusquer les infâmes bestioles. Virons couettes,oreillers,rien
n'y fait,les puces attaquent de plus belle. Réveil des
propriétaires,changement de chambre,scénario un peu trop connu à
notre goût. Pensons désormais être tranquilles,mais que
nenni,l'histoire ne fait que se répéter,essayons en vain le
troisième lit, matelas,couette,oreiller sont à nouveau virer pour y
installer notre matelas gonflable. Les bestioles s'égayant toujours
aussi joyeusement, nous déposons les armes,sudoku pour occuper ces
heures gratteuses et sans sommeil. 3h du matin,Patrick finit par
s'installer sur le sol en compagnie de son matelas,pour moi trop tard
pour imaginer dormir,nuit noire parfaitement blanche.
Oeil glauque et
gonflé,le neurone vaseux,tête de travers,bosses,creux... notre
corps ressemble aux routes népalaises. Le chant du coq annonce le
départ aucune envie de s'attarder en ces lieux inhospitaliers.
Incroyable mais il ne vient même pas à l'idée des proprios
d'effectuer,vus les inconvénients, un rabais sur le prix de la
chambre,nous nous en chargeons nous-mêmes,et ne sommes absolument
pas d'humeur à négocier,l'étonnement se peint sur les
visages,notre regard assassin doit nous éviter toute remarque.
Sachant que notre étape
débute par les 8 kilomètres de grimpette,que nous avions effectués
sous une pluie battante,il nous faut du courage pour enfourcher nos
valeureux destriers. 30 kilomètres d'une route déjà connue,point
trop de circulation. Après avoir avalé montée et descente,
avançons vaillamment à travers la plaine du Teraï,qui,pour une
fois porte bien son nom, défilent devant nos yeux des paysages
champêtres,les rizières ont jauni,travailleurs en pleine moisson,le
monde rural est en effervescence,l'esprit hébété peine à
imprimer les images. Un peu dur de se gratter tout en pédalant.
Rizières cédant la place à des forêts de tek,route un peu plus
ondulante pour cette fin d'étape. Soulagement et bonheur en
apercevant Butwal la poussiéreuse,nous sommes épuisés,je me sens
fière de nous,incroyable la force de la volonté !!!!!!
Sommes accueillis
toujours aussi chaleureusement dans l'hôtel douillet où nous
retrouvons chambre et lit si propre d'antan. Je me précipite sous
la douche,envie de me débarrasser au plus vite des souvenirs de
cette nuit cauchemardesque. Tellement fatigués qu'il nous est
impossible de fermer l'oeil,Patrick passera un après-midi
hagard,l'oeil rond fixé sur le petit écran diffusant des match de
foot.
Fatigue encore
très présente journée de repos. Grande lessive,on ne sait
jamais,des puces auraient pu s'incruster dans nos fringues,nous nous
occupons tranquillement sans vaquer à rien de particulier,il est bon
de récupérer dans le confort.
Une journée de
repos qui ne fut point suffisante,au matin,toujours aussi glauque,le
bide en vrac,qu'à cela ne tienne nous nous en accordons une
supplémentaire toute aussi fainéante,je sens que ma petite maman
juive serait fière de nous !!!!!!
Chandrauta,le
29.10.2013
Etape:67
kms
Avons retrouvé
figure humaine et notre entrain,nous pouvons à nouveau larguer les
amarres,de nouvelles découvertes nous attendent.
Brume
matinale,air saturé de poussière et de gaz d'échappement,le
quotidien des routes népalaises. Poursuivons le long de la plaine
agricole du Teraï,étape tranquille au rythme des moissons,chassé
croisé des bus,truck,vélos,tribu de langhurs s'agitant dans un
arbre,vol solitaire d'une cigogne,troupeaux de
buffles,zébus,biquettes paissant dans les vestiges des rizières,
bourgades qui se succèdent,le Teraï région la plus densément
peuplée du Népal,alternance de rizières,champs de cannes à sucre,
forêts,égal à lui-même,il dévide ses mêmes scènes rurales au
sein d'une platitude presque parfaite. Mon esprit libre peut voguer à
loisir,pour lui les kilomètres n'ont guère d'importance,il se rit
des distances,je rejoins en pensées, famille, amis,cela fait si
longtemps déjà,je me sens gagnée par une certaine nostalgie,tous
sont toujours si présents dans mes pensées,mais en est-il de même
pour eux, ne commencent-ils pas à se lasser de toute cette
absence,de tous ces récits et pays inconnus ????? Tout autant
d'Histoires d'Amour qu'il faut entretenir pour qu'elles puissent
durer longuement !!!! Même si l'heure n'est pas encore venue,bien
souvent revient la question du retour dans nos conversations,que
va-t-on y retrouver,que sera-t-on capables de mettre en place,quel
sens va prendre notre vie,je le sais,même si parfois,la route me
fatigue,il va m'être très dur de la quitter,de ne plus chevaucher
mon bucéphale quasiment au quotidien. Comment s'inscrire à nouveau
de manière active dans notre société moderne de consommation où
bien souvent l'argent,les possessions..... prennent le pas sur les
relations humaines et le temps de vivre. Je sais d'ores et déjà que
j'y perdrai ma plus grande liberté et richesse,le temps !!!!!! Pas
d'affolement encore et bien évidemment pas de réponses !!!!!!!!
Chandrauta,nouvelle
bourgade népalaise grouillante et poussiéreuse,hangars à grain où
tracteurs,chars à boeufs,rickshauwallah déposent leurs cargaisons
de riz,usine de canne à sucre éructant une fumée noire
inquiétante, mosquée attestant de la forte présence
musulmane,barbus et fatimas hantent le pavé. Les villes du
Teraï,c'est le Népal mâtinée d'Inde,on y perd une certaine
douceur,les contacts ne sont plus les mêmes,immigration importante
due à la proximité des frontières. Notre guest house est
rapidement déniché,retour dans une chambre spartiate aux lits de
fakir,cela ne peut pas être tous les jours fête !!!!!
Travailleurs saisonniers |
Propreté made in Népal |
Lamahi,le
30.10.2013
Etape:61
kms
Entraînement pour
notre séjour indien à venir,tandis que je sirote mon thé,l'oeil
pas encore vraiment ouvert,déjà,je me trouve au zoo,entourés de
dizaines d'indiens,nous fixant de leurs grands yeux
ronds,auscultant,touchant nos bucéphales,posant questions !!!!!!! Un
peu rude dès le saut du lit !!!! Bientôt déjà,un nouveau
festival,Diwali,les échoppes se garnissent de guirlandes
colorées(mala),dieux clignotants et poudres de couleurs pour les
tikas sont de sortie.
Le plat Teraï et ses
scènes rurales habituelles sur les dix premiers kilomètres avant
que nous ne rencontrions en travers de notre route,la petite chaîne
montagneuse des Dundwa Range,frontière naturelle avec l'Inde. Route
tout en virages grimpant au sein d'une gorge étroite aux hautes
parois arborées,terrain instable propice aux éboulements,lors de
grosses pluies,des pans entiers de montagnes se sont
éboulées,impressionnant. Circulation plus éparse,montée régulière
et tranquille à travers une belle forêt de tek,petits hameaux aux
maisons de torchis et toits de chaume,la marmaille y
grouille,accourant à toute jambe lorsque l'on fait mine de
s'arrêter. Courage,fuyons avons envie de profiter de la relative
tranquillité sonore de cette étape. Route extrêmement rugueuse et
bosselée,véritable shaker faisant souffrir popotins et bras. Le
sommet est bientôt atteint offrant une superbe vue plongeante sur le
vaste fleuve Rapti,bordé de larges plages sableuse,la vision est
belle.
Chaleur et moiteur
sont bien présentes, luminosité assassine,ciel voilé comme
empoussiéré estompant couleurs et paysages. Retour à une
sympathique platitude,les kilomètres défilent au rythme des scènes
rurales,champs de colza,cacahuètes,femmes(c'est à elles que bien
souvent échoient les lourdes tâches campagnardes)transportant les
éteules de riz,chevriers emmenant paître leurs troupeaux de
biquettes,la moisson touche à sa fin et déjà les champs labourés
attendent un nouvel ensemencement.
Lamahi,identique
à ses consoeurs,ville poussiéreuse et carrefour(il semblerait que
toutes les villes népalaises d'une certaine importance soient
carrefour),signe la fin de l'étape. Après avoir siroté notre thé
rituel,trouvons refuge dans une chambre exiguë loin des
sollicitations en tous genres,envie de tranquillité faute de
calme,vocable inexistant dans ce Népal urbain et trépidant !!!!!
Kusum,le
31.10.2013
Etape:57
kms
Notre gargotte |
Ondulations
sinueuses,Teraï perdant sa platitude,serpent de bitume se frayant un
chemin entre les Dundwa Range et le fleuve Rapti d'un côté tandis
que nous longeons de l'autre les Churla Range. Rapidement nous
laissons derrière nous rizières, labourage des champs. Région se
dépeuplant pour céder la place à de belles forêts aux essences
variées,eucalyptus,bambous,teks,sals habités d'oiseaux
chanteurs,perroquets,merles,bulbuls.... Nichés au milieu de nulle
part quelques hameaux,maisons de torchis aux toits de chaume.
D'agricole la campagne devient fermière,champs de colza,élevage de
bétail,chèvres,moutons,cochons,vaches et zébus faméliques,terre
et population sont des plus pauvres. La sympathique et crasseuse
marmaille pullulent et s'époumone sur notre passage,enfance candide
aux grands yeux noirs et brillants qui,malgré les rudes conditions
de vie,semble durer plus longuement que dans nos contrées. Trafic
erratique qui nous laisse de beaux moments de tranquillité,route
toujours aussi rugueuse et tressautante,fesses en souffrance sur ma
selle en train de rendre l'âme.
Kusum,amas de
maisons jetées au bord d'une route où le taux de poussière frise
la cotte d'alerte,chèvres,poules,chiens s'y ébattent
joyeusement,quelques petites échoppes,une population sympathique qui
ne parle que peu l'anglais, point de guest house,nous commençons à
nous inquiéter. Retour sur nos pas,à deux kilomètres de là, une
belle surprise,une maison cossue sise à côté d'une station essence
sans essence,fait office de lodge. L'endroit est superbement
arrangé,une grande chambre proprette et d'un calme inespéré nous y
attend. On ne pouvait rêver mieux pour un tranquille après-midi de
repos.
Crêtes de coq |
Kohalpur,le
1-2.11.2013
Etape:59
kms
Brume agitée d'une
petite brise,froid,une certaine grisaille,un temps tristounet en
parfait accord avec ce jour de la Toussaint. Premier jour de novembre
dédié à nos disparus,même si dans ma tête,il n'y a pas de jour
particulier pour penser à ceux qui nous manquent définitivement et
inexorablement,ils ont désormais la liberté d'aller et venir comme
bon leur semble,je ne peux m'empêcher d'y penser un peu plus
particulièrement que de coutume. La tristesse m'envahit mais je me
console en me disant que tant que l'on pense encore à eux les êtres
aimés ne sont pas vraiment morts.
Route toboggan
nous emmenant à travers une superbe campagne. Nombreux
troupeaux,chèvres,vaches,buffles,zébus,champs de colza
étincelants,maisons de torchis,paysages dignes des plus belles
toiles de maîtres,nous sommes éblouis par tant de beauté. La route
est complètement désertée de tous véhicules,je ne peux que m'en
réjouir avant de trouver cela bizarre,un convoi de bus et camions
précédé de l'armée me met la puce à l'oreille,ce n'est que plus
tard que nous découvrirons le pot aux roses,à l'appel du parti
maoïste,jour de grève généralisée!!!! Voilà qui n'est pas pour
nous déplaire tant que cela ne nous empêche pas de rouler,tout au
long de cette étape,la route ne sera que pour nous et quel silence.
Le monde rural
cède la place au monde sylvestre,après avoir ondulé sur quelques
25 kilomètres,une fausse platitude et de longues lignes droites sans
fin avant que nous ne rejoignions une plaine qui n'est que
forestière. Soleil s'installant brillamment,l'étape se veut
belle,la population rencontrée se montre particulièrement
sympathique et accueillante,sommes bien loin des régions où
sévissent les troupeaux de touristes,la marmaille n'est point
quémandeuse,les sourires sont francs et gratuits.
Début
d'après-midi,lorsque nous mettons pied à terre dans la torpeur
poussiéreuse de Kohalpur,aucune agitation,la ville une fois de plus
carrefour,semble dormir sous l'oeil vigilant de l'armée et de la
police. Les élections à venir mobilisent les forces armés du
pays. Les politicards continuent leurs tournée des grands ducs,de
petits rassemblements paradant drapeaux au vent,quelques 133 partis
politiques(la charrue,le vélo,l'arbre.....)qui tous veulent une part
du gâteau,ce n'est pas gagné et l'on peut avoir quelques craintes
quant à l'avenir du pays.
Chambre à vue de nez
propre,peut-être l'endroit idéal pour un jour de repos
lessive,maintenance de nos bucéphales avant de nous attaquer à la
montagne ??????
La grève prend fin en
début de soirée et tout à coup ce n'est plus du tout la même
chanson,la frénésie s'empare de la population,les bus sont pris
d'assaut,la ville reprend vie dans un charivari d'enfer. Notre guest
house n'est pas épargné,conversations,téléviseur hurlant jusqu'en
milieu de nuit,vas et viens incessants...... le Népal dans toute sa
splendeur,râpé pour la bonne nuit de sommeil !!!!!
Lessive,tentative de réglage
de nos dérailleurs qui déraillent,scrabble......pas grand chose de
plus à faire en ces lieux qui ne sont que de passage. Ville agitée
au matin,qui s'alanguit en cours d'après-midi,va-t-elle retrouver
toute sa frénésie une fois la nuit venue ????
Notre gargotte |
Bonjour,
RépondreSupprimerje tombe sur votre blog un peu par hasard : bravo pour votre écriture formidable : ce n'est pas donné à tout le monde.
Je souhaite passer une semaine au Terai pour profiter de beaux paysages : a vous lire, me conseillez vous de me rendre autour de Kohalpur et Kosum ? Par ailleurs, pourrais je louer un velo sur place pour arpenter cette belle campagne ? a vous lire et merci pour ces instants de poésie (eric.labonne-ext@socgen.com)
Great bloog
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