Australie
Territoires
du Nord
Bonney
Well,le 7.11.2012
Etape:
93 kms
Rempaquetons notre barda sous
l'oeil interrogateur et intéressé de Brad. Ciel couvert et
températures des plus clémentes après les pluies de la veille.
Heureuse de quitter
Tennant Creek,je n'ai franchement pas aimé. Avec la pluie,la nature
a retrouvé un peu de pep et distille dans l'air,de suaves odeurs.
Etape rapidement
décrite,lignes droites,platitude,savane africaine. A midi nous
sommes arrivés à destination. Bonney Well,en bord de route une aire
de repos aménagée un peu cra cra,rien d'extraordinaire juste de
quoi nous poser et nous reposer.
En fin
d'après-midi,débarque un van,je n'ai même plus besoin de consulter
ma boule de cristal pour deviner que les 3 passagers qui sont à
bord,sont Français,hallucinant,le nombre de Français qui sillonnent
l'Australie. Nous faisons rapidement la connaissance de Cindy,Cindy
et Chekib,nous passerons une longue et excellente soirée en leurs
compagnie,arrosée d'un ou deux petits verres de blancs qui même
chaud a un rudement bon goût. Par la même occasion,ils nous
offriront boîtes de conserve et fruits,franchement sympa.
Malgré l'heure
tardive,il est plus de minuit,nous ne pouvons résister au plaisir
d'une bonne douche avant de nous coucher.
Taylor
Creek,le 8.11.2012
Etape:
100 kms
Impossible de
fermer l'oeil malgré la fatigue et l'heure tardive,le bush résonne
de bruits étranges ce soir. Couchés sous un magnifique ciel
étoilé,Patrick me réveille à 5 h du matin,dieu que la nuit fut
courte,dans une ambiance de fin du monde,bourrasques de vent,ciel
nuageux,éclairs,coups de tonnerre,ce ne sera pas encore pour
maintenant. Nos nouveaux potes nous offrent un dernier café avant
que nous ne nous séparions. Bonne route les amis et merci pour les
excellents moments passés en votre compagnie et votre incroyable
générosité.
Eole baisse
de ton pour ne devenir qu'une brise qui souffle là où elle ne
devrait pas. A une quinzaine de kilomètres endroit étrange,paysages
insolites qui ne ressemblent aucunement à ceux des environs. Devils
Marbles(les billes du diable),plaine sur laquelle ont été comme
semés,peut-être par une main diabolique,de grands rochers
granitiques roses,oranges le plus souvent de forme arrondie. Je me
plais à Dieu et Lucifer y jouant aux quilles,l'endroit est
superbe,dommage que toute la végétation aie brûlé.
Lignes
droites à l'infini,maquis clairsemé,herbes jaunies,sols
caillouteux,arbres maigrichons une route qui me conte une histoire
simple et prévisible sur des dizaines de kilomètres,j'aime.
Wy Cliff
Well,une road house,insolite paumée au milieu de nulle part le lieu
d'où l'on aurait aperçu grande quantité d'Ovni. Circulation très
éparse,quelques road trains,mais principalement composée
d'étrangers à bord de véhicules de location. A plusieurs
reprises,un de ces camping car,ralentit franchement à ma hauteur,je
me plais à rêver d'un conducteur généreux et bien intentionné
m'offrant coca cola ou autres boissons fraîches et bien pas du
tout,c'est un bras armé d'un appareil photo qui sort promptement par
la vitre brièvement ouverte,faut déconner il y a la climatisation
tout de même,sans un bonjour ni un signe,on me tire le portrait
avant de redémarrer comme pris en faute sur les chapeaux de roue.
Nous serons sans doute rangés dans l'album animaux exotiques une
fois de retour au pays.
Taylor
Creek,aire de repos aménagé au milieu du bush entourée d'une
chaîne de collines pierreuses rougeâtre,l'endroit est joli. Je n'ai
pas le temps de mettre pied à terre et encore moins celui de
respirer qu'un Suédois vivant en Australie depuis fort longtemps me
saute sur le le poil pour me dévider l'histoire de sa vie et ses
projets d'expériences mystiques en compagnie de sa femme et de la
terre,super,exactement ce dont je rêvais après 100 kms de route.
Pas fâchée lorsqu'il embarque sa femme et qu'il redémarre au
volant de sa voiture tellement blindée que son cul en touche le sol.
Il y a des moments comme ceux-ci où je me dis qu'à voyager ainsi en
compagnie de mon bucéphale la route se montre très généreuse et
m'apporte beaucoup,superbes rencontres et cadeaux jalonnent
régulièrement mon parcours. Pas de carapace protectrice
cependant,ni de lieux où me retirer en cas de besoin,je me sens à
la merci de tout et de tout le monde. Une façon de voyager
intrigante qui semble parfois donner le droit à tout un chacun de
s'approprier sans vergogne,ni considération pour mes états d'âme
ou de fatigue,mon temps et mon espace. En règle générale,je me
prête volontiers au jeu des questions,je ne peux pas que recevoir et
je me dis que c'est aussi ma façon de donner et je me rends compte
que parfois il est plus difficile de donner de son
attention,temps,espace qu'une bouteille d'eau ou une boîte de thon.
Patrick en ce jour,a envie
de s'organiser et de prendre un peu d'avance sur la préparation de
notre bivouac,la courte nuit de sommeil se fait sentir. Tout est prêt
bien avant le coucher du soleil et nous pensons pouvoir profiter
paisiblement de cette fin d'après-midi,mais le ciel en décidera
tout autrement. Nuages noirs s'amoncelant à une vitesse
vertigineuse,grondements de tonnerre,éclairs,signes précurseurs
d'un orage qui cette fois-ci ne nous épargnera pas. Bourrasques de
vent d'une violence inouïe,en même temps que des trombes d''eau
s'abattent sur nous,les coups de tonnerre sont assourdissants,nous
luttons pour rassembler nos affaires et sauver l'insauvable enfermant
nos couches dans des bâches. En moins d'une minute,nous sommes
trempés jusqu'aux os et transis de froid. Tremblant tout ce que nous
pouvons,c'est impuissants,effarés et effrayés que nous assistons au
spectacle d'une nature que je n'avais encore jamais vue aussi
violemment déchaînée,angoissant. Pendant ce temps,3 véhicules
sont présents sur les lieux,les occupants bien à l'abri dans leurs
habitacle prennent des photos de l'effroyable orage,par un pour nous
demander si nous avons besoin de quelque chose ou nous proposer un
petit espace au sec,chacun son histoire,dur,je me sens seule au monde
avec mon poussin,deux tout petits t'es rien s'accrochant l'un à
l'autre,tout à coup l'avenir de l'Humanité me paraît bien sombre
et désespéré . Petite accalmie qui nous permet de revêtir des
vêtements secs et de manger une soupe de nouilles. L'état des lieux
est pour le moins déprimant,nos couches sont irrémédiablement
trempées et boueuses,inutilisables. L'orage pour l'heure
terminé,nous enfilons nos vêtements de pluie et nous nous couchons
sur les tables et nos matelas trempés. Tellement fatigués que nous
nous endormons même dans ces conditions précaires pour nous
réveiller transis de froid ,l'orage fait à nouveau rage,il pleut.
Moins violent et moins long. Patrick a eu la superbe idée de
suspendre nos effets trempés,nos duvets bien qu'encore humides sont
utilisables,nous nous y glissons sans nous faire prier.
Barrow
Creek,le 9.11.2011
Etape:
41 kms
Vent et pluie
nous réveillent à 5 h du matin,youpi!!!! La nuit de sommeil ne fut
pas vraiment terrible,mais la table un matelas bien meilleur que ce
que j'aurais imaginé. Les températures ont chuté,le choc thermique
est de taille,ça caille. Cela nous prend un certain temps pour faire
de l'ordre dans notre campement e romano,quel foutoir. Nos voisins
tout à coup sont des plus souriants,nous avons même droit à des
bonjours tonitruants,il y a même une bonne femme qui rigole et
constate toute heureuse que nous avons survécu à la
nuit,franchement pas d'humeur,je l'ignore superbement à mes yeux
elle ne vaut même pas l'énergie nécessaire pour l'envoyer bouler.
En ce matin,il n'y a que
l'air qui est frais,je me sens épuisée et pas beaucoup de force
pour lutter contre un Eole trompetant tout ce qu'il peut de travers
et de face. Notre route continue de dessiner ses longues lignes
droites ascendantes ou descendantes les seuls écarts qu'elle se
permet dans sa rectitude. La nature est toute ragaillardie,les
oiseaux gazouillent,les paysages sont superbes,maquis aride et
clairsemé où trônent majestueux des eucalyptus aux troncs blancs
scintillants,filao,quelques fleurs sauvages avec en toile de fond de
superbes collines rocheuses ocres aux formes étranges.
Barrow Creek,une
station essence,épicerie,un vieil hôtel datant de 1932,un pub,une
éolienne entouré de collines rougeoyantes,petit lieu de bush
typique tel que tout un chacun se l'imagine et tel que je l'aime,il a
comme des airs de Bagdad Café. Nous nous traînons tels de véritables
escargots au fil des kilomètres qui n'avancent guère,l'énergie
qu'il nous reste ne fait pas le poids face à celle du vent,nous
décidons de nous arrêter là pour aujourd'hui. Barrow
Creek,attention site historique,la station de télégraphe datant de
1906,plusieurs bâtiments,un hangar ,une belle vue,l'endroit est
plaisant,nous décidons de l'investir,nous verrons bien. L'endroit
est parfait,pas âme qui vive aux alentours,un après-midi à se
reposer à l'ombre du hangar. Le soir venu nous installons nos
couches dans la cour sous un magnifique ciel étoilé,elle est
pas belle la vie!!!!!!!
Mt
Stuart,le 10.11.2012
Etape:
70 kms
Désormais
en descendant vers le sud,les écarts de températures diurnes et
nocturnes sont importantes,les nuits sont carrément fraîche,fini le
sommeil les fesses à l'air et les premiers coups de pédales se font
en compagnie d'une petite laine,ce qui n'est pas pour me
déplaire,moins dur ainsi. Moins fatiguée que la veille mais ce
n'est pas encore la forme olympique,ciel d'azur,fort vent clairement
établi à l'est,pas de miracle par le travers ou dans le nez. Lignes
droites,collinnettes,maquis épineux,petits arbustes,sol sans doute
trop pauvre pour mes beaux eucalyptus,décor plaisant.
Mt
Stuart,un mémorial qui ne casse pas 3 pattes à un canard,les
Australiens ne sont franchement pas doués pour ce genre de choses.
Aire de repos aménagée,endroit plaisant,place à la paresse. Après
les mouches au tour des fourmis de nous empoisonner la vie,il y en a
des milliers qui s'agitent en tous sens,montent à l'assaut de nos
personnes,un brin énervant et franchement impressionnant. En règle
générale,les choses s'arrangent à la nuit tombée lorsqu'elles se
pieutent,mais là,nous patientons et ces foutues bestioles ne
semblent pas vouloir mettre un terme à leurs frénétiques
activités. Aux grands maux les grands moyens, nous installons nos
couches en hauteur sur les tables,pas pire au final que les toilettes
publiques de la côte ouest. Chacun sa table,nous faisons chambre à
part,nous ne pouvons même pas nous parler,trop éloignés l'un de
l'autre.
Ryans
Well,le 11.11.2012
Etape:
93 kms
La fraîche nuit superbement
étoilée,juchée sur ma table fut des meilleure,les fourmis sont
toujours aussi agitées,mais quand est-ce qu'elles dorment,à moins
qu'elles ne fassent les trois 8.
Vent plus ou moins constant
de travers ou dans le nez,route toujours aussi peu
circulante,bosselée qui nous fait jouer à saute mouton. Longues
lignes droites au sein d'une nature qui se décline principalement en
route,sol,petites chaînes montagneuses à l'horizon,collines
pierreuses,ponde minéral et lunaire. Bush changeant,petits arbustes
et herbes folles qui cèdent la place à des conifères genre filao.
Ti
Tree,quelques bicoques,une road house,un camping,il faut vraiment
être désespéré pour avoir envie de s'arrêter dans le coin,saleté
partout,le sol jonché de détritus,tout y bat la déglingue. Pas
d'eau potable,le vieux bonhomme du road house,aussi sympathique
qu'une porte de grange nous renvoie vers un robinet d'eau,cassé. La
chaleur est toujours présente mais bien plus supportable.
Aileron,une galerie
d'art,fermée,une road house épicerie,une station essence(2,11 $ le
litre),l'homme sympathique cette fois-ci,nous remplira gracieusement
nos bouteilles d'eau.
Ryans Well,bonjour
l'aire de repos,2 poubelles et un parking en plein cagnard. De
l'autre côté de la route,le Glenn Maggie Homstead,bâtiment datant
de 1918,dont il ne reste que les 4 murs,servit d'épicerie et de
station de télégraphe,fut abandonné en 1935. L'endroit est
vraiment beau et le décor pas sans me rappeler le sud de la France.
Site historique donc pour le bivouac de ce soir. Le ciel est
tellement lumineux qu'il semble compter plus d'étoiles que de
coutume.
Calme parfait je m'endors avec l'orchestre symphonique des grillons.
Calme parfait je m'endors avec l'orchestre symphonique des grillons.
Tropic
of Capricorn,le 12.11.2012
Etape:97
kms
Réveil en fanfare
avec l'orchestre philharmonique éolien,le fourbe donne du poumon et
sera à n'en pas douter l'invité inopportun de cette étape qui
s'annonce sportive. Etape toute en lignes droites,rectitude qui a
quelques tendances à saper le moral de mon poussin,il est vrai qu'à
avancer sur cette route des plus prévisible on peut parfois avoir le
sentiment de reculer. Patrick toujours beaucoup plus rapide que
moi,se transforme promptement en un petit point noir qui semble
suspendu pour un temps à l'horizon avant de disparaître
complètement. Lorsqu'il m'attend après 15-20 kms;il redevient ce
petit point noir accessible à portée de roues et pourtant je mets
un temps infini à le rejoindre,tout ne semble être qu'illusions!!!!
Vastes étendues
herbeuses,dense maquis de conifères,fleurs sauvages,vols de
perroquets colorés,quelques pistes menant à de lointaines fermes ou
communautés aborigènes,elles sont nombreuses dans la région. Un
bush qui se clairsème et devient plus sec. Des paysages qui font
toujours mon bonheur,malgré la fatigue qui s'installe au fil des
kilomètres,l'étape est physique.
Tropic of
Capricorn,nous l'avions passé en remontant le long de la côté
ouest ,nous y revoilà,une aire de repos joliment aménagée,Alice
Springs,nous arrivons mais pas avant d'avoir pris une douche et passé
la nuit au tropique du capricorne. En soirée,nous faisons la
connaissance de Clémence et Thomas,couple de Français(étonnant)de
Grenoble,passons une excellente soirée en leurs
compagnie,accompagnée d'un petit coup de rouge. On a beau dire les
Français sont peut-être râleur,mais ils ont ce petit côté festif
des plus appréciable. Ce soir encore la voûte céleste compte
tellement d'étoiles,qu'elle peine à toutes les contenir. Illusion
d'optique ou est-ce la situation géographique.
Alice
Springs,le 13.11.2012
Etape:38
kms
Debout dès
potron minet,nous écarquillons les yeux,aujourd'hui est un grand
jour celui de l'éclipse solaire dont tout le monde parle depuis un
certain temps déjà,le soleil est là bien présent mais pas une
ombre pour venir obscurcir sa bonne bouille ronde. Pour la petite
histoire,en fait l'éclipse n'était pas le 13 mais le 14,nous ne la
verrons pas plus d'ailleurs.
Eole comme à
son habitude,clame son existence haut et fort guère de chance pour
que nous l'oubliions. La route bosselée perd de son obsédante
droiture,elle virevolte de droite à gauche,monte,descend,se vallonne
fortement au sein de spectaculaires paysages montagneux,les Mac
Donnell range,ses gorges et ses canyons,nous avons débarqué en
plein far west,ne manque plus que les cow boys et les indiens. Les
gracieux bourrelets montagneux se succèdent cachant à ma vue la
ville d'Alice Springs qui apparaît tout à coup mine de rien au
détour du chemin,la ville est étendue,zone industrielle,quartier de
banlieue avant d'arriver dans le
centre,supermarchés,boutiques,restaurants,hôtels...je suis en ville
une vraie comme il y a longtemps que je n'en n'avais plus vue. Je me
sens un peu déphasée,mais à première vue l'endroit me plaît
bien.
Première étape,le
supermarché,affamée,j'avais composé le menu de mon petit déjeuner
dans ma tête,mon ami Coles saura se montrer à la hauteur de mes
exigences à des prix défiant toute concurrence. Rassasiée en route
vers le Macdonald,pour le connections internet gratuites,il n'y a pas
mieux. Réponse d'hébergement,positive,youpi. Petit coup de fil à
Emrys,il bosse jusqu'en fin d'après-midi,nous patientons
tranquillement dans un jardin public à l'ombre d'arbres débonnaires.
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