Australie
Territoires
du Nord
Katherine,du
26 au 27.10.2012
Soulagement intense de voir
revenir Patrick avec les pneus sous le bras,il était temps le pétage
de plomb n'était pas loin,mais les boules tout de même ils étaient
à la poste depuis le début de semaine,ne les ont pas trouvés
lorsque je me s'y suis rendue!!!!!Cumul de boulettes !!!! Enfin nous
pouvons passer à autre chose.
Dernière soirée en
compagnie de Sophie et Floris,nous ne partirons qu'après demain, eux
sont en partance pour un festival dans le bush. Sophie pour
l'occasion nous cuisine un excellent plat de spaghettis accompagné
d'un bon verre de vin blanc. Joie de reprendre la route,tristesse de
la séparation depuis notre départ,ne sommes jamais restés aussi
longuement en compagnie de quelqu'un.
C'est le bazar,nous nous
sommes étalés de partout,mais nous avons retrouvé notre bonne
humeur et nous préparons sans urgence,il nous faudra bien la journée
entière.
King
Rest Area,le 28.10.2012
Etape:
50 kms
Réveil des plus
matinal,un stress qui est à son comble,pourtant nous ne faisons que
répéter les gestes d'un quotidien que nous vivons depuis plus de 2
ans maintenant. La mémoire fidèle à elle-même est effaceuse et
lorsque je me mets au guidon de mon bucéphale,effacés tous les
kilomètres parcourus,les mois passés sur la route,c'est la première
fois. Première étape de notre descente vers le sud,les premiers
coups de pédale se font hésitants,je tangue sous la charge de ma
monture,une inquiétude vissée aux tripes qui ne me quittera
qu'après un certain nombre de kilomètres. Dans ma tête l'éternelle
ritournelle de ma vie,vais-je y arriver. Je doute de moi et ne peux
que constater que rien n'est jamais acquis,certitudes et projection
dans le futur définitivement pas mon fort!!!!
Sensations par moments
vertigineuses,je tente de les tenir éloignées en passant en revue
les messages reçus par mes amis au cours de ces 3 dernières
semaines de pause,assiduité,constance,fidélité de certains
infidélité et absence d'autres,cogitation toujours et encore je me
pose la question de savoir quels moyens nous nous donnons pour
entretenir ces liens qui sont l'essence de la vie et qui en font
toute la richesse? Quelle place donnons-nous encore dans notre monde
moderne bien trop rapide et agité à ces vraies valeurs?
L'Australie,tout me semble être une question de kilomètres,la
quantité impressionnante qui me sépare de l'Europe,celle
hallucinante pour se rendre d'un point à un autre et tous les
kilomètres de no mans land qui occupent cet espace,je m'y sens si
petite et mon bucéphale et ses petites roulettes ne font
qu'accentuer ces sensations. Le mot séparation y prend également
une autre saveur,il y a bien-sûr celles qui sont inhérentes à
notre vie d'errance mais il y a également à l'aube de chaque
étape,la virtuelle lorsque le fil aérien qui me relie aux miens
n'existe plus. A ce moment là grande est la valeur de tous les
messages reçus au cours de mon escale toujours source de bonheur,ils
sont mes compagnons de bourlingue,jouant toutes les notes de ma
partition émotionnelle et oh combien précieux dans les moments
difficiles.
Chaud,très chaud,trop
chaud,une route sinueuse,jonchée de détritus, tout en faux
plats,point trop circulante,des paysages qui n'arrivent à retenir ni
mon regard,ni mon attention,bush uniforme,herbes sèches
roussies,arbres figés par la chaleur qui semblent avoir perdu leurs
âmes. Croisons un cycliste allemand qui fait route vers Darwin,fin
de son voyage australien.
Un rythme à retrouver,un
effort qui se fait violent au fil des kilomètres. La première aire
de repos du nom de King sera la bonne,nous sommes de vraies
loques,fatigue,mal partout,contractures,vive la reprise!!!!!!
Après-midi de paresse hébétée par forcément besoin de fumer un
pétard pour être dans les vapes!!!!!!
Mataranka,biter
springs,le 29.10.2012
Etape:
64 kms
Nuit
chaude et agitée,réveillés à plusieurs reprises par des crampes.
Lever à 4 h 30 du matin,une fatigue moins présente mais ce n'est
pas encore la grande forme.
Fraîcheur
relative au cours des deux premières heures,route plate,faux
plat,petite brise,puanteur des nombreux cadavres de
kangourous,busards,sangliers..... qui jonchent la route,forêts
d'eucalyptus hérissées de termitières. Rencontre avec un cycliste
japonnais qui fait lui aussi route vers Darwin dernière halte de son
parcours australien.
Mataranka,amorphe petit
patelin en cette saison, 3 stations essence,hôtel,motel,camping
caravaning. A 3 kms le Elsey N.P et ses biter(amer en raison de son
goût) springs,petit écrin de verdure tropicale,palmiers,yuccas...
entourant des sources d'eau chaude. La température ambiante est
tellement élevée que je suis étreinte par une petite sensation de
fraîcheur en pénétrant dans ces eaux à 35°C. Tranquillité
presque absolue,mis à part quelques nageurs,après-midi de baignade
relaxante.
En soirée sympathique
rencontre avec Andréa et Michaël couple de Français voyageant en
van,qui partage avec nous une bière.
Une estrade de bois pour
installer bivouac et moustiquaire.
Larrimah,le
30.10.2012
Etape:
91 kms
Bonheur
d'une nuit bien fraîche. Mise en route un peu rude tant je me sens
dans l'urgence d'effectuer le maximum de kilomètres avant les
grosses chaleurs qui s'installent d'ores et déjà dès 8 h.
Route
sinueuse,ondulante,peu de circulation. Paysages immuables tout au
long de cette étape,tristes forêts aux arbres secs et assoiffés
hérissées de termitières aux formes tantôt étranges,tantôt
rigolotes.
Larrimah,un jour des
projets de développement qui ont tourné court,a sans aucun
doute,connu des jours meilleurs. 2 campings,un pub du nom de panthère
rose,un musée et pour compléter cette image de désolation un
complexe touristique dévasté et abandonné. Pas de lieux pour se
poser,suffisamment de kilomètres au compteur,soleil au
zénith,chaleur culminante,nous passons une après-midi des plus
inconfortable à l'ombre d'une station essence désaffectée,dur très
dur mais qu'est-ce que je fous là???? Petite sieste calée entre la
pompe à essence et un poteau avant de remonter en selle pour partir
à la recherche d'un campement,que nous trouverons à quelques 6
kilomètres. Site historique de la 2ème guerre mondiale,un hôpital
militaire dont il ne reste plus que les fondations,juste parfait pour
y établir notre bivouac,moustiquaire accrochée aux arbres.
Soupe de nouilles et au
pieu,nous sommes rincés. Le sol exsude une chaleur incroyable,notre
lit un véritable sauna. Les fakirs marchent sur les
braises,nous,nous y dormons,décidément trop forts!!!!!!
Hi
Way In,le 31.10.2012
Etape:95
kms
Incroyable mais vrai
le sol est toujours aussi chaud au réveil qui est un peu dur
d'ailleurs,je suis tellement bien dans mon lit, mon poussin toujours
aussi prévenant m'a préparé mon café et roulé ma clope,que je
déguste accompagnée par le chant des oiseaux, déjà importunée
par les mouches qui ne perdent pas de temps pour emmerder le monde.
Ça coince et ça grince aux entournures durant les premiers coups de
pédale avant que mon corps,qui peu à peu retrouve son rythme,ne se
détende.
Etape sympa,vent dans
les fesses,une route bien souvent plate qui virevolte à travers une
dense forêt aux essences variée,plutôt belle lorsqu'elle n'est pas
brûlée. Nous serons gâtés au cours de ce trajet. Depuis plusieurs
jours nous croisons de nombreux convois militaires qui retournent sur
Darwin après avoir effectué des manœuvres dans le sud. Un soldat
m'offrira une bouteille d'eau bien fraîche,voilà qui nous change
agréablement de l'eau chaude que nous buvons jusqu'à plus soif,un
autre homme nous offrira spontanément deux lemon soda glacés,je
n'aurais osé en rêver.
Daily Waters,nous nous
évitons le détour,même de 3 kms,pour contempler un nouveau site
historique de la 2ème guerre mondiale. Hi Way In,une road house,un
motel,un camping,pas d'eau potable,mais elle est en vente pour un
prix forcément astronomique. L'eau tout comme l'essence valent de
l'or dans ce coin du monde. 40°C à l'ombre,nous nous y posons le
temps d'un café et de récupérer.
Odeur de fumée,ciel
voilé,un feu fait une fois de plus rage dans les environs. Reprenons
la route,10 kilomètres plus loin,une parfaite petite clairière pour
y établir notre bivouac. Circulation tellement éparse,la récolte
d'eau prend un temps énorme malgré la bonne volonté des gens.
Convoi militaire qui en sus de l'eau nous offrira 2 coca cola bien
frais,j'y crois pas,plus tard ce seront 4 tomates fraîches,
décidément c'est Byzance aujourd'hui!!!! Fin d'après-midi sympa à
écrire le dos adossé à un arbre. La nature est complètement
figée,plombée par la chaleur,seuls quelques grillons s'expriment
timidement,il va falloir attendre le coucher du soleil pour que la
gente des emplumés se remettent à leurs partition. En soirée
bonheur d'apercevoir des kangourous sautiller de partout.
Newcastel
Waters,le 1.11.2012
Etape:118
kms
Nuit en
demi-teinte,beaucoup de road trains,odeurs de fumée tandis qu'à
l'horizon nous apercevons le scintillement du feu qui rougeoie,un peu
inquiétant. Réveil en fanfare,nous tentons de nous préparer le
plus rapidement possible afin de battre le soleil dans sa course à
la chaleur.
Fort
vent dans les fesses,nous avançons telles de vraies fusées,chant
des roues,bonheur!!!! Route sympa,lignes droites et son lot de
cadavres de kangourous,faucons et autres busards. Magnifique et dense
forêt qui s'appauvrit et se raréfie au fil des kilomètres.
Dunamarra,camping,motel,road house,l'endroit est ombragé et joliment
arrangé,guère envie d'en repartir après notre pause casse-croûte.
Pas aussi gâtés que la veille,nous ne récolterons que de l'eau
chaude au cours de cette étape.
A partir de midi,cela
commence à être très dur,44°C au bas mot,le vent devient
inconstant avec quelques fortes tendances à nous souffler dans le
nez,route qui se vallonne fortement et pas un coin d'ombre où se
réfugier,les nuages s'amoncellent dans le ciel,menace d'orage.
Les derniers kilomètres
n'en finissent pas et me mettent à la torture,mon corps n'est que
douleurs,tellement dur que je pourrais pleurer.
Newcastel Waters,une
aire de repos aménagée,je ne me sens pas loin de l'hallucination
lors de mon arrivée,poussin toujours plus véloce que moi,m'y attend
déjà avec un café,quel Homme!!!!! Retrouver forme humaine me
prendra un certain temps. Un tanker d'eau qui nous offre le luxe
d'une bonne douche. Autour de moi,mornes plaines grillées par le
soleil et brûlées par le feu et la route qui déjà,m'annonce la
future grimpette de demain matin.
Patrick se fait la
frayeur de sa vie en allant se laver les dents au tanker d'eau
lorsqu'il tombe nez à nez avec un gros serpent tout aussi apeuré
que lui qui crache son venin. Orage électrique au loin,les éclairs
zèbrent le ciel.
Renner
Springs,le 2.11.2012
Etape:102
kms
En milieu de nuit
bourrasques de vent,ciel menaçant chargé de nuages,bien trop
fatiguée pour me préoccuper longuement de météorologie. Le vent
soufflera avec constance tout au long de la nuit,qui fut des
meilleure, procurant une délicieuse fraîcheur. Étonnée de me
réveiller aussi en forme lorsque je vois dans quel état je me suis
couchée hier soir.
Eole met un bémol dans
ses souffleries et heureusement,il n'est plus dans d'aussi bonnes
dispositions qu'au cours des jours précédents. Route beaucoup plus
demandeuse et rude,vallonnée à souhait,elle joue les montagnes
russes,nous emmenant à travers des paysages tristounets de bush
rabougris,le plus souvent brûlé,rien de très étonnant lorsque
l'on sait que les plus grandes fermes australiennes se trouvent dans
la région. Eliot,petite bourgade aborigène,nous nous y posons le
temps de notre petit déjeuner.
Tandis que nous nous
octroyons une pause à l'ombre,ce qui est franchement rare,d'un arbre
cachectique,une voiture s'arrête à notre hauteur,c'est Floris et
son patron Sam,partis dans le bush pour leurs récolte de graines.
Bonheur des retrouvailles,nous papotons le bout de gras avant que Sam
ne nous offre pomme,yogourt,eau fraîche.
A 8 h la chaleur est déjà
infernale,les heures passant,nous évoluons dans une rôtissoire et
le vent qui forcit est tellement bouillant qu'il n'aide en rien. Peu
de changement dans le décor,mis à part,une jolie petite zone
peuplée de cailloux roses. Au bout de 102 kms,nous n'en pouvons plus
et abandonnons définitivement l'espoir d'une douche pour
aujourd'hui,nous nous posons à l'ombre d'un arbre en bord de route.
Eole s'endort maintenant que nous avons besoin,je ne suis pas loin de
le haïr,nous sommes assaillis par des centaines de mouches,un vrai
délire,heureusement qu'elles ne sont pas carnivores. Au loin l'orage
gronde,difficile de se relaxer.
Quelques gouttes de pluie en
début de soirée,ciel noir menaçant,grondements de
tonnerre,peut-être la douche dont nous rêvions,un peu tard. Nous
guettons le ciel en mangeant notre soupe de nouilles,quelques étoiles
font timidement leur apparition mais bien trop fatigués encore une
fois pour se préoccuper longuement de météo,nous n'avons pas le
choix,préparons nos couches que nous investissons sans tarder. Inch
Allah!!!!!!
Banka
Banka,le 3.11.2012
Etape:74
kms
Nuit de
rêve,calme,petite brise rafraîchissante soufflant avec constance.
Le réveil n'en reste pas moins dur,les mouches sont déjà sur pied
de guerre,quel fléau!!!
Plus les jours passent
et plus la chaleur est précoce,brise emmerdante dans le nez,ciel
voilé qui rend la chaleur presque supportable. Route franchement
vallonnée,quelques rudes grimpettes,beaucoup de faux plats
ascendants,je retrouve le bush que j'affectionne tant,semi
aride,spinifex(herbes)jaunies par le soleil,ponctué de quelques
collines rocheuses,rouges amas pierreux,une terre rougissante,cela
commence à me plaire à nouveau. Renner Springs,road
house,motel,camping l'endroit est aussi sympa que l'accueil,eau
gratuite et on nous propose même de nous servir de la piscine,un peu
tôt pour s'arrêter en si bon chemin. Pas d'aire de repos en
vue,seul un site de camping à la ferme est annoncé,Banka Banka. A
mon arrivée la surprise et le plaisir d'y retrouver un homme
rencontré une première fois à De Grey,revu aux environs de
Derby,toute petite l'Australie tout à coup,nous papotons,peu de
chance cette fois-ci pour que nous nous revoyions,sa route bifurque à
l'est vers le Queensland,tandis que nous continuons vers le sud. Il
reviendra nous voir après que nous nous soyons quittés pour nous
offrir un bouquin contenant cartes détaillées de l'Australie,les
aires de repos gratuites,les camping,un véritable trésor,délicate
attention que j'apprécierai à sa juste valeur à retardement tant
je suis fatiguée.
Le camping de Banka
Banka une deuxième merveilleuse surprise nous y attend,un accueil
formidable,les gérants estiment qu'il faut être fou pour parcourir
l'Australie en vélo,d'autant plus à cette saison alors pour nous
c'est gratuit!!! Bouteille d'eau fraîche et succulents feuilletés
aux légumes maison en guise de bienvenu. Preuve et très bonnes
raisons de croire en l'avenir de l'Humanité!!!!
Endroit
des plus plaisant ,eucalyptus,flamboyants,2 baobabs investis par des
hordes de cacatoès gueulards et autres sympathiques oiseaux. Bonheur
d'une douche,lessive. Même sous le soleil de Satan,on peut avoir le
sentiment de se retrouver au paradis!!!!!! Après-midi de repos
bienfaisant,tout seuls à profiter du calme serein de ces lieux avant
que ne débarquent en fin de journée les voyageurs de tous
poils,vans,voitures et groupe organisé,je me réjouis de voir que ce
sympathique camping attire quelque foule.
En fin d'après-midi,gros
coup de vent,le tonnerre gronde,le ciel menace,mais cela n'ira pas
plus loin. Il fait bien trop chaud pour imaginer dormir sous la
tente,matelas à même le sol,impossible d'accrocher la
moustiquaire,il n'y a plus qu'à croiser les doigts!!!!! Tellement
fatiguée que je m'endors dans la seconde où je pose la tête sur
l'oreiller,plus compliqué pour Patrick qui sera perturbé par divers
bruits et fourmis.
Tennant
Creek,du 4 au 6.11.2012
Etape:
106 kms
Préparatifs
nous prenant un peu plus de temps,que de coutume,nous partons plus
tard et cela se ressent au niveau de la chaleur,c'en est fini du
stress des premiers jours,ferons ce que nous pourrons.
Route
gentiment vallonnée,nous retrouvons les longues lignes droites
obsédantes si typiquement australiennes. Aridité de plus en plus
présente au fil des kilomètres,sol caillouteux,épineux,collines
rocheuses,je me sens dans mon élément,j'adore. Une aire de repos
une jeune Allemande et deux Hollandais nous y accueillent avec un
vrai café,très bon moment passé en leurs compagnie. En nous
dépassant nous offriront 2 bouteilles d'eau.
Est-ce la
perspective du lit qui nous attend à Tennant Creek,mais en dépit de
la chaleur et du vent qui a perdu la boule et s’époumone en tous
sens,nous avalons vaillamment les kilomètres.
3
Ways,embranchement de la route filant vers le Queensland,un road
house,motel,camping le tout extrêmement poussiéreux. Nombreux road
trains,transportant des objets monstrueusement sur dimensionnés. Une
femme fort sympathique nous y offrira pomme et orange. Contact couch
surfing sur Tennant Creek,Brad,un petit coup de fil,il nous y
attend,les ailes nous en poussent dans le dos.
Le temps vire
vraiment au mauvais,tempête qui soulève des nuages de poussière
impressionnants,Willy Willy(petite tornade) tourbillonnants,la
visibilité est complètement obstruée,cela prend des airs de fin du
monde,vraiment flippant. La circulation déjà peu présente est
désormais quasiment inexistante,maintenant que nous avons
dépassé,l'embranchement de la route vers le Queensland.
Tennant Creek,je
mets un moment à réaliser que je suis arrivée à bon port et au
terme de cette tranchette de 700 kms. Aujourd'hui,dimanche,les rues
sont vides ce qui ne fait qu'accentuer,l'extrême tristesse qui se
dégage la ville. Je me pencherai sur la question ultérieurement,mais
le supermarché dans lequel je me rends,m'y ramène tout aussi
soudainement. L'endroit ressemble à un immense hangar où sont
entreposées pêle-mêle tout un tas de marchandises,rien ne me tente
vraiment,je erre quelque peu hagarde,véritable labyrinthe dans
lequel je me perds,infoutue de retrouvée le produit convoité,des
prix qui me font dresser les cheveux sur la tête.
Nouveau coup de
téléphone,Brad fait son apparition quelques 10 minutes plus tard au
guidon de son vélo. Professeur de math et de sciences,installé à
Tennant Creek depuis un an,le changement depuis Melbourne dût être
rude et total. Il vit dans une petite maison gouvernementale,dont il
ne paye pas le loyer,les professeurs ne se bousculent pas au
portillon pour enseigner dans ces coins là. Chambre climatisée et
lit,un mois et demi que je n'en n'ai connu de vrai,cela prend des
airs de luxe. Tellement fatiguée maintenant que je n'ai plus
d'effort à fournir. Nous prenons tranquillement nos marques avec
Brad,qui n'est pas très expansif et sans doute un peu timide. Il a
passé ses dernières vacances en France et depuis s'est lancé dans
l'apprentissage de la langue,il ne se débrouille déjà pas mal.
Patrick jouera quelques parties d'échec en sa compagnie. Compagnon
agréable et peu exigeant,recevoir des couch surfeurs lui permet
d'établir les contacts sociaux qui semblent lui faire cruellement
défaut,comme il n'y a pas de métro,ne lui reste que le boulot et le
dodo,un peu tristounet.
En
fin de journée,l'ondée qui depuis quelques jours déjà menace,se
décide à tomber,je m'en fous j'ai un toit sur la tête.
Malgré
la bonne nuit de sommeil,dans ce lit si douillet,au matin je me sens
encore plus fatiguée que la veille ce qui me rend quelque peu
irritable.
Brad n'a pas de
connection internet,galère pour en trouver une et pas moins de 6 $
de l'heure,nous nous contentons de survoler nos messages et je tente
des demandes d'hébergements sur Alice Springs,déçue et
triste,j'aurais aimé pouvoir communiquer avec les miens.
Tennant Creek,ville
qui pour moi incarne tristesse et désolation,maisons de taule,le
plus souvent négligées entourées de petits terrains jonchés de
détritus,heureuse présence de somptueux flamboyants en
fleur,frangipaniers,eucalyptus qui donnent une note de couleur à ces
lieux lugubres où je ne vivrais pour rien au monde. Ville
majoritairement aborigène,la communauté semble s'y porter mieux
qu'ailleurs,tenues moins négligées et quasiment pas un être
titubant et aviné pour hurler dans les rues,nous sommes joyeusement
salués par ceux que nous croisons. Il est rapidement clair que même
si nous n'avons aucune envie de nous attarder à Tennant Creek,nous
avons besoin d'une journée de repos supplémentaire et fort
heureusement Brad n'y voit aucun inconvénient.
Ciel
nuageux et tempétueux,il pleut dès le matin,pluie qui tombera par
intermittence tout au long de la journée amenant fraîcheur et
températures agréables à vivre.
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