Vietnam
Quy
Nhon,du 21 au 23.02.2012
Etape:
117 kms
Temps maussade,
grisaille,rafales de vent présentes dès le petit matin,m'étonnerait
que nous passions la journée au sec. Remettons avec réticences nos
fringues et grolles humides,si cela continue de la sorte nous allons
moisir sur pied.
Nous sommes partis depuis
peu lorsque j'assisterai à une scène effroyable,c'est tout d'abord
mon ouie qui perçoit un concert d'aboiements frénétiques qui
doivent appartenir à une gigantesque meute de chiens,c'est un peu
hésitante et inquiète que j'appuie sur les pédales m'attendant à
chaque détour de la route à me faire happer par les crocs de bêtes
sauvages et féroces. La meute est en fait bien pitoyable,un camion
chargé de centaines de chiens en vrac entassés les uns sur les
autres hurlant à la mort tandis qu'un mec est en train de les laver
à grands coups de jets,les pauvres bêtes affolées trépignent
d'angoisse à bord de ce camion de la mort qui dégage une odeur
infâme d'excréments. Ici l'amour des chiens n'a pas la même
signification qu'en Occident!!!! Vision funeste et odeurs
m'accompagneront longuement,même aujourd'hui en écrivant ces mots
ai le sentiment d'entendre encore les cris désespérés de ces
bestioles dont le destin est de finir dans l'assiette de nos amis
Vietnamiens,pays qui n'a de cesse en ce moment de me ramener dans le
monde de la bestialité humaine. Plus tard c'est le chemin d'une
porcherie que nous croiserons,Brigitte Bardot et le WWF ont du mouron
à se faire!!!!
Il
n'y a, je pense,que les personnes qui n'ont jamais mis les fesses sur
un vélo qui trouve le Vietnam plat en dépit de la beauté
saisissante des paysages,je peste dès les premiers coups de
pédale,un changement important s'est effectué au niveau du décor.
Une route qui fait le dos rond en s'éloignant de la bande
côtière,autour de nous tout n'est que collines qui nous infligeront
montées et descentes,au sommet de chaque bosse l'effort est
récompensé par la vision de magnifiques rizières au sein
desquelles zigzaguent fleuves et rivières,impression de naviguer
dans un décor de film. Tandis que certaines rizières ne sont que
naissantes,travaillées par l'homme et ses buffles d'eau d'autres
sont déjà jaunissantes et sur le point d'être ramassées. C'est
avec un peu de nostalgie que je regarde passer et repasser le train
reliant Hanoï à Ho Chi Minh,j'aime tellement prendre le train,voilà
qui aurait été mon moyen de transport préféré si je n'avais pas
voyagé au Vietnam en compagnie de mon bucéphale. Temples
caodaïste,bouddhistes,églises,tours cham(érigées par le peuple du
même nom, sanctuaires,le plus souvent construits en briquettes),le
Vietnam est composé de toute une mosaïque religieuse qui semble
cohabiter de manière pacifique.
Tout au long de cette
étape,le ciel passera du gris au noir,déversant sur nous
d'importantes ondées d'une mousson tropicale toujours bien
présente,avons juste le temps de sécher avant d'être à nouveau
détrempés. Le vent se montrera quant à lui magnanime et réussira
même à nous pousser aux fesses sur la fin de notre parcours qui
commence à se faire long. La tête emplie du bruit de la
circulation,je n'en peux plus du manque de civilité qui règne sur
la route,dépassement en tous genres,motos qui nous frôlent en nous
doublant aussi bien à gauche qu'à droite,vélos qui déboulent sur
la route sans un regard en arrière,je deviendrais volontiers
cannibale et me ferais bien un petit Vietnamien comme plat de
résistance!!!!
Enfin
se dessinent les faubourgs de Quy Nhon(260'000 habitants),qui jouit
d'une situation extraordinaire,au bord de la mer méridionale de
Chine dans laquelle se mirent de magnifiques chaînes de montagne,
entourée de superbes plages. Capitale de la province de Binh
Dinh,elle est l'un des ports secondaires les plus actifs du Vietnam.
Un front de mer superbement aménagé,jalonné de bâtiments cossus
qui visent une clientèle balnéaire nantie,une vaste baie où une
multitude de barques colorées dodelinent au gré du vent et de la
houle. C'est sous une pluie battante que nous jetons l'ancre,non sans
avoir dû affronter la fourmilière urbaine motorisée,non loin de la
baie où nous trouvons un petit guest,piaule petite et acceptablement
propre pour la somme de 120'000 Dong,une aubaine en ces lieux qui
affichent des airs de Croisette.
Complètement rincés
dans tous les sens du terme,je pourrais m'écrouler sur mon lit sans
attendre une seconde,mais ayant renoncé à l'idée de me faire un
Vietnamien,sommes bien obligés de partir en quête de notre pitance
du soir,trouverons une délicieuse gargote où l'arnaque n'a pas
cours,tellement rare que c'est à signaler. Une paisible balade sur
la «promenade des Anglais» où les amoureux se bécotent sur les
bancs publics achèvera en beauté cette journée qui fut tout de
même fatigante et chargée d'émotions.
Nous
passerons deux jours dans cette petite ville agréable où le soleil
est enfin de retour,alternant siestes et balades sur la
plage,investie le soir ,par toute une bande de jeunes s'adonnant aux
plaisirs du football et du volley ball. Une fois la nuit tombée le
nombre de bateaux tous feux allumés prenant la mer est tellement
important ,qu'ils donnent l'illusion d'une ville navigant sur les
flots.
A
l'occasion de notre dernière soirée,rencontrerons Eather et
Mike,couple d'Australiens retraités(cela donne de l'espoir) qui
parcourent notre planète en vélo,partagerons en leur compagnie,un
moment des plus chaleureux,un repas et une bière.
Song
Cau,le 24.02.2012
Etape:
51 kms
Deux
jours de repos revigorants,un soleil qui semble s'être installé
durablement et une petite route côtière qui n'attend que nous,une
bien bonne façon d'entamer la journée.
Mon
euphorie matinale est bien vite tempérée par un foutu raidillon
de 2 kms qui dès les premiers coups de pédale,fait mal aux pattes.
Une route beaucoup moins circulante et bruyante,mais parcours qui
sera fortement vallonné,notre route serpentine,nous emmènera à
travers une succession de baies longeant ou traversant les collines
granitiques exploitées par l'homme au marteau et au burin, qui
toujours nous accompagnent,cocoteraies,champs de canne à
sucre,jardins potager,lagunes salées et leurs bassins de crevettes à
l'odeur écoeurante et pestilentielle qui infailliblement me font
accélérer le rythme.
Il fait
très chaud,Eole le fourbe nous souffle en plein dans le pif,les
arrêts sont fréquents,si possible au sommet d'un promontoire d'où
l'on peut admirer le spectacle de la mer, ses nombreuses îles et
îlots,les pêcheurs en activité.
Le
début d'après-midi marquera notre arrivée dans la petite bourgade
languissante de Song Cau,une ville nouvelle,un magnifique port de
pêche et ses barques colorées,un marché local endormi en cette
heure de la journée,un contact sympathique avec la population.
L'endroit nous plaît bien il fleure bon le local,à l'horizon pas la
queue d'un blanc,ne reste plus qu'à trouver de quoi nous
loger,véritable parcours du combattant,le choix n'est pas vaste,un
premier hôtel qui affiche complet,bizarre,tandis que le deuxième
est beaucoup trop onéreux. Une femme fort sympathique essayera de
nous dépatouiller de la situation,après divers coups de téléphone
elle nous renverra dans le premier hôtel visité,nous assurant qu'il
n'y a pas de problème. Retour à la case départ,la réponse est
toujours hôtel complet alors que le lieu semble vide. Devant notre
insistance les proprios finiront pas lâcher le morceau,hôtel
réservé à la clientèle vietnamienne,cela a comme un relent de
déjà vu. Nous ne voulons pas nous avouer vaincus et poursuivons nos
recherches qui finiront par payer. Un local nous dirigera vers un
endroit qui nous semble plutôt louche au premier abord au deuxième
aussi d'ailleurs,une femme qui bigoudis sur la tête et boudinée
dans ses vêtements a tout d'une mère maquerelle ou d'une ancienne
pute sur le retour entre les deux mon coeur balance,les chambres sont
au diapason de la tenancière,étriquées,propreté douteuse,dotées
du strict minimum,cela ressemble à s'y méprendre à un lupanar pour
personnes désargentées,c'est tout nous!!!!!! Les négociations sont
rondement menées,100'000 Dong (~3 €)qui sont prestement enfouis
dans la poche de notre sauveuse.
Une belle balade vers le port
de pêche ponctuée par les joyeux hello de la population . Sur la
place centrale un temple caodaïste faisant face à une petite église
et un petit café où heureux de cette belle journée écoulée nous
sirotons une petite bière. Grand moment d'éternité.
Dans nos têtes,au vu de
l'endroit où nous nous trouvons,nous sommes préparés à passer une
nuit plutôt agitée et le Karaoke dissonant qui se met à beugler
sur la place du village ne fait qu'accentuer ce mauvais
pressentiment. Mais au final ce ne seront pas les ébats de nos
voisins de chambre,le lieu restera désert,qui nous dérangeront.
Alors que
nous sommes déjà plongés dans le sommeil,vers 22 h,un toc toc
répété à la porte nous tire brutalement de nos rêves,c'est la
police qui désire nous voir et nous fait comprendre dans un anglais
approximatif que nous n'avons pas l'autorisation de rester en ces
lieux. Patrick malgré sa tête dans le cul répondra calmement à
leurs questions,subira sans broncher l'épluchage de nos passeports
et leurs multiples visas tout en répondant aux questions
subsidiaires. Après le bon plaidoyer de mon homme et le coup de
bigophone au chef de la police,tout ce petit monde accepte en
rigolant que nous puissions terminer notre nuit en ces lieux.
D'un seul coup d'un
seul tous les bruits extérieurs cesseront,une des nuits
vietnamiennes les plus calmes,juste dommage de n'avoir pu retrouvé
le sommeil après l'intervention policière.
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