Ma photo
Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

vendredi 2 mars 2012

Vietnam Quy Nhon Song Cau du 21 au 24.02.2012



                                         Vietnam

Quy Nhon,du 21 au 23.02.2012
Etape: 117 kms




                                        Temps maussade, grisaille,rafales de vent présentes dès le petit matin,m'étonnerait que nous passions la journée au sec. Remettons avec réticences nos fringues et grolles humides,si cela continue de la sorte nous allons moisir sur pied.
                                              Nous sommes partis depuis peu lorsque j'assisterai à une scène effroyable,c'est tout d'abord mon ouie qui perçoit un concert d'aboiements frénétiques qui doivent appartenir à une gigantesque meute de chiens,c'est un peu hésitante et inquiète que j'appuie sur les pédales m'attendant à chaque détour de la route à me faire happer par les crocs de bêtes sauvages et féroces. La meute est en fait bien pitoyable,un camion chargé de centaines de chiens en vrac entassés les uns sur les autres hurlant à la mort tandis qu'un mec est en train de les laver à grands coups de jets,les pauvres bêtes affolées trépignent d'angoisse à bord de ce camion de la mort qui dégage une odeur infâme d'excréments. Ici l'amour des chiens n'a pas la même signification qu'en Occident!!!! Vision funeste et odeurs m'accompagneront longuement,même aujourd'hui en écrivant ces mots ai le sentiment d'entendre encore les cris désespérés de ces bestioles dont le destin est de finir dans l'assiette de nos amis Vietnamiens,pays qui n'a de cesse en ce moment de me ramener dans le monde de la bestialité humaine. Plus tard c'est le chemin d'une porcherie que nous croiserons,Brigitte Bardot et le WWF ont du mouron à se faire!!!!













                                                            Il n'y a, je pense,que les personnes qui n'ont jamais mis les fesses sur un vélo qui trouve le Vietnam plat en dépit de la beauté saisissante des paysages,je peste dès les premiers coups de pédale,un changement important s'est effectué au niveau du décor. Une route qui fait le dos rond en s'éloignant de la bande côtière,autour de nous tout n'est que collines qui nous infligeront montées et descentes,au sommet de chaque bosse l'effort est récompensé par la vision de magnifiques rizières au sein desquelles zigzaguent fleuves et rivières,impression de naviguer dans un décor de film. Tandis que certaines rizières ne sont que naissantes,travaillées par l'homme et ses buffles d'eau d'autres sont déjà jaunissantes et sur le point d'être ramassées. C'est avec un peu de nostalgie que je regarde passer et repasser le train reliant Hanoï à Ho Chi Minh,j'aime tellement prendre le train,voilà qui aurait été mon moyen de transport préféré si je n'avais pas voyagé au Vietnam en compagnie de mon bucéphale. Temples caodaïste,bouddhistes,églises,tours cham(érigées par le peuple du même nom, sanctuaires,le plus souvent construits en briquettes),le Vietnam est composé de toute une mosaïque religieuse qui semble cohabiter de manière pacifique.















                                                          Tout au long de cette étape,le ciel passera du gris au noir,déversant sur nous d'importantes ondées d'une mousson tropicale toujours bien présente,avons juste le temps de sécher avant d'être à nouveau détrempés. Le vent se montrera quant à lui magnanime et réussira même à nous pousser aux fesses sur la fin de notre parcours qui commence à se faire long. La tête emplie du bruit de la circulation,je n'en peux plus du manque de civilité qui règne sur la route,dépassement en tous genres,motos qui nous frôlent en nous doublant aussi bien à gauche qu'à droite,vélos qui déboulent sur la route sans un regard en arrière,je deviendrais volontiers cannibale et me ferais bien un petit Vietnamien comme plat de résistance!!!!
                                                    Enfin se dessinent les faubourgs de Quy Nhon(260'000 habitants),qui jouit d'une situation extraordinaire,au bord de la mer méridionale de Chine dans laquelle se mirent de magnifiques chaînes de montagne, entourée de superbes plages. Capitale de la province de Binh Dinh,elle est l'un des ports secondaires les plus actifs du Vietnam. Un front de mer superbement aménagé,jalonné de bâtiments cossus qui visent une clientèle balnéaire nantie,une vaste baie où une multitude de barques colorées dodelinent au gré du vent et de la houle. C'est sous une pluie battante que nous jetons l'ancre,non sans avoir dû affronter la fourmilière urbaine motorisée,non loin de la baie où nous trouvons un petit guest,piaule petite et acceptablement propre pour la somme de 120'000 Dong,une aubaine en ces lieux qui affichent des airs de Croisette.




































                                                             Complètement rincés dans tous les sens du terme,je pourrais m'écrouler sur mon lit sans attendre une seconde,mais ayant renoncé à l'idée de me faire un Vietnamien,sommes bien obligés de partir en quête de notre pitance du soir,trouverons une délicieuse gargote où l'arnaque n'a pas cours,tellement rare que c'est à signaler. Une paisible balade sur la «promenade des Anglais» où les amoureux se bécotent sur les bancs publics achèvera en beauté cette journée qui fut tout de même fatigante et chargée d'émotions.
                                                     Nous passerons deux jours dans cette petite ville agréable où le soleil est enfin de retour,alternant siestes et balades sur la plage,investie le soir ,par toute une bande de jeunes s'adonnant aux plaisirs du football et du volley ball. Une fois la nuit tombée le nombre de bateaux tous feux allumés prenant la mer est tellement important ,qu'ils donnent l'illusion d'une ville navigant sur les flots.
                                                       A l'occasion de notre dernière soirée,rencontrerons Eather et Mike,couple d'Australiens retraités(cela donne de l'espoir) qui parcourent notre planète en vélo,partagerons en leur compagnie,un moment des plus chaleureux,un repas et une bière.
































Song Cau,le 24.02.2012
Etape: 51 kms

                                          Deux jours de repos revigorants,un soleil qui semble s'être installé durablement et une petite route côtière qui n'attend que nous,une bien bonne façon d'entamer la journée.
                                     Mon euphorie matinale est bien vite tempérée par un foutu raidillon de 2 kms qui dès les premiers coups de pédale,fait mal aux pattes. Une route beaucoup moins circulante et bruyante,mais parcours qui sera fortement vallonné,notre route serpentine,nous emmènera à travers une succession de baies longeant ou traversant les collines granitiques exploitées par l'homme au marteau et au burin, qui toujours nous accompagnent,cocoteraies,champs de canne à sucre,jardins potager,lagunes salées et leurs bassins de crevettes à l'odeur écoeurante et pestilentielle qui infailliblement me font accélérer le rythme.
                                         Il fait très chaud,Eole le fourbe nous souffle en plein dans le pif,les arrêts sont fréquents,si possible au sommet d'un promontoire d'où l'on peut admirer le spectacle de la mer, ses nombreuses îles et îlots,les pêcheurs en activité.
                                                 Le début d'après-midi marquera notre arrivée dans la petite bourgade languissante de Song Cau,une ville nouvelle,un magnifique port de pêche et ses barques colorées,un marché local endormi en cette heure de la journée,un contact sympathique avec la population. L'endroit nous plaît bien il fleure bon le local,à l'horizon pas la queue d'un blanc,ne reste plus qu'à trouver de quoi nous loger,véritable parcours du combattant,le choix n'est pas vaste,un premier hôtel qui affiche complet,bizarre,tandis que le deuxième est beaucoup trop onéreux. Une femme fort sympathique essayera de nous dépatouiller de la situation,après divers coups de téléphone elle nous renverra dans le premier hôtel visité,nous assurant qu'il n'y a pas de problème. Retour à la case départ,la réponse est toujours hôtel complet alors que le lieu semble vide. Devant notre insistance les proprios finiront pas lâcher le morceau,hôtel réservé à la clientèle vietnamienne,cela a comme un relent de déjà vu. Nous ne voulons pas nous avouer vaincus et poursuivons nos recherches qui finiront par payer. Un local nous dirigera vers un endroit qui nous semble plutôt louche au premier abord au deuxième aussi d'ailleurs,une femme qui bigoudis sur la tête et boudinée dans ses vêtements a tout d'une mère maquerelle ou d'une ancienne pute sur le retour entre les deux mon coeur balance,les chambres sont au diapason de la tenancière,étriquées,propreté douteuse,dotées du strict minimum,cela ressemble à s'y méprendre à un lupanar pour personnes désargentées,c'est tout nous!!!!!! Les négociations sont rondement menées,100'000 Dong (~3 €)qui sont prestement enfouis dans la poche de notre sauveuse.
                                                 Une belle balade vers le port de pêche ponctuée par les joyeux hello de la population . Sur la place centrale un temple caodaïste faisant face à une petite église et un petit café où heureux de cette belle journée écoulée nous sirotons une petite bière. Grand moment d'éternité.
Dans nos têtes,au vu de l'endroit où nous nous trouvons,nous sommes préparés à passer une nuit plutôt agitée et le Karaoke dissonant qui se met à beugler sur la place du village ne fait qu'accentuer ce mauvais pressentiment. Mais au final ce ne seront pas les ébats de nos voisins de chambre,le lieu restera désert,qui nous dérangeront.
                                                           Alors que nous sommes déjà plongés dans le sommeil,vers 22 h,un toc toc répété à la porte nous tire brutalement de nos rêves,c'est la police qui désire nous voir et nous fait comprendre dans un anglais approximatif que nous n'avons pas l'autorisation de rester en ces lieux. Patrick malgré sa tête dans le cul répondra calmement à leurs questions,subira sans broncher l'épluchage de nos passeports et leurs multiples visas tout en répondant aux questions subsidiaires. Après le bon plaidoyer de mon homme et le coup de bigophone au chef de la police,tout ce petit monde accepte en rigolant que nous puissions terminer notre nuit en ces lieux.
                                                       D'un seul coup d'un seul tous les bruits extérieurs cesseront,une des nuits vietnamiennes les plus calmes,juste dommage de n'avoir pu retrouvé le sommeil après l'intervention policière.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire