Laos
Seno,le
6.02.2012
Etape:
103 kms
Tourné,viré toute la nuit
sur notre couche,
le jour se
lève bien trop tôt sur nos têtes d'insomniaques,finalement
peut-être pas un bon plan le café gratuit de notre guest,à moins
que ce ne soit la pleine lune qui se manifeste dans toute sa rondeur
ou alors les beuglements du Karaoke qui se trouve à proximité,peu
importe la raison le résultat reste le même insomnie!!!! Un peu
pressés par le temps que notre visa nous alloue encore nous avons
déjà pour notre plus grand déplaisir dû faire l'impasse sur le
sud du pays que nous aurions tant aimé revisiter alors inutile de
rêver à un jour de repos.
Le semblant de fraîcheur
matinale est bien vite éclipsé par les premiers et ardents rayons
du soleil,la journée s'annonce à nouveau des plus chaude ce qui
n'est pas pour me déplaire,surtout lorsque je pense ,qu'en
Europe,l'hiver se fait polaire. Aucune difficulté ce matin pour
trouver la délicieuse baguette qui nous avait tant fait rêvé la
veille,un sandwich avalé sur place et une bonne provision qui
rejoint nos sacoches,nous voilà parés.
En ce jour nous abandonnons
la route nationale n° 13(axe principale nord-sud) qui fut le fil
conducteur de notre voyage laotien pour emprunter la route nationale
n° 9 qui traverse le pays d'est en ouest. Dès le départ,piste et
tronçon de route en réfection au menu poussière et gaz
d'échappement,avant de retrouver au bout de quelques kilomètres un
ruban d'asphalte acceptable. Une campagne sèche,une nature
assoiffée,les rizières en cette saison grillées par le
soleil,troupeaux de vaches et chèvres affichant des airs aussi
faméliques que les nôtres qui peinent à trouver pitance. Décors
un peu tristounet et monotone,jalonné de petits hameaux
endormis,d'une pauvreté considérable,les maisons bien souvent se
résument à de simples huttes de bambou où électricité et eau
courante y sont totalement absents. Seule la marmaille y est bien
vivante et s'exprime à haute et forte voix,les saa-baai-dii qui me
paraissent si joyeux en début d'étape se transforment au fur et à
mesure des kilomètres qui avancent et de la fatigue qui s'installe
en horribles beuglements qui me hérissent le poil,mais malgré tout
je fais contre mauvaise fortune bon coeur et continue d'y répondre
aussi joyeusement que je le peux tant tous ces moutards frénétiques
semblent heureux de recevoir réponse. Quelques petits marchés
locaux jalonneront notre route,l'occasion de faire le plein de
bananes,et le plaisir de voir mon poussin se transformer en
véritable singe. Vent toujours de travers,un soleil ardent,quelques
côtes et raidillons qui sont bien trop longs à notre goût,nos
fessiers n'en peuvent plus,les derniers kilomètres nous semblent
interminables tant nous nous dandinons sur nos selles.s
Seno,un petit guest sans
prétention,une chambre proprette pour 5 €,une douche froide et
même plus l'énergie de sortir pour nous ravitailler,nous mangerons
nos dernières soupes de nouille chinoises,elles en auront parcouru
de la borne avant de finir dans nos estomacs.
Xethamouak,le
7.02.2012
Etape:
124 kms
Sommeil de plomb,la forme est
quasi olympique au réveil. Une journée lumineuse qui s'annonce
toujours sous le signe de la chaleur. Alors que nous avons rejoint le
flot de véhicules pétaradant,en tous genres,principalement des
motos tout de même,les Laotiens ne possèdent que très peu de
voitures,sans doute beaucoup trop onéreuses pour leurs maigre bourse
et c'est sans parler du coût de l'essence,un peu plus d'un euro le
litre,au milieu d'un carrefour une petite roulotte vendant pain et
sandwichs,les meilleurs que nous ayons mangés au cours de ce mois
laotien,voilà une journée qui s'annonce sous les meilleurs
hospices,et ce n'est pas fini.
Je n'ose y croire en donnant les
premiers coups de pédale de cette journée,notre route peu
circulante est tout à coup PLATE,et le restera tout au long de cette
étape,le rêve qui jamais ne devenait réalité semble enfin se
concrétiser,j'exulte!!!!!!!!!! Des paysages identiques à ceux des
jours précédents,la riziculture y est moins abondante et a cédé
la place à des champs de canne à sucre,exploitation «contrôlée»des
forêts,là les doutes sont permis en voyant la quantité
astronomique de charbon de bois vendue en bord de route. 2 usines
sucrières une des rare petite industrie entrevue dans ce pays.
Hameaux aux maisons de tek sur pilotis toujours aussi
basiques,marmaille abondante,une campagne sale où traînent partout
les déchets de notre civilisation consommatrice,une pauvreté
omniprésente et récurrente. Une route au goudron fondant sous la
chaleur du soleil au zénith. Les kilomètres défilent allègrement
et les 100 kms s'affichent au compteur en début d'après-midi,encore
le temps de pousser un peu cela nous rapprochera de la frontière
vietnamienne,sur notre carte toujours aussi précise une bourgade
Xethamouak, qui ne semble guère éloignée,au final ce seront 25
kilomètres qui s'effectueront avec guère d'envie mais juste l'idée
que ces derniers ne seront plus à faire.
La dernière
énergie et il en faudra pour trouver un guest,endroit sympa qui
semble tranquille,une chambre douillette,5 € après négociation.
Nous nous posons enfin,les miches définitivement niquées avant que
le soleil ne rougisse.
Merdasse pour ce qui
est de la tranquillité c'est râpé,notre guest fait aussi office de
Karaoke,véritable sport national au Laos,décidons d'y boire une
bière,histoire de ne pas faire que subir. Dans la pénombre quelques
poulettes bien jeunes,sont attablées en compagnie de Laotiens,bien
grassouillets. Par moments une poitrine dénudée,une cuisse dévoilée
réveillent la petite troupe à la voix chevrotante et les mains
s'agitent un peu. La bière lao coula à flot,mais l'ambiance reste
soft et bon enfant.
Malgré le bruit de fond,Morphée
ne sera guère longue à nous accueillir dans ses bras.
Daen
Savanh,le 8-9.02.2012
Etape:
90 kms
Réveil matinal après une bonne
nuit de sommeil. Eole pète la forme n'a pas changé de cap,il a
juste décidé de hausser le ton,nous voilà prévenus,étape
sportive en prévision. Comme les mauvaises nouvelles vont souvent de
paire,en graissant chaînes et pignons Patrick est forcé de
constater la crevaison du pneu avant de son yackounet,le pansement de
Luang Prabang,n'a pas tenu,il est quitte pour changer la chambre à
air. Son travail de professionnel(oups) effectué nous pouvons enfin
larguer les amarres pour notre dernière étape laotienne.
Une route,peu circulante, qui
malgré un semblant de réfection sera bien souvent en piteux
état,bosselée,constellée de nids de poule et même de véritables
cratères par endroits,nous emmène à travers des régions peu
habitées où les cultures sont inexistantes. Le vent reste constant
et soutenu,trouver un rythme alors qu'il souffle en rafale n'est pas
chose aisée,dommage notre chaussée sera plate au cours des 30
premiers kilomètres. Le revêtement de notre ruban d'asphalte
s'améliore en même temps que nous nous rapprochons des collines
boisées de l'est et de l'ouest,cela ne me dit rien qui
vaille,végétation tropicale,bananeraies,champs de canne à
sucre,troupeaux de bovidés et de caprins. Traversons quelques
villages rudimentaires à l'indéniable pauvreté envahis de leurs
marmaille criarde et rigolote. La platitude aura été de courte
durée et les 40 derniers kilomètres ne seront que montagnes
russes,mettant encore un peu plus à mal nos fessiers souffreteux et
nos pattes qui se raidissent peu à peu au gré des kilomètres.
Ban Dong fut autrefois l'un
des principaux carrefours de la piste de Hô Chi Minh. Il ne reste
que quelques chars américains,utilisés pendant l'opération,Lam Son
719,une attaque désastreuse de l'armée de la République du
Vietnam en février 1971. Au Laos aussi la guerre a sévi faisant son
comptant de victimes,mais jamais personne n'en parle et ce seront les
seuls vestiges que nous aurons eu l'occasion d'observer au cours de
ce séjour.
Les dernières bornes
paraissent interminables et nous cédons presque à l'euphorie
lorsque dans la lumière du couchant se dessine enfin le panneau de
Daen Savanh,décidément les routes du Laos nous auront soignés
jusqu'au bout!!!!
Nous
y trouvons aisément un guest à l'écart du bruit,à moins
que...,une chambre flambant neuve,eau chaude,pour la somme de 5
€,mais la véritable cerise sur le gâteau est de savoir que demain
nous ne pédalerons pas,il nous reste un jour sur notre visa laotien
et celui-ci sera dédié au Dieu Repos!!!!!
Notre
dernier jour laotien sera des plus venté avec des températures en
chute,bon ce n'est pas la Sibérie,mais j'aimais bien la chaleur.
Le
Laos,pays pas si petit que cela en définitive,mes jambes en ont fait
l'expérience,il tiendra lui aussi une place particulière dans mon
coeur. Des routes rudes et demandeuses,bien souvent ingrates,où la
récompense furent les beaux paysages et la douceur de la population
locale. Une population,joviale,accueillante, qui malgré la rudesse
de ses conditions de vie garde la tête haute , respirant bonheur et
joie de vivre,le stress ne faisant pas partie du vocabulaire
quotidien,peu curieuse elle ne nous a jamais importunée de sa
présence avide et intéressée mais a toujours su répondre
présente lorsque nous avions besoin d'un service. J'en garderai
surtout le souvenir de toute cette marmaille exubérante et hautement
sympathique qui m'a réconciliée avec le monde enfantin fait de
pureté et de spontanéité. Et comme toujours en tournant la page de ce chapitre je ne peux m'empêcher de penser que ceci n'est qu'un au revoir.
on dirait que le Laos vous a usé le cul jusqu'à l'os?
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