Laos
Ban
Thok,le 2.02.2012
Etape:
96 kms
Réveillée en fanfare par un
Patrick furibard qui entre en trombe dans la chambre déversant sa
colère matinale. Il est encore bien tôt et pourtant il a déjà
accumulé les déconvenues,la première plus de gaz au guest pour son
précieux café,énervé par un intendant qui n'en n'a pas grand
chose à faire il se rend dans une des gargote attenante,il y obtient
l'eau demandée,mais la moutarde lui monte au nez lorsqu'on lui
annoncera le montant de la facture,de rage il déversera les cafés
dans l'évier en noyant la fée du logis sous des quolibets qui la
laissent de marbre.
Le calme retrouvé,nous pouvons
nous préparer tranquillement pour cette nouvelle étape en
souhaitant que l'épisode de ce début de journée ne soit les
prémices d'une journée merdique!!!!! Provision de baguettes et de
vaches qui rit,je me verrai réclamer de l'argent(ce qui ne nous est
encore jamais arrivé)en faisant remplir nos gourdes de thé et
répondrai d'un grand sourire pour régler la facture.
Repartons le coeur léger,avant
d'enquiller les premiers kilomètres dans la banlieue toute relative
de la capitale,baignés dans la poussière et les gaz d'échappement
émis par les nombreux véhicules,principalement deux roues,qui
circulent dans le coin.
Ciel gris et vent dans le
nez,pour cette étape qui se montrera plutôt ennuyeuse,une platitude
que j'espérais de tout coeur mais qui restera plus que relative,je
râle à chaque fois que la route fait mine de s'élever c'est à
dire plus souvent qu'à son tour. La campagne en cette saison est
plutôt sèche et tristounette,les rizières ne sont pas encore
plantées,les troupeaux de bêtes à cornes,vaches et chèvres
faméliques cherchent désespérément pitance au milieu de cette
nature peu généreuse. Présence de quelques minuscules
industries,elles sont définitivement peu nombreuses au Laos. En
toile de fond la cordillère Annamitique,petite chaîne
montagneuse,que nous ne ferons que longer,sur cette route circulante
par vagues. Au bout de quelques 60 kms réapparition de quelques
forêts que l'humain s'évertue à éradiquer à grands coups de
pelleteuses afin de rendre les terres cultivable,pour la première
fois nous découvrons une palmeraie(huile),forêt d'hévéa. Les
kilomètres défilent allègrement,retour du Mékong pour un court
instant et le plaisir de l'oeil.
Ban Thok agréable petit
village où il n'est point besoin de long conciliabule pour décider
de mettre fin à l'étape,nous y trouvons un petit guest fort
sympathique,une chambre immaculée,pour la somme de 5 €. Rituel du
café,douche froide revigorante,que du Bonheur!!!!!!
Pak
Kading,le 3.02.2012
Etape:
100 kms
A
l'aube un déluge digne de Noé réveillera Patrick tandis que je
termine tranquillement ma nuit. C'est sous un ciel chagrin,lourd de
nuages gris que nous dégustons notre café matinal. Nous ne pouvons
qu'espérer la clémence des Dieux lorsque nous partons,non sans
avoir reçu en cadeau des bananes de la part de notre hôtesse,sous
un ciel chargé de menaces. La brume s'accroche mollement aux arbres
des forêts visibles à l'est tandis que le Mékong,aux rives bordées
de cultures diverses joue à cache cache.
Toujours ennemi le vent
s'établit de travers ou de face et freine ostensiblement notre
progression le long de notre sinueux ruban d'asphalte à la
circulation intermittente. Sans prévenir le ciel se décide à
exprimer sa lourde colère,à l'entrée d'un petit village,où nous
trouvons refuge au près d'une petite échoppe,pendant plus d'une
heure nous ne pourrons que regarder les trombes d'eau qui se
déversent du ciel. La pluie se calme un peu mais ne donne pas signe
de vouloir s'arrêter pour ce jour,il est temps de nous équiper afin
de reprendre sans état d'âme la route,nous ne pouvons pas mettre
racine en ces lieux. L'ondée régulière se supportera sans
effort,il ne fait pas froid,la nature quant à elle semble
revivre,lavée de sa poussière elle laisse éclater toute une
palette de couleurs verdoyantes,rizières,cannes à sucre,champs de
tapioca,raves,tabac,troupeaux de vaches et de chèvres.
Les
petits villages traversés sont nombreux,les sourires
omniprésents,les écoles ouvertes aux quatre vents où la nombreuse
marmaille semble toujours en récréation résonnent tout d'abord du
mot falang(originellement celui-ci désignait les Français,mais à
l'heure actuelle il s'applique à tout blanc visitant le pays)avant
que ne soient hurler les saa-baai-dii de rigueur tandis que les
mouflets trépignent en agitant leurs main.
Un peu juste au niveau de nos
provisions,pas d'échoppes où effectuer un quelconque achat,la
fatigue se fait sentir,le coup de pédale n'est plus aussi fluide
dans le vent qui forcit.
Arrêt au petit marché local
à l'entrée du village de Pak Kading,traversé par la rivière du
même nom,qui se jettera dans le Mékong,nous en ressortirons
bredouilles,rien à se mettre sous la dent. Pas fâchés d'en finir
pour ce jour,nous y trouverons un petit guest basique pour la somme
de 5 €. Aucune gargote dans le village nos estomacs affamés
devront pour ce jour se contenter d'une omelette et de riz
collant,nous avions espéré mieux!!!
Ban
Soukpan,le 4.02.2012
Etape:
125 kms
Un ciel radieux lavé
par la pluie de la veille et une chaleur déjà bien présente
lorsque nous nous mettons en route de bon matin,avec toujours la
folle brume matinale qui s'accroche à tout ce qu'elle peut. En toile
de fond toujours la cordillère Annamitique,qui fait office de
frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam,tandis que nous
longeons les méandres sinueux de la Nam Kading. Une végétation
plus dense,des forêts plus présentes,la présence d'humains et de
villages y est plus éparse,un beau tronçon de belle nature encore
sauvage,avant que rizières sèches et plantations de tabac et café
ne fassent leur apparition. Alors que je ne rêve toujours et encore
que de platitude,la route s'évertue à jouer les yoyo tantôt
ascendante,tantôt descendante. Nous finirons enfin par dénicher une
petite gargote et une soupe de nouilles en guise de petit déjeuner.
Nous repartons sous une chaleur bien établie avec un vent toujours
aussi chiant comme compagnon indésirable. Des pics karstiques font
leur soudaine apparition se rapprochant pour ma plus grande horreur(à
l'heure actuelle tout ce qui a forme de montagne a tendance à
m'horripiler) au gré des kilomètres que nous enfilons tels des
perles sur un collier sur une route peu circulante au cours d'une
étape des plus plaisante et variée. Nos ventres criant famine
seront chichement calmés dans une petite gargote rencontrée en
chemin.
L'après-midi est déjà bien
avancée lorsque les 100 kms s'affichent au compteur,que faire,il y a
bien un guest providentiel sur le bord de la route,mais les
kilomètres à parcourir jusqu'à la frontière vietnamienne sont
encore nombreux,le temps file et nos visas arrivent bientôt à
échéance. Suite à un bref conciliabule décidons de poursuivre un
peu et de s'arrêter au prochain guest qui se présentera. Le soleil
se couche nimbant d'une belle lumière orangée les pics karstiques
se trouvant à l'est,tandis que nous continuons de pédaler comme des
forcenés,sur notre bande d'asphalte désormais plate. Fatiguée,mal
aux miches et aux guitares,je commencerais presque à désespérer
lorsque 25 kms plus loin dans les derniers rayons du soleil qui se
couche,un guest enfin se présente à nous,je ne peux qu'en remercier
notre bonne étoile. Une bonne petite chambre douillette,un accueil
sympa,nous pouvons enfin nous poser et nous relaxer,le corps quelque
peu douloureux. Café,soupes de nouilles chinoises,une bonne douche
froide avant de nous effondrer pour un sommeil de plomb sur nos
couches où nos fesses méditent déjà sur la journée sans doute
similaire à venir!!!
Tha
Khaek,le 5.02.2012
Etape:
39 kms
C'est toujours avec
quelque appréhension que je prends le guidon de mon bucéphale le
dimanche car depuis fort longtemps déjà j'ai remarqué que les
étapes dominicales semblent comme ensorcelées et sont presque
toujours synonymes de merdasses,énigme dont nous ne détenons pas le
réponse mais en ce jour la règle sera une fois de plus confirmée.
Une nuit de sommeil
entrecoupées,l'excès de fatigue n'engendre que rarement de très
bonnes nuits de sommeil. Ciel bleu azur et soleil ardent qui embrase
la cordillère Annamitique dès son lever,chaleur assurée!!!! Thé
sucré et eau en abondance en prévision,approvisionnement impossible
là où nous nous trouvons,nous décidons d'un stop dans la ville de
Tha Khaek qui se trouve à quelques 25 kilomètres pour un méga
petit déjeuner.
Fatigue encore
présente et musculature un peu raide,les premiers tours de roue ne
donne guère d'illusion sur l'étape à venir,le plat fera encore
partie des rêves les plus fous et les montagnes russes notre plat de
résistance au cours de cette étape. Pour bien commencer la
journée,la boulonnerie du porte bagage de Patrick se fait une fois
de plus la malle,mais tout de même de manière sympathique puisque
ceci se passe à proximité d'une petite échoppe vendant la visserie
idoine,poussin est quitte pour décharger tout son yackounet afin de
réaliser l'opération de sauvetage.
Repartis sur de meilleures
bases c'est l'estomac tenaillé par la faim,les jambes récalcitrantes
la cervelles en ébullition rêvant à de succulents sandwichs que
nous rejoignons la petite bourgade poussiéreuse sise sur les rives
du Mékong de Tha Kaek. Dans l'immédiat insensibles à tout ce qui
nous entoure nous tournerons,virerons,pendant plus d'une afin de
trouver la baguette de pain tant désirée notre quête restera vaine
et c'est au moment où nous sommes sur le point de tomber raides
d'inanition qu'une mamita et sa petite roulotte sise sur les rives du
Mékong satisfera de succulentes brochettes de viande et riz collant
nos estomacs qui demandent grâce. Il est désormais trop tard pour
que nous puissions encore imaginer une longue étape,partons en
chasse d'un guest trouver chaussure à notre pied prendra un temps
infini,tant les prix nous semblent indécents et épuisera le peu
d'énergie qu'il ne nous restait encore. L'humeur de Patrick frise la
cotte d'alerte,le danger d'explosion est proche,mais sauvés par le
gong lorsque nous finissons par trouver une chambre basique,dotée
d'un tout petit lit(moins cher)et d'une douche froide pour la somme
de 5 €,mais le café y est gratuit et à volonté,le bonheur est
tout à coup complet.
Tha Khaek,ancienne
bourgade coloniale au charme désuet et surranée,qui semble s'être
assoupie sur les rives du tout aussi indolent Mékong qui s'y écoule
le plus paisiblement du monde. Quelques magnifiques vieilles bâtisses
coloniales,qui malheureusement ont connu des jours bien meilleurs
dont personne ne semble se soucier à l'heure actuelle. Nous
n'éprouvons aucune difficulté à nous mettre au diapason de la
population locale alanguie et nous adonnerons à un après-midi de
pure et bonne glandouille.
Magnifique coucher de
soleil sur les rives du Mékong qui à cet endroit fait office de
frontière naturelle avec la Thaïlande qui se trouve juste en face.
Demain est un autre jour et
nul besoin de me prendre la tête afin de savoir quelle tenue
porter,ce sera le bleu de travail!!!!
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