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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

lundi 13 février 2012

Laos Seno-Xethamouak-Daen Savanh du 6 au 9.02.2012


                                                    Laos

Seno,le 6.02.2012
Etape: 103 kms

                                                        Tourné,viré toute la nuit sur notre couche,
le jour se lève bien trop tôt sur nos têtes d'insomniaques,finalement peut-être pas un bon plan le café gratuit de notre guest,à moins que ce ne soit la pleine lune qui se manifeste dans toute sa rondeur ou alors les beuglements du Karaoke qui se trouve à proximité,peu importe la raison le résultat reste le même insomnie!!!! Un peu pressés par le temps que notre visa nous alloue encore nous avons déjà pour notre plus grand déplaisir dû faire l'impasse sur le sud du pays que nous aurions tant aimé revisiter alors inutile de rêver à un jour de repos.
                                                          Le semblant de fraîcheur matinale est bien vite éclipsé par les premiers et ardents rayons du soleil,la journée s'annonce à nouveau des plus chaude ce qui n'est pas pour me déplaire,surtout lorsque je pense ,qu'en Europe,l'hiver se fait polaire. Aucune difficulté ce matin pour trouver la délicieuse baguette qui nous avait tant fait rêvé la veille,un sandwich avalé sur place et une bonne provision qui rejoint nos sacoches,nous voilà parés.
                                                                 En ce jour nous abandonnons la route nationale n° 13(axe principale nord-sud) qui fut le fil conducteur de notre voyage laotien pour emprunter la route nationale n° 9 qui traverse le pays d'est en ouest. Dès le départ,piste et tronçon de route en réfection au menu poussière et gaz d'échappement,avant de retrouver au bout de quelques kilomètres un ruban d'asphalte acceptable. Une campagne sèche,une nature assoiffée,les rizières en cette saison grillées par le soleil,troupeaux de vaches et chèvres affichant des airs aussi faméliques que les nôtres qui peinent à trouver pitance. Décors un peu tristounet et monotone,jalonné de petits hameaux endormis,d'une pauvreté considérable,les maisons bien souvent se résument à de simples huttes de bambou où électricité et eau courante y sont totalement absents. Seule la marmaille y est bien vivante et s'exprime à haute et forte voix,les saa-baai-dii qui me paraissent si joyeux en début d'étape se transforment au fur et à mesure des kilomètres qui avancent et de la fatigue qui s'installe en horribles beuglements qui me hérissent le poil,mais malgré tout je fais contre mauvaise fortune bon coeur et continue d'y répondre aussi joyeusement que je le peux tant tous ces moutards frénétiques semblent heureux de recevoir réponse. Quelques petits marchés locaux jalonneront notre route,l'occasion de faire le plein de bananes,et le plaisir de voir mon poussin se transformer en véritable singe. Vent toujours de travers,un soleil ardent,quelques côtes et raidillons qui sont bien trop longs à notre goût,nos fessiers n'en peuvent plus,les derniers kilomètres nous semblent interminables tant nous nous dandinons sur nos selles.s
                                                                       Seno,un petit guest sans prétention,une chambre proprette pour 5 €,une douche froide et même plus l'énergie de sortir pour nous ravitailler,nous mangerons nos dernières soupes de nouille chinoises,elles en auront parcouru de la borne avant de finir dans nos estomacs.




Xethamouak,le 7.02.2012
Etape: 124 kms

                                                  Sommeil de plomb,la forme est quasi olympique au réveil. Une journée lumineuse qui s'annonce toujours sous le signe de la chaleur. Alors que nous avons rejoint le flot de véhicules pétaradant,en tous genres,principalement des motos tout de même,les Laotiens ne possèdent que très peu de voitures,sans doute beaucoup trop onéreuses pour leurs maigre bourse et c'est sans parler du coût de l'essence,un peu plus d'un euro le litre,au milieu d'un carrefour une petite roulotte vendant pain et sandwichs,les meilleurs que nous ayons mangés au cours de ce mois laotien,voilà une journée qui s'annonce sous les meilleurs hospices,et ce n'est pas fini.
                                         Je n'ose y croire en donnant les premiers coups de pédale de cette journée,notre route peu circulante est tout à coup PLATE,et le restera tout au long de cette étape,le rêve qui jamais ne devenait réalité semble enfin se concrétiser,j'exulte!!!!!!!!!! Des paysages identiques à ceux des jours précédents,la riziculture y est moins abondante et a cédé la place à des champs de canne à sucre,exploitation «contrôlée»des forêts,là les doutes sont permis en voyant la quantité astronomique de charbon de bois vendue en bord de route. 2 usines sucrières une des rare petite industrie entrevue dans ce pays. Hameaux aux maisons de tek sur pilotis toujours aussi basiques,marmaille abondante,une campagne sale où traînent partout les déchets de notre civilisation consommatrice,une pauvreté omniprésente et récurrente. Une route au goudron fondant sous la chaleur du soleil au zénith. Les kilomètres défilent allègrement et les 100 kms s'affichent au compteur en début d'après-midi,encore le temps de pousser un peu cela nous rapprochera de la frontière vietnamienne,sur notre carte toujours aussi précise une bourgade Xethamouak, qui ne semble guère éloignée,au final ce seront 25 kilomètres qui s'effectueront avec guère d'envie mais juste l'idée que ces derniers ne seront plus à faire.
                                                 La dernière énergie et il en faudra pour trouver un guest,endroit sympa qui semble tranquille,une chambre douillette,5 € après négociation. Nous nous posons enfin,les miches définitivement niquées avant que le soleil ne rougisse.
                                                          Merdasse pour ce qui est de la tranquillité c'est râpé,notre guest fait aussi office de Karaoke,véritable sport national au Laos,décidons d'y boire une bière,histoire de ne pas faire que subir. Dans la pénombre quelques poulettes bien jeunes,sont attablées en compagnie de Laotiens,bien grassouillets. Par moments une poitrine dénudée,une cuisse dévoilée réveillent la petite troupe à la voix chevrotante et les mains s'agitent un peu. La bière lao coula à flot,mais l'ambiance reste soft et bon enfant.
Malgré le bruit de fond,Morphée ne sera guère longue à nous accueillir dans ses bras.
















Daen Savanh,le 8-9.02.2012
Etape: 90 kms

                                              Réveil matinal après une bonne nuit de sommeil. Eole pète la forme n'a pas changé de cap,il a juste décidé de hausser le ton,nous voilà prévenus,étape sportive en prévision. Comme les mauvaises nouvelles vont souvent de paire,en graissant chaînes et pignons Patrick est forcé de constater la crevaison du pneu avant de son yackounet,le pansement de Luang Prabang,n'a pas tenu,il est quitte pour changer la chambre à air. Son travail de professionnel(oups) effectué nous pouvons enfin larguer les amarres pour notre dernière étape laotienne.
                                                         Une route,peu circulante, qui malgré un semblant de réfection sera bien souvent en piteux état,bosselée,constellée de nids de poule et même de véritables cratères par endroits,nous emmène à travers des régions peu habitées où les cultures sont inexistantes. Le vent reste constant et soutenu,trouver un rythme alors qu'il souffle en rafale n'est pas chose aisée,dommage notre chaussée sera plate au cours des 30 premiers kilomètres. Le revêtement de notre ruban d'asphalte s'améliore en même temps que nous nous rapprochons des collines boisées de l'est et de l'ouest,cela ne me dit rien qui vaille,végétation tropicale,bananeraies,champs de canne à sucre,troupeaux de bovidés et de caprins. Traversons quelques villages rudimentaires à l'indéniable pauvreté envahis de leurs marmaille criarde et rigolote. La platitude aura été de courte durée et les 40 derniers kilomètres ne seront que montagnes russes,mettant encore un peu plus à mal nos fessiers souffreteux et nos pattes qui se raidissent peu à peu au gré des kilomètres.
                                                          Ban Dong fut autrefois l'un des principaux carrefours de la piste de Hô Chi Minh. Il ne reste que quelques chars américains,utilisés pendant l'opération,Lam Son 719,une attaque désastreuse de l'armée de la République du Vietnam en février 1971. Au Laos aussi la guerre a sévi faisant son comptant de victimes,mais jamais personne n'en parle et ce seront les seuls vestiges que nous aurons eu l'occasion d'observer au cours de ce séjour.





                                               Les dernières bornes paraissent interminables et nous cédons presque à l'euphorie lorsque dans la lumière du couchant se dessine enfin le panneau de Daen Savanh,décidément les routes du Laos nous auront soignés jusqu'au bout!!!!
                                               Nous y trouvons aisément un guest à l'écart du bruit,à moins que...,une chambre flambant neuve,eau chaude,pour la somme de 5 €,mais la véritable cerise sur le gâteau est de savoir que demain nous ne pédalerons pas,il nous reste un jour sur notre visa laotien et celui-ci sera dédié au Dieu Repos!!!!!

























                                    Notre dernier jour laotien sera des plus venté avec des températures en chute,bon ce n'est pas la Sibérie,mais j'aimais bien la chaleur.











                                     Le Laos,pays pas si petit que cela en définitive,mes jambes en ont fait l'expérience,il tiendra lui aussi une place particulière dans mon coeur. Des routes rudes et demandeuses,bien souvent ingrates,où la récompense furent les beaux paysages et la douceur de la population locale. Une population,joviale,accueillante, qui malgré la rudesse de ses conditions de vie garde la tête haute , respirant bonheur et joie de vivre,le stress ne faisant pas partie du vocabulaire quotidien,peu curieuse elle ne nous a jamais importunée de sa présence avide et intéressée mais a toujours su répondre présente lorsque nous avions besoin d'un service. J'en garderai surtout le souvenir de toute cette marmaille exubérante et hautement sympathique qui m'a réconciliée avec le monde enfantin fait de pureté et de spontanéité. Et comme toujours en tournant la page de ce chapitre je ne peux m'empêcher de penser que ceci n'est qu'un au revoir.  

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