Laos
Pakmong,le
14.01.2012
Etape:65
kms
Malgré une nuit qui ne
fut guère reposante,nous ne regrettons pas d'avoir décliné
l'invitation à prendre place dans la pièce communautaire,notre hôte
ayant un peu trop forcé sur le lao lao s'est levé plusieurs fois au
cours de la nuit pour gerber copieusement. De notre côté,attaques
en règle des moustiques, qui ont fait leur retour en force dans ces
régions tropicales,flot ininterrompu de camions qui roulent de
préférence la nuit et pluies diluviennes pour parachever le tout.
Le matin nous trouve un peu humides et la tête dans le cul,rien de
très inhabituel en somme. Le ciel quant à lui est toujours d'humeur
maussade,grisaille,brume s'accrochant à la cime des arbres,vent(cela faisait longtemps),imposante masse
nuageuse qui ne me dit rien qui vaille,mais il ne fait pas froid
c'est déjà pas mal,après avoir connu ce qui semble être le pire
je me contente désormais de peu.
Notre
ingrate route toujours aussi véreuse entonne la même chanson que la
veille et commence par une énorme patate,elle chantera le même
refrain tout au long de cette étape,mettant peu de bémol dans ces
côtes aux pourcentages frisant parfois la piste noire,pour y mettre
un peu de piment un Eole certes pas bien méchant mais dans le nez
qui ne nous avantage guère dans notre progression. Notre
nationale,car quoi que l'on puisse en penser c'est une nationale,nous
emmènera à travers de denses forêts équatoriales,nombreux petits
villages où précarité et pauvreté riment malgré tout avec
propreté,grouillant d'un nombre hallucinant de lardons,tous plus
sympas les uns que les autres,les incontournables petits marchés,petites échoppes vendant tristement magnifiques oiseaux et autres mammifères comestibles,les Laotiens ont quelques tendances à manger tout ce qui bouge!!!
La pluie est de plus en plus
menaçante,le vent inconstant et persistant,il fait froid par
moments. Arrêt le temps d'un café dans une pauvre petite famille
avec laquelle nous partagerons un beau moment,nos clopes et nos
gâteaux. La maison qui ressemble à une hutte en bambou est dotée
d'une seule pièce,une partie surélevée où
mangent,dorment,s'entassent les 9 membres de la famille avec juste
l'espace suffisant pour faire le feu qui sert à réchauffer,faire à
manger,difficile d'imaginer conditions plus précaires. Mais tout ce
petit monde semble heureux,le père rêvasse au près du feu et
sourit en regardant ses enfants qui s'amusent de tout et d'un
rien,tandis que la maman s'occupe à quelques travaux de lessive.
Point n'est besoin de paroles,nous ne partageons aucun langage commun
à part celui du coeur,et nous resterons là assis muettement et
simplement à profiter de cet instant de bonheur tranquille et
paisible.
La pluie choisit le moment où
nous nous remettons en selle pour se mettre à tomber de manière
drue,et là c'est la galère qui commence vraiment. Sur cette route
vérolée des travaux de remblaiement à l'aide de pierres et de
terre glaise ont été effectués,par temps de pluie,la route devient
carrément dangereuse,grasse,terreuse elle se transforme en une
véritable patinoire. Une première chute sans gravité pour
Patrick,tandis que de mon côté je réussis par je ne sais quel
miracle à l'éviter de justesse,mais ce n'est que partie remise,mon
tour viendra 15 kms plus loin. Voilà que maintenant la route
descend,notre progression est des plus périlleuse,mettons pied à
terre à chaque fois que cela s'avère nécessaire à peu près tous
les 100 m.......tout à coup tous les saa-baai-dii qui continuent de
fuser autour de nous deviennent quelque peu irritants,difficile voir
impossible de jouer les équilibristes sur le point de chuter à
chaque coup de pédale et de répondre avec le sourire à toutes ces
amicales salutations,j'avoue avoir à ce moment là perdu tout sens
des convenances et n'en ai même plus rien à faire de ma dignité,la
seule chose qui m'importe étant d'arriver entière dans un lieu à
l'abri de toute cette abominable flotte.
Il fait nuit lorsqu'enfin
atteinte d'une fatigue incommensurable,trempée jusqu'aux os,crottée
jusqu'aux yeux,genoux et mains écorchés,je déboule sous une pluie
battante à Pakmong,bourgade carrefour à la population mercantile
majoritairement chinoise qui n'a rien de sympathique,tout y est fait
pour le chaland de passage,boutiques,échoppes,restaurants....nous y
trouverons cependant une piaule monacale dotée d'une douche chaude
des plus basique dans un petit guest aux tenanciers peu amènes. Un
repas frugale,une bonne douche avant de nous affaler et de nous
endormir comme des troncs bercés par le tambourinement de la pluie
sur les toits de tôle!!!
Luang
Prabang,le 15.01.2012
Etape:
108 kms
Malgré une bonne nuit de
sommeil le matin nous retrouvera plutôt fourbus,mais notre moral est
d'acier et c'est sans tirer de plans que nous nous embarquons pour
cette nouvelle étape. La pluie de la veille a nettoyé le ciel de
ses mauvaises prédispositions,et c'est sous un beau ciel azuré que
nous nous élançons vers notre destin. Nos vêtements enfilés
mouillés,beurk,auront vite fait de sécher sur la bête. Nous
retrouvons notre nationale 13,un asphalte en bonne santé,des
dénivelés moins agressifs,le relief s'est arrondi,au cours des 20
premiers kilomètres avant de s'accentuer à nouveau,montagnes russes
permanentes,ponctuées de pentes sévères par endroits. Une étape
aux paysages diversifiés,rizières en préparation,forêts de
tek,pics karstiques,forêts tropicales,petits villages à l'abondante
marmaille avant de longer la grande et splendide Nam Ou rivière sur
laquelle nous avons de magnifiques points de vue. C'est accompagnés
par le chant des oiseaux,le vol des papillons,les incontournables
saa-baai-dii auxquels il m'est plus facile de répondre joyeusement
en ce jour que les kilomètres défilent.
Au
gré des patates la fatigue commence de mon côté à se faire
lourdement sentir,il ne me déplairait pas de faire halte avant la
ville de Luang Prabang,mais point de guest à l'horizon,je poursuis
donc vaillamment tentant de supporter l'inconfort en me ressourçant
à la beauté des paysages alentours,un magnifique coucher de soleil
sur le Mékong retrouvé me redonne du coeur au ventre. Les derniers kilomètres
s'avèrent particulièrement difficiles,le flot des véhicules
s'intensifient,motos,camions,voitures,bus,bruit,pollution.
C'est les panards en
charpie,le cul en compote,les épaules douloureuses.....encore une
fois la liste des doléances est longue que nous mettrons fin à
cette étape à 3 kilomètres de la ville de Luang Prabang,où nous
trouvons une chambre impeccable dans un petit guest tranquille pour
la somme de 40'000 Kips (4 €). Une petite gargote dans laquelle
nous nous restaurons d'un plat pimenté au goût et au nom inconnu et
de riz gluant,une douche (froide),une lessive qui gigote dans son jus
pour la nuit,un bon café,un prince charmant à mes côtés,une bonne
couche ...que la vie peut-être belle!!!!
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