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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mardi 22 novembre 2011

Chine:Route Kashgar-Hotan du 27 au 31.10.2011




Chine
Région autonome du Xinjiang

Route Yarkand,le 27.10.2011
Etape: 90 kms

Comme à chaque fois que je me plais dan un endroit il m'est toujours difficile d'en partir,Kashgar,j'aurais pu y passer encore un certain nombre de jours sans que cela ne me gêne,je sais qu'en Chine,il n'y a guère d'endroit où je pourrai retrouver une telle atmosphère,mais même si le temps de notre visa est de 3 mois,la route à suivre est longue et il vaut mieux ne pas trop tarder.
En enfourchant mon vélo ce matin,je ressemble à un vrai chaperon rouge,en tous cas,je suis assortie au drapeau chinois,j'espère juste que je ne vais pas rencontrer le grand méchant loup en cours de route!!! Deux options s'offraient à nous pour la suite de notre trajet,après délibérations nous avons opté pour la traversée du désert de Taklamakan en empruntant l'ancienne route sud de la soie,un peu moins isolée et plus peuplée,choix qui nous est un peu dicté par l'hiver qui ne manquera de faire son entrée tout bientôt.
Pour sortir de la ville de Kashgar de grandes avenues poussiéreuses et polluées. Des banlieues chinoises,de partout des immeubles en construction. Un trafic relativement important,mais je m'y sens à l'aise,je ne peux pas dire que les Chinois roulent bien ou soient très respectueux des règles de la circulation,mais ils ne roulent guère vite et doivent avoir la culture du deux roues dans le sang,en règle générale ils font attention à nous,klaxonnent bruyamment pour faire part de leur présence en nous contournant largement,il y aurait sans doute plus à craindre des deux roues qui roulent vraiment n'importe comment. Pour Patrick ce n'est pas le trafic qui est moins dangereux mais ma personne qui se bonifie au fil des kilomètres,deviendrais-je inconsciente?????
Au bout des 20 premiers kilomètres qui ne sont guère agréables,sur une plate et belle route,nous retrouvons des zones cultivées,fruitiers,cotonniers,rizières,peu de bétail. Petit à petit les terrains s'appauvrissent,deviennent sableux. Travaux de canalisation et d'irrigation sont en cours dans le but de les fertiliser. Présence d'usines crachant tout ce qu'elles peuvent,cimenteries gigantesques. Nous traversons une zone complètement désertique avant d'atteindre la ville de Yengishar,sorte d'oasis au milieu du désert,réputée pour ses couteaux,l'occasion d'une pause pour se désaltérer et faire quelques provisions. Sitôt la ville de Yengishar quittée,nous retrouvons une route au trafic constant complètement cabossée et rapiécée et son désert omniprésent,les terres sont peu cultivables.


Nous sommes en milieu d'après-midi,lorsque nous atteignons un 
petit village,la route qui s'étire devant nous ne semble être que désert et la prochaine ville annoncée sur notre carte se trouve à quelques 100 kms de là,il est temps de chercher un toit pour la nuit. Nous avons perdu tous nos repères,mais pas nos vieilles habitudes,nous nous enquérons de la possibilité d'un gîte au près de la population et là nous sommes plutôt décontenancés d'essuyer plusieurs refus. Les personnes interrogées ne semblent tout d'abord pas comprendre,quand la lumière se fait jour dans leur esprit,ils font mine de longuement réfléchir avant d'asséner leur réponse négative,nous envoyant chez le voisin. Voilà qui change la donne pour le futur,il va falloir nous habituer à cette nouvelle situation. Nous ne perdons cependant pas espoir et Patrick continue patiemment les recherches qui finiront par porter leur fruit. En bord de route une maison ouïghour et un vieil homme fort sympathique qui accepte que nous bivouaquions sur la terrasse de sa maison. Là encore le contact est fort différent,nous sommes les bienvenus certes,aucune agitation autour de nos personnes,nous pouvons oublier le thé ou autres gourmandises qui marquaient toujours notre entrée dans une maison d'Asie Centrale. Notre hôte beaucoup plus en retrait ne montre guère d'intérêt pour nos personnes,ce serait plutôt la politique du vivre et laisser vivre,ce qui n'est pas non plus pour nous déplaire. Sans doute une nouvelle facette culturelle à appréhender.
La Chine semble avoir ses très bons côtés aussi,le moindre petit village est toujours doté d'au moins une petite gargote où il est possible de très bien se restaurer à peu de frais et celui-ci ne fait pas exception. Un succulent plat de laghman(nouilles accompagnées d'une sauce de légumes à la viande,typiquement ouïghour)couronnera la fin de cette journée et donnera satisfaction à nos ventres creux.




                                                                                                                                                     Yarkand,le 28.10.2011
Etape: 105 kms

                                                        

                                                                                                                        
Les nuits ne sont guère chaudes,mais fort heureusement nos bons vieux duvets tiennent encore la route.



Dès le départ une route bosselée et tape cul. Parallèlement une nouvelle route est en construction,quasiment terminée elle n'est pas encore en service,j'éprouve quelques réticences à y suivre Patrick,mais finirai pour notre plus grand confort par céder,une lumineuse idée,le trafic y est totalement inexistant et le revêtement y est parfait,ce seront 80 kms de pur bonheur!!!! Zone de steppes totalement désertiques avec à l'ouest la vision brumeuse de hautes chaînes montagneuses aux neiges éternelles,ponctuée de quelques usines,étape quelque peu monotone où les visions ne changent guère,un peu comme si nous faisions du sur place.





Nous faisons un peu la grimace en retrouvant notre 315 toujours aussi pourrie,la circulation en tous genres,tracteurs,camions,ânes tirant des carrioles,motos,scooter y est dense,nous mangeons poussière et pollution avant d'arriver dans les faubourgs de la ville de Yarkand. Là encore quelques tentatives infructueuses avant de trouver une famille grouillante de mômes qui accepte de nous héberger. Là encore les contacts avec la maîtresse de maison fort occupée entre marmaille,préparation du repas et lessive, sont restreints,mais je me sens la bienvenue tout de même.
Une belle balade en compagnie de quelques mômes dans la campagne agricole,cotonniers,rizières,fruitiers et autres cultures,environnante nous fera passer un agréable moment dans la lumière automnale de ce jour tombant.
La maison ressemble un peu à une auberge espagnole,les vas et viens sont continuels et c'est complètement affamée que j'assiste à la préparation de laghman en priant dans mon fore intérieur, que notre hôtesse ne m'oublie pas lors de la distribution,ce qui fut le cas,nous serons plus que largement servis!!!!
Une nouvelle nuit passée à la belle étoile sur la terrasse de la maison.
























Sous un pont de chemin de fer,le 29.10.2011
Etape: 128 kms

20 kms de route cassante, circulante, avant de retrouver le bonheur de l'autoroute en construction,qui nous emmène à travers une belle campagne poussiéreuse et vallonnée,fruitiers,
noyers,jardins potager.
Karghilik,d'un côté la ville de bazar grouillante typiquement ouïghour et de l'autre la nom moins typique ville moderne chinoise. Il n'est pas tard et je rêve de m'y poser et d'y prendre une douche,mais ceci restera à l'état de rêve,impossible d'y trouver un hôtel. En Chine il est impossible pour un étranger de résider dans le premier hôtel venu,seuls certains sont agréés par l'état et bien évidemment le tarif diffère largement,pour nous les hôtels chers et classieux et aux Chinois les binguan bon marchés,foutus chinetoques!!!! Un bon plat de laghman me consolera des déboires de nos recherches avant que je ne reprenne la route la mort dans l'âme. A la sortie de la ville une dernière tentative qui me laisse quelques espoirs,un petit hôtel fort sympathique,une chambre accueillante,tout semble rouler jusqu'au moment où je m'acquitte de la somme demandée de 80 yuan et présente nos passeports,qui suscitent des mey yo (non) affolés,et oui ils ne s'étaient pas rendus compte avant de voir nos passeports que nous n'étions pas Chinois!!!!!!





C'est furieuse que je remonte en selle pour continuer notre route avec un fort vent dans les fesses,c'est déjà cela. Nous traversons à nouveau une zone complètement désertique jalonnée de quelques usines,avant d'atteindre une zone maraîchère,nous y tenterons notre chance sans succès,les réponses tombent toujours aussi négatives,il en ira de même dans une cimenterie qui se trouve à proximité.
Notre carte nous indique un bled à quelques 30 kms de là,c'est le but que nous nous fixons. Nous continuons à pédaler comme des forcenés dans le soleil couchant,les kilomètres défilent,la nuit tombe et toujours aucun bled à l'horizon,impossible de continuer et le nombre de possibilités qui s'offre à nous est plutôt limité,nous nous rabattons sous un pont de chemin de fer,décidément moi qui rêvais d'une bonne douche et d'un lit douillet,je suis presque réduite à l'état de cloche!!!!
Grâce au nouveau réchaud un peu pétouillant de Patrick,nous réussissons à nous réchauffer à l'aide d'un bon café,dieu qu'il fait froid,avant d'avaler vite fait notre frugale repas du soir. Notre pont est une vraie glacière,le vent s'y engouffre comme dans un couloir,je n'ai qu'une hâte retrouver ma couche et un peu de chaleur.




Zangguy,le 30.10.2011
Etape: 88 kms


La nuit fut ventée,le matin nous retrouve ensablés dans nos duvets,Patrick qui ne s'est pas suffisamment habillé se réveille avec un fort mal de gorge. Le vent n'a pas céder d'un pouce,il nous transperce jusqu'aux os et ce n'est même pas la peine d'imaginer faire un café. Nous plions bagage le plus rapidement possible. C'est sous le regard indolent de chameaux incrédules que nous retrouvons la route pour une étape qui sera difficile sur toute sa longueur. La région est toujours aussi irrémédiablement désertique,quelques mamelons se devinent dans l'ouest sableux,la vision des paysages est totalement bouchée par le sable volatile.
La route que nous suivons traverse rarement les villages indiqués sur la carte,ceux-ci sont toujours excentrés et y passer nécessiterait toujours un détour de quelques kilomètres. Sagan ne fait pas exception,mais heureusement une petite gargote placée à point nommé sur le bord de la route, nous permettra de nous régaler d'un délicieux plat de pâtes chaud et d'un délicieux thé à la rose. Achat de quelques victuailles avant de poursuivre notre route,partis avec un vent de travers,nous l'essuyons désormais de face. Patrick qui se sent peu bien est d'humeur plutôt désagréable et bagarreuse,il y a vraiment des jours plus durs que d'autres!!!
Un nouveau carrefour,quelques étals,l'envie peut-être de s'y poser,nous nous sentons fatigués,mais la population n'y est guère communicative et peu accueillante, nous nous y arrêtons le temps d'un grignotage et d'un thé. Définitivement le contact avec la population locale est radicalement différent de tout ce que nous avons connu jusque là. Lorsque nous nous arrêtons quelque part,il y a bien quelques curieux qui pointent le bout de leur nez,la majorité d'entre eux,pensent qu'à partir du moment où nous sommes blancs,nous sommes forcément Américains,ils ne posent que rarement des questions,mis à part le prix de nos vélos,mais par contre s'intéressent à nos eux,touchent à tout de manière éhontée comme si nous n'étions pas là. La communication,est elle aussi compliquée,lorsque nous faisons mine de vouloir poser une question beaucoup d'entre eux partent à la course en disant qu'ils ne savent pas,le langage des signes leur est tout aussi incompréhensible. Sans doute nous faudra-t-il encore un peu de temps pour trouver nos nouveaux repères et la grille de décodage qui sied à ce pays.
Notre traversée du désert vent de face se poursuit,lorsque apparaît comme sorti de nulle part,Zangguy,le village se trouve à quelques 3 kms de là,mais sur le bord de la route, une maison délabrée,sale où règne le chaos le plus total,qui fait échoppe,gardiennage de motos où je ne sais trop quoi. Une femme y fait sa lessive et n'hésite aucunement à nous héberger pour la nuit. Dépendants de son bon vouloir,nous attendons longuement avant qu'elle nous indique un endroit où dormir dans ce bordel sans nom. Une pièce extrêmement poussiéreuse et franchement pas clean,mais au moins serons-nous à l'abri du vent,mais ce lieu guère reluisant ne sera pas gratuit et nous nous acquittons de la somme de 20 Yuans,contente ou pas nous ne débourserons pas un yuan de plus pour ce trou à rat!!!! Même pas d'eau chaude pour nous confectionner une soupe de nouilles,nous nous contenterons de pain et de miel en guise de repas.



Hotan,le 31.10.2011
Etape: 137 kms

Pas d'eau chaude non plus en ce matin plus que frisquet,mais heureusement super Patrick,toujours en piteux état,maux de gorge,fièvre et nez qui coule comme une fontaine et son crin crin magique sont là pour notre nectar matinale.

 Nous abordons à nouveau une zone totalement désertique,la route est tout en faux plats montant et descendant avant d'atteindre Karayar,petit village excentré au milieu de nulle part,des dizaines d'étals vendant des grenades,où peuvent-elles donc pousser,tout n'est que désert alentours. L'occasion d'un bon café et d'un bon casse-croûte composé d'oeufs durs,et oui je me lamente,plus de vache qui rit au pays des bridés,ils ne doivent pas aimer cela!!!!
Ligne d'horizon jalonnée de poteaux électriques et après tous ces kilomètres, pour la première fois ,nous pouvons enfin apercevoir quelques dunes de sable,il était temps je commençais à me sentir flouer sur la marchandise,mon amie Maya m'avait dit que le désert de Taklamakan était le plus vieux désert de sable du monde. Que c'est beau je me sens heureuse et dans mon élément.
Quelques arbres et verdure,une belle campagne cultivée refont leur apparition aux abords de la ville de Hotan,métropole typiquement chinoise et bruyante,un trafic dense qui s'agite dans tous les sens,la vigilance est de mise. Hotan la ville a explosé depuis notre passage en l'an 2'003 et il est difficile d'y reconnaître quoi que ce soit,une modernisation à outrance,l'endroit a définitivement perdu le peu de charme qu'elle possédait à l'époque. Il ne nous reste plus qu'à chercher de quoi nous loger et là l'enfer commence,nous sillonnerons la ville aux quatre points cardinaux durant 4 heures,les refus se succèdent dans les binguan bon marchés réservés aux autochtones,tandis que l'on nous dirige continuellement vers les hôtels de luxe. Nous sommes épuisés,la nuit est largement tombée,la chambre la moins chère que nous ayons trouvé coûte pas moins de 45 € lorsque nous décidons d'abdiquer. Nous n'avons pas d'autre choix que de s'éloigner de la ville,un succulent plat de laghman avant de remonter sur nos bécanes pour affronter,le froid et la nuit noire et profonde. La ville est tellement éclairée qu'y rouler de nuit ne pose guère de problème.
Nous quittons les faubourgs de la ville,la campagne commence à pointer le bout de son nez,l'inconnu demeure lorsque comme par miracle apparaît une station essence en construction,c'est un peu l'essai de la dernière chance. Nous y sommes accueillis par une brochette de Chinois souriant en longs caleçons qui n'hésitent nullement à nous accueillir,une fois qu'ils ont compris notre demande. A l'unisson nous poussons un ouf de soulagement!!!! Une grande pièce poussiéreuse pour y étaler nos couches,peut-être pas un 5 étoiles,mais pas loin à mes yeux ce soir. Nos amis chinois sont définitivement fort sympathiques,ils iront même jusqu'à nous offrir à manger et à boire. Ah les stations essence!!!!!!!!!!!!!!!


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