Chine
Région
autonome du Xinjiang
Route
Yarkand,le 27.10.2011
Etape:
90 kms
Comme
à chaque fois que je me plais dan un endroit il m'est toujours
difficile d'en partir,Kashgar,j'aurais pu y passer encore un certain
nombre de jours sans que cela ne me gêne,je sais qu'en Chine,il n'y
a guère d'endroit où je pourrai retrouver une telle atmosphère,mais
même si le temps de notre visa est de 3 mois,la route à suivre est
longue et il vaut mieux ne pas trop tarder.
En enfourchant mon vélo ce
matin,je ressemble à un vrai chaperon rouge,en tous cas,je suis
assortie au drapeau chinois,j'espère juste que je ne vais pas
rencontrer le grand méchant loup en cours de route!!! Deux options
s'offraient à nous pour la suite de notre trajet,après
délibérations nous avons opté pour la traversée du désert de
Taklamakan en empruntant l'ancienne route sud de la soie,un peu moins
isolée et plus peuplée,choix qui nous est un peu dicté par l'hiver
qui ne manquera de faire son entrée tout bientôt.
Pour sortir de la ville
de Kashgar de grandes avenues poussiéreuses et polluées. Des
banlieues chinoises,de partout des immeubles en construction. Un
trafic relativement important,mais je m'y sens à l'aise,je ne peux
pas dire que les Chinois roulent bien ou soient très respectueux des
règles de la circulation,mais ils ne roulent guère vite et doivent
avoir la culture du deux roues dans le sang,en règle générale ils
font attention à nous,klaxonnent bruyamment pour faire part de leur
présence en nous contournant largement,il y aurait sans doute plus à
craindre des deux roues qui roulent vraiment n'importe comment. Pour
Patrick ce n'est pas le trafic qui est moins dangereux mais ma
personne qui se bonifie au fil des kilomètres,deviendrais-je
inconsciente?????
Au
bout des 20 premiers kilomètres qui ne sont guère agréables,sur
une plate et belle route,nous retrouvons des zones
cultivées,fruitiers,cotonniers,rizières,peu de bétail. Petit à
petit les terrains s'appauvrissent,deviennent sableux. Travaux de
canalisation et d'irrigation sont en cours dans le but de les
fertiliser. Présence d'usines crachant tout ce qu'elles
peuvent,cimenteries gigantesques. Nous traversons une zone
complètement désertique avant d'atteindre la ville de
Yengishar,sorte d'oasis au milieu du désert,réputée pour ses
couteaux,l'occasion d'une pause pour se désaltérer et faire
quelques provisions. Sitôt la ville de Yengishar quittée,nous
retrouvons une route au trafic constant complètement cabossée et
rapiécée et son désert omniprésent,les terres sont peu
cultivables.
Nous sommes en milieu
d'après-midi,lorsque nous atteignons un
petit village,la route qui
s'étire devant nous ne semble être que désert et la prochaine
ville annoncée sur notre carte se trouve à quelques 100 kms de
là,il est temps de chercher un toit pour la nuit. Nous avons perdu
tous nos repères,mais pas nos vieilles habitudes,nous nous enquérons
de la possibilité d'un gîte au près de la population et là nous
sommes plutôt décontenancés d'essuyer plusieurs refus. Les
personnes interrogées ne semblent tout d'abord pas comprendre,quand
la lumière se fait jour dans leur esprit,ils font mine de longuement
réfléchir avant d'asséner leur réponse négative,nous envoyant
chez le voisin. Voilà qui change la donne pour le futur,il va
falloir nous habituer à cette nouvelle situation. Nous ne perdons
cependant pas espoir et Patrick continue patiemment les recherches
qui finiront par porter leur fruit. En bord de route une maison
ouïghour et un vieil homme fort sympathique qui accepte que nous
bivouaquions sur la terrasse de sa maison. Là encore le contact est
fort différent,nous sommes les bienvenus certes,aucune agitation
autour de nos personnes,nous pouvons oublier le thé ou autres
gourmandises qui marquaient toujours notre entrée dans une maison
d'Asie Centrale. Notre hôte beaucoup plus en retrait ne montre guère
d'intérêt pour nos personnes,ce serait plutôt la politique du
vivre et laisser vivre,ce qui n'est pas non plus pour nous déplaire.
Sans doute une nouvelle facette culturelle à appréhender.
La Chine semble avoir ses
très bons côtés aussi,le moindre petit village est toujours doté
d'au moins une petite gargote où il est possible de très bien se
restaurer à peu de frais et celui-ci ne fait pas exception. Un
succulent plat de laghman(nouilles accompagnées d'une sauce de
légumes à la viande,typiquement ouïghour)couronnera la fin de
cette journée et donnera satisfaction à nos ventres creux.
Yarkand,le
28.10.2011
Etape:
105 kms
Les
nuits ne sont guère chaudes,mais fort heureusement nos bons vieux
duvets tiennent encore la route.
Dès le départ une route bosselée
et tape cul. Parallèlement une nouvelle route est en
construction,quasiment terminée elle n'est pas encore en
service,j'éprouve quelques réticences à y suivre Patrick,mais
finirai pour notre plus grand confort par céder,une lumineuse
idée,le trafic y est totalement inexistant et le revêtement y est
parfait,ce seront 80 kms de pur bonheur!!!! Zone de steppes
totalement désertiques avec à l'ouest la vision brumeuse de hautes
chaînes montagneuses aux neiges éternelles,ponctuée de quelques
usines,étape quelque peu monotone où les visions ne changent
guère,un peu comme si nous faisions du sur place.
Nous faisons un peu la
grimace en retrouvant notre 315 toujours aussi pourrie,la circulation
en tous genres,tracteurs,camions,ânes tirant des
carrioles,motos,scooter y est dense,nous mangeons poussière et
pollution avant d'arriver dans les faubourgs de la ville de Yarkand.
Là encore quelques tentatives infructueuses avant de trouver une
famille grouillante de mômes qui accepte de nous héberger. Là
encore les contacts avec la maîtresse de maison fort occupée entre
marmaille,préparation du repas et lessive, sont restreints,mais je
me sens la bienvenue tout de même.
Une belle balade en
compagnie de quelques mômes dans la campagne
agricole,cotonniers,rizières,fruitiers et autres
cultures,environnante nous fera passer un agréable moment dans la
lumière automnale de ce jour tombant.
La maison ressemble un
peu à une auberge espagnole,les vas et viens sont continuels et
c'est complètement affamée que j'assiste à la préparation de
laghman en priant dans mon fore intérieur, que notre hôtesse ne
m'oublie pas lors de la distribution,ce qui fut le cas,nous serons
plus que largement servis!!!!
Une nouvelle nuit
passée à la belle étoile sur la terrasse de la maison.
Sous
un pont de chemin de fer,le 29.10.2011
Etape:
128 kms
20 kms de route
cassante, circulante, avant de retrouver le bonheur de l'autoroute en
construction,qui nous emmène à travers une belle campagne
poussiéreuse et vallonnée,fruitiers,
noyers,jardins
potager.
Karghilik,d'un côté la ville
de bazar grouillante typiquement ouïghour et de l'autre la nom moins
typique ville moderne chinoise. Il n'est pas tard et je rêve de m'y
poser et d'y prendre une douche,mais ceci restera à l'état de
rêve,impossible d'y trouver un hôtel. En Chine il est impossible
pour un étranger de résider dans le premier hôtel venu,seuls
certains sont agréés par l'état et bien évidemment le tarif
diffère largement,pour nous les hôtels chers et classieux et aux
Chinois les binguan bon marchés,foutus chinetoques!!!! Un bon plat
de laghman me consolera des déboires de nos recherches avant que je
ne reprenne la route la mort dans l'âme. A la sortie de la ville une
dernière tentative qui me laisse quelques espoirs,un petit hôtel
fort sympathique,une chambre accueillante,tout semble rouler jusqu'au
moment où je m'acquitte de la somme demandée de 80 yuan et présente
nos passeports,qui suscitent des mey yo (non) affolés,et oui ils ne
s'étaient pas rendus compte avant de voir nos passeports que nous
n'étions pas Chinois!!!!!!
C'est furieuse
que je remonte en selle pour continuer notre route avec un fort vent
dans les fesses,c'est déjà cela. Nous traversons à nouveau une
zone complètement désertique jalonnée de quelques usines,avant
d'atteindre une zone maraîchère,nous y tenterons notre chance sans
succès,les réponses tombent toujours aussi négatives,il en ira de
même dans une cimenterie qui se trouve à proximité.
Notre
carte nous indique un bled à quelques 30 kms de là,c'est le but que
nous nous fixons. Nous continuons à pédaler comme des forcenés
dans le soleil couchant,les kilomètres défilent,la nuit tombe et
toujours aucun bled à l'horizon,impossible de continuer et le nombre
de possibilités qui s'offre à nous est plutôt limité,nous nous
rabattons sous un pont de chemin de fer,décidément moi qui rêvais
d'une bonne douche et d'un lit douillet,je suis presque réduite à
l'état de cloche!!!!
Grâce au nouveau réchaud un
peu pétouillant de Patrick,nous réussissons à nous réchauffer à
l'aide d'un bon café,dieu qu'il fait froid,avant d'avaler vite fait
notre frugale repas du soir. Notre pont est une vraie glacière,le
vent s'y engouffre comme dans un couloir,je n'ai qu'une hâte
retrouver ma couche et un peu de chaleur.
Zangguy,le
30.10.2011
Etape:
88 kms
La
nuit fut ventée,le matin nous retrouve ensablés dans nos
duvets,Patrick qui ne s'est pas suffisamment habillé se réveille
avec un fort mal de gorge. Le vent n'a pas céder d'un pouce,il nous
transperce jusqu'aux os et ce n'est même pas la peine d'imaginer
faire un café. Nous plions bagage le plus rapidement possible. C'est
sous le regard indolent de chameaux incrédules que nous retrouvons
la route pour une étape qui sera difficile sur toute sa longueur. La
région est toujours aussi irrémédiablement désertique,quelques
mamelons se devinent dans l'ouest sableux,la vision des paysages est
totalement bouchée par le sable volatile.
La route que nous suivons
traverse rarement les villages indiqués sur la carte,ceux-ci sont
toujours excentrés et y passer nécessiterait toujours un détour de
quelques kilomètres. Sagan ne fait pas exception,mais heureusement
une petite gargote placée à point nommé sur le bord de la route,
nous permettra de nous régaler d'un délicieux plat de pâtes chaud
et d'un délicieux thé à la rose. Achat de quelques victuailles
avant de poursuivre notre route,partis avec un vent de travers,nous
l'essuyons désormais de face. Patrick qui se sent peu bien est
d'humeur plutôt désagréable et bagarreuse,il y a vraiment des
jours plus durs que d'autres!!!
Un
nouveau carrefour,quelques étals,l'envie peut-être de s'y
poser,nous nous sentons fatigués,mais la population n'y est guère
communicative et peu accueillante, nous nous y arrêtons le temps
d'un grignotage et d'un thé. Définitivement le contact avec la
population locale est radicalement différent de tout ce que nous
avons connu jusque là. Lorsque nous nous arrêtons quelque part,il y
a bien quelques curieux qui pointent le bout de leur nez,la majorité
d'entre eux,pensent qu'à partir du moment où nous sommes
blancs,nous sommes forcément Américains,ils ne posent que rarement
des questions,mis à part le prix de nos vélos,mais par contre
s'intéressent à nos eux,touchent à tout de manière éhontée
comme si nous n'étions pas là. La communication,est elle aussi
compliquée,lorsque nous faisons mine de vouloir poser une question
beaucoup d'entre eux partent à la course en disant qu'ils ne savent
pas,le langage des signes leur est tout aussi incompréhensible. Sans
doute nous faudra-t-il encore un peu de temps pour trouver nos
nouveaux repères et la grille de décodage qui sied à ce pays.
Notre traversée du désert
vent de face se poursuit,lorsque apparaît comme sorti de nulle
part,Zangguy,le village se trouve à quelques 3 kms de là,mais sur
le bord de la route, une maison délabrée,sale où règne le chaos
le plus total,qui fait échoppe,gardiennage de motos où je ne sais
trop quoi. Une femme y fait sa lessive et n'hésite aucunement à
nous héberger pour la nuit. Dépendants de son bon vouloir,nous
attendons longuement avant qu'elle nous indique un endroit où dormir
dans ce bordel sans nom. Une pièce extrêmement poussiéreuse et
franchement pas clean,mais au moins serons-nous à l'abri du
vent,mais ce lieu guère reluisant ne sera pas gratuit et nous nous
acquittons de la somme de 20 Yuans,contente ou pas nous ne
débourserons pas un yuan de plus pour ce trou à rat!!!! Même pas
d'eau chaude pour nous confectionner une soupe de nouilles,nous nous
contenterons de pain et de miel en guise de repas.
Hotan,le
31.10.2011
Etape:
137 kms
Pas d'eau chaude non plus
en ce matin plus que frisquet,mais heureusement super
Patrick,toujours en piteux état,maux de gorge,fièvre et nez qui
coule comme une fontaine et son crin crin magique sont là pour notre
nectar matinale.
Nous abordons à nouveau une zone totalement
désertique,la route est tout en faux plats montant et descendant
avant d'atteindre Karayar,petit village excentré au milieu de nulle
part,des dizaines d'étals vendant des grenades,où peuvent-elles
donc pousser,tout n'est que désert alentours. L'occasion d'un bon
café et d'un bon casse-croûte composé d'oeufs durs,et oui je me
lamente,plus de vache qui rit au pays des bridés,ils ne doivent pas
aimer cela!!!!
Ligne d'horizon jalonnée
de poteaux électriques et après tous ces kilomètres, pour la
première fois ,nous pouvons enfin apercevoir quelques dunes de
sable,il était temps je commençais à me sentir flouer sur la
marchandise,mon amie Maya m'avait dit que le désert de Taklamakan
était le plus vieux désert de sable du monde. Que c'est beau je me
sens heureuse et dans mon élément.
Quelques arbres et
verdure,une belle campagne cultivée refont leur apparition aux
abords de la ville de Hotan,métropole typiquement chinoise et
bruyante,un trafic dense qui s'agite dans tous les sens,la vigilance
est de mise. Hotan la ville a explosé depuis notre passage en l'an
2'003 et il est difficile d'y reconnaître quoi que ce soit,une
modernisation à outrance,l'endroit a définitivement perdu le peu de
charme qu'elle possédait à l'époque. Il ne nous reste plus qu'à
chercher de quoi nous loger et là l'enfer commence,nous sillonnerons
la ville aux quatre points cardinaux durant 4 heures,les refus se
succèdent dans les binguan bon marchés réservés aux
autochtones,tandis que l'on nous dirige continuellement vers les
hôtels de luxe. Nous sommes épuisés,la nuit est largement
tombée,la chambre la moins chère que nous ayons trouvé coûte pas
moins de 45 € lorsque nous décidons d'abdiquer. Nous n'avons pas
d'autre choix que de s'éloigner de la ville,un succulent plat de
laghman avant de remonter sur nos bécanes pour affronter,le froid et
la nuit noire et profonde. La ville est tellement éclairée qu'y
rouler de nuit ne pose guère de problème.
Nous quittons les
faubourgs de la ville,la campagne commence à pointer le bout de son
nez,l'inconnu demeure lorsque comme par miracle apparaît une station
essence en construction,c'est un peu l'essai de la dernière chance.
Nous y sommes accueillis par une brochette de Chinois souriant en
longs caleçons qui n'hésitent nullement à nous accueillir,une fois
qu'ils ont compris notre demande. A l'unisson nous poussons un ouf de
soulagement!!!! Une grande pièce poussiéreuse pour y étaler nos
couches,peut-être pas un 5 étoiles,mais pas loin à mes yeux ce
soir. Nos amis chinois sont définitivement fort sympathiques,ils
iront même jusqu'à nous offrir à manger et à boire. Ah les
stations essence!!!!!!!!!!!!!!!
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