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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mardi 22 novembre 2011

Chine Qira-Qiemo du 1 au 9.11.2011




Chine

Région autonome du Xinjiang

Qira,du 1 au 2.11.2011
Etape: 100 kms


Un ciel gris et maussade,une humidité brouillardeuse, au diapason de ce jour qu'est le 1er novembre,car même loin de chez-moi je ne peux m'empêcher à toute la tristesse qui habite cette journée dédiée à tous nos disparus,un pincement au coeur en pensant à tous les êtres aimés qui ne sont plus de ce monde.


Au cours des 35 premiers kilomètres,une route bordée de peupliers,une belle campagne cultivée,jalonnée de nombreux petits villages,l'activité rurale y bat son plein,tracteur,carrioles tirés par des ânes,triporteurs sillonnent la route. L'occasion d'une pause thé et soupe,ce n'est pas du luxe,il fait un froid de canard avant de retrouver sous un ciel toujours aussi morose,une région purement désertique,vision d'une étendue de dunes de sable et troupeaux de chameaux. Eole est au rendez-vous,mais je ne lui en voudrai pas,pour une fois il souffle par l'arrière soulevant sable et poussière qui bouchent le ciel obscurcissant la lumière,ensablant la route par endroits. C'est relativement en forme que nous avalons les kilomètres,quasiment seuls sur ces grandes lignes rectilignes,pour arriver dans la petite ville toute chinoise de Qira. A côté de la gare routière,incroyable mais vrai,trouvons un petit hôtel,certes ce n'est pas le grand luxe et mieux vaut ne pas y regarder de trop près,la salle-de-bain,dotée d'une merveilleuse douche chaude a connu des jours meilleurs,le plafond s'effrite sur nos têtes,mais l'endroit est calme et pour 80 Yuan (9 €) la nuit,nous ne pouvons guère demander mieux dans ce pays. Il faut tout de même songer à reposer nos montures et nos corps un peu fatigués,Patrick n'est toujours pas au mieux de sa forme,c'est décidé demain jour de repos,la première de cette traversée du désert.
Qu'il est bon de se coucher le ventre plein d'une bonne plâtrée de laghman,les fesses propres sans avoir à songer au réveil du lendemain!!!!!
Une journée moche,grise et froide durant laquelle je ne mettrai même pas le nez dehors. Qira,ville chinoise typique n'offre rien de vraiment très folichon,elle ressemble à toutes les autres cités de ce pays construite sur le même moule. Écriture et glandouille suffiront amplement à mon bonheur.



Oytograk,le 3.11.2011
Etape: 105 kms
Une étape d'endurance qui se voudra quelque peu sportive,faux plats ascendant sur toute sa longueur,avec un vent régulier de face,les jours se suivent et ne se ressemblent pas!!!
Une campagne habitée,quelques villages,bazars,échoppes,gargotes, jusqu'à Kariya,petite ville totalement chinoise d'architecture à l'activité fébrile,vendeurs de charbon, petits artisans ayant pignon sur rue,usines de coton,à ce propos nous avons pu observer à plusieurs reprises,des pauvres qui ramassent les bouts de coton 
égarés dans les fossés sur les bords de route,édifiant tout de même.
Une fois la ville quittée,changement total de décors,nous retrouvons la 
solitude du désert et ses dunes de sable gris,cette vacuité de l'espace qui permet à l'esprit de s'égarer et de virevolter,je suis dans mon élément. Nous poursuivons difficilement fatigue et douleurs au popotin,qui renâcle furieusement à avaler tous ces kms se font sentir,avec l'espoir de trouver un lieu quelque peu habité aucune envie de s'arrêter en plein milieu du désert.
Fort heureusement alors que nous sommes arrêtés sur le bord de la route,Patrick a la bonne idée de questionner un des rare chaland qui passe sur le village d'Oytograk,noté sur notre carte mais que nous ne voyons toujours pas venir après cette débauche kilométrique. On dirait que la chance nous sourit,le bled se trouve juste à l'embranchement de la route,et nous oblige à un petit retour en arrière et quelques kilomètres de détours,mais le jeu en valait la chandelle,car nous trouvons de suite une petite famille fermière qui n'hésite point à nous accueillir. Une fois de plus le contact est inexistant,nous installons nos lit sur la terrasse de la cour avant que l'homme bien intentionné de la maison ne rentre et ne nous offre une chambre!!!!!! Nous n'en demandons pas plus,bien fatigués par notre étape,le calme et la solitude nous seyant à merveille!!!!!











Niya,le 4.11.2011
Etape: 99 kms

Des températures pour moi hivernales,mais un beau soleil automnale pour démarrer cette étape. Eole décidément d'humeur changeante a à nouveau décidé en ce jour de nous filer un coup de main et oui,vent dans les fesses,que c'est bon!!!!!
Pure étape de désert,une route au trafic inexistant,pas âmes qui vivent aux alentours,pas vu la queue d'un village ou d'une bergerie. A l'infini des dunes et étendue de sable habitées par quelques chameaux,le décors de toute cette étape est planté.
Quelques heures plus tard la petite ville de Niya et son bazar sympa. Nous tentons vainement d'y trouver un petit guest,là encore les prix annoncés sont démentielles,pour notre budget,je précise!!!!!! L'humeur un peu chiffonnée,la grogne n'est pas loin,nous faisons quelques emplettes avant de reprendre la route,nous n'irons pas bien loin avant de trouver une famille fermière des plus sympathique qui n'hésite aucunement à nous accueillir,sans oublier thé et pain,et les quelques questions rituelles qui ont jalonné notre route jusqu'à maintenant,voilà un accueil qui ressemble plus à ce que nous connaissons.
Nous commençons à ressentir les effets de notre route est,les journées raccourcissent de plus en plus,désormais le soleil se couche aux alentours de 17 h 45,moment que choisit le froid pour s'installer,ce qui irrémédiablement nous fait fuir dans la chaleur de nos duvets pour une nuit tour du cadran,que du bonheur!!!!




Bivouac désert,le 5.11.2011
Etape: 108 kms

Froid mordant et vent dans le nez,l'étape s'annonce d'ores et déjà éprouvante physiquement,c'est la magnifique nature de ce jour qui prend son tribu en énergie sur nos personnes,plus c'est beau,plus c'est dur!!!! Une superbe route serpentine ascendante au trafic inexistant et décors changeant,qui nous emmène tout d'abord à travers une vaste plaine marécageuse où paissent dans le lit d'une rivière quelques troupeaux de chèvres,quasiment les seuls êtres vivant que nous croiserons au cours de cette journée. La plaine cède ensuite la place à une sorte de steppe broussailleuse plantée d'arbres aux formes tortueuses,leur bras griffus s'étirant vers le ciel,ils semblent dotés d'une âme ancestrale qui m'observe depuis leur solitude désertique,le tout émaillé de nombreuses dunes de sable. A l'ouest,la chaîne de montagne des Kunlun,dont le plus haut pic,l'Aktag culmine à 6'748 m ,que l'on distingue à peine dans la lumière brumeuse.
Notre carte s'avère une fois de plus fausse,le bled qui y est indiqué est inexistant,le temps tourne et la fatigue augmente,nous sommes un peu limite en provision. Pas plus de maisons pour nous abriter que de possibilités de planter la tente sur le terrain bosselé et crouteux qui s'étend à perte de vue. Pas d'autre choix que d'installer nos couches dans le creux d'une petite dune un peu à l'abri du vent à même le sol,un peu rude après une étape aussi éprouvante,le vent est bien trop présent pour que nous puissions même imaginer un petit café réconfortant ou une soupe de nouille. Nous grignotons nos quelques victuailles avant de nous enfoncer raide gelés dans nos duvets,sous un magnifique ciel étoilé,suprême récompense d'une journée qui malgré sa rudesse fut tout de même un vrai régal pour les yeux!!!











Shundangzhuang,le 6.11.2011
Etape: 59 kms

La nuit fut plutôt bonne au vu des conditions,mais dès le réveil je suis attaquée de plein fouet par la dure réalité. Un froid cinglant,l'humidité nocturne a fait geler nos duvets de même que l'eau de nos gourdes,dieu que c'est dur!!!!! Patrick toujours aussi vaillant et courageux est tout fier, et il le peut, de me réveiller à l'aide d'un bon café!!!!! La vision du désert est splendide avec la chaîne des Kunlun en toile de fond. 









La route,toujours un faux plat ascendant,peu circulante,un vent
d'est (ce qui veut dire dans le pif)peu présent au départ s'établit franchement au gré des kilomètres qui défilent. Nous stoppons une voiture,et oui il ne viendrait pas à l'idée d'un Chinois de s'arrêter de lui-même,afin de réclamer un peu de thé,que l'on nous offre de bon coeur et avec un grand sourire.
Notre ruban d'asphalte serpente encore une fois dans un environnement superbe,désert broussailleux et arboré,dunes de sable à foison. Après 25 kms la première bonne surprise de la journée,Andiriangar,
petit hameau poussiéreux,la population y vit dans de rudes conditions,une petite gargote où thé chaud et un succulent plat de laghman donnent un air de fête à cette journée tout en nous redonnant quelque énergie pour poursuivre notre route,toujours au sein de mêmes paysages.







 Au bout de 35 kms,c'est au tour de la bourgade de Shundangzhuang de se concrétiser sous nos yeux,sorte de relais routier,gargotes,échoppes,ateliers de réparation,endroit crade et poussiéreux surtout investi par une population chinoise Han. Un vent bien trop présent et surtout l'impossibilité de savoir à quelle distance se trouve le prochain village nous ferons stopper là avec la deuxième bonne surprise de la journée,celle d'y trouver un binguan,certes un peu pouilleux où la chambre y est négociée à 60 Yuan
(8€). L'endroit n'est pas des plus reluisant,les WC un vrai cloaque dégueulasse(ah les toilettes chinoises,on pourrait écrire un roman!!!),l'endroit n'est même pas pourvu d'une douche,mais nous y sommes bien au chaud,luxe suprême dans une chambre chauffée,que demande le peuple!!!!!
Shudangzhuang,n'est pour l'heure qu'une petite bourgade,mais est en passe de devenir sous peu une vraie ville,la colonisation du désert est en cours. Impressionnant de voir comment les Chinois sont capables de construire une ville en plein milieu du désert,déjà s'élèvent quelques immeubles flambant neufs,la pelouse y est plantée comme de la moquette,le tout bordés d'immenses boulevards,nous avons peine à en croire nos yeux!!!!!









kermerek,le 7.11.2011
Etape: 44 kms

Achat de quelques victuailles pour la route,ici en Chine la chose n'est pas aisée,manger dans les gargotes,un vrai régal peu onéreux,mais lorsqu'il s'agit de s'approvisionner pour la route les choses se corsent,pas de fromage,difficile de trouver des oeufs,nos repas sont invariablement composés de pain accompagné de saucisses écœurantes(je pense que mon chat n'en n'aurait pas voulues),de gâteaux et soupes de nouilles instantanée,il s'agit plus de survie que de réel plaisir culinaire.
Nous repartons sous un magnifique ciel bleu azur,mais toujours accompagné par un Eole qui nous souffle de manière puissante en plein dans le nez,il se renforcera d'heure en heure. Une certaine monotonie dans les paysages au cours de cette étape,une steppe sableuse qui ne varie guère,j'aurais presque l'impression de faire du sur place!!!! Ce sont les bornes 1900 qui défilent et dans ma tête je m'amuserai à faire défiler les événements de ma vie à l'envers,l'occupation de l'esprit est bonne quand le corps souffre dans l'effort. Nous peinons grandement à avancer Eole nous mettant à rude épreuve, une bâtisse quasiment en ruine,qui devait être une école peut-être,on y trouve une petite famille qui est d'accord pour nous y héberger,et nous sommes plutôt heureusement surpris par la petite pièce presque confortable qui nous y est offerte. Nous ne sommes pas fâchés de pouvoir enfin sortir la tête du guidon. Un après-midi tranquille à récupérer des efforts matinaux. La petite famille s'en ira bientôt nous laissant en compagnie,d'un chat, 3 biquettes,quelques poules,une brebis et ses agneaux.









Qiemo,du 8 au 9.11.2011
Etape: 110 kms

Une nuit des plus fraîche,un ciel magnifiquement étoilé,une lune grandissante et un calme des plus reposant. Je suis réveillée par un grand boum au petit matin,c'est poussin qui bricole son réchaud récalcitrant,une belle frayeur pour entamer cette journée,mais qui ne sera pas vaine puisque le café finira tout de même par se concrétiser.

Nous repartons au petit matin sans avoir revu notre petite famille,ciel d'azur,gelées matinales,un vent peu présent et qui à la bonne heure nous souffle dans les fesses. La route un faux plat ascendant par moments vallonné,nous emmène à travers un désert sableux,planté d'arbrisseaux,d'arbres,d'épineux,dunes de sable,qui ressemble fortement au désert de mousson de Thar (Inde-Pakistan),sur les bords de la route des panneaux indiquent la présence de gazelles du désert,nous n'en verrons point. C'est le désert le plus complet,aucun hameau le long de cette route. Au bout de 70 kms le vent tourne et nous mettra à rude épreuve durant les 40 derniers kms de cette étape jusqu'à Qiemo,dur dur.
Qiemo,ville typiquement chinoise à prédominance Han,pour la première fois,présence de l'ethnie des Hui (autre peuple musulman chinois),une ville nouvelle et ses grands boulevards,les quartiers Ouïghours étant relégués à l'extérieur de la ville. Pour commencer une bonne soupe de nouilles revigorante,avant de s'atteler à la tâche de trouver un logis pour la nuit. L'entreprise semble encore une fois vouée à l'échec,on nous envoie d'hôtels luxueux en hôtels luxueux,et je commence presque à désespérer lorsque enfin on nous indique un petit binguan tranquille et en retrait,tenu par un papy chinois plutôt sympathique,mais nous commençons réellement à nous détendre qu'une fois nos passeports inspectés et notre argent accepté. Une chambre proprette et chauffée une douche chaude et surtout la possibilité d'y faire une lessive,il est grand temps!!!
Une journée de repos qui est plus que la bienvenue,la fatigue commence vraiment à se faire sentir,notre petit guest est vraiment l'endroit tranquille idéal. Lessive,réapprovisionnement nous occuperont une partie de la journée. Qiemo,ville qui ne présente guère d'intérêt,un bazar inanimé où quasiment toutes les boutiques sont fermées,nous y trouvons tout de même gants et chaussettes,avant de nous retirer dans la chaleur douillette de notre chambre,que cette journée fut bonne!!!!!!





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