Chine
Région
autonome du Xinjiang
Qira,du
1 au 2.11.2011
Etape:
100 kms
Un ciel gris et maussade,une
humidité brouillardeuse, au diapason de ce jour qu'est le 1er
novembre,car même loin de chez-moi je ne peux m'empêcher à toute
la tristesse qui habite cette journée dédiée à tous nos
disparus,un pincement au coeur en pensant à tous les êtres aimés
qui ne sont plus de ce monde.
Au cours des 35 premiers
kilomètres,une route bordée de peupliers,une belle campagne
cultivée,jalonnée de nombreux petits villages,l'activité rurale y
bat son plein,tracteur,carrioles tirés par des ânes,triporteurs
sillonnent la route. L'occasion d'une pause thé et soupe,ce n'est
pas du luxe,il fait un froid de canard avant de retrouver sous un
ciel toujours aussi morose,une région purement désertique,vision
d'une étendue de dunes de sable et troupeaux de chameaux. Eole est
au rendez-vous,mais je ne lui en voudrai pas,pour une fois il souffle
par l'arrière soulevant sable et poussière qui bouchent le ciel
obscurcissant la lumière,ensablant la route par endroits. C'est
relativement en forme que nous avalons les kilomètres,quasiment
seuls sur ces grandes lignes rectilignes,pour arriver dans la petite
ville toute chinoise de Qira. A côté de la gare routière,incroyable
mais vrai,trouvons un petit hôtel,certes ce n'est pas le grand luxe
et mieux vaut ne pas y regarder de trop près,la salle-de-bain,dotée
d'une merveilleuse douche chaude a connu des jours meilleurs,le
plafond s'effrite sur nos têtes,mais l'endroit est calme et pour 80
Yuan (9 €) la nuit,nous ne pouvons guère demander mieux dans ce
pays. Il faut tout de même songer à reposer nos montures et nos
corps un peu fatigués,Patrick n'est toujours pas au mieux de sa
forme,c'est décidé demain jour de repos,la première de cette
traversée du désert.
Qu'il est bon de se
coucher le ventre plein d'une bonne plâtrée de laghman,les fesses
propres sans avoir à songer au réveil du lendemain!!!!!
Une journée
moche,grise et froide durant laquelle je ne mettrai même pas le nez
dehors. Qira,ville chinoise typique n'offre rien de vraiment très
folichon,elle ressemble à toutes les autres cités de ce pays
construite sur le même moule. Écriture et glandouille suffiront
amplement à mon bonheur.
Oytograk,le
3.11.2011
Etape:
105 kms
Une étape d'endurance qui
se voudra quelque peu sportive,faux plats ascendant sur toute sa
longueur,avec un vent régulier de face,les jours se suivent et ne se
ressemblent pas!!!
Une campagne habitée,quelques
villages,bazars,échoppes,gargotes, jusqu'à Kariya,petite ville
totalement chinoise d'architecture à l'activité fébrile,vendeurs
de charbon, petits artisans ayant pignon sur rue,usines de coton,à
ce propos nous avons pu observer à plusieurs reprises,des pauvres
qui ramassent les bouts de coton
égarés dans les fossés sur les
bords de route,édifiant tout de même.
Une fois la ville
quittée,changement total de décors,nous retrouvons la
solitude du
désert et ses dunes de sable gris,cette vacuité de l'espace qui
permet à l'esprit de s'égarer et de virevolter,je suis dans mon
élément. Nous poursuivons difficilement fatigue et douleurs au
popotin,qui renâcle furieusement à avaler tous ces kms se font
sentir,avec l'espoir de trouver un lieu quelque peu habité aucune
envie de s'arrêter en plein milieu du désert.
Fort heureusement alors que
nous sommes arrêtés sur le bord de la route,Patrick a la bonne idée
de questionner un des rare chaland qui passe sur le village
d'Oytograk,noté sur notre carte mais que nous ne voyons toujours pas
venir après cette débauche kilométrique. On dirait que la chance
nous sourit,le bled se trouve juste à l'embranchement de la route,et
nous oblige à un petit retour en arrière et quelques kilomètres de
détours,mais le jeu en valait la chandelle,car nous trouvons de
suite une petite famille fermière qui n'hésite point à nous
accueillir. Une fois de plus le contact est inexistant,nous
installons nos lit sur la terrasse de la cour avant que l'homme bien
intentionné de la maison ne rentre et ne nous offre une
chambre!!!!!! Nous n'en demandons pas plus,bien fatigués par notre
étape,le calme et la solitude nous seyant à merveille!!!!!
Niya,le
4.11.2011
Etape:
99 kms
Des températures
pour moi hivernales,mais un beau soleil automnale pour démarrer
cette étape. Eole décidément d'humeur changeante a à nouveau
décidé en ce jour de nous filer un coup de main et oui,vent dans
les fesses,que c'est bon!!!!!
Pure étape de
désert,une route au trafic inexistant,pas âmes qui vivent aux
alentours,pas vu la queue d'un village ou d'une bergerie. A l'infini
des dunes et étendue de sable habitées par quelques chameaux,le
décors de toute cette étape est planté.
Quelques heures plus
tard la petite ville de Niya et son bazar sympa. Nous tentons
vainement d'y trouver un petit guest,là encore les prix annoncés
sont démentielles,pour notre budget,je précise!!!!!! L'humeur un
peu chiffonnée,la grogne n'est pas loin,nous faisons quelques
emplettes avant de reprendre la route,nous n'irons pas bien loin
avant de trouver une famille fermière des plus sympathique qui
n'hésite aucunement à nous accueillir,sans oublier thé et pain,et
les quelques questions rituelles qui ont jalonné notre route jusqu'à
maintenant,voilà un accueil qui ressemble plus à ce que nous
connaissons.
Nous commençons à
ressentir les effets de notre route est,les journées raccourcissent
de plus en plus,désormais le soleil se couche aux alentours de 17 h
45,moment que choisit le froid pour s'installer,ce qui
irrémédiablement nous fait fuir dans la chaleur de nos duvets pour
une nuit tour du cadran,que du bonheur!!!!
Bivouac
désert,le 5.11.2011
Etape:
108 kms
Froid mordant et vent
dans le nez,l'étape s'annonce d'ores et déjà éprouvante
physiquement,c'est la magnifique nature de ce jour qui prend son
tribu en énergie sur nos personnes,plus c'est beau,plus c'est
dur!!!! Une superbe route serpentine ascendante au trafic inexistant
et décors changeant,qui nous emmène tout d'abord à travers une
vaste plaine marécageuse où paissent dans le lit d'une rivière
quelques troupeaux de chèvres,quasiment les seuls êtres vivant que
nous croiserons au cours de cette journée. La plaine cède ensuite
la place à une sorte de steppe broussailleuse plantée d'arbres aux
formes tortueuses,leur bras griffus s'étirant vers le ciel,ils
semblent dotés d'une âme ancestrale qui m'observe depuis leur
solitude désertique,le tout émaillé de nombreuses dunes de sable.
A l'ouest,la chaîne de montagne des Kunlun,dont le plus haut
pic,l'Aktag culmine à 6'748 m ,que l'on distingue à peine dans la
lumière brumeuse.
Notre carte s'avère une fois
de plus fausse,le bled qui y est indiqué est inexistant,le temps
tourne et la fatigue augmente,nous sommes un peu limite en provision.
Pas plus de maisons pour nous abriter que de possibilités de planter
la tente sur le terrain bosselé et crouteux qui s'étend à perte de
vue. Pas d'autre choix que d'installer nos couches dans le creux
d'une petite dune un peu à l'abri du vent à même le sol,un peu
rude après une étape aussi éprouvante,le vent est bien trop
présent pour que nous puissions même imaginer un petit café
réconfortant ou une soupe de nouille. Nous grignotons nos quelques
victuailles avant de nous enfoncer raide gelés dans nos duvets,sous
un magnifique ciel étoilé,suprême récompense d'une journée qui
malgré sa rudesse fut tout de même un vrai régal pour les yeux!!!
Shundangzhuang,le
6.11.2011
Etape:
59 kms
La nuit fut plutôt bonne
au vu des conditions,mais dès le réveil je suis attaquée de plein
fouet par la dure réalité. Un froid cinglant,l'humidité nocturne a
fait geler nos duvets de même que l'eau de nos gourdes,dieu que
c'est dur!!!!! Patrick toujours aussi vaillant et courageux est tout
fier, et il le peut, de me réveiller à l'aide d'un bon café!!!!!
La vision du désert est splendide avec la chaîne des Kunlun en
toile de fond.
La route,toujours un faux
plat ascendant,peu circulante,un vent
d'est (ce qui veut dire dans le
pif)peu présent au départ s'établit franchement au gré des
kilomètres qui défilent. Nous stoppons une voiture,et oui il ne
viendrait pas à l'idée d'un Chinois de s'arrêter de lui-même,afin
de réclamer un peu de thé,que l'on nous offre de bon coeur et avec
un grand sourire.
Notre
ruban d'asphalte serpente encore une fois dans un environnement
superbe,désert broussailleux et arboré,dunes de sable à foison.
Après 25 kms la première bonne surprise de la journée,Andiriangar,
petit
hameau poussiéreux,la population y vit dans de rudes conditions,une
petite gargote où thé chaud et un succulent plat de laghman donnent
un air de fête à cette journée tout en nous redonnant quelque
énergie pour poursuivre notre route,toujours au sein de mêmes
paysages.
Au bout de 35 kms,c'est au tour de la bourgade de
Shundangzhuang de se concrétiser sous nos yeux,sorte de relais
routier,gargotes,échoppes,ateliers de réparation,endroit crade et
poussiéreux surtout investi par une population chinoise Han. Un vent
bien trop présent et surtout l'impossibilité de savoir à quelle
distance se trouve le prochain village nous ferons stopper là avec
la deuxième bonne surprise de la journée,celle d'y trouver un
binguan,certes un peu pouilleux où la chambre y est négociée à 60
Yuan
(8€).
L'endroit n'est pas des plus reluisant,les WC un vrai cloaque
dégueulasse(ah les toilettes chinoises,on pourrait écrire un
roman!!!),l'endroit n'est même pas pourvu d'une douche,mais nous y
sommes bien au chaud,luxe suprême dans une chambre chauffée,que
demande le peuple!!!!!
Shudangzhuang,n'est pour
l'heure qu'une petite bourgade,mais est en passe de devenir sous peu
une vraie ville,la colonisation du désert est en cours.
Impressionnant de voir comment les Chinois sont capables de
construire une ville en plein milieu du désert,déjà s'élèvent
quelques immeubles flambant neufs,la pelouse y est plantée comme de
la moquette,le tout bordés d'immenses boulevards,nous avons peine à
en croire nos yeux!!!!!
kermerek,le
7.11.2011
Etape:
44 kms
Achat de quelques
victuailles pour la route,ici en Chine la chose n'est pas
aisée,manger dans les gargotes,un vrai régal peu onéreux,mais
lorsqu'il s'agit de s'approvisionner pour la route les choses se
corsent,pas de fromage,difficile de trouver des oeufs,nos repas sont
invariablement composés de pain accompagné de saucisses
écœurantes(je pense que mon chat n'en n'aurait pas voulues),de
gâteaux et soupes de nouilles instantanée,il s'agit plus de survie
que de réel plaisir culinaire.
Nous repartons sous un
magnifique ciel bleu azur,mais toujours accompagné par un Eole qui
nous souffle de manière puissante en plein dans le nez,il se
renforcera d'heure en heure. Une certaine monotonie dans les paysages
au cours de cette étape,une steppe sableuse qui ne varie
guère,j'aurais presque l'impression de faire du sur place!!!! Ce
sont les bornes 1900 qui défilent et dans ma tête je m'amuserai à
faire défiler les événements de ma vie à l'envers,l'occupation de
l'esprit est bonne quand le corps souffre dans l'effort. Nous peinons
grandement à avancer Eole nous mettant à rude épreuve, une bâtisse
quasiment en ruine,qui devait être une école peut-être,on y trouve
une petite famille qui est d'accord pour nous y héberger,et nous
sommes plutôt heureusement surpris par la petite pièce presque
confortable qui nous y est offerte. Nous ne sommes pas fâchés de
pouvoir enfin sortir la tête du guidon. Un après-midi tranquille à
récupérer des efforts matinaux. La petite famille s'en ira bientôt
nous laissant en compagnie,d'un chat, 3 biquettes,quelques poules,une
brebis et ses agneaux.
Qiemo,du
8 au 9.11.2011
Etape:
110 kms
Une nuit des plus
fraîche,un ciel magnifiquement étoilé,une lune grandissante et un
calme des plus reposant. Je suis réveillée par un grand boum au
petit matin,c'est poussin qui bricole son réchaud récalcitrant,une
belle frayeur pour entamer cette journée,mais qui ne sera pas vaine
puisque le café finira tout de même par se concrétiser.
Nous repartons au
petit matin sans avoir revu notre petite famille,ciel d'azur,gelées
matinales,un vent peu présent et qui à la bonne heure nous souffle
dans les fesses. La route un faux plat ascendant par moments
vallonné,nous emmène à travers un désert sableux,planté
d'arbrisseaux,d'arbres,d'épineux,dunes de sable,qui ressemble
fortement au désert de mousson de Thar (Inde-Pakistan),sur les bords
de la route des panneaux indiquent la présence de gazelles du
désert,nous n'en verrons point. C'est le désert le plus
complet,aucun hameau le long de cette route. Au bout de 70 kms le
vent tourne et nous mettra à rude épreuve durant les 40 derniers
kms de cette étape jusqu'à Qiemo,dur dur.
Qiemo,ville typiquement
chinoise à prédominance Han,pour la première fois,présence de
l'ethnie des Hui (autre peuple musulman chinois),une ville nouvelle
et ses grands boulevards,les quartiers Ouïghours étant relégués à
l'extérieur de la ville. Pour commencer une bonne soupe de nouilles
revigorante,avant de s'atteler à la tâche de trouver un logis pour
la nuit. L'entreprise semble encore une fois vouée à l'échec,on
nous envoie d'hôtels luxueux en hôtels luxueux,et je commence
presque à désespérer lorsque enfin on nous indique un petit
binguan tranquille et en retrait,tenu par un papy chinois plutôt
sympathique,mais nous commençons réellement à nous détendre
qu'une fois nos passeports inspectés et notre argent accepté. Une
chambre proprette et chauffée une douche chaude et surtout la
possibilité d'y faire une lessive,il est grand temps!!!
Une journée de repos qui
est plus que la bienvenue,la fatigue commence vraiment à se faire
sentir,notre petit guest est vraiment l'endroit tranquille idéal.
Lessive,réapprovisionnement nous occuperont une partie de la
journée. Qiemo,ville qui ne présente guère d'intérêt,un bazar
inanimé où quasiment toutes les boutiques sont fermées,nous y
trouvons tout de même gants et chaussettes,avant de nous retirer
dans la chaleur douillette de notre chambre,que cette journée fut
bonne!!!!!!
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