Chine
Région
autonome du Xinjiang
Kashgar
du 22 au 26.10.2011
Etape:
60 kms
Ayant perdu de
l'altitude,la nuit fut bien meilleure,un sommeil enfin réparateur.
Bien être de se sentir propre et heureuse perspective de retrouver
la ville de Kashgar que j'avais tant appréciée lors de mon
précédent séjour. Là encore une route descendante où il suffit
de se laisser porter en regardant les paysages défiler. Nous
atteignons bientôt notre première vraie grande ville chinoise,grand
moment d'émotion lorsque je prends, pour le première fois,
pleinement conscience de me trouver en Chine en compagnie de mon
bucéphale,jamais je n'aurais imaginé effectuer une telle chose dans
ma vie!!!! Ville de béton aux immenses boulevards,marchés
grouillant,odeur de charbon,trafic intense tous les ingrédients y
sont,le temps fait un bond de 9 ans en arrière,et je suis submergée
par des images de ce premier voyage.
En quittant la
ville,nous aurons une fois de plus la preuve de la bêtise et de la
cruauté humaine qui peuvent sévir parfois sur notre terre. Attaché
à un arbre et ficelé dans un sac,un chien se débat pour essayer de
se libérer de ses entraves. A l'aide d'un couteau Patrick réussira
à libérer l'animal qui n'a même plus la force d'aboyer ni même de
mordre,nous le quittons en lui laissant un bout de pain tandis qu'il
suffoque pour essayer de garder ce léger souffle de vie qui l'anime
encore,va-t-il survivre,c'est la question que je me pose toute
chamboulée par cet acte de barbarie.
Nous ne pouvons résister
à l'attrait de bons pains chauds tout droit sortis du four vendus
sur le bord de la route,tandis que nous le savourons assis sur un
banc,l'attroupement de curieux se crée autour de nous,questions
posés en Ouïghour(langue qui se rapproche fortement du
kazakh,Kirghize,Ouzbek),tandis qu'une femme se ramène une théière
et une tasse à la main,cela papote et jacasse,on nous invite à
rester,mais désolée aujourd'hui Kashgar ne peut plus attendre.
Pour terminer
cette étape,une autoroute de béton flambant neuve,une allure
décoiffante,un trafic intense,la zone industrielle aux usines
crachant fumée noire et pestilentielle,une pollution
intense,paysages et bâtiments sont enfouis sous une nappe de
brouillard qui n'a rien à voir avec mère nature et enfin la ville
de Kashgar qui se concrétise sous nos yeux ébahis,la ville a poussé
comme un champignon,nous n'y reconnaissons rien du tout. Sans
guide,ni carte,des noms de rue écrits en chinois,seul un nom de
guest house en main,il nous est impossible de trouver notre
chemin,nous passerons des heures à tourner en rond complètement
désœuvrés dans cette ville connue et pourtant si peu
reconnaissable. La vieille ville semble avoir complètement disparu
remplacée par de hauts buildings de béton ,d'immenses places elles
aussi en béton,l'endroit a fait peau neuve et semble vouloir
afficher à tous prix des airs de modernité. Dans un magasin vendant
ordinateurs Patrick trouvera un Chinois fort sympathique baragouinant
quelques mots d'anglais qui me permettra d'utiliser un computer afin
de localiser l'endroit recherché,tout n'est ensuite plus qu'un jeu
d'enfant.
Le Old Town guest house,des
chambres dortoirs arrangées autour d'une cour intérieur,l'endroit
semble paisible et convivial,lieu de rencontre des voyageurs de tous
poils,nous y retrouvons Patrick,notre cycliste rencontré lors du
passage de la douane chinoise. Nous allons enfin pouvoir prendre
quelques jours de vrai repos,tout en organisant la suite de notre
périple.
Le
marché aux bestiaux de Kashgar
Tous les dimanches se tient à
Kashgar un gigantesque marché aux bestiaux,le monde change tellement
vite,et bien souvent pas en bien qu'il est toujours un peu compliqué
de retourner dans les endroits que nous avons beaucoup appréciés,le
risque d'être déçus est bien présent. C'est avec circonspection
que nous retournons à ce marché dominical qui n'est plus sis à la
même adresse,il a déménagé pour s'éloigner de la ville. En
arrivant sur place nous sommes rapidement rassurés,le même et
immense terrain vague où convergent des centaines de personnes,lieu
de rencontre de toutes les cultures d'Asie Centrale,chaque groupe
ethnique étant reconnaissable à sa tenue
vestimentaire,principalement au niveau des chapeaux. Là sont réunis
Tadjik,kazakh,Ouzbek,kirghize,quelques Chinois Han, toute l'Asie
visitée au cours de ces derniers mois rassemblée en un seul lieu.
Une Asie des plus rurale qui se presse autour de centaine de
bestiaux,chèvres,moutons,chevaux,yacks,ânes,vaches,chameaux....les
animaux sont tâtés,inspectés de près,essayés,les négociations
vont bon train se font à grand renfort de gestes et de paroles bien
souvent devant une large assistance qui ne manque pas d'y ajouter son
grain de sel. Spectacle fascinant,moment de pur bonheur que de se
balader au milieu de toute cette population bienveillante et avenante
aux visages burinés,façonnés par une vie de rude labeur à la
tenue vestimentaire qui bien souvent parle de pauvreté. Nous
passerons quelques heures à déambuler au milieu de toute cette
foule,l'occasion de quelques beaux clichés avant de regagner nos
pénates,vraiment pas déçus par notre escapade.
Nous passerons les quelques jours suivants à déambuler dans la ville,retournant sur les traces de notre passé tentant de retrouver certains lieux connus. C'est avec une certaine tristesse que je découvre tous les changements survenus au cours du temps,il ne reste effectivement plus grand chose de la magnifique vieille ville en pisé,un petit quartier où se pressent encore vendeurs ambulants,gargotes et échoppes qui a su gardé son atmosphère particulière,des magnifique bazars d'épices, chapeaux,tissus. Pour le reste ce sont des centres commerciaux modernes,une ville qui la nuit s'illumine comme un sapin de noël,une grande place avec un écran de télévision qui diffuse de la propagande chinoise,et sans doute ce qui symbolise le mieux le passage à l'ère moderne de la ville,le Poeple's park avec son immense statue de Mao(une des plus grande du pays) qui domine la ville,ses arbres et décorations kitsch. Un endroit poignant,ce que j'appelle le marché aux esclaves,lieu où se pressent des hommes en quête d'emploi dans l'attente d'un éventuel employeur. Pauvreté et misère sont bien présentes,les mendiants sont légion,une misère pathétique,non que la misère soit gaie en générale,mais ici la population n'a pas la fierté de certains peuples,qui garde le sourire même les deux pieds dans la merde,elle avance tristement,l'échine courbée tout en elle parle de tristesse et de défaite.
Patrick en profitera pour bichonner nos vélos,faire les poubelles du guest,il y trouvera un réchaud certes un peu bancal,mais qui nous dépannera sans doute avant de trouver enfin une solution pour le nôtre qui se trouve toujours hors service,une paire de baskets et une multitude de «on ne sait jamais,ça peut servir». Nous tentons sans beaucoup de succès de mieux nous équiper pour le froid à venir,nos heures de recherche se solderons par l'acquisition de 2 maigres bonnets,impossible de mettre la main sur de véritables gants ou chaussettes,il va falloir faire avec pour le moment j'en ai bien peur!!!!
Avant de quitter Kashgar un petit mot sur la Chine tout de même. 3 ème plus grand pays du monde,le plus peuplé,en 2'005 1 milliard 300 habitants. Sa capitale Beijing anciennement Pékin. Sa monnaie le Yuan 1 € = 8,8 Yuan. Quant à l'heure qui régit le pays un système pour le moins déroutant: le pays est des plus vaste et couvre plusieurs fuseaux horaires,mais le gouvernement a décidé que tout le pays devait vivre à l'heure de Beijing,système qui est complètement inepte. En étant à Kashgar le soleil se lèverait vers 9 h du matin pour se coucher à
21 h. Tandis que les banques,transports et structures officielles suivent l'heure de Beijing,la population quant à elle vit à l'heure locale,Xinjiang time,deux heures de retard sur l'heure de Beijing. Lorsqu'il est midi,Xinjiang time,il est 14 h Beijing time. Pour nous,qui vivons en suivant le soleil cela n'a guère d'importance,de toutes manières nous ne savons jamais très bien ni le jour ni l'heure auxquels nous vivons!!!!
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