Chine
Région
autonome du Xinjiang
Tentes
chantier,le 10.11.2011
Etape:
106 kms
Nous repartons au petit
matin frisquet accompagnés d'un soleil automnale. Les panneaux
routiers chinois étant toujours aussi explicites pour nous,nous nous
fourvoyons sur plus de 10 kms avant de retrouver notre route,quelle
crotte déjà que le nombre de kilomètres ne manque pas!!!!!
Nous traversons tout
d'abord une vaste plaine cotonnière, la récolte y bat toujours son
plein,et nous pouvons voir à l'œuvre de pauvres bougres de paysans
chinois qui suent la pauvreté par tous les pores de la peau. Je me
marre dans les divers pays traversés où la culture du coton était
présente,sur les arbrisseaux après la récolte y trainaient
toujours encore quelques boules blanches de coton,ici en Chine tout y
est nettoyé de près et ne subsistent plus que les tristes arbustes
bruns qui bientôt seront arrachés avant d'être plantés à nouveau
à la bonne saison. Vent dans le nez,faux plats réguliers,des
paysages qui se désertifient à nouveau,steppes sableuses qui
cèderont la place à des dunes de sable,l'isolement est le plus
total et la région complètement inhabitée.
L'après-midi touche à sa fin
et nous commençons à rechercher un terrain pour planter notre tente
lorsque, comme par miracle des tentes de chantier se dessinent à
l'horizon. L'endroit est désert et semble à l'abandon,seuls
quelques légumes et aliments dans la cuisine attestent d'une
certaine présence humaine récente. Nous grignotons tranquillement
notre casse-croûte avant de décider de l'attitude à
adopter,lorsque se pointe un camion avec à son bord deux ouvriers
chinois,tout heureux d'accéder à notre demande de
bivouac,décidément étonnament sympathiques ces Chinois!!!! C'est
la fin du chantier qui a servi à l'installation d'une ligne à haute
tension. Nous installons nos couches dans une des tentes militaires
avant de déguster aux chandelles notre soupe de nouilles sous l'oeil
rond de la pleine lune.
Washixia,le
11.11.2011
Etape:
104 kms
La nuit fut froide,et nos
pauvres matelas qui ne restent plus gonflés très longtemps n'ont
pas vraiment réussi à nous isoler de la froidure du sol. Le matin
est tout aussi froid rendant les extrémités douloureuses,un soleil
peu présent et un vent de face mais ai-je besoin de le préciser,le
décors météorologique de la journée est planté.
La route est vallonnée,les
côtes sont raides,peu pentues mais très longues. Les paysages
prennent des airs de savane africaine arborée où poussent des
herbes folles avant que nous ne retrouvions des dunes de sable à
perte de vue.
Sur les 25 derniers kilomètres
des travaux titanesques d'irrigation afin de rendre les terres
cultivables sont entrepris,impressionnant. C'est fatigués que nous
atteignons le bourg rural de Washixia,fermettes,échoppes et
gargotes,une population qui par moments n'a pas inventé la poudre et
nous observe avec des yeux de merlans frits en souriant bêtement,un
peu irritant lorsque la fatigue est de la partie. Il nous apparaît
assez clairement depuis que nous sommes dans le Xinjiang que bien
souvent la population rurale semble manquer d'éducation,à nos yeux
leur comportement est bien souvent un peu benêt,ils nous regardent
la bouche ouverte,s'approchent de nos vélos touchent à
tout,rigolent devant la moindre question et même avec force gestes
il est bien souvent difficile d'obtenir une réponse.
Un excellent plat de
laghman mettra un point final à cette journée avant d'entreprendre
nos recherche quotidienne pour un toit. Notre bonne étoile semble
présente au rendez-vous,nous empruntons une petite rue parallèle,
le premier homme rencontré est le bon, il nous demande d'attendre un
instant avant de revenir muni d'une clé qui nous ouvrira les portes
d'une maison inhabitée mais tout à fait confortable,où nous
pouvons nous installer pour la nuit. Encore une fois la maison est à
nous,tout le monde est parti. Notre homme reviendra plus tard dans la
soirée,il y a longtemps que nous sommes dans les bras de
Morphée,muni de deux bougies tout en nous invitant à manger,mais là
notre lit est trop bon!!!!!!
Qarkilik,12.11.2011
Etape:
96 kms
Une excellente nuit de sommeil
récupératrice,une superbe matinée ensoleillée. Une route
plate,quelle bonne surprise,qui nous emmène à vive allure à
travers un plateau désertique planté d'arbrisseaux épineux à
perte de vue,des kilomètres qui défilent sans douleur dans un
premier temps,mais c'était compter sans le vent qui se réveille en
force au bout de 50 kms rendant la fin de l'étape des plus
difficile,l'effort est à nouveau de mise.
Qarkilik,ville chinoise par
excellence,nous l'avions connue jadis,nous nous souvenons d'un petit
binguan sis à côté d'une minuscule gare routière,un endroit des
plus paisible. A l'heure actuelle,il ne subsiste plus rien des vieux
quartiers,et la ville n'est qu'un vaste chantier,la ligne d'horizon
est obscurcie par les grues et les squelettes d'immeubles en
construction,d'immenses boulevards qui feraient presque ressembler
les Champs Elysées à une ruelle, un nouveau Hong Kong au milieu du
désert!!!! La colonisation du désert dans toute sa splendeur!!!!
Nous ne tentons même pas d'y trouver un endroit où loger,le temps
d'y faire quelques achats,nous n'avons qu'une envie en partir à la
course.
10 kilomètres après avoir
quitté la ville un chantier et quelques bâtiments en
construction,nous nous y installons avec l'accord de l'équipe,qui
bétonne dans la froidure. Une pièce au sol caillouteux ouverte aux
quatre vents,il y fait un froid de canard,mais nous ne pouvons guère
espérer trouver mieux en ce jour. Les ouvriers semblent bien pauvres
et travaillent dans des conditions extrêmement difficiles,mais ils
se montrent souriants et bien que ne possédant guère,ils se mettent
en quatre pour nous rendre les conditions un peu plus acceptables,eau
chaude,lumière,sac pour poser nos fesses,un récipient pour que nous
puissions faire du feu avec le bois que Patrick a vaillamment
récolter au milieu du désert,je me sens extrêmement touchée par
toutes ces petites attentions. Ils s'en iront au soleil couchant,nous
laissant en compagnie du gardien de nuit. Superbe coucher de soleil
sur la chaîne de montagnes des Arjin Shan Nous nous régalons de
notre soupe de nouilles quotidienne avant de nous réchauffer le
coeur et l'âme à la douce chaleur du feu de Patrick,et nous en
avons bien besoin il fait un froid à pierre fendre!!!!!
Bivouac
désert,le 13.11.2011
Etape:
92 kms
Mauvaise nuit de sommeil,froid
intense,vent glacial et le concert routier assourdissant des camions
durant toute la nuit. Le jour est à peine levé lorsque débarque
l'équipe de chantier qui ne perd pas une seconde avant de se mettre
à pied d'oeuvre,quelle vie de M....
Vent dans le nez bien
évidemment et monotonie des paysages pour cette étape. Vaste
plateau désertique et pierreux longeant la chaîne montagneuse
d'Arjin Shan qui nous accompagnera tout au long de cette journée,une
route qui fait de grandes vagues en s'élevant régulièrement par
pallier,pas de tout repos. Depuis Qarkilik il en est fini de la
tranquillité routière, un trafic impressionnant de camions tout au
long de la route,ceux-ci font très attention à nous mais roulant à
vive allure ceux que nous croisons de face ont l'art de nous scotcher
sur place,voilà qui corse encore un peu plus notre épopée. Je me
sens fatiguée,un mal de fesses épouvantable,l'étape se transforme
gentiment mais sûrement en épreuve. Moment de répit bienvenu
lorsque tout à coup apparaît au milieu de ce no mans land un
immense relai routier,ateliers de réparation et gargotes où nous
nous régalerons d'une délicieuse omelette de légumes accompagnée
de riz,voilà qui redonne un peu de coeur au ventre!!!!! Malgré
l'envie de rester là,il est trop tôt dans la journée,je reprends
mon bucéphale pour continuer un bout de route dans l'espoir de
trouver un endroit pour crécher,mais notre bonne étoile boude,ou
est-elle parfois tout simplement impuissante à pouvoir nous aider.
La nuit tombe bien plus tôt en
avançant vers l'est et désormais dès 16 h il faut songer à un
endroit pour dormir. Pas âme qui vive au milieu de ce désert où je
pédale de plus en plus dans la choucroute,une antenne relais
téléphone nous servira de point de chute,et c'est au soleil
couchant dans un effort qui me paraît héroïque que nous plantons
la tente aidé par un vent qui se renforce de plus en plus. Le froid
est très intense et même pas moyen de se faire à manger,plus qu'à
nous rabattre sur les saucisses qui me paraissent de plus en plus
infâmes!!!!! Dure réalité de ce jour!!!!!
Gargote
hôtel,Bagdad café,14-15.11.2011
Etape:39
kms
Bien qu'à l'abri du vent et
bien au chaud dans notre petite guitoune la nuit fut exécrable en
raison du trafic routier important,l'impression d'avoir passé la
nuit au bord de l'autoroute. Au matin il fait plus froid que
jamais,le vent est toujours aussi présent,pas moyen de se faire un
petit café et je me les gèle copieusement malgré des couches
supplémentaires. Avant même d'avoir enfourché mon bucéphale je me
sens épuisée et Patrick bien qu'un peu plus fringuant que moi n'est
pas au top de sa forme non plus,nous accusons les efforts accumulés
au cours de la semaine.
Comme un fait exprès la route
se met elle aussi à grimper furieusement. Grimpettes associées au
vent de face,je me sens au bord de la rupture,les efforts demandés
me semblent insurmontables,mal aux fesses je me traine difficilement
le long de ce plateau désertique caillouteux et sableux,une vraie
désolation. Le long de la route des panneaux indiquant ce que je
suppose être des destinations et des kilomètres,pour nous tout cela
n'est que du chinois et nous ne savons une fois de plus toujours pas
de quoi il en retourne,mais je me raccroche au panneau indiquant le
nombre de kilomètres le moins élevé 40 kms,qui me paraissent être
à l'autre bout du monde. Je commence à trépigner de joie sur la
selle de mon bucéphale lorsque enfin je vois se dessiner au loin une
maison,toute seule perdue au milieu de nulle part et je croise les
doigts invoquant tous les dieux que je connais. Et c'est un peu comme
un miracle qui se produit,un Bagdad café chinois, petit relais
routier doté d'un restaurant,où la première urgence est de boire
un bon café chaud avant de s'enquérir de la possibilité d'y
dormir,et le soulagement est le plus total l'endroit fait également
office de binguan. Une chambre basique mais propre où vrombit un
poêle à charbon,le tout pour la modique somme de 40 Yuan (5€),je
pourrais pleurer de reconnaissance,je n'en peux définitivement
plus,je ne tarderai pas à m'écrouler sur ma couche pour une bonne
sieste de derrière les fagots. Il n'y a certes pas grand chose à y
faire dans ces lieux,mais l'endroit est tout indiqué pour une bonne
journée de repos,j'en ai vraiment besoin, c'est décidé demain nous
resterons là.
Une bonne nuit de sommeil
nous a redonné quelque vivacité et la journée de repos au calme et
au chaud me permet de récupérer je l'espère suffisamment
avant de
reprendre la route demain.
Échoppe,milieu
de nulle part,le 16.11.2011
Etape:55
kms
La journée de
repos a porté ses fruits et au réveil,je me sentirais presque
fringante. Un beau soleil,des températures douces,un vent quasiment
inexistant,des conditions idéales pour remonter en selle. Nous
repartons cependant avec quelques inquiétudes,des noms sur notre
carte qui ne correspondent à rien,nous n'avons aucune information et
c'est la où le bât blesse,nous n'avons quasiment plus rien à
manger,nous commençons à ne plus avoir beaucoup d'oseille et
n'avons surtout aucune idée d'où nous pourrons refaire le
plein,mais l'aventure c'est l'aventure!!!!
D'entrée de jeu la
route se met à grimper,tandis qu'au loin je vois se profiler la
chaîne des Arjin Shan,nous la longions depuis quelques jours mais
voilà que tout à coup cette dernière s'est visiblement décidé à
bifurquer et à nous passer droit devant le nez,j'ai envie de croire
pendant un temps que ce n'est que vue de l'esprit,mais en avançant
je suis bien obligée de me rendre à l'évidence,les montagnes sont
bien là et il va falloir les traverser. Changement total de décors
après des journées de visions désertiques,nous voilà tout à coup
entourés et submergés de montagnes,elles sont là partout,petites
collinnettes aux douces formes et couleur terreuse dans un premier
temps avant qu'elles ne deviennent de véritables montagnes aux pics
hérissés qui s'étendent à l'infini,à nouveau cette beauté
sauvage,diabolique et inquiétante,certaines d'entre elles sont
recouvertes d'un blanc manteau de neige. Instants où il vaut mieux
ne pas penser au futur et à ce qu'il nous réserve,trouver le bon
rythme et avancer.
Nous n'avons rien dans
l'estomac,la route est bardé de panneaux indicateurs,l'un d'eux
indique la distance de 20 kms,l'espoir de trouver de quoi nous
sustenter,mais force nous est de nous rendre compte au bout de ces
fatidiques kilomètres que ces foutus Chinois mettent des panneaux
routiers pour indiquer leur antenne téléphonique!!!!
Nous nous
rabattons sur nos dernières victuailles en mastiquant
largement,l'impression d'avoir plus à manger avant de poursuivre. La
route joue les montagnes russes,et nous emmène le long d'une petite
rivière gelée par endroits à travers un défilé rocheux. Les
montées sont rudes et ne semblent jamais vouloir en finir,véritable
étape de montagne qui met à contribution nos petites gambettes,mais
le rythme bien que lent est bon et le moral suit.
Au bout de 35 kms le
deuxième panneau indicateur,qui à première vue semble lui aussi
indiquer une antenne téléphonique,je peste déjà en mon fore
intérieur,lorsqu'au détours du chemin je vois apparaître une
baraque bien fatiguée,entourée de quelques algeco,le tout investi
par une horde de clebs qui n'en peuvent plus d'aboyer lors de notre
passage,quel accueil,je ne peux que me sentir soulagée de les savoir
attacher,sinon je ne donnerais pas cher de ma peau!!! A mon arrivée
dans la cour,Patrick dont la force virile des mollets n'est plus à
prouver est déjà là qui m'attend tout sourire avec en main un café
fumant. L'édifice en perdition est en fait une petite échoppe
habitée par un Chinois hirsute et bégayant et son chat. Dans la
petite échoppe en question,on pourrait s'imaginer sauvés de la
famine et bien il vend avant tout une pléthore de choses
immangeables,savons,dentifrices,lampes de poche,ceintures..... en
plus de quelques soupes de nouilles instantanées,la poisse!!!! Il
faudra cependant que nous nous en contentions. A l'aide de force
mimiques et gestes nous partons à la chasse aux renseignements et
nous finissons par obtenir quelques informations fiables qui ne sont
guère réjouissantes,le prochain bled où l'on peut imaginer manger
et s'approvisionner se trouve à 90 kms de là,que faire,nous sommes
encore suffisamment en forme pour poursuivre notre route sur quelques
kilomètres mais les 90 annoncés sont définitivement trop longs.
Conseil de famille,la meilleure solution est celle de dormir sur
place et de poursuivre le lendemain vaille que vaille. Reste à
questionner notre Chinois sur les possibilités offertes par la
maison,il se gratte la tête,réfléchit avant de nous ouvrir un
local,réserve de bouffe,fûts d'essence,où trônent deux lits
poussiéreux,nous pouvons dormir là,mais un Chinois reste un Chinois
contre la somme de 40 Yuans. Soulagés que notre épineux problème
du jour trouve enfin une solution,nous ne moufetons pas et passons à
la caisse.
Dehors un véritable froid
de canard,je passerai l'après-midi à côté du poêle ronronnant et
de mon Chinois ronflant avant que nous n'avalions nos ixième soupe
de nouilles du jour accompagnée d'une cuisse de poulet offerte par
notre logeur,surtout ne pas omettre un cadeau d'un Chinois,ils sont
tellement rares,avant de nous enfouir,la chose est rare sous la même
couette!!!!
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