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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mercredi 23 novembre 2011

Chine Tente chantier-Echoppe milieu de nulle part du 10 au 16.11.2011


Chine
Région autonome du Xinjiang

Tentes chantier,le 10.11.2011
Etape: 106 kms

Nous repartons au petit matin frisquet accompagnés d'un soleil automnale. Les panneaux routiers chinois étant toujours aussi explicites pour nous,nous nous fourvoyons sur plus de 10 kms avant de retrouver notre route,quelle crotte déjà que le nombre de kilomètres ne manque pas!!!!!
Nous traversons tout d'abord une vaste plaine cotonnière, la récolte y bat toujours son plein,et nous pouvons voir à l'œuvre de pauvres bougres de paysans chinois qui suent la pauvreté par tous les pores de la peau. Je me marre dans les divers pays traversés où la culture du coton était présente,sur les arbrisseaux après la récolte y trainaient toujours encore quelques boules blanches de coton,ici en Chine tout y est nettoyé de près et ne subsistent plus que les tristes arbustes bruns qui bientôt seront arrachés avant d'être plantés à nouveau à la bonne saison. Vent dans le nez,faux plats réguliers,des paysages qui se désertifient à nouveau,steppes sableuses qui cèderont la place à des dunes de sable,l'isolement est le plus total et la région complètement inhabitée.
L'après-midi touche à sa fin et nous commençons à rechercher un terrain pour planter notre tente lorsque, comme par miracle des tentes de chantier se dessinent à l'horizon. L'endroit est désert et semble à l'abandon,seuls quelques légumes et aliments dans la cuisine attestent d'une certaine présence humaine récente. Nous grignotons tranquillement notre casse-croûte avant de décider de l'attitude à adopter,lorsque se pointe un camion avec à son bord deux ouvriers chinois,tout heureux d'accéder à notre demande de bivouac,décidément étonnament sympathiques ces Chinois!!!! C'est la fin du chantier qui a servi à l'installation d'une ligne à haute tension. Nous installons nos couches dans une des tentes militaires avant de déguster aux chandelles notre soupe de nouilles sous l'oeil rond de la pleine lune.











Washixia,le 11.11.2011
Etape: 104 kms

La nuit fut froide,et nos pauvres matelas qui ne restent plus gonflés très longtemps n'ont pas vraiment réussi à nous isoler de la froidure du sol. Le matin est tout aussi froid rendant les extrémités douloureuses,un soleil peu présent et un vent de face mais ai-je besoin de le préciser,le décors météorologique de la journée est planté.
La route est vallonnée,les côtes sont raides,peu pentues mais très longues. Les paysages prennent des airs de savane africaine arborée où poussent des herbes folles avant que nous ne retrouvions des dunes de sable à perte de vue.
Sur les 25 derniers kilomètres des travaux titanesques d'irrigation afin de rendre les terres cultivables sont entrepris,impressionnant. C'est fatigués que nous atteignons le bourg rural de Washixia,fermettes,échoppes et gargotes,une population qui par moments n'a pas inventé la poudre et nous observe avec des yeux de merlans frits en souriant bêtement,un peu irritant lorsque la fatigue est de la partie. Il nous apparaît assez clairement depuis que nous sommes dans le Xinjiang que bien souvent la population rurale semble manquer d'éducation,à nos yeux leur comportement est bien souvent un peu benêt,ils nous regardent la bouche ouverte,s'approchent de nos vélos touchent à tout,rigolent devant la moindre question et même avec force gestes il est bien souvent difficile d'obtenir une réponse.
Un excellent plat de laghman mettra un point final à cette journée avant d'entreprendre nos recherche quotidienne pour un toit. Notre bonne étoile semble présente au rendez-vous,nous empruntons une petite rue parallèle, le premier homme rencontré est le bon, il nous demande d'attendre un instant avant de revenir muni d'une clé qui nous ouvrira les portes d'une maison inhabitée mais tout à fait confortable,où nous pouvons nous installer pour la nuit. Encore une fois la maison est à nous,tout le monde est parti. Notre homme reviendra plus tard dans la soirée,il y a longtemps que nous sommes dans les bras de Morphée,muni de deux bougies tout en nous invitant à manger,mais là notre lit est trop bon!!!!!!













Qarkilik,12.11.2011
Etape: 96 kms

Une excellente nuit de sommeil récupératrice,une superbe matinée ensoleillée. Une route plate,quelle bonne surprise,qui nous emmène à vive allure à travers un plateau désertique planté d'arbrisseaux épineux à perte de vue,des kilomètres qui défilent sans douleur dans un premier temps,mais c'était compter sans le vent qui se réveille en force au bout de 50 kms rendant la fin de l'étape des plus difficile,l'effort est à nouveau de mise.
Qarkilik,ville chinoise par excellence,nous l'avions connue jadis,nous nous souvenons d'un petit binguan sis à côté d'une minuscule gare routière,un endroit des plus paisible. A l'heure actuelle,il ne subsiste plus rien des vieux quartiers,et la ville n'est qu'un vaste chantier,la ligne d'horizon est obscurcie par les grues et les squelettes d'immeubles en construction,d'immenses boulevards qui feraient presque ressembler les Champs Elysées à une ruelle, un nouveau Hong Kong au milieu du désert!!!! La colonisation du désert dans toute sa splendeur!!!! Nous ne tentons même pas d'y trouver un endroit où loger,le temps d'y faire quelques achats,nous n'avons qu'une envie en partir à la course.
10 kilomètres après avoir quitté la ville un chantier et quelques bâtiments en construction,nous nous y installons avec l'accord de l'équipe,qui bétonne dans la froidure. Une pièce au sol caillouteux ouverte aux quatre vents,il y fait un froid de canard,mais nous ne pouvons guère espérer trouver mieux en ce jour. Les ouvriers semblent bien pauvres et travaillent dans des conditions extrêmement difficiles,mais ils se montrent souriants et bien que ne possédant guère,ils se mettent en quatre pour nous rendre les conditions un peu plus acceptables,eau chaude,lumière,sac pour poser nos fesses,un récipient pour que nous puissions faire du feu avec le bois que Patrick a vaillamment récolter au milieu du désert,je me sens extrêmement touchée par toutes ces petites attentions. Ils s'en iront au soleil couchant,nous laissant en compagnie du gardien de nuit. Superbe coucher de soleil sur la chaîne de montagnes des Arjin Shan Nous nous régalons de notre soupe de nouilles quotidienne avant de nous réchauffer le coeur et l'âme à la douce chaleur du feu de Patrick,et nous en avons bien besoin il fait un froid à pierre fendre!!!!!














Bivouac désert,le 13.11.2011
Etape: 92 kms

Mauvaise nuit de sommeil,froid intense,vent glacial et le concert routier assourdissant des camions durant toute la nuit. Le jour est à peine levé lorsque débarque l'équipe de chantier qui ne perd pas une seconde avant de se mettre à pied d'oeuvre,quelle vie de M....
Vent dans le nez bien évidemment et monotonie des paysages pour cette étape. Vaste plateau désertique et pierreux longeant la chaîne montagneuse d'Arjin Shan qui nous accompagnera tout au long de cette journée,une route qui fait de grandes vagues en s'élevant régulièrement par pallier,pas de tout repos. Depuis Qarkilik il en est fini de la tranquillité routière, un trafic impressionnant de camions tout au long de la route,ceux-ci font très attention à nous mais roulant à vive allure ceux que nous croisons de face ont l'art de nous scotcher sur place,voilà qui corse encore un peu plus notre épopée. Je me sens fatiguée,un mal de fesses épouvantable,l'étape se transforme gentiment mais sûrement en épreuve. Moment de répit bienvenu lorsque tout à coup apparaît au milieu de ce no mans land un immense relai routier,ateliers de réparation et gargotes où nous nous régalerons d'une délicieuse omelette de légumes accompagnée de riz,voilà qui redonne un peu de coeur au ventre!!!!! Malgré l'envie de rester là,il est trop tôt dans la journée,je reprends mon bucéphale pour continuer un bout de route dans l'espoir de trouver un endroit pour crécher,mais notre bonne étoile boude,ou est-elle parfois tout simplement impuissante à pouvoir nous aider.
La nuit tombe bien plus tôt en avançant vers l'est et désormais dès 16 h il faut songer à un endroit pour dormir. Pas âme qui vive au milieu de ce désert où je pédale de plus en plus dans la choucroute,une antenne relais téléphone nous servira de point de chute,et c'est au soleil couchant dans un effort qui me paraît héroïque que nous plantons la tente aidé par un vent qui se renforce de plus en plus. Le froid est très intense et même pas moyen de se faire à manger,plus qu'à nous rabattre sur les saucisses qui me paraissent de plus en plus infâmes!!!!! Dure réalité de ce jour!!!!!




Gargote hôtel,Bagdad café,14-15.11.2011
Etape:39 kms

Bien qu'à l'abri du vent et bien au chaud dans notre petite guitoune la nuit fut exécrable en raison du trafic routier important,l'impression d'avoir passé la nuit au bord de l'autoroute. Au matin il fait plus froid que jamais,le vent est toujours aussi présent,pas moyen de se faire un petit café et je me les gèle copieusement malgré des couches supplémentaires. Avant même d'avoir enfourché mon bucéphale je me sens épuisée et Patrick bien qu'un peu plus fringuant que moi n'est pas au top de sa forme non plus,nous accusons les efforts accumulés au cours de la semaine.
Comme un fait exprès la route se met elle aussi à grimper furieusement. Grimpettes associées au vent de face,je me sens au bord de la rupture,les efforts demandés me semblent insurmontables,mal aux fesses je me traine difficilement le long de ce plateau désertique caillouteux et sableux,une vraie désolation. Le long de la route des panneaux indiquant ce que je suppose être des destinations et des kilomètres,pour nous tout cela n'est que du chinois et nous ne savons une fois de plus toujours pas de quoi il en retourne,mais je me raccroche au panneau indiquant le nombre de kilomètres le moins élevé 40 kms,qui me paraissent être à l'autre bout du monde. Je commence à trépigner de joie sur la selle de mon bucéphale lorsque enfin je vois se dessiner au loin une maison,toute seule perdue au milieu de nulle part et je croise les doigts invoquant tous les dieux que je connais. Et c'est un peu comme un miracle qui se produit,un Bagdad café chinois, petit relais routier doté d'un restaurant,où la première urgence est de boire un bon café chaud avant de s'enquérir de la possibilité d'y dormir,et le soulagement est le plus total l'endroit fait également office de binguan. Une chambre basique mais propre où vrombit un poêle à charbon,le tout pour la modique somme de 40 Yuan (5€),je pourrais pleurer de reconnaissance,je n'en peux définitivement plus,je ne tarderai pas à m'écrouler sur ma couche pour une bonne sieste de derrière les fagots. Il n'y a certes pas grand chose à y faire dans ces lieux,mais l'endroit est tout indiqué pour une bonne journée de repos,j'en ai vraiment besoin, c'est décidé demain nous resterons là.
Une bonne nuit de sommeil nous a redonné quelque vivacité et la journée de repos au calme et au chaud me permet de récupérer je l'espère suffisamment 
avant de reprendre la route demain.












Échoppe,milieu de nulle part,le 16.11.2011
Etape:55 kms

La journée de repos a porté ses fruits et au réveil,je me sentirais presque fringante. Un beau soleil,des températures douces,un vent quasiment inexistant,des conditions idéales pour remonter en selle. Nous repartons cependant avec quelques inquiétudes,des noms sur notre carte qui ne correspondent à rien,nous n'avons aucune information et c'est la où le bât blesse,nous n'avons quasiment plus rien à manger,nous commençons à ne plus avoir beaucoup d'oseille et n'avons surtout aucune idée d'où nous pourrons refaire le plein,mais l'aventure c'est l'aventure!!!!
D'entrée de jeu la route se met à grimper,tandis qu'au loin je vois se profiler la chaîne des Arjin Shan,nous la longions depuis quelques jours mais voilà que tout à coup cette dernière s'est visiblement décidé à bifurquer et à nous passer droit devant le nez,j'ai envie de croire pendant un temps que ce n'est que vue de l'esprit,mais en avançant je suis bien obligée de me rendre à l'évidence,les montagnes sont bien là et il va falloir les traverser. Changement total de décors après des journées de visions désertiques,nous voilà tout à coup entourés et submergés de montagnes,elles sont là partout,petites collinnettes aux douces formes et couleur terreuse dans un premier temps avant qu'elles ne deviennent de véritables montagnes aux pics hérissés qui s'étendent à l'infini,à nouveau cette beauté sauvage,diabolique et inquiétante,certaines d'entre elles sont recouvertes d'un blanc manteau de neige. Instants où il vaut mieux ne pas penser au futur et à ce qu'il nous réserve,trouver le bon rythme et avancer.
Nous n'avons rien dans l'estomac,la route est bardé de panneaux indicateurs,l'un d'eux indique la distance de 20 kms,l'espoir de trouver de quoi nous sustenter,mais force nous est de nous rendre compte au bout de ces fatidiques kilomètres que ces foutus Chinois mettent des panneaux routiers pour indiquer leur antenne téléphonique!!!!
Nous nous rabattons sur nos dernières victuailles en mastiquant largement,l'impression d'avoir plus à manger avant de poursuivre. La route joue les montagnes russes,et nous emmène le long d'une petite rivière gelée par endroits à travers un défilé rocheux. Les montées sont rudes et ne semblent jamais vouloir en finir,véritable étape de montagne qui met à contribution nos petites gambettes,mais le rythme bien que lent est bon et le moral suit.
Au bout de 35 kms le deuxième panneau indicateur,qui à première vue semble lui aussi indiquer une antenne téléphonique,je peste déjà en mon fore intérieur,lorsqu'au détours du chemin je vois apparaître une baraque bien fatiguée,entourée de quelques algeco,le tout investi par une horde de clebs qui n'en peuvent plus d'aboyer lors de notre passage,quel accueil,je ne peux que me sentir soulagée de les savoir attacher,sinon je ne donnerais pas cher de ma peau!!! A mon arrivée dans la cour,Patrick dont la force virile des mollets n'est plus à prouver est déjà là qui m'attend tout sourire avec en main un café fumant. L'édifice en perdition est en fait une petite échoppe habitée par un Chinois hirsute et bégayant et son chat. Dans la petite échoppe en question,on pourrait s'imaginer sauvés de la famine et bien il vend avant tout une pléthore de choses immangeables,savons,dentifrices,lampes de poche,ceintures..... en plus de quelques soupes de nouilles instantanées,la poisse!!!! Il faudra cependant que nous nous en contentions. A l'aide de force mimiques et gestes nous partons à la chasse aux renseignements et nous finissons par obtenir quelques informations fiables qui ne sont guère réjouissantes,le prochain bled où l'on peut imaginer manger et s'approvisionner se trouve à 90 kms de là,que faire,nous sommes encore suffisamment en forme pour poursuivre notre route sur quelques kilomètres mais les 90 annoncés sont définitivement trop longs. Conseil de famille,la meilleure solution est celle de dormir sur place et de poursuivre le lendemain vaille que vaille. Reste à questionner notre Chinois sur les possibilités offertes par la maison,il se gratte la tête,réfléchit avant de nous ouvrir un local,réserve de bouffe,fûts d'essence,où trônent deux lits poussiéreux,nous pouvons dormir là,mais un Chinois reste un Chinois contre la somme de 40 Yuans. Soulagés que notre épineux problème du jour trouve enfin une solution,nous ne moufetons pas et passons à la caisse.
Dehors un véritable froid de canard,je passerai l'après-midi à côté du poêle ronronnant et de mon Chinois ronflant avant que nous n'avalions nos ixième soupe de nouilles du jour accompagnée d'une cuisse de poulet offerte par notre logeur,surtout ne pas omettre un cadeau d'un Chinois,ils sont tellement rares,avant de nous enfouir,la chose est rare sous la même couette!!!!













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