Chine
Province
du Qinghai
Tente
au milieu du désert, le 19.11.2011
Etape:79
kms
Quitter
au matin notre petit hôtel sympathique bien qu'un peu miteux,pour me
lancer à l'assaut de la route, dans le froid polaire(nous sommes
quasiment à 3'000 m d'altitude) me demande un certain courage. Le
soleil est pourtant bien présent mais ne semble réchauffer plus que
mon esprit.
La
route ne me fera aucun cadeau en ce jour,complètement pourrie,un
trafic routier(camion)toujours aussi important,toute en bosse et en
creux,j'ai le sentiment de jouer à saute mouton,elle grimpe à n'en
plus finir dans de rudes et longues montées,et dire que je pensais
qu'un plateau était à peu près plat,fort heureusement,Eole pour
une fois,nous laissera relativement tranquille. Sans doute les effets
de la haute altitude je me sens étreinte par une immense fatigue
molle et chaque coup de pédale me demande un effort important,je
pourrais me coucher au bord de la route et dormir,mais il fait bien
trop froid pour s'arrêter trop longuement et même les moments de
répit ne peuvent être appréciés à leur juste valeur dans ces
conditions. C'est goutte au nez,je pourrais y suspendre un bidon,que
je progresserai péniblement au cours de cette étape.
Après
avoir traversé un champ de gaz,hérissé de grues mécaniques,nous
retrouvons,notre plateau montagneux sur lequel sont posées de
petites collines aux tendres couleurs de terre changeantes en
fonction de la lumière,la nature a soif dans cette région,le sol
est complètement craquelé et le lit des grandes rivières est
complètement asséché. Beauté sauvage comme je l'aime,mais les
conditions sont bien trop difficiles pour que je puisse l'apprécier
à sa juste valeur.
La
journée passe bien plus vite que les kilomètres ne défilent,aucune
maison et pas âmes qui vivent aux alentours. Patrick souffre d'un
mal de tête important,la nuit commence à tomber,pas d'autres choix
que de planter notre tente dans le froid glacial qui nous fait
trembler de toutes parts. Partis à 3'000 m d'altitude nous n'avons
fait que nous élever dans les airs au cours de cette étape je me
demande bien à quelle altitude nous nous trouvons?
Tout
deux à bout de force, l'humeur s'en ressent,nous sommes irritables
et peu accommodants,la tension est à son comble,les noms d'oiseaux
pleuvent,pur moment de haine viscérale nous pourrions nous
étriper,mais il faudra tout de même que nous collaborions si nous
voulons avoir la chance de dormir sous un toit!!!! Nous retrouverons
nos esprits une fois notre petite guitoune montée et notre barda
rangé à l'abri de celle-ci.
Il
n'est même pas imaginable de se réchauffer à l'aide d'un bon café
ou d'une soupe,impossible de faire marcher le réchaud dans ces
conditions. Notre repas frugal avalé avant de nous réfugier dans la
froideur glaciale de nos duvets.
Laomangya,le
20.11.2011
Etape:23
kms
La nuit fut terrible,nous
n'avons quasiment pas fermé l'oeil,tout d'abord un trafic routier
important et surtout le froid,nous n'avons jamais vraiment réussi à
nous réchauffer. Au matin on pourrait afficher mon portrait dans un
musée des horreurs,je ressemble à éléphant man tant mes yeux sont
gonflés,sans parler des maux de tête et des œdèmes au niveau des
mains,je ne me sens franchement pas très bien et Patrick n'est pas
vraiment en meilleur état. Pas de café non plus au réveil,toute
notre eau est complètement gelée. Épreuve que de replier notre
tente et ranger nos affaires,il y a longtemps que je n'en n'avais pas
autant bavé. Nous décidons de remonter en selle et de nous arrêter
au près de la première source de vie que nous trouverons et c'est
décidé,nous abandonnons notre projet de nous rendre jusqu'à
Xining,km 0 de cette route G 315.
Etape de 23 kms de folle
descente,durant laquelle je peine vraiment à voir la route tant mes
yeux sont gonflés. C'est complètement congelée (j'ai l'impression
que mes pieds vont se briser en mille morceaux lorsque je vais les
poser à terre tant ils sont gelés) et sous l'oeil éberlué des
habitants locaux que nous déboulons à Laomangya,petit bled
constitué de quelques maisons complètement délabrées,où nous
sommes instantanément dirigés au près du poêle de la petite
échoppe afin d'y déguster enfin un bon café.
Une petite
gargote tenue par deux soeurs fort sympathiques fait aussi office de
binguan,l'endroit misérable et complètement pourri me fait penser
à la cave de ma grand-mère,mais il a un atout et pas des moindres
il est chauffé,tout de suite il en prend des airs de paradis
tropical,il ne nous en faut pas plus pour que nous décidions de nous
y poser pour la journée.
Journée de bonheur
absolu,où nous nous prélassons dans une magnifique sieste avant de
dévorer goulûment le contenu de nos valoches,je crois que je n'ai
jamais autant mangé de ma vie!!!! Demain c'est décidé,nous nous
postons sur le bord de la route et continuons notre route en stop
vers des destinations au climat plus clément!!!!! Essayé,pas
pu!!!!!!!!!!!
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