Asie Centrale: Le
Kazakhstan
Kyzylorda,le
12.09.2011
Etape:
20 kms le reste en camion
Le vent a encore
redoublé de force en ce jour et ce n'est franchement pas de la tarte
que d'avancer le long de la piste toujours aussi pourrie,nous peinons
à atteindre les 10 km/h,la poussière nous envahit et en devient
presque suffocante. Patrick commence à évoquer l'idée de faire du
stop,de mon côté je n'en n'ai guère envie et renâcle à lâcher
ma bicyclette,je me sens tellement bien au sein de cette nature
sauvage. Patrick n'insiste pas trop et nous continuons vaillamment
notre route,au bout de quelques autres kms du même acabit,je
commence à mon tour à cogiter,le nombre de kilomètres encore à
parcourir est monstrueux et à l'allure où nous allons nous ne
serons pas rendus avant la saint-glinglin.....et comme à
l'impossible nul n'est tenu autant se résoudre avant d'être
totalement épuisés à prendre les mesures qui s'imposent. Nous nous
postons sur les bas-côtés et n'auront guère longtemps à attendre
avant que le premier camion qui se pointe ne s'arrête,Valiéran
chauffeur routier russe d'Almaty, arrime solidement nos montures à
l'arrière de son camion vide,tandis que nous prenons place dans la
cabine avant. Notre seul langage commun est celui des mains,il part
d'un grand éclat de rire et sourit de toutes ses dents en or,lorsque
nous lui racontons la route et le nombre de kilomètres effectués
jusqu'à ce jour,il n'en revient pas et nous fait comprendre que nous
sommes complètement fous.
Au
cours de cette journée nous n'échangerons que peu de mots,il semble
être heureux de notre seule présence. Tandis que les kms défilent
au rythme des secousses impressionnantes,les paysages petit à petit
se transforment,la steppe cède la place à des paysages marécageux
où poussent quelques petits buissons,le vert refait son apparition
sous la forme de quelques herbettes et maigres arbustes. Et si il y a
bien une chose qui me console de ne pas effectuer ce bout de parcours
sur mon vélo,c'est bien celle d'éviter les attaques des voraces
moustiques qui abondent dans le coin. La chaleur est intense et nous
suons à grosses gouttes dans le cockpit du camion,le moteur est
assoiffé et un problème de radiateur sans doute oblige Valiéran à
s'arrêter fréquemment pour abreuver son engin,il faut dire que ce
dernier est loin d'être neuf et pour la tranquillité de nos âmes
il vaut mieux ne pas y regarder de trop près,les pneus sont à
l'agonie et nous frémissons en constatant qu'il ne possède même
pas une roue de secours digne de ce nom, mais comme ils disent dans
tous ces pays Inch Allah!!!!
Tandis que nous nous accrochons
comme nous pouvons,ballotés et bousculés,Valiéran,le regard figé
sur la route dans une concentration extrême,tente avec plus ou
moins de bonheur d'éviter tous les chausse trappes de la
chaussée,avalant les kilomètres à une allure moyenne de 20 km/h
levant les mains au ciel en signe d'impuissance lorsque sa manœuvre
a échoué. Une brève halte le temps de déguster une pastèque à
l'abri sous son camion,sera le seul repos qu'il s'octroiera au cours
de cette journée. Il a hâte de retrouver sa femme et ses deux
enfants qui se trouvent à Almaty distant de quelques 1'400 kms.
Nous arrivons à Kyzylorda en
même temps que le soleil se couche,grande ville industrielle qui n'a
vraiment rien d'attrayant. Au vu de l'état de la route et des
kilomètres restants,après un rapide conseil de famille,nous
décidons de continuer notre route en compagnie de Valiéran jusqu'à
la ville de Turkistan,il s'en montre ravi et ne verrait aucun
inconvénient de nous emmener jusqu'à Almaty.
Valiéran ne roule pas une fois
la nuit tombée,il stoppe son camion sur le bas-côté de la route
c'est là que nous allons pouvoir reposer nos fatigues. Valiéran
sort tout son matériel de cuisine,nous concocte un bon thé et une
soupe de nouilles,nous mettons en commun toutes nos victuailles que
nous partageons dans un grand moment de convivialité.
L'heure de se coucher est
arrivée,je prends place dans la cabine avant en un clic une
couchette se dégage au-dessus de celle de Valiéran,l'espace y est
tellement restreint que j'arrive tout juste à m'y glisser et s'y
retourner est un véritable exercice de contorsion,il y règne une
chaleur tropicale et étouffante. Patrick quant à lui arrange sa
petite couche à l'arrière,à l'intérieur du camion. Je peine à
trouver le sommeil, je m'inquiète pour mon poussin tout seul dans la
nuit noire et profonde. De son côté,il se fait du souci pour
moi,qui suis enfermée dans la cabine en compagnie de Valiéran,certes
notre ami a l'air bien inoffensif,mais nous ne le connaissons pas
vraiment,et à mon tour de m'inquiéter légèrement lorsqu'après
avoir tourné et viré,il s'assied en slip afin de tailler une
bavette. La nuit se passera finalement sans incident.
Turkistan,le
13.09.2011
Couchée dans une
serre tropicale,je me réveille dans un congélateur,je retrouve un
Patrick tout aussi transi battant le pavé dans l'attente de son café
matinal,qui restera à l'état de rêve. A peine l'oeil ouvert,pas
de temps à perdre,notre ami saute derrière son volant et en route
Simone c'est toi qui conduit c'est moi qui klaxonne!!!!!! Même pas
eu le temps de pisser!!!!!!
Une nouvelle journée à
faire des bonds infernaux sur la route plus pourrie que jamais.
Valiéran quant à lui s'accroche à son volant sans jamais faillir
ne s'arrêtant que le temps d'abreuver son bahut de plus en plus
souvent assoiffé. De mon côté,il y a bien des moments où je me
demande si il ne serait préférable de me trouver sur mon bucéphale
quitte à en baver,au moins je peux m'arrêter quand je veux et
choisir les bosses sur lesquelles j'ai envie de sauter. Quel
soulagement quand nous arrivons à Turkistan en milieu
d'après-midi,nous n'en pouvons plus mourons de faim et de soif et
c'est sans hésitation que nous déclinons l'offre de Valiéran de
continuer un bout de route en sa compagnie. Tandis que nous reprenons
nos esprits,nous regardons Valiéran et son camion qui ne seront
bientôt plus qu'un petit point minuscule et tressautant,mais au
final n'est-ce pas ce que nous sommes tous!!!
Trouver notre route dans le
dédale des rues,bien souvent à sens unique,où rien n'est
clairement indiqué ressemble un peu à un jeu de piste où arriver
au but fixé peut prendre beaucoup plus de temps que prévu. Nous
finissons par arriver à l'hôtel Sabina,petit guest house sans
prétention aux chambres propres,qui n'est pas envahi par la
clientèle,la chambre est annoncée à 8'000 Tenge pour terminer au
prix de 2'000 Tenge(10€) prix sans aucun doute beaucoup plus adapté
au niveau de vie en vigueur dans le pays. Bonheur de pouvoir enfin se
poser dans un lieu confortable,il nous faudra cependant patienter
longuement avant de pouvoir se décrasser:apparemment des problèmes
d'eau importants sévissent dans la région,la consommation en est
restreinte et limitée à certaines heures de la journée. Notre
épopée nous a tout de même bien fatigués et en cette fin de
journée une seule envie après une bonne douche,un bon repas et au
pieu,demain est un autre jour.
Turkistan,le
14.09.2011
Petite
ville de 100'000 habitants,située dans la vallée de
Syr-Darya,languissante dans la chaleur estivale encore bien présente.
Site de pèlerinage le plus important et lieu où est érigé le plus
grand monument architectural du pays: le mausolée Yasaui,tombeau
construit à la fin du 14 ème siècle, du premier grand saint
musulman turc Khoza Akhmed Yasaui,qui a fondé l'ordre suffi Yasaui
et se serait retiré dans une cellule souterraine à l'âge de 63 ans
pour le reste de sa vie,âge auquel le prophète Mohamed serait mort.
Les locaux disent que 3 pèlerinages à Turkistan valent un
pèlerinage à la Mecque. Magnifique et grandiose monument de
briquettes,décoré de délicates céramiques coiffé de superbes
dômes bleus,malheureusement ou heureusement des travaux de
restauration sont en cours et nous empêchent d'apprécier pleinement
toute la beauté des lieux,beaucoup de salles sont fermées pour
cette raison,mais les lieux valaient vraiment le détour.
Petite journée qui se
déroule sous le signe de la tranquillité,lieu agréable où nous
pouvons nous occuper de nous et en soirée,Patrick se fait grand
seigneur, m'invitant dans un délicieux restaurant,avec au menu
shashlyk (brochette de bœuf) et purée maison!!!!!
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