Les pays du Caucase:L'Azerbaïdjan Agsafat,le 5.08.2011

Les pays du Caucase:L'Azerbaïdjan

Agsafat:le 5.08.2011

Etape:119 kms

Après une nuit quasiment sans sommeil,un seul de mes yeux pourra s'ouvrir sur cette aube nouvelle,l'autre restant hermétiquement fermé,piqué par une bestiole indéterminée,il est boursoufflé et je n'y vois goutte;nous repoussons notre départ d'une journée.

Le ciel pour la première fois en de nombreux jours est couvert et le temps s'annonce mitigé,la pluie menace,cela nous donne quelque répit par rapport aux fortes chaleurs. Après ces longs jours de farniente et les aléas de la veille me voilà fin prête pour le départ,je me sens toute heureuse de retrouver mon bucéphale et de reprendre la route. Par contre je l'avoue humblement c'est un peu à reculons que je me dirige vers l'Azerbaïdjan,Patrick au cours de recherches de renseignements est tombé sur plusieurs récits de voyageurs qui se sont rendus vers ce pays et tous y décrivent des expériences plutôt mitigées avec la population locale,de plus pays musulman et nous y arrivons en pleine période de ramadan,je sais que je ne devrais pas me laisser influencer et garder l'esprit ouvert,mais je ne peux m'empêcher de ne pas avoir trop envie de m'y rendre.

Je me sens frustrée de quitter la Géorgie,petit pays sous le charme duquel je suis tombée et qui mériterait à n'en pas douter que l'on y consacre beaucoup plus de temps.

La route principalement plane et très circulante est encombrée de camions turcs se rendant en Azerbaïdjan,les paysages n'offrent rien de vraiment très beau à l'oeil,la nature est sèche et aride avant de devenir semi-désertique,collines pelées,les lits de rivières sont secs et tout revêt comme un air de désolation. Un dernier stop dans la grande ville industrieuse aux imposants bâtiments russes de Rustavi afin d'y dépenser nos derniers GEL,nous ne sommes plus vraiment très riches et il faut que nous nous imposions des choix drastiques. Après 66 kms arrivés en vue de la frontière de Krasny Most,nous avons juste de quoi nous offrir un dernier café,la franche amitié ne semble pas régner entre les deux peuples et l'on nous fait bien comprendre qu'une fois passés de l'autre côté cela ne va plus être la même chanson il va falloir faire attention????

Pour une fois la douane ressemble vraiment à une douane et il y règne une agitation un peu plus importante,mais pour nous qui sommes considérés comme piétons les formalités seront efficaces et rapides. Accueil toujours aussi sympathique de la part des douaniers géorgiens qui en voyant notre visa azéri nous préviennent qu'il n'est plus que d'une validité de deux jours,nous sommes effarés par cette nouvelle,il doit y avoir erreur??? Le visa est effectivement valable jusqu'au 7 août ce qui pour moi veut dire que j'ai jusqu'à ce moment là pour entrer dans le pays et qu'à partir du moment où j'y suis je peux y rester 30 jours,mais tout à coup le doute s'insinue dans nos têtes et tout devient confus. Côté azéri accueil non moins sympathique,comme bien souvent nous suscitons la curiosité,un sourire à la caméra,le tampon est appliqué sur notre visa,la voie est libre. Nous tentons à ce moment là désespérément de nous renseigner quant à la véracité de notre situation,mais personne ne parle l'anglais,un des hommes parle vaguement le français et devant nos questions insistantes et répétitives,la réponse tel un leitmotiv est toujours la même,c'est O. K pas de problème vous pouvez y aller. Nous avançons à nouveau notre montre d'une heure,décidément nous n'arrêtons pas de vieillir et rajeunir à vitesse grand V, baissons les bras et pour l'heure prenons ce pas de problème comme un fait acquis,nous y réfléchirons plus tard.

L'Azerbaïdjan troisième et dernier pays du Caucase le plus grand et le plus peuplé:8,8 millions d'habitants,il est également le plus riche croulant sous ses ressources naturelles,pétrole,gaz,aluminium et autre. La monnaie locale est le Manat: 1€ est l'équivalent de 1,1 Manat. A la frontière aucun lieu nous permettant de changer de l'argent.

L'Azerbaïdjan est entouré au nord par la chaîne de montagne du Caucase qui fait office de frontière naturelle avec le Dagestan en Russie,au sud le pays possède une frontière avec l'Iran qui court le long de la chaîne de montagne du Talysh,tandis que le centre du pays est occupé par la grande plaine de Kür,intensivement irriguée pour permettre la culture du coton et des céréales. C'est cette dernière route que nous avons choisie,envie de platitude,aucun endroit ne nous intéresse suffisamment pour que nous nous embêtions à monter et descendre des montagnes avec la chaleur qui sévit en ce moment.

J'avance mes roues, toujours aussi interrogative que lors de mon départ,sur une route dieu soit loué plate au revêtement impeccable,l'état des voies de communication étant sans aucun doute à l'image de la richesse du pays. Nous n'avons pas roulé 500 mètres que déjà le changement de contrée est plus que perceptible,les Azéris sont beaucoup plus démonstratifs que leurs voisins caucasiens,appels tonitruants,coups de klaxon un accueil on ne peut plus sonore!!!!! Même si je sais que tout ce tintamarre va rapidement devenir irritant pour l'heure cela me fait plaisir,je me sens la bienvenue dans cette nouvelle contrée.

Les paysages,comme promis,une vaste plaine où paissent de nombreux troupeaux de moutons et de vaches,coton et céréales sont déjà ramassées,quelques petits cours d'eau ,qui font un peu triste mine en cette saison,bordées d'arbres ce qui met un peu de gaité au sein de cette nature aride et malmenée par le soleil. Non loin de nous la chaîne du Caucase,petites montagnes arides et pelées, comme je les aime,pour le moment les paysages ne sont pas pour me déplaire,Patrick quant à lui trouve tout cela déjà bien monotone.

Nous n'avons guère roulé que quelques kilomètres lorsque nous sommes interpellés par un Azéri qui nous invite à boire le thé. Pour la petite histoire,nous suivons sur un blog les péripéties d'un Français nommé Sylvain qui depuis 3 ans parcourt le monde à pied et accessoirement en vélo,j'aime sa gouaille bien française et sa manière plutôt rigolote par moments de raconter ses aventures. Suite à son séjour en Azerbaïdjan il avait tiré une conclusion principale,se méfier des gens qui ont des dents en or plein la bouche(coutume et sans doute critères esthétiques dans ces pays du Caucase,la population a bien souvent la bouche garnie de dents en or,au début je dois dire que cela surprend tout de même un peu),ce sont des requins,tandis que ceux qui ont des dents parfaites ou pourries sont des personnes de confiance. Forte de cette mise en garde je ne peux m'empêcher de mater la bouche de notre homme qui au premier abord semble bien intentionné,mais ma foi a des chicots en or plein la bouche,mais bon,il fait tout de même bien chaud,nous n'avons pas un rond en poche,avec le ramadan nous ne savons pas encore ce qui se trame dans ce pays,un petit thé ne serait pas de refus!!!! L'homme est des plus sympathique,nous sommes passés au crible des questions habituelles,d'où tu viens(at kouda),où tu vas.........le thé est excellent,un des bonheur d'être de retour dans un pays musulman,et nous repartons sans qu'il ait été question d'argent. La route n'est jalonnée que de petits villages,pas de banque à l'horizon,la journée commence à être bien avancée. Nous n'avons encore aucun repère dans ce nouveau pays et nous proposons de prendre la température concernant les possibilités de couchage. Arrêt dans une petite gargote,un accueil des plus chaleureux où une poignée d'hommes semblent sidérés par notre périple et tous les kilomètres parcourus,ils doivent sans doute nous trouver bien courageux ou fous et bien maigres puisque apparaissent miraculeusement sur la table,thé,salade,pain,plat de mouton,cela tombe bien nous n'avons toujours pas un rond en poche. L'estomac bien rempli,bien que fatigués nous décidons de continuer notre route,nous aurions bien demandé la possibilité de pouvoir y dormir,mais il ne faut tout de même pas exagérer!!!!!!

La ville de Qazax,et sa banque de la liberté(quelle ironie) où nous pouvons enfin retirer quelque argent à l'ATM!!!!!! Décidément nous y tenons à nos stations essences,cela marcherait-il aussi en Azerbaïdjan,les premières réponses négatives à la sortie de la ville nous laissent dubitatifs et un tantinet désappointés. Mais cela serait compter sans notre pugnacité au bout de quelques kilomètres de plus nous finissons par la dégotter notre station essence.

Un accueil des plus sympathique et chaleureux,un oui sans hésitations,nous pouvons étaler nos couches dans le bureau du patron. Une soirée sympathique en compagnie de notre généreux hôtes qui nous régale de thé,pastèque,pain,fromage. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes!!!!