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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

jeudi 18 août 2011

Les pays du Caucase: Genca-Laki-Sigilir-Sur la route de Baku-Baku du 6 au 10.08.2011



Les pays du Caucase:L'Azerbaïdjan

Genca,le 6.08.2011
Etape: 117 kms
Nous retrouvons la même route que la veille toujours aussi encombrée de véhicules,pas évident d'entamer la journée dans ce tintamarre infernal,je repense à toutes ces étapes au milieu de mère nature juste accompagnée par l'immensité minérale et son calme olympien qui permet à l'esprit de vagabonder tout son soûl sans ingérence extérieur. Pas grand changement au niveau des paysage,la longue et large plaine continue de s'étaler égale à elle-même,la chaîne du Caucase s'éloigne gentiment mais sûrement de nous tout en perdant de la hauteur.
La journée amènera son lot de rencontres fort sympathiques,d'invitations,à nouveau le thé coule à flot,bien souvent gratuitement. La population azéri est définitivement des plus hospitalière. Je ne peux que m'étonner des récits lus à ce sujet,est-ce le hasard des rencontres???? Côté ramadan,aucun souci à se faire non plus,les Azéris ne semblent pas être des plus pratiquants,tout fonctionne normalement,personne ne semble se priver de manger,ni de boire,l'alcool(bière,raki,vodka....)est présent et en vente partout. Je n'ai vu quasiment aucune mosquée et encore moins entendu l'appel du muezzin.
Les kilomètres défilent sans que nous nous en rendions vraiment compte,tellement facile,je me sens heureuse sur mon fidèle bucéphale. La chaleur est bien présente,mais avec l'air que nous déplaçons en roulant cela reste tout à fait supportable,le ciel se charge petit à petit de gros nuages noirs et menaçants et peu avant que nous n'atteignons la grande ville aux bâtisses russes opulentes de Genca,le ciel se déchire en deux,une pluie diluvienne se met à tomber nous obligeant à pédaler comme des dératés afin de trouver un refuge. Nous voudrions bien trouver un endroit pour dormir en ces lieux,mais la ville est trop grande et nos tentatives sont toutes vouées à l'échec et de plus à chaque arrêt nous créons l'attroupement,avons besoin d'un endroit plus calme afin de pouvoir reposer nos fatigues.
Une fois les cieux calmés nous reprenons notre route pour quelques kilomètres de plus avant de trouver une petite échoppe de thé où nous sommes accueillis fort chaleureusement,on nous y offre le thé,quelques légumes et une pièce en construction à côté de la gargote nous tiendra lieu de chambre à coucher,nous ne demandons pas mieux.











Laki,le 7.08.2011
Etape: 83 kms
Inutile de s'illusionner aucun répit n'est à attendre du côté du bruit et de la route,suivant l'axe principal menant à la capitale,plus nous avançons et plus cette dernière est encombrée et bruyante. Une route à 4 voies est en construction,une de ses moitié est quasiment terminée et non encore opérationnelle,l'endroit idéal pour rouler tranquillement. Nous jubilons de cette bonne trouvaille,mais sans doute un peu trop tôt car à peine avons-nous parcouru quelques kilomètres qu'un violent vent de face et de travers se lève,nous trimballant sur la chaussée comme des fétus de paille,difficile de garder le cap heureusement que la chaussée entière nous appartient.
Pas le temps de s'attarder sur les paysages qui de toutes façons s'enlaidissent au fur et à mesure de notre avancée,la plaine devient de plus en plus pauvre et dénudée,les pâturages laissent la place à la culture intensive de la pastèque et du melon. Nous mettons tellement d'énergie à pédaler furieusement que nous ne prendrons même pas le temps et n'avons guère envie de faire des photos de ces moches paysages!!!!!
La journée fut éprouvante et nous en avons plein les bottes,lorsque vient le moment,nous arrivons sans trop de difficulté à trouver de quoi nous loger pour la nuit. Laki,ville inintéressante de moyenne importance,une station essence qui n'a pas vraiment de place pour nous loger,mais à côté d'elle se trouve une maison abandonnée,on nous en donne les clés,change l'ampoule défaillante et tente de rendre l'endroit un peu plus reluisant,l'intention est louable!!!!!! On nous y offre force thés et une immense et délicieuse pastèque et chose inespérée on nous propose même une douche et des comme celle-ci nous n'en n'avions encore jamais pris: au karcher et produit vaisselle dans l'atelier de lavage des voitures!!!!!!
Je me sens bien fatiguée et n'ai qu'une envie dormir,mais nos hôtes sont demandeurs tout contents de pouvoir passer un moment en notre compagnie,ils ne doivent pas voir bien souvent des touristes,je le prends sur moi afin de leur offrir un peu de mon temps,c'est le moins que je puisse faire. La vie dans ce coin de notre planète n'est pas vraiment drôle tous les jours et tout le monde n'est pas le roi du pétrole,la vie est chère en Azerbaïdjan(les prix sont bien souvent ou presque l'équivalent de nos prix européens) et notre ami pompiste par exemple ne gagne que 100 $ par mois,mais comment font-ils????




Sigilir,le 8.08.2011
Etape: 100 kms
Notre nouvel ami le pompiste n'a guère envie de nous voir partir ce matin,arguant de la pluie à venir il insiste fortement pour que nous passions la journée en sa compagnie. Pour nous hors de question de passer plus de temps que nécessaire en ces lieux malgré sa population sympathique,je préfère encore la pluie!!!!
Encore une journée sans surprise du côté des paysages,même moi je commence à trouver cela monotone...... Nous continuons notre progression au milieu d'un flot de véhicules pétaradant ininterrompu,par moments sur une bande de sécurité pas vraiment très large,un peu éprouvant pour les nerfs. Seuls les bonjours enjoués,hello devoushka, des vendeurs et vendeuses de fruits sur le bord de la route,me réchauffent le coeur,prunes,poires et un gros melon autant de présents qui rejoindront nos sacoches.
Les opportunités de couchage semblent plutôt restreintes dans le coin,nous trouverons cependant une maison,ancienne gargote en train d'être transformée en ferme,peut-être,nous ne savons pas vraiment,toute une cohorte d'employés s'y agitent,sans que nous ne sachions ce qu'ils boutiquent,la seule chose que nous comprenons est que nous pouvons y passer la nuit. Nous installons notre lit à l'intérieur de la maison. Une fois tout ce petit monde parti nous restons en compagnie de Khaled,qui surveille l'arrosage des arbres et le coucher des poules,homme des plus attendrissant et généreux sans être le moins du monde envahissant.
A peine ai-je rejoint ma couche que je pressens déjà la nuit cauchemardesque qui ne va pas manquer de se pointer. D'une part la chaleur est infernale et étouffante et comme les emmerdes vont bien souvent de pair,une armée de moustiques vrombissants(je les entends presque se fendre la malle,tandis que je m'enduis de produit anti-moustique,d'aucune efficacité,c'est le moins que je puisse dire) qui font un festin de ma pauvre personne à découvert,sans parler du bruit du trafic,nous logeons à 2 pas de la nationale!!! En compagnie de Patrick qui ne se trouve pas en meilleure posture que moi,pourquoi le serait-il après tout,nous déménageons notre couche à l'extérieur,comptant sur le répit que pourra nous offrir Eole qui s'en donne pour l'heure à pleins poumons. Mais voilà et cela nous le savions déjà, Eole est un ami des plus infidèle et à peine avons-nous déménager qu'il décide de se mettre au pieu,la situation n'est guère plus tenable qu'à l'intérieur,nous nous sommes juste un peu rapprochés de la route. Nous passerons notre nuit à tourner,virer,nous becquetterons toutes nos provisions,fumerons toutes nos clopes en comptant les camions passant sur la route assis sur nos couches!!!!!
















Sur la route de Baku,le 9.08.2011
Etape: 111 kms

La fraîcheur n'est pas vraiment le qualificatif a utilisé pour nos personnes ce matin. Nous retrouvons cette maudite route surpeuplée qui traverse des paysages de plus en plus désolés,la plaine est désormais carrément désertique et plus moche que jamais,seule touche de joliesse dans ce spectacle,les montagnes dont nous nous sommes à nouveau rapprochés,les complexes pétrochimiques,cimenteries,carrières en guise de plat du jour,que du bonheur et pour courronner le tout ce sacripant de vent qui bien évidemment refait son apparition. Le plus dur reste sans doute tout le bruit dans lequel nous baignons depuis plusieurs jours déjà,le seul moyen pour garder son calme et sa sérénité est de s'enfermer dans sa bulle,nous deviendrions presque psychotique à rouler dans de telles conditions!!!!! Pas une gargote de thé à l'horizon. Malgré tout le moral est bon,nous avançons bien et avec Patrick nous sommes plus solidaires que jamais.
Dans ma tête,toujours aussi utopiste,Patrick quant à lui est bien plus réaliste,je me réjouis,car je sais la mer Caspienne toute proche et je m'accroche à cette idée qui m'aide à avancer. Et bien justement nous y sommes, Alate,l'entrée de la ville n'augure déjà rien de bon,un conglomérat de vieux bâtiments russes décatis,à chaque balcon sa parabole rouillée cohabitant avec le linge en train de sécher,les rues ne sont qu'ornières nids de poules, voir d'autruches,le bitume n'a plus sa place au milieu de cette misère urbaine jonchée de détritus,mais la Caspienne est là et offre un spectacle tout aussi affligeant,des eaux de couleur incertaine où poussent algues ou autres verdures,sur fond de plate-forme pétrolière. Les bras m'en tombent et le moral en prend un coup,je me sens envahie par un grand coup de déprime et de lassitude et n'ai qu'une envie,décamper le plus rapidement possible. Dire que nous avons fait un détour de plus de 5 kms pour la voir,LA MER!!!!!
Même si je suis nase,hors de question de trouver à me loger ici,nous rejoignons «l'autoroute» à 6 voies,encore plus bruyante puisque s'y greffe la route rejoignant l'Iran par le sud. Trouver de quoi se loger une vraie gageure dans ce coin,les stations services sont de grandes entreprises au personnel costumé qui se foutent comme d'une guigne de petits cyclotouristes comme nous,nous nous rabattons sur une sorte de relai routier,l'accueil n'y est pas franchement sympathique,on nous parle d'emblée d'argent,mais nous pouvons y planter gratuitement notre tente et prendre une douche. Prendre une douche d'accord,elle sera d'ailleurs excellente et bienfaisante,mais pour ce qui est de planter la tente oualou,le terrain se trouve à côté de la route mais surtout rien de plat et pas bien sûre que les sardines soient d'accord pour s'y enfoncer. Finalement c'est un chauffeur routier se rendant à Baku dans la nuit,qui viendra à notre rescousse en nous prêtant sa Lada,visiblement c'est la seule option à peu près potable qui s'offre à nous. Je m'y installe à l'avant pliée en douze entre les vitesses,le volant... tandis que Patrick plié en vingt y prend place à l'arrière,au moment où tombent les premières gouttes de pluie.







Baku,le 10.08.2011
Etape: 71 kms
Bien que réveillés très tôt par des moustiques affamés,la nuit ne fut pas si pire. Je commence à ressentir les effets de toutes ces longues étapes,mais je sais la capitale désormais proche et lorsqu'il s'agit de quitter des lieux pourris,je trouve toujours sans me poser de question l'énergie nécessaire pour le faire.
Les paysages toujours aussi moches et insignifiants se ponctuent désormais régulièrement d'énormes complexe pétrochimiques,usines en tous genres aux cheminées fumantes,la mer Caspienne est prise d'assaut par les plate-formes pétrolières,araignées tentaculaires qui ajoutent un note sordide à un spectacle déjà pas très gai.
Après toutes les visions de ces derniers jours l'arrivée sur les grands boulevards de Baku est pour le moins déboussolante,en quelques tours de roue je me trouve précipitée dans un autre monde,sentant aussi bon que tout un troupeau de yacks sur mon bucéphale tout empoussiéré,je me sens un peu déplacée au milieu de tous ces immeubles ultra-modernes, clinquants et rutilants,ça sent le fric et les pétrodollars!!!!
Y trouver une chambre,une vraie galère et comme prévu tout y est extrêmement onéreux après des heures de recherche nous finirons par atterrir dans l'hôtel,le moins cher(20 € la nuit) de la ville. Le Canub,une chambre miteuse aux murs lépreux,donnant sur une rue extrêmement bruyante,pas de fan et pour une fois la douche ne dispense que de l'eau bouillante. Le personnel y est aussi sympathique qu'une porte de grange,bienvenus dans la capitale!!!!






















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