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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

jeudi 28 juillet 2011

Pays du Caucase L'Arménie Vardaghbyur-Gyumri-Aruch-Erevan du 7 au 13.07.2011



Pays du Caucase: L'Arménie

Vardaghbyur,le 07.07.2011
Etape: 62 kms
Je suis envahie par un sentiment de frustration ce matin en me mettant au guidon de mon bucéphale,songer à quitter la Géorgie après une si brève incursion en son sein n'est pas dans mes habitudes et je me sens un peu bousculée par la vie et ses foutues règles imposées,mais là franchement pas le choix. Nous dépensons nos malheureux derniers GEL dans un sommaire casse-croûte,cette fois ci nous sommes vraiment raides comme des passe lacets plus un sou en poche. Nous sommes à quelques 40 kms de la frontières et déjà les Géorgiens rencontrés ne se considèrent plus comme tels,malgré,les changements, les bouleversements politiques et territoriaux,ici c'était l'Arménie et eux sont restés Arméniens.





Les montagnes se transforment en collines entourant de vastes et pauvres plaines à l'herbe sèche grillée par le soleil,quelques villages fermiers,dont celui de Gorelovka qui abrite une colonie de nids de cigognes incroyables, des troupeaux de vaches,cela fleure bon le purin et l'air pur de la campagne.















Nous arrivons bientôt en vue du poste frontière inanimé géorgien,un vaste hangar de tôle,des douaniers aucunement débordés,pas le temps de faire ouf que déjà le tampon de sortie est apposé sur notre passeport. 2 longs kilomètres de no mans land avant d'arriver à la douane arménienne de Bavra toute aussi endormie,une rangée d'Algeco,l'affaire est rondement menée un coup d'oeil sur nos visas électroniques et dans la foulée un nouveau tampon orne notre passeport,bienvenue en Arménie!!!! La voie est libre,nous pouvons passer sans autre forme de procès,ni contrôle,ah si tous les passages de douanes étaient ainsi!!!! Nous avançons encore une fois notre montre d'une heure. Impossible de pouvoir changer nos Euros en l'espèce sonnante et trébuchante du pays qui est le DRAM,aucune banque à l'horizon,et ce n'est pas dans les petits villages fermiers,copie conforme de ceux se trouvant de l'autre côté de la frontière que nous allons en trouver une??? Nous sommes sauvés par rien moins que le Crédit Agricole dans une bourgade un peu plus importante,c'est bien la première fois que je me sens aussi reconnaissante envers lui!!!!!! Par contre nos espoirs d'une petite chambre d'hôtel accompagnée d'une bonne douche volent en éclat,pour l'hôtel c'est dans quelques 50 kms et comme nous en avons déjà presque autant au compteur!!!!! La chaleur est écrasante et le vent souffle d'importance,depuis notre entrée en Arménie nous avons retrouvé une route complètement pourrie et tape cul de celles que nous ne connaissons que trop bien,et qui fidèle à elle-même depuis un certain temps déjà nous offre de belles et superbes montées,il faut d'ores et déjà que je me fasse à l'idée,l'Arménie elle non plus ne sera pas plate!!!
Vardaghbyur,un petit bled fermier,un hangar pourri,mais tellement fatigués que nous pensons qu'il pourrait faire l'affaire pour la nuit. Nous demandons la permission à un paysan fauchant son champ,cela ne semble pas poser problème,nous nous tâtons,réfléchissons et lorsqu'enfin nous nous décidons et faisons part de notre décision au paysan celui-ci se marre et nous invite à le suivre,hors de question que nous dormions en ces lieux,il nous invite chez-lui. Branle bas de combat dans la maisonnée,la table est dressée,omelettes,fromage,pain,yoghourt(tout n'est que pur produit de la ferme).....font leur apparition sans oublier l'incontournable bouteille de vodka. Un repas gargantuesque,quelques petits verres de vodka(politesse oblige),avalé cul sec par la population locale qui use de l'expression «Anoush»pour l'occasion,pour nous la descente est beaucoup moins rapide,ce qui les fait franchement rire. Après toutes ces libations nous ne tenons plus debout,et nos hôtes nullement envahissants ni exigeants, nous accompagnent tout naturellement dans notre chambre où nous attendent de grands lits tellement mous que j'ai presque les pieds qui touchent la tête lorsque je suis allongée,mais qu'importe,je sombrerai rapidement dans le sommeil et ferai encore une fois plus que le tour du cadran!!!!














Gyumri,le 08.07.2011
Etape: 
Une nouvelle séparation,vent,montées,paysages ruraux similaires à ceux de la veille. Gyumri,deuxième plus grande ville du pays avec ses 80'000 habitants,l'Arménie en comptant 3 millions,y trouver une chambre un vrai casse-tête chinois,les logements annonçant des tarifs onéreux,auxquels notre bourse n'est point habituée,mais l'envie d'une douche et d'une lessive me feront persister dans mes recherches. Nous finissons par atterrir à l'hôtel Kama,chambre des plus confortable et tranquille munie d'un petit patio,quel bonheur!!!
La ville de Gyumri pur contraste entre un centre ville cossu et rutilant et des banlieues complètement décaties et à l'abandon,nous en comprendrons le pourquoi un peu plus tard,la ville fut complètement dévastée par un tremblement de terre en 1988,tuant plus de 50'000 personnes,elle a vu sa population chuter de 220'000 à 80'000. Après d'immenses efforts de reconstruction, la cité commence tout juste à renaître de ses cendres,les entreprises ayant fermées commencent à rouvrir.
Le temps passe bien trop vite et le temps imparti au repos est bien trop court pour la personne fatiguée que je suis!!!!









 

Aruch,le 09.07.2011
Etape: 85 kms
Il faut vraiment que je me fasse violence pour repartir ce matin,je me sens tellement fatiguée,le prix de la chambre et la perspective de la capitale où Patrick me promet quelque repos me permettent de remonter sur mon bucéphale,un de ces jours où je jetterais,mon vélo,mon mec,plus tout le reste dans le premier ravin rencontré,mais bon aucun ravin sur ma route en ce jour!!!!!
La route est vraiment pourrie et étroite,le trafic plus important,mais les chauffeurs semblent faire attention à nos personnes,beaucoup plus calme et moins démonstratifs(peu de klaxon)que dans les pays précédents. Les routes aussi bien géorgiennes qu'arméniennes ne s'encombrent pas de panneaux de signalisation inutiles,il n'y en a quasiment aucun,pas une seule fois nous ne verrons le nom d'Erevan,pas plus que la distance qui nous en sépare,et à notre plus grande stupéfaction aucun panneau de limitation de vitesse!!!! Sur la chaussée, des engins ayant sans aucun doute appartenu à l'ère communiste, que je n'avais encore jamais vus auparavant. Les paysages uniformes sont tristounets,collines à l'herbe jaunie et sèche,n'arrivent pas à me distraire de mes sombres pensées et je peine à avancer,chaleur(plus de 35°) et vent de face n'arrangent pas les choses. Sur la route pas de petites gargotes ou échoppes de thés,ce n'est pas dans les us et coutumes du pays. Rencontre sympa dans une petite station service où l'on nous offre un délicieux yoghourt frais et un bon café,l'hospitalité même si elle n'est pas aussi omniprésente et moins spontanée existe tout de même.
Au bout de quelques 60 kms nous ferons halte dans une petite épicerie où oh miracle,la gérante me présente une chambre qui m'a l'air des plus douillette,la perspective d'une bonne douche et d'un lit me redonne quelque vie,les prix annoncés nous semblent corrects. Nous prenons notre temps,heureux de pouvoir enfin mettre pied à terre,mais voilà pendant que nous prenions notre temps, le prix de la chambre a subi une inflation galopante,il est passé du simple au double,complètement dégoutés nous n'avons plus qu'à nous remettre en selle!!!!!
Aruch,une station service,un accueil sympa,quelques hangars tout à fait potables qui la jouxtent,nous y installons nos couches. Nous sommes justement en train de faire le constat de la différence entre l'accueil turc et arménien,regrettant le premier,lorsque Salein,le pompiste vient nous inviter à boire le café,autant pour nous!!!! Nous prévient du danger que représentent les serpents dans cette région,il nous ouvre un local à côté de son bureau et nous invite à nous y installer,là au moins nous serons en sécurité,déménagement,réinstallation,un peu dur mais c'est pour la bonne cause!!!!
Après un bon petit repas,je m'effondre sur ma couche pour sombrer dans un profond sommeil,malgré la chaleur et le bruit ambiants,il est autour de 23 h lorsque j'en suis brusquement tirée par Salein et son ami qui nous invitent à manger,je n'ai qu'une envie refuser et continuer de dormir,mais ils insistent tellement que je finis par céder et je ne le regretterai nullement. Salein et son ami se sont organisés pour faire les courses,ont cuisiné un plat de pomme-de-terre,une salade,accompagnant fromage,charcuterie,pain...l'inévitable vodka,de la bière,limonade......énorme pour ces gens qui ne possèdent pas grand chose. Ils sont tellement heureux et fiers de nous offrir tout cela,que mon coeur ne peut que s'émouvoir profondément de tant d'attentions!!!!! Merveilleux moments que la pellicule réussira à garder vivant dans nos mémoires,que l'on sait malheureusement effaceuses, qui se passent de commentaires!!!!









































Erevan,du 10 au 13.07.2011
Etape: 60 kms

Salein,m'offrira en guise de cadeau de départ,la petite église de sagex qui trônait fièrement sur son poste de télévision.
Pas de grands commentaires à faire sur cette route toujours aussi pourrie sur ses 30 premiers kilomètres,nous trouverons par la suite une route à 4 voies flambant neuve, circulante,montant,descendant, s'étirant au milieu de paysages toujours aussi monotones et tristounets. La belle rencontre de veille m'a cependant, redonné du coeur au ventre et l'étape de ce jour me semble un peu moins ardue.
Erevan,1'000 m d'altitude,1,1 millions d'habitants et capitale de l'Arménie entourée de collines arides,elle se niche dans le fond d'une cuvette.
Un trafic des plus acceptable,aucun stress à rouler dans une telle capitale,et de plus les conducteurs sont tout à fait respectueux des signalisations.
Trouver une chambre s'avère à nouveau compliqué,toutes nos demandes de couch surfing ont échoué,les prix des hôtels sont franchement exorbitants, nous finirons par dégoter une chambre dans un appartement chez l'habitant pour la somme de 25€. Gayane, une dame d'un certain âge loue depuis de nombreuses années les 2 chambres de son appartement aux touristes de passage,elle vit en compagnie de Christine une jeune étudiante parlant parfaitement le français. Je ne suis pas franchement ravie par cette solution,l'espace est confiné,nous manquons d'intimité,ce n'est pas l'endroit dont je rêvais pour ces quelques jours de repos promis!!!!!!!
Erevan,lointaine soeur jumelle de la ville de Toulouse,avec ses bâtiments de pierre rose est une capitale plaisante,paisible et agréable,pas d'agitation excessive,elle affiche des airs de franche modernité,elle n'a rien à envier à ses consœurs européennes,contraste totale avec ce que j'ai pu apercevoir du pays jusqu'à maintenant. Ville très arborée elle est dotée de nombreux parcs abritant de jolis bars,où il fait bon le soir venu siroter une petite bière,nous ne nous en priverons d'ailleurs pas.
Ouverture du festival du film, «l'abricot d'or»,nous y apercevrons Fanny Ardant,qui en est l'hôte d'honneur.
Visite de la maison musée de Sergei Paradjanov,réalisateur de film avant gardiste,dessinateur,son oeuvre composée de beaucoup de collages et est aussi éclectique qu'étrange. Né en 1924 à Tbilisi (Géorgie),condamné plusieurs fois à 
des peines de prison,s'est éteint en 1990.











Temps fort de ce séjour dans la capitale la visite du musée du génocide perpétré par l'empire Ottoman et les forces républicaines turques,qui commémore l'agonie de plus de 1,5 millions d'Arméniens de 1915 à 1922. Grand nombre de photographies qui racontent simplement et tristement l'histoire du génocide,aucun effort pour sataniser le peuple turc,les photos parlent tout simplement d'elles-mêmes. Visite des plus émouvante,qui me laisse grandement interrogatrice quant à la capacité destructrice que possède en lui l'être humain. Je serai longuement accompagnée par un grand sentiment d'inconfort et de tristesse,considérant chaque Arménien rencontré comme un rescapé de cet affreux massacre. Visite qui me renvoie aux événements actuels de notre monde et à toutes les exactions qui quotidiennement continuent siècle après siècle à obscurcir l'Histoire de l'Humanité,je reste nullement persuadée que nous ayons beaucoup évolués et ne suis pas sûre que de tels événements ne pourraient se reproduire exactement de la même façon de nos jours???? Triste conclusion que de se dire que l'être humain 
peut être une bête pour l'être humain!!!!!







Nos séjour se déroule tranquillement sous le signe du farniente,je suis heureuse de ne pas pédaler durant ces quelques petits jours,mais je ne peux pas dire que tout ceci soie vraiment récupérateur,les nuits sont beaucoup trop chaudes pour nous apporter le repos tant attendu, les joies modernes de la capitales sont vite épuisées pour Patrick,amoureux du calme,des grands espaces,d'authenticité rurale,laissant place à un léger sentiment d'insatisfaction et d'impatience de reprendre la route.




1 commentaire:

  1. j'ai bien connu la cigogne, c'était l'été dernier, en alsace, elle voulait voler de ses propres ailes, voire le monde, rencontrer d'autres cigognes et tant pis si ça fait mal aux ailes, le monde en vaut la peine!

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