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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

vendredi 29 juillet 2011

Pays du Caucase:L'Arménie Geghard-Harzdan du14 au 16.07.2011



Les pays du Caucase:L'Arménie

Sur la route de Gherard,le 14.07.2011
1ère étape:75 kms



Je me sens un peu bousculée par un Patrick plus qu'impatient de larguer les amarres ce matin,réveil en fanfare,je n'ai pas encore empaqueté tout mon barda qu'il est déjà en train de déjeuner et tandis que je déjeune il prépare les vélos,il y a comme un léger décalage dans l'air et c'est sans y avoir compris grand chose que je me retrouve sur la selle de mon bucéphale harnaché. Un peu ébouriffant!!!!
Notre destination première en ce jour,Echmiadzin,le Vatican de l'église apostolique arménienne,où vit Garegin II (le pape arménien)l'endroit où St Grégoire l'illuminateur eut une vision divine et construisit la première église d'Arménie.
Notre pèlerinage peut commencer!!!!
Tout d'abord la jolie petite église Surp(Sainte) Hripsime,originalement bâtie en 618,remplaçant une chapelle plus ancienne où Hripsime aurait été lapidée en compagnie de ses 32 accompagnatrices après avoir refusé la main du roi Trdat III préférant rester fidèle à sa foi.











Surp Shogahat,datant du 17 ème siècle petite église aux lignes simples et élégantes. Nous y sommes accueillis par des curés extrêmement sympathiques qui nous 
offriront un plein sac d'abricots.















La cathédral principale Mayr Tadar,ses magnifiques fresques,khatchkars(croix sculptées dans la pierre),son superbe clocher,ses tombes papales...... à ses côtés un grand monument bâtie en l'honneur du pape Jean-Paul II lors de sa visite en 2001,un séminaire grégorien qui fut fermé en 1921 lorsque les réfugiés du génocide le prirent d'assaut,il ne put rouvrir durant l'ère soviétique.



























Surp Gayane, Sainte Gayane était la mère supérieure de Hripsime et de ses 32 compagnes. La chapelle originale datant du 6 ème siècle construite sur sa tombe a été transformé en une église en 1630. Bâtiment aux belles couleurs orangées et d'une grande sobriété. Gayane est un nom des plus répandu chez les filles 
arméniennes.











Pleins de toutes ces belles images,assurée sans aucun doute de la protection de tous ces saints et saintes à qui j'ai glissé un petit mot à l'oreille,notre route peut se poursuivre. Pour se rendre à Garni et Gherard il faudrait reprendre la route d'Erevan,mais voilà mon poussin n'en n'a pas du tout envie et il a repéré sur sa carte une petite route qui nous permettrait de l'éviter,un raccourci dont seul Flochinet a le secret!!!!!!! Trouver la route est déjà une galère en soi personne ne la connait mais Patrick persiste,si elle est notée sur la carte elle doit exister,finalement nous tombons sur des cantonniers qui nous indiquent la voie à suivre. Rapidement je comprends mieux pourquoi l'on nous disait niet pas de route. Tout d'abord une route toute rafistolée qui fond sous la chaleur accablante,le goudron colle à nos pneus,les montées sont rudes,elle se transforme ensuite en une infâme piste caillouteuse,complètement défoncée,les maisons alentours sont toutes écroulées(on dirait que la région a subi un immense tremblement de terre),la vision est des plus désolante,la nature est grillée par le soleil,nous longeons la décharge publique de Erevan et sous la chaleur ambiante les odeurs sont pestilentielles. Après plusieurs kilomètres de ce régime je suis complètement vidée,gros coup de fatigue et de chaleur,je n'en peux plus. Quand nous retrouvons enfin une route potable,les montées en sont tellement abruptes que je ne peux que mettre pied à terre et pousser mon vélo, heureusement mon chevalier servant est là pour me donner un sérieux coup de main,je me suis rarement,au cours de ce voyage, sentie aussi fatiguée et cette foutue chaleur qui ne cède pas. La route semble continuer de grimper,le raccourci n'en n'était absolument pas un et comme nous sommes dans un petit village,nous décidons d'y trouver refuge pour la nuit,même avec la meilleure volonté du monde il semble clair que nous ne parviendrons pas à Garni et encore moins à Gherard en ce jour.
Trouver un endroit où crécher dans cette banlieue huppée sise sur les hauteurs de Erevan pas une mince affaire,nous tournons,virons,essuyons plusieurs refus avant de rencontrer dans une petite épicerie,Roberto et Marita son épouse. Roberto est interpellé par notre situation il se creuse la tête,interroge alentours avant de nous dire de le suivre,il nous emmène dans sa maison de campagne,dans son magnifique jardin entretenu avec amour, sous un arbre nous attendent deux lits de camp et une douche fraiche et revigorante pour nous laver de la crasse de cette journée pour moi infernale. La machine à laver est mise à notre disposition et nos fringues puantes retrouvent elles aussi figure humaine. Nous y faisons la connaissance de leur voisin,un couple accompagné par leur fille adolescente et une amie qui pour notre bonheur parlent parfaitement l'anglais,ce qui permettra de satisfaire à la curiosité de tout un chacun. Mais son hospitalité ne s'arrête pas là,il nous invite à passer à table et là,nous n'en croyons pas nos yeux quand apparaissent sur la table une dizaine de plats de mets tous plus délicieux les uns que les autres(barbecue,salades,poisson et j'en passe)le tout accompagné d'un délicieux cognac et de jus d'abricot frais(en règle générale les Arméniens lorsqu'ils boivent un alcool fort ils l'accompagnent toujours d'une boisson sucrée,limonade ou jus de fruits),un vrai festin de roi. Malgré la fatigue nous prenons beaucoup de plaisir à passer un long moment en compagnie de toutes ces personnes si hospitalières et il se fait tard lorsque nous retrouvons notre arbre et que nous nous écroulons sur notre couche.










Monastère de Geghard,le 15.07.2011
Etape: 28 kms

Je ne peux pas dire que j'ai retrouvé toute ma fraîcheur après cette courte nuit de sommeil,mais l'excellent moment passé en compagnie de Roberto et des siens m'a fait du bien le moral est bon et quand le moral va tout va!!!!! Lorsque je me lève Roberto est déjà sur pied de guerre prêt à tondre sa pelouse,ses fleurs sont déjà bichonnée. Un bon café en sa compagnie en guise d'au revoir,une accolade qui en dit bien plus long que des mots!
La route des plus pentue que j'avais délaissée la veille ne s'est pas adoucie durant la nuit et il faut bien que je m'y colle,pleine de courage j'attaque cette impossible compagne,lorsque j'entends que mon bucéphale fait un bruit bizarre tout en se dandinant tout aussi étrangement il ne me faudra pas longtemps pour repérer mon pneu honteusement crevé à l'arrière,décidément la journée commence bien!!! J'appelle mon poussin à la rescousse,pas franchement réjoui par cette funèbre nouvelle,il se met en devoir de réparer ma monture bancale,qui bien évidemment n'a pas choisi le meilleur endroit pour rendre l'âme. Patrick,comme toujours très organisé devra défaire toutes ces sacoches pour trouver le matériel,chaque objet nécessaire se trouvant disséminé dans une sacoche différente. La piste d'hier fut meurtrière pour mon pneu qui commence sérieusement à montrer des signes de vieillesse et d'usure, un gros bout de verre l'a profondément entaillé,Patrick le répare de main de maître en croisant les doigts pour que cela tienne. Nous ne nous faisons pas beaucoup d'illusion et cette crevaison est sans doute le signe avant coureur pour un futur changement de pneus,fort heureusement grâce à notre chère Nanou,nous en avons des tout neufs qui dorment dans les sacoches!!!!









La route tient ses promesses,des plus vallonnées,elle monte,descend s'étire au milieu de paysages assoiffés à l'herbe grillée et jaunie par le soleil,de collines semi-désertiques,traversant de petits hameaux où des chiens hargneux nous donnent la chasse tous crocs dehors,elle ne semble jamais devoir finir!!!! Enfin le promontoire salvateur sur lequel fut construit au 1er siècle le temple grec dédié au dieu soleil de Garni,de là une vue plongeante sur l'impressionnante gorge d'Avan,creusée par la rivière Azat.















 Temple grandement restauré qui ne manque certes pas de charme mais pour moi c'est surtout sa situation qui en fait toute sa beauté.
La route est jalonnée par des étals campagnards où les villageois vendent leur produit locaux,fruits,conserves,confitures,.l'occasion d'une halte revivifiante pour nos jambes et nos estomacs au cours de cette montée qui se veut encore beaucoup plus rude que la précédente,le pourcentage aidant,la langue rapidement pendante,le souffle court,les jambes raides,les virolets s'avalent à une allure d'escargot sous une chaleur digne des fourneaux de Lucifer qu'ils sont longs ces derniers kilomètres au sein de cette gorge impressionnante. Cependant au bout d'une ultime grimpette où nous devrons pousser nos bicyclette se dessine le joyau tant attendu,le monastère de Geghard trônant de manière impérial au sommet d'un profond canyon entouré de forêts, le site est enchanteur. L'endroit est investi par bon nombre de visiteurs,pique-niqueurs,qui ici pas plus qu'ailleurs n'ont d'égards pour la nature, les détritus jonchent le sol,envahissent la rivière. Comment peut-on faire pour ne pas respecter de tels lieux?
Le monastère tire son nom de la lance qui aurait percé le flanc du Christ lors de sa crucifixion,longtemps restée au monastère elle a désormais rejoint le trésor sacré de Echmiadzin. Plusieurs églises et chapelles la plus ancienne datant du 7 ème siècle,creusées à même la roche,l'ambiance y est par moments étrange,sépulcrale,l'acoustique incroyable,de magnifiques piliers sculptés,khatchkars,les bougies y brûlent en abondance,je erre et flâne tentant de m'imprégner de cette atmosphère toute mystique,je me régale.
Nous avons bien l'intention de dormir sur place et cela ne pose aucun problème,il faut cependant que nous attendions que la foule des badauds aient déserté les lieux pour que nous puissions reposer en paix. Le moment venu nous préparons nos couches dans la pelouse sous un abricotier,c'est bercée par un vent qui souffle d'importance bien au chaud au fond de mon vieux duvet que je m'endors pour me réveiller au milieu de la nuit,un gros nuage noir déverse sur nos têtes quelques gouttes de pluie,mais fort heureusement ceci ne durera pas et nous pourrons terminer notre nuit bien au sec!!!!!!! Le très haut a tout de même quelques égards par moments pour nos petites personnes!!!!


























































Hrazdan,le 16.07.2011
Etape:68 kms

C'est un Patrick tout dépité que je trouve ce matin à mon réveil,comme d'habitude,mon café m'attend dès l'oeil ouvert,mais voilà cela sera sans doute le dernier pour un certain temps,la pompe de notre réchaud a décidé de rendre l'âme,le temps cet élément destructeur auquel rien ne peut échapper!!!! Je pense qu'il en est fini de ma tranquillité matinale,Patrick est intenable tant qu'il n'a pas un café dans l'estomac,je me prépare déjà mentalement à des réveils plus précoces et des départs plus précipités!!!!!
Un petit pincement au coeur en quittant ce lieu magique. Lors de la descente la montée de la veille m'apparaît encore plus impressionnante,parfois je me demande vraiment comment je fais pour y arriver????
Retour à la case départ de la veille nous retrouvons le carrefour de la crevaison avant de rattraper l'autoroute M 1 qui malheureusement est des plus circulante mais a au moins le mérite d'être en bon état,large,bande de sécurité,ne nous reste plus qu'à nous mettre dans notre bulle en essayant de faire abstraction du bruit extérieur,pas toujours évident. Nous retrouvons nos paysages de collinnettes pelées et assoiffées,monotones et peu variés tout au long de cette étape,qui ne sera qu'ascendante,le seul choix que nous ayons étant le taux de déclivité qui varie de 6% à 12% en passant par les 9%. La chaleur est toujours aussi intense,en fin d'après-midi le ciel se charge de gros nuages noirs et menaçant,l'air devient électrique,le vent se met à souffler comme un fou,je peine vraiment à garder le cap au guidon de mon bucéphale qui tangue tant et plus qu'il me désarçonnera à plusieurs reprises,nous tenons bon et avançons vaille que vaille. Le long de la route de petites gargotes diffusent dans l'air de délicieuses odeurs de barbecue,mets très prisés par les Arméniens,nous avons la langue pendante,l'eau à la bouche et les jambes dans le sac,Patrick s'arrêtera net,d'un seul coup d'un seul,le barbecue situé sur le bord de la route aura raison de sa volonté et le voilà qui cède à la tentation estimant que nous l'avons bien mérité,pendant que nous y sommes nous posons la question d'un éventuel logement,dans une sorte d'Algeco,une chambre «d'hôtel»certes sommaire et sans eau courante,mais qui affiche des prix tout à fait raisonnables après négociations,l'accueil est des plus sympathique et nous décidons de nous la jouer grand prince. Je ne peux que me réjouir de cette heureuse décision d'autant plus que c'est le moment que choisit l'orage qui sévira longuement pour éclater violemment,les cieux semblent s'ouvrir déversant sur nos êtres fatigués des trombes d'eau. Un repas gargantuesque sera la récompense de cette rude journée de vélo. Nous nous couchons repus et franchement heureux de notre sort!!!!!!








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