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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mercredi 29 juin 2011

Turquie Anatolie du nord-est Dogubayazit-Igdir-Digor-Ani du 24 au 27.06.2011



Turquie Anatolie du nord -est

Dogubayazit,le 24.06.2011
Etape: 67 kms

Poser mes pieds et mes roues sur le sol turque me remplit d'allégresse,le passage de frontière se passe aussi aisément que du côté turque. Alors que nous nous croyons libérés de toute entrave administrative,voilà qu'un dernier check point se présente à nous et là,il faut que nous déchargions nos vélos,tous nos bagages doivent passer aux rayons X,bien qu'un peu excédée par toute cette procédure j'en comprends l'utilité par les temps qui courent,même si les douaniers ne jettent qu'un oeil des plus vagues sur le contenu de nos sacoches mises à nu sur le petit écran.

J'ai besoin de digérer la fin de l'Iran afin de mieux appréhender mon retour en Turquie et pour se faire quoi de mieux qu'un petit déjeuner champêtre. Tandis que nous sommes posés dans l'herbe et sommes prêts à attaquer nos victuailles,Abdullah,à bord de son camion hôtel 5 étoiles,s'arrête sur le bas côté et nous rejoint muni de sa bouteille de gaz et de tout le nécessaire pour nous concocter un délicieux thé vert,incroyable. D'origine afghane,il nous explique qu'il est professeur de métier mais que dans son pays il lui est impossible de gagner correctement sa vie,il s'est donc reconverti en chauffeur routier afin de pouvoir nourrir sa famille restée au pays et qu'il n'a pas revue depuis 2 ans. Il nous fait cadeau d'une immense boîte de Hallawa (sorte de nougat composé de pâte de sésame et pistache),de pain et bien évidemment de toute la chaleur de son coeur et de son âme. Avant de partir il n'est pas peu fier de me faire visiter son camion,sa petite cuisine équipée,sa couchette,une vraie maison sur roue. Il a peine à nous quitter et insiste fortement pour embarquer à bord de son engin nos personnes et nos montures,nous devrons user de toutes nos capacités de persuasion pour décliner son invitation. Je me sens émue jusqu'au fond des tripes par cette magnifique rencontre,leçon de vie,d'humanité qui me renvoie à ma condition de privilégiée. Je ne sais ce que la vie te réserve,Abdullah,mais une place dans mon coeur t'est réservée et je te souhaite bonne route et que la vie se fasse un plus douce pour toi et les tiens!!!!
Je n'ai pas à attendre pour retrouver les routes vérolées de la Turquie,trous,bosses et revêtement accrocheur,mais le relief n'affiche pas de dénivelé excessif,le trafic est peu présent,toujours les mêmes plaines semi-désertiques sur lesquelles veille fièrement le Mont Ararat du haut de ses 5'137 m.
Dogubayazit 1950 m d'altitude,petite ville grouillante de 36'000 habitants,j'y retrouve la Migros qui atteste de mon retour en Turquie,les petites échoppes de thé,qui par moments faisaient cruellement défaut en Iran. Accueil toujours aussi dithyrambique et thés gracieusement offerts. Ville kurde par excellence et fière de l'être plutôt quelconque,forte présence militaire,elle jouit d'une superbe situation géographique entourée de montagnes arides. D'un côté se dresse le Mont Ararat et de l'autre surplombant les lieux du haut de sa falaise l'Ishak Pasa Palace. En sortant de la ville trouvons bien au calme un petit terrain de camping où nous dressons notre guitoune avec vue sur la vaste plaine et le Mont Ararat,que demande le peuple!!!!
L'Ishak Pasa Palace la star de la région,la construction du palais fut commencée en 1685 par Colak Abdi Pasa et complété par son fils Ishak en 1784,superbe amalgame Seljouk,Ottomane,Géorgienne,Perse et Arménienne. Malheureusement le palais a fait l'objet de trop de restauration et l'addition d'élément ultra moderne en gâche un peu sa beauté,mais il reste que l'environnement est magique. Non loin de là une magnifique et ancienne petite mosquée dont personne ne parle éclipsée par la renommée de son encombrant voisin. Moments de grande plénitude en compagnie des petits bergers et leurs troupeaux de vaches à admirer le coucher de soleil sur ces fabuleux paysages.











































Igdir,le 25.06.2011
Etape:86 kms

Une merveilleuse nuit de sommeil avec en prime vue sur le Mont Ararat dès le réveil,voilà qui est bien commencer la journée. Je ne saurais quitter ces lieux sans m'être réapprovisionnée à la Migros,il ne manque décidément rien à mon bonheur!!!!
Un grand plateau semi-désertique entouré de collines d'origine volcanique qui semble revêtues de velours vert avant qu'une grande descente nous emmène vers de vastes plaines cultivées,champs de blé(la moisson bat son plein),troupeaux de vaches,nids de cigognes,paysages et odeurs qui me rappellent nos campagnes européennes. Nous pédalons allégrement sous l'oeil vigilant du Mt Ararat dont nous faisons le tour,nous aurons eu l'occasion de l'admirer sous toutes ces coutures. Après la descente l'ascension ne se fait pas attendre et c'est sous une chaleur torride que nous effectuons la montée du col Pamuk 1660 m,juste de quoi nous mettre en appétit et en jambe pour la suite de l'étape où les hauts et les bas se succèdent sans répit,mais je me sens en pleine forme et il n'y a vraiment pas de quoi en faire tout un fromage.
Le taux de testostérone est élevé dans la région,nombreux militaires,policiers,soldats. Igdir,ville carrefour grouillante et bruyante semble réputée pour ses hôtels doublés de bordels. Heureux d'avoir au cours de ces dernières 24 heures retrouvé un peu de tranquillité,nous n'avons aucune envie de la sacrifier même au prix d'une douche et d'une couche confortables,après quelques bons thés sirotés en compagnie de la population locale,nous poursuivons notre route en quête d'un lieu pour la nuit. Fidèles à nos anciennes habitudes,nous sommes à la recherche d'une station essence prête à nous accueillir,les kilomètres défilent,la fatigue commence à se faire sentir,il fait toujours aussi chaud et pas plus de station essence que d'endroits où nous aurions envie de nous poser. Au bout de 20 kms cependant quelque chose qui pourrait ressembler à ce que nous cherchons,cela a l'air d'une station essence mais ce n'en n'est pas une et nous mettrons un certain temps avant de comprendre où nous avons atterri. Accueil des plus chaleureux,on nous y offre le thé et la possibilité d'y dormir. Le va et vient est continuel,des hommes vont et viennent,chauffeurs poids lourds,travailleurs??? Nous buvons thés sur thés serrant inlassablement des mains tout en répondant aux mêmes questions,dans l'attente que quelque chose se passe,pas toujours facile de patienter lorsque la fatigue est là,je rêve d'un coin tranquille où je puisse manger et dormir. Surprise inespérée on nous propose de prendre une douche chaude avant de passer à table où l'on nous sert un délicieux et vrai repas. Les hommes continuent d'affluer de partout l'endroit semble servir de cantine???? Ce n'est que plus tard que nous découvrirons le pot aux roses. Tous ces hommes venant d'Erzurum font partie d'une équipe de travailleurs construisant un nouvel aéroport à Igdir et nous sommes dans leur lieu de vie. En soirée un minibus chargé de travailleurs pomponnés et ripolinés,ils partent en virée à Igdir,il faut bien parfois que le corps exulte!!!!!!
Suivant les conseils de nos charmants hôtes,c'est sur une haute terrasse après avoir escaladé une échelle vertigineuse,que nous ferons nos couches sous un beau ciel étoilé bercé par une douce brise nocturne.






















Digor,le 26.06.2011
Etape: 65 kms

Après une excellente nuit de sommeil il me faudra une grande dose de courage pour redescendre de mon toit,l'échelle me donne la tige verte. Un excellent petit déjeuner pour me remettre de mes émotions. Je me prépare également psychologiquement pour cette étape,tous nous l'ont prédite très dure!!!!!! Au moins je ne serai pas prise en traître!!!!!
L'épreuve commence à peine le pied mis à l'étrier et les 65 kms de cette journée ne seront quasiment qu'une longue et rude montée. Les paysages quant à eux sont d'une beauté à couper le souffle et je me demande si je n'ai pas atterri sur la lune ou sur une autre planète lorsque je me retrouve entourée de montagnes arides de toutes les couleurs avec de temps à autres une petite oasis de verdure et quelques maisons,pour le coup j'en oublie toute la difficulté de l'entreprise.
Puis ce ne seront plus que champs de blé,paysans en pleine moisson,des milliers de ruchers, scènes quotidiennes de la vie rurale.
Chemin faisant nous assisterons à la transhumance des nomades encore très présents qui emmènent leurs nombreux et gigantesques troupeaux de vaches vers des lieux plus cléments où la nourriture est plus abondante et l'air plus frais.
Nous sommes vraiment rincés lorsque nous arrivons dans la petite bourgade de Digor,dieu que l'étape fut rude. Une station essence,un accueil des plus chaleureux,il ne nous en faut pas plus pour planter notre tente,une douche revigorante dans les toilettes turques,une véritable bénédiction du ciel que les turcs préfèrent pour se laver les fesses l'eau au papier!!!!!
Nous n'attendrons même pas que le soleil soit couché pour rejoindre nos couches.



























































Ani,le 27.04.2011
Etape: 37 kms
Nous quittons la nationale pour emprunter une piste,chemin le plus court et le plus facile aux dires de la population pour nous rendre à Ani. La piste bien que relativement carrossable reste une épreuve pour moi,ce n'est pas mon terrain de jeu favori,les descentes sur le sol gravillonné mes font serrer les fesses sur la selle,je me sais parfois tellement maladroite!!! La piste par moments de couleurs rouge rose,j'ai l'impression halluciner,serpente et ondule au sein de paysages similaires à ceux de la veille,champs,troupeaux,ruchers...... de temps à autres un petit hameau. C'est avec un grand ouf de soulagement que je retrouve la route nationale bitumée qui rejoint Ani,et même un peu pourrie je la trouve finalement extrêmement belle cette route.
En buvant notre thé dans une petite échoppe nous faisons la connaissance d'Andréa,Italien fougueux et rigolo photographe à ses heures qui voyage à bord de son 4 W 4,désargenté il est sur le chemin du retour. C'est en sa compagnie que nous visiterons les ruines d'Ani,
ancienne capitale arménienne située à la frontière turco arménienne sur un plateau qui surplombe un grand canyon au fond duquel coule la rivière Aras,superbe. Une citadelle marque l'entrée du site jalonné de ruines de nombreuses églises,monastères,tours,cathédrales, mosquées,il ne reste malheureusement plus grand chose de toute cette splendeur passée,tremblements de terre et pillage ont eu raison de tous ces chefs d'œuvre qui courent irrémédiablement à leur perte,pour l'heure aucun travaux de restauration ne semblent avoir été entrepris. La dureté de la lumière ne nous permet malheureusement pas de faire de beaux clichés d'un lieu qui définitivement vaut le détour.
La permission nous est accordée de planter notre tente devant la citadelle,on ne pouvait rêver plus beau décor!!!! Seul hic,nous sommes envahis par une bande de môme bruyante et tapageuse dont nous aurons toutes les peines du monde à nous débarrasser.
Nous faisons également la connaissance de Colette et José couple de français qui sont partis sur les routes du monde à bord de leur petit fourgon. Nous passerons une excellente soirée en leur compagnie, Andréa en bon Italien qui se respecte nous régalera d'un succulent plat de spaghettis. Cela faisait longtemps que je n'avais pas passé une soirée en compagnie de mes congénère et le moment fut plus qu'agréable.

































































1 commentaire:

  1. j'aime votre blog, vraiment c'est extraordinaire.
    j'aimerai un jour faire comme vous, car moi aussi je suis un amateur du voyage à vélo et voici mo blog:
    http://www.abdeddaim.c.la/

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