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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

dimanche 12 juin 2011

Iran Oroumiyeh-Tabriz du 1 au 3.06.2011


Iran

Oroumiyeh,le 1.06.2011
Etape:57 kms

                                               Nous nous attendions à une nuit pas terrible,mais au final elle fut des meilleure et nous sommes frais et dispos pour passer la frontière,non sans avoir effectué quelques changements dans nos tenues vestimentaires,pour moi,port d'un voile et longues manches obligatoires(c'en est fini des descentes cheveux au vent) et pour Patrick le pantalon est de rigueur,oups,cela tombe bien il fait au moins 40 degrés à l'ombre,que du bonheur!!!!!
Une longue file de camions et de bus ayant également passé la nuit sur place sont en ligne pour le passage de la douane,encore une fois pas d'agitation excessive,tout se passe dans le calme. Quitter la Turquie,formalité simple et rapide,les douaniers sont à l'image du pays extrêmement sympathiques et avenants. Pas de panneau indiquant clairement l'entrée en Iran,nous ne sommes pas encore rentrés dans le pays,que nous nous retrouvons déjà dans la file de sortie,personne ne parle anglais et pas facile de se faire comprendre,lorsqu'enfin nous trouvons la bonne file,problème,les ordinateurs sont en panne et nous sommes obligés de faire le pied de grue pendant une éternité,bienvenue en république islamique d'Iran. Changement total de décors,des versets du coran et photos d'imams placardés sur tous les murs,les femmes sont pour la plupart emmitouflées dans de grands voiles noires qui les fait ressembler à des corbeaux,je retrouve une certaine forme d'austérité,des regards bien souvent curieux planent sur nous,les hommes s'adressent de préférence à Patrick un peu comme si je n'existais pas. Je suis toujours stupéfaite de constater que le passage d'une frontière peut à ce point tout changer,jusqu'à la montre qu'il faut avancer d' 1h30. Il faut que je trouve de nouveaux repères aussi bien pratiques que culturels. Avant nos premiers coups de pédales en terre iranienne,un dernier clin d'oeil turc se présente à nous sous la forme d'un routier qui nous offre un dernier thé!!!!!!!Bien belle façon de quitter ce magnifique pays.
Une chose cependant n'a pas changé,la physionomie de la route,c'est le cirque infernal des montées et descentes qui nous attend. La chaussée est étroite et très circulante,les Iraniens semblent peu respectueux des deux roues,des règles de circulation et se comportent comme de vrais chauffards. Le danger plane et je ne me sens guère à l'aise,je sens le souffle des voitures qui me frôlent je serre les miches sur la selle de mon bucéphale et n'ai pas d'autre choix que de faire mon chemin à travers cette jungle effrayante,pour couronner le tout lors de l'ascension d'une patate,mes deux compagnons de route se feront agresser par un chauffeur de pick up qui tente de les souffleter,jeu stupide ou simple malveillance???? Nous serons à ce régime au cours des 30 prochains kilomètres et en mon for intérieur,je songe déjà à la Turquie avec une grande nostalgie!!!!!
L'élargissement de la chaussée et la présence d'une bande de sécurité nous permettent enfin de respirer un peu,même si ce sont avant tout des gaz d'échappement, pollution et poussière sont intenses. Pas vraiment eu le temps de m'attarder sur les paysages et déjà je n'en garde aucun souvenir. Nous n'aspirons qu'à une chose arriver le plus rapidement possible à Oroumiyeh,où pour moi le cauchemar ne fait que continuer,il faut maintenant faire face à la jungle urbaine grouillante,de la vraie
folie,bus,voitures,piétons tout le monde s'ingénie à nous couper la route devant le nez,se souciant de nous comme une guigne. Je passe en revue tous les saints du calendriers que je connais tout en essayant de me souvenir de quelques bribes de prière avant de remettre mon sort entre les mains du très haut,et cela semble fonctionner puisque je reste en vie!!!!
Nous sommes sans le sou et tandis que nous tenons conseil sur la direction à prendre afin de s'approvisionner en espèce sonnante et trébuchante,Behnam se présente à nous et nous offre spontanément son hospitalité. Il nous emmène dans sa maison chaotique et bordélique où nous faisons la connaissance de ses 3 enfants. Douche salvatrice après une journée il faut bien le dire un peu merdeuse. Behnam est aux petits soins pour nous,il nous préparera un délicieux repas,fera le ménage et s'enquiert de notre confort,personnage éminemment sympathique,qui déroule sous nos yeux sa vie en nous montrant toutes les photos qui lui tombent sous la main.
Petite anecdote féminine, à peine ai-je mis le nez dehors que je suis interpelée par deux jeunes qui me font remarquer que je me trouve dans un pays islamique et que mes avants bras nus ne sont pas conformes avec ces principes religieux,j'encours ainsi les foudres de la police!!!! Oups ma vieille tu n'as plus qu'à te rhabiller!!!!! Décidément que d'émotions pour une seule journée,la Turquie si proche me semble bien tentante!!!






Saray,le 2.06.2011
Etape:79 kms
Le matin nous trouve tous les 3 la tête dans le cul,la nuit fut exécrable,chaleur intense et moustiques agressifs!!!!! Behnam en hôte irréprochable nous accueille avec du pain frais,du beurre et de la confiture.
Derniers instants chaleureux en sa compagnie et celle de ses enfants,avant qu'un dernier signe de la main ne nous sépare. C'est également en ce jour que notre chemin se sépare de celui de Nino,lui s'en va vers le sud est tandis que nous prenons une route nord. Un petit pincement au coeur lors des au revoir,nous avons passé tant de bon temps en ta compagnie,Nino,agréable compagnon de route simple,relax et généreux,je te souhaite bonne route en espérant que nos chemins se croisent à nouveau!!!!!!
Sortir de la ville est tout aussi flippant que d'y rentrer,je pense que la première impression était la bonne,les Iraniens se comportent comme des sauvages une fois le cul posé derrière un volant. Au niveau conduite c'est le pire des pays que je connaisse jusqu'à maintenant!!!!
Points positifs tout de même à souligner la route ressemble à nouveau à une route,son revêtement asphalté un vrai régal pour mes roues qui peuvent à nouveau y chanter d'autant plus que c'est une longue ligne rectiligne et plane qui court devant moi à perte de vue,voilà bien longtemps que je n'avais plus connu cela. Aussi incroyable que cela puisse paraître en Iran également nous pouvons rouler sur l'autoroute,et pour nos bicyclettes c'est gratuit,cela nous assure au moins une bande d'urgence,qui me permet de relâcher la vigilance tendue du départ,je n'ai plus qu'à composer avec le bruit infernal de la circulation et les gaz d'échappement ce qui est déjà pas mal.
Weekend prolongé pour les Iraniens,j' assiste à un véritable exode,les routes sont prises d'assaut par tous les travailleurs en sursis aspirant à changer d'air. Les voitures sont bondées,à l'intérieur les personnes s'y entassent et sont serrées et comme dans des boîtes de sardines,tandis que sur le toit,le bringuebalent nécessaire pour pic nique en pleine air et autres folles activités est arrimé bien souvent de manière périlleuse.
L'autoroute du soleil au mois d'août!!!!! Le moindre brin d'herbe est pris d'assaut,et peu importe le risque d'asphyxie,tout le monde y savoure joyeusement sa nourriture!!!!
A part quelques petites grimpettes la route se voudra plate tout au long de cette étape,j'ai l'impression d'avancer comme une fusée!!!!
Au bout d'une trentaine de kilomètres nous atteignons le lac Oroumiyeh( 6'000 km carrés) aussi salé que la mer morte et bientôt aussi mort que la mer d'Aral,une des principale rivière l'alimentant ayant été détourné,le lac s'assèche petit à petit et désormais sa plus grande profondeur est de 16 m. Le spectacle est plutôt saisissant,les eaux roses du lac s'étendent entre les berges blanches saturées de dépôts salins et la réverbération est si intense que nous en sommes éblouis. La chaleur est de plomb je me bats avec mon foulard qui n'arrête pas de se faire la malle et nos vêtements sont
évidemment beaucoup trop chauds pour une telle fournaise!!!!!!
Lors de nos arrêts dans les petites échoppes de thé,je suis fortement touchée de constater que l'hospitalité et le thé offert sont toujours d'actualité. L'accueil y est plus réservé qu'en Turquie,la barrière de la langue plus importante mais le coeur est là bien présent!!!!
En milieu d'après-midi,nous arrivons à Saray,quelques petites boutiques,échoppes de thé,une mosquée et une station essence, un réflexe spontané nous pousse à nous rendre dans cette dernière afin de nous enquérir d'un gîte pour la nuit,l'endroit ne semble pas idéal et on nous envoie vers la mosquée,là,un homme plutôt indifférent à notre sort nous donne la permission d' y passer la nuit,mais pas avant 21 h une fois la dernière prière terminée. Il nous reste de longues heures à attendre,l'endroit est bruyant,les voitures s'y arrêtant nombreuses,mais il nous reste encore au moins autant de kilomètres pour atteindre Tabriz et aucun village n'est indiqué sur notre carte.
Les heures s'écoulent tranquillement,nous sommes l'attraction de la place,les gens nous regardent comme des bêtes curieuses,de temps à autres on nous sert la pince et papote un peu avec nous.
Il est 21 h passé et la file des fidèles se rendant à la mosquée pour prier ne tarit pas,nous commençons à nous faire du souci pour la nuit quand va-t-on pouvoir se coucher?????? Patrick se rend dans une petite gargote tout à côté et là trois frères des plus sympathiques,lui indiquent un banc de bois où il nous est possible de dormir,nous sommes étreints par le même sentiment de soulagement et nous empressons de nous y installer. La couche est confortable,mais il fait très chaud,dormant quasiment sur la place publique,hors de question de se déshabiller,les moustiques sont présents en grand nombre, le bruit de la route est incessant et l'air que nous respirons est saturé des gaz d'échappement. Je n'arrive pas à trouver le sommeil,mais me console en me disant que les heures avançant les choses vont se calmer et bien pas du tout,j'ai comme l'impression qu'ils ne dorment jamais ces foutus Iraniens, le balai des voitures,des assidus fidèles se rendant à la mosquée ne cessera pas une seconde au cours de toute la nuit!!!!!!!!



















Tabriz,le 3.05.2011
Etape:79 kms
Nous ne sommes pas vraiment des plus frais pour reprendre la route et c'est un peu comme un automate que je pédale fort heureusement sur la bande d'urgence d'une route plane,parmi le flot des «vacanciers»en goguette qui se poursuit inexorablement. Bien souvent,faisant fi de tous les dangers,une voiture s'arrête pour nous prendre en photo,définitivement fous les Iraniens au volant,et encore une chance qu'ils ne boivent pas!!!!!
Dans cette partie le lac Oroumiyeh , un spectacle bien affligeant,complètement asséché,il offre à mes yeux ses tristes berges brunes boueuses où le sel y à laisser partout comme des traces de larmes,le tout infesté de moustiques.
Les choses se corsent encore un peu en arrivant à proximité de la ville de Tabriz,la route se dégrade,et ressemble aux périphériques parisiens avec ses entrées et sorties,aucun panneau indiquant la direction à prendre pour nous rendre en ville et pas âme qui vive pour nous montrer la bonne voie,il faut absolument que nous trouvions une sortie avant de nous retrouver à Téhéran,elle est longue à venir et nous saisissons la première opportunité pour nous retrouver dans une banlieue sans noms et désertée. Entre mon foulard toujours en train de se barrer, un Patrick que je peine à suivre tant il pédale gaillardement ,les montées,les voitures je ne me sens pas vraiment à la fête et dans un moment de grande lucidité je pourrais tout planter là au bord du trottoir,mais je sais que ce n'est qu'un mauvais moment à passer,je respire un grand coup et prends mon courage à deux mains. Finalement c'est en suivant la voiture d'un homme bien intentionné que nous arriverons enfin au centre ville.
Grâce à Nihal et Mustafa d'Ankara,nous avons trouvé une adresse couch surfing pour nous loger,le seul hic,nous pensions mettre beaucoup plus de temps pour gagner Tabriz et avons rendez-vous avec Golnaz dimanche matin,et nous sommes vendredi il nous faut trouver un hôtel,après en avoir visité une certaine quantité,apparemment certains endroits ne veulent pas s'encombrer d'étrangers,Patrick s'en revient tout content il a enfin trouvé un endroit sympa correspondant à tous nos critères. Alors que mon vélo déchargé,je commence à amener mes bagages,je suis interpelée par un homme qui me dit que finalement ce n'est pas possible,apparemment tout à coup ils ont décidé de repeindre les chambres???????
Ne reste plus qu'à recharger nos bicyclettes et repartir en quête, et même si la chambre est grande comme une boîte à chaussure,nous avons peine à y caser toutes nos sacoches,il y fait chaud comme dans un four,le petit hôtel Saadat et son accueil sympathique me paraît être la première vraie bonne chose de cette journée. Je me sens sale,polluée,la tête résonnant de toutes les nuisances sonores ingérées au cours de ces derniers jours et n'aspire qu'à une seule chose,me doucher et me poser au calme loin de tout bruit. Etape pour le moins merdique,sa seule utilité,celle de nous amener d'un point à un autre.



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