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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

dimanche 20 février 2011

Egypte Côte de la mer Rouge du 1 au 12.02.2011



Côte de la mer Rouge

Marsa Alam-Al Quseir du 1 au 12.O2.2011

1ère étape:102kms
Hier en fin d'après-midi avions envie d'aller voir la mer de plus près,depuis le temps que nous ne l'avions pas vue,notre balade sera édifiante,le spectacle qui s'offre à nos yeux est stupéfiant,partout la montagne a été rasée et ce sont des centaines de constructions pour la plupart inachevées et qui apparemment ne sont pas prêtes de l'être qui s'étalent sous notre regard médusé,faute de moyens et d'investisseurs,les complexes bétonnés hérissent dans le ciel leurs poteaux de ferraille,leur mur ouvert sur le néant,leur ouverture sans porte,ni fenêtre,une ville fantôme triste et déprimante. Nous ne verrons pas la mer et nous nous en reviendrons dans notre petit logis l'âme en peine et interrogatifs sur ce que l'humain peut infliger à la nature.

Il ne m'est point difficile de quitter Marsa Alam,mê-
me si je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur ce que je vais découvrir au cours de l'étape de ce jour. Dans cette partie du pays le vent dominant vient du nord,et justement notre route monte plein nord,ce qui veut dire vent dans le nez,mais il semblerait qu'en ce jour celui-ci nous fasse une fleur en soufflant plus ou moins dans l'autre sens,c'est déjà cela de gagner!!!!La route suit la côte et est loin d'être plate,côtes et descentes se succèdent de manière rapprochée,de vraies montagnes russes. La côte de la mer Rouge est sans doute le littoral le plus célèbre du monde c'est là que Moïse y aurait ouvert les flots afin de libérer les esclaves hébreux. Réputée pour ses eaux turquoises et ses magnifiques récifs coralliens elle attire chaque année des dizaines de milliers de touristes. Le tourisme s'y développe plus rapidement que partout ailleurs en Égypte et c'est là que le pays compte le plus d'hôtels et de complexes balnéaires. La situation n'a rien de réjouissant,surtout depuis que de vastes étendues de cette côte de 800kms de long connaissent une véritable catastrophe écologique,opérations illégales d'enfouissement des déchets,les mouillages sauvages,des décennies de tourisme de groupe européen,l'absence de tout plan de développement durable ont entraîné la destruction des récifs au large de la côte,tandis que la construction de jetées en béton érodait des pans entiers du littoral. En outre le déclin du tourisme lié à la crainte d'une guerre plus étendue au Moyen Orient a refroidi les investisseurs,et aujourd'hui une partie de la côte n'est qu'un chantier d'hôtels à moitié construits. Ces quelques phrases lues dans mon guide avant le départ ont tôt fait de se transformer en réalité,la côte est littéralement dévastée et défigurée par tous ces hideux projets tentaculaires,pas un kilomètre de terrain vierge,les complexes plus ou moins achevés se suivent et se ressemblent,une vraie désolation. Pas d'électricité au milieu de ces espaces désertiques,tout marche aux groupes électrogènes qui emplissent l'air de leur bruit en envoyant dans le ciel leur fumée noire et délétère!!! Que ne ferait-on pas pour sacrifier au dieu dollars????La route quant à elle ne vaut guère mieux,et est à l'image de tous ces projets pour l'heure avortés,bien souvent en piteux états elle se transforme par moments en vulgaire piste,dur,dur!!!!!!Fort heureusement je peux laisser errer mon regard sur la gauche où se trouve la magnifique chaîne de montagne de la mer Rouge pour l'heure encore intouchée. La mer n'est quant à elle jamais bien loin et ses eaux d'un bleu cobalt prend par moments des teintes bleu lagon majestueuse,mais cela ne suffit pas pour me réconcilier avec les lieux. Et pour couronner le tout alors que nous nous étions arrêtés sur un bout de plage(sable rapporté)pour casse-croûter,un Égyptien se pointe dare dare pour nous signifier que nous n'avons pas le droit de rester là,plage privée réservée à aqua blue,les boules!!!!
Nous dégageons pour manger nos vaches qui rit à quelques 50 mètres de là dans une mangrove rasée au bulldozer!!!!!
De temps à autres une petite gargote d'ouvriers où nous nous régalons d'un bon thé. En les regardant,tout le côté contradictoire de la situation s'impose à moi et je me sens un peu moins amère par rapport à ce que je vois,je me dis que certes la côte est complètement pourrie,mais en même temps la construction de toutes ces infrastructures offrent du travail à toute une population en quête d'une vie meilleure et sans doute du bonheur à des milliers de touristes désireux d'échapper au stress de la vie quotidienne. Alors pourquoi pas et après tout personne ne m'a obligée à venir en ces lieux!!!!!
Bien évidemment ce n'est même pas la peine d'imaginer loger dans un de ces lieux où les prix s'affichent en $ ou en €,nous trouverons une petite maison abandonnée ouverte aux quatre vents avec vue sur un chantier en construction et oui pour le prix où nous la payons nous ne pouvons pas en plus demander à avoir vue sur la mer!!!Je me couche complè-
ment éreinte avec un léger sentiment de déprime au bord du cœur.


2ème étape:Al Quseir 42kms
L'œil à peine ouvert,nous nous rendons compte qu'aujourd'hui,la chanson ne va pas être la même,Eole a retrouvé son bon sens et nous l'aurons en plein dans le nez!!!!La route est toujours aussi vallonnée,nous avançons péniblement kilomètre par kilomètre,le trafic routier est important, en mettant toute notre énergie dans la bataille,épuisant et pas très rapide. Patrick en véritable chevalier servant se met devant moi afin de me protéger des fureurs d' Eole du mieux qu'il peut de sa carcasse ma foi pas bien épaisse en ce moment mais tout de même bien efficace,cela me soulage grandement!!!!Un vrai prince!!!!Nous mettrons 3 heures pour atteindre Al Quseir en traversant des paysages similaires à la veille,il faut s'accrocher pour ne pas sombrer dans la déprime. Al Quseir,petite ville égyptienne poussiéreuse à l'ambiance tranquille où la vie locale y a encore toute sa place,nous y trouvons une petite chambre proprette au Sea Princess hôtel 50£ pas mal pour ce coin du littoral.
Nous nous tâtons quant à la suite à donner à cette remontée de la côte, si le vent persiste à souffler du nord,nous envisageons de mettre nos vélos à bord d'un bus. Pourquoi nous imposer une telle torture avec en prime des paysages qui ne sont même pas beaux?????Les renseignements pris à la gare routière complètement désertée ne sont pas clairs,y aurait-il absence de bus au vu des événements qui se déroulent à l'heure actuelle au Caire et dans les grandes villes du Nord????Là aussi nous ne savons pas vraiment où en est la situation,personne ne parlant vraiment l'anglais pas de journaux dans la langue de Shakespeare non plus,les images qui passent à la T.V sont toujours les mêmes,nous nageons en pleine inconnue. Pas d'affolement nous verrons demain!!!!!!!
En soirée manifestation anti Mubarak,bon enfant juste devant notre petit hôtel,tout ceci manque un peu de conviction sans doute l'occasion pour les élus locaux de se montrer un peu et de pavoiser.




Al Quseir-Hurghada du 3 au 4.02.2011

1ère étape:114kms

Après un rapide conseil de guerre en compagnie de Patrick nous décidons pour l'heure de poursuivre notre route en vélo,car pas de bus direct pour Zafarana,il faudrait embarquer nos vélos dans un premier bus à destination de Safaga avant de les changer à nouveau de bus,beaucoup trop de manipulations et la crainte que nos vélos soient à nouveau par la même occasion abimés,trop la galère nous n'avons pas envie de revivre ce que nous avons vécu lors de notre arrivée en Égypte.
Lors de notre départ le vent ne souffle pas de manière trop importante,un peu gênant mais c'est jouable,dans ma tête tel un mantra la phrase«tout ce qui est fait n'est plus à faire»résonne au fur et à mesure des kilomètres avalés. La route est fortement vallonnée,les camions de phosphate se rendant au port d'embarquement de Al Hamrawayn à une vingtaine de kms sont nombreux et la propreté du matin est rapidement un lointain souvenir,c'est infernal nous nous en prenons plein la tronche. L'image que nous renvoie les quais où ont lieu les chargements de phosphate semble tout droit sortie de l'enfer,une épaisse fumée grise de tous les diables s'élève jusqu'au firmament,j'imagine que Dieu assis sur son petit nuage ne doit pas être très content de la chose et je n'ose imaginer ce que doivent subir les eaux de la mer rouge en ces lieux,je n'y mettrais pas le petit orteil pour rien au monde!!!!Une fois le port industriel dépassé la circulation devient quasiment inexistante et ce calme retrouvé est des plus apprécié.
Jusqu'à Safaga,la côte n'offrant sans doute aucun intérêt pour les promoteurs immobiliers,plage de roche et pas de barrière de corail,est restée vierge et n'est pas déplaisant à l'œil. Sur notre gauche les somptueuses montagnes déchiquetées couleur fauve du désert oriental,un spectacle dont je ne me lasse pas. Belle surprise tout de même je ne m'attendais pas à des paysages aussi agréables. Plus de check point le long de la route,mais sur le littoral,présence de l'armée et bien souvent un soldat à dos de dromadaire surveille la côte,plutôt rigolo comme vision. Port Safaga,une magnifique baie,dénaturée certes par les grands complexes touristiques,mais bon à chaque pays sa côte d'Azur!!!!Safaga ville portuaire qui doit son existence à l'exportation du phosphate provenant des mines locales,également un grand terminal de ferry pour les pèlerins se rendant à la Mecque,l'Arabie Saoudite se trouvant juste en face. Le petit quartier local me semble fort sympathique avec sa joyeuse animation,vendeurs de fruits et légumes,terrasses de cafés avec ses hommes fumant la chicha,ses ribambelles de mômes(j'ai l'impression que l'Égypte est une usine de production de mômes il y en a partout)qui accourent sur notre passage. Moment agréable à siroter un thé. Après ces 82 bornes je me sens un peu nase mais l'idée est de reprendre la route,de sortir de la ville afin de trouver un bivouac pour la nuit,et je dois dire qu'à ce moment là il me faut tout de même pas mal de courage pour continuer de plus ce n'est plus la même chanson,une circulation infernale,des complexes hôteliers envahissent à nouveau l'espace,des détritus en tous genres jonchent le sol et aucun lieu qui puisse nous servir de bivouac en vue. Nous devrons rouler quelques 30kms avant que ne se présente à nous une maison de brique toute déglinguée remplie de déchets qui abrite une pompe à eau qui n'est plus en état de fonctionnement. En désespoir de cause c'est là que nous élirons domicile pour la nuit et je me sens tellement fatiguée que je m'y réfugie comme si c'était le Hilton,pourvu que je puisse y faire mon lit et dormir pour l'heure c'est tout ce qui m'importe,l'endroit a au moins l'avantage de nous protéger du vent qui souffle fort en cette fin de journée.





2ème étape:Hurghada 32kms
La nuit ne fut pas des meilleure,au matin j'ai le sentiment d'avoir passé la nuit sous un pont du périphérique parisien,réveillée fréquemment par le bruit de la circulation et les moustiques,au matin je ne me sens pas des plus reposée et surtout des plus crade,il en va de même pour Patrick. Dès les premiers coups de pédale nous retrouvons toutes les horreurs que les promoteurs ont engendré sur cette côte,les complexes plus ou moins achevés,certains affichant leur 3,4 voir 5 étoiles entourés de hauts murs,par endroits on pourrait même se croire à Disney Land le tout d'une saleté indescriptible,les détritus sont omniprésents,la route pourrie,vision déprimante qui pourrait presque me donner la nausée. Hurghada ville tentaculaire qui s'étale sur plus de 20kms d'abominations,si je ne devais pas diriger mon bucéphale je fermerais les yeux!!!!Pas vraiment envie d'y rester mais le besoin urgent d'une douche et d'un bon lit nous fait rechercher un endroit pour loger. Nous trouvons tout de même un quartier populaire avec sa vie locale qui n'est pas déplaisant bien que très crade et là oh miracle nous dégotons une chambre, qui selon nos standards habituels est luxueuse,au Hurghada Flowers Hotel c'était inespéré et cela me semble être un véritable cadeau de la providence. Après avoir fait peau neuve,un café internet pour prendre des nouvelles de tous ceux que l'on aime,beaucoup de messages nous attendent et cela me fait chaud au cœur,dans ces moments j'aimerais que la téléportation soit possible afin de faire un câlin à chacun avant de reprendre ma route mais voilà ce n'est que du rêve,et je m'en sens un brin nostalgique,tout choix de vie amène à certaines concessions,que faire???Grand nombre parle de l'inquiétude ressentie par rapport à la situation politique égyptienne et ma foi je ne peux pas en dire grand chose,pour l'heure nous n'en ressentons pas les effets,la population ne semble pas alarmée et on nous laisse vaquer à nos occupations,je m'interroge cependant par rapport à la suite, lorsque nous serons encore plus au nord là où se passe vraiment l'action?????Cela m'embête de savoir que l'on puisse être inquiet à cause de moi!!!!
En soirée petite incursion dans le souk afin de se réapprovisionner pour le départ,faire ses courses en Égypte relève parfois du parcours du combattant,les prix sont quasiment toujours outrageusement gonflés et Hurghada n'échappe pas à la règle,sachant désormais lire les prix en arabe je choisis de préférence une épicerie où les prix sont indiqués mais malgré tout il faut batailler. Lorsque je commence à râler en lui mentionnant le prix affichés en règle général le marchand reste tout d'abord interdit,mais il ne perd pas longtemps sa contenance avant de me dire qu'effectivement c'est bien le montant mais que celui-ci correspond à une boîte plus petite ou alors d'une autre marque et dans ces cas-là il n'y a plus qu'à changer de boutique jusqu'au moment où nous tombons enfin sur un marchand honnête,incroyable l'énergie qu'il faut par moment pour ces petites choses de la vie quotidienne.
Fait extrêmement rare en Égypte,à Hurghada ce sont des femmes qui officient à la terrasse des cafés,et sans vouloir être mauvaise langue,sans aucun doute possible forme de prostitution déguisée,il n'y a qu'à voir les œillades que lancent les hommes à leur passage!!!!Attablés en train de boire un thé nous sommes tout content lorsqu'un Égyptien vient vers nous pour entamer la conversation en mon for intérieur je me dis que finalement il y a tout de même des personnes fort sympathiques dans ce coin,jusqu'au moment où notre homme nous demande de manière très discrète si nous consommons de la drogue,une fois la réponse négative obtenue,il se détourne de nous,pour aller rouler son pétard en compagnie de ses potes,plus aucunement intéressé par les étrangers que nous sommes. Tout cela me semble plutôt édifiant et je n'ai qu'une envie retrouver la chaleur douillette de ma chambre de luxe en compagnie de mon Homme sweet Homme!!!


Hurghada-El Gouna,le 5.02.2011
Etape:32kms
Enfouie dans la chaleur douillette de mon lit,je peux dès le réveil entendre le vent qui s'en donne à cœur joie,faisant trembler les fenêtres,du coup je ne me sens guère l'envie de pédaler en ce jour. Patrick sans doute levé dès l'aube est sorti boire son thé et je rêve qu'à son retour il m'annonce une petite journée de repos étant donné les conditions climatiques,mais là je rêve debout,il s'en revient tout guilleret et sur pied de guerre prêt à prendre la route,j'en suis quelque peu dépitée,mais n'ayant pas envie d'être le boulet que l'on traîne ou celle qui freine,je suis le mouvement et en m'habillant j'ai comme l'impression d'enfiler mon bleu de travail!!!En 6 mois de voyage jamais une seule fois Patrick n'a remis en question un départ pour cause de mauvais temps,de fatigue ou tout simplement de flemme,c'est toujours moi qui prend la décision d'un jour de glandouille et comme je le lui fais remarquer,je ne trouve pas cela humain de ne pas,ne pas avoir envie,vous me suivez????A son tour de rester tout déconfit et interrogateur.
Bientôt à sec d'argent liquide,nous nous rendons dans un des rare bureau de change de la ville,l'homme arrive avec beaucoup de retard pour nous annoncer qu'il ne peut pas changer nos Euros,au vu de la situation politique il n'a pas accès aux taux de change et ne voudrait pas perdre d'argent. Je dois avoir l'air plutôt embêtée et il décide de me faire une fleur en me changeant 50€,merci Monsieur!!!Vu notre standing de vie nous pourrons tenir un certain temps avec cette somme!!!
La banlieue nord d'Hurghada est un peu moins moche et plus huppée que le reste de la ville,cependant beaucoup de projets pour la plupart russes sont inachevés et le resteront malgré leur nom évocateur,oriental dream,white albatros et bien d'autres dont je ne rappelle plus. Le vent nous contre de manière sévère et la bataille est des plus rude,nous n'avançons pas à plus de 8km/h du coup j'ai largement le temps de regarder les paysages,juste dommage qu'ils ne soient pas plus attrayants!!!Au bout de 20kms,je suis nase un peu comme si j'avais franchi le col du Tourmalet, nous décidons d'abdiquer,inutile de se tuer à la tâche. Conseil de guerre afin de trouver la meilleure solution,en face de nous une station essence toute neuve,et ma foi nous nous disons qu'il y vit peut-être une bonne âme prête à nous héberger pour la nuit,nous tentons le coup et là miracle,nous rencontrons Mohamed qui parle parfaitement l'anglais et nous offre bien plus que ce que nous aurions pu espérer,nous ne demandions qu'un petit coin pour pouvoir nous poser et bien lui il nous invite carrément chez-lui en nous disant qu'il aime à aider les gens qui comme nous se baladent en Égypte. Nous le suivons tandis qu'il est au volant de sa voiture,et comme nous avons fait demi tour c'est vent dans les fesses que nous parcourrons à une vitesse effrénée les 11kms durement parcourue ce matin,jusqu'à sa maison,située dans un quartier résidentiel,quasi- ment neuf mais déjà bien décrépit. Mohamed est marié avec une femme russe et a un fils de 6 ans nommé Mario,tous deux vivant à l'heure actuelle en Russie il connaît bien la Suisse,sa belle-mère vivant à St Galles. Mécanicien de bateau il travaille dans le quartier riche d'El Gouna.Il me fait visiter sa maison,un vrai bordel d'homme célibataire,me montre machine à laver,salle-de-bain et chambre à coucher,me dit de nous sentir chez-nous et s'en repart travailler,nous n'en revenons pas ,encore une de ces rencontre incroyable!!!L'occasion aussi de pouvoir toucher quelques mots de la situation politique actuelle qui est des plus opaque pour nous. Mohamed n'est pas vraiment d'accord avec ce qui se passe à l'heure actuelle,en principe des élections présidentielles devaient avoir lieu au mois de septembre,ne comprend pas que le peuple ait déjà attendu 30 ans avant de réagir et qu'il ne pouvait pas attendre quelques mois de plus. Pour lui la situation à Hurghada était idéale,l'argent rentrait et les affaires tournaient bien pour la population. A l'heure actuelle la situation est d'ores et déjà catastrophique,les annulations pleuvent et les touristes s'en vont voir ailleurs. Pour lui ce qui se passe ne pourra rien donner de bon et si le gouvernement de Mubarak tombe,l'Égypte va devoir faire face à une situation similaire à celle de la Russie au moment de la chute du communisme. Il semblerait que la situation serait en train gentiment de s'arranger,demain réouverture des banques qui étaient fermées,il pense que nous ne risquons rien mais qu'il vaudrait mieux prendre notre temps pour remonter vers le nord dans un ou deux jours cela devrait aller mieux!!!!????Il nous invite à rester chez lui le temps qu'il faut,que ce soit par rapport à la situation politique ou celle du vent. Je rêve d'une petite journée de repos demain,une vraie enfin!!!!



El Gouna 6-7-8.02.2011
Ce matin certes le vent souffle mais avant tout aucune envie de sortir envie de profiter un peu de toute la chaleur de l'accueil de Mohamed,d'un petit lieu où j'ai le sentiment d'avoir une vie tout ce qu'il y a de plus ordinaire,profiter de ce confort si généreusement offert,il est vraiment bon parfois de poser ses valoches,même pour un cours instant et cela nous change de nos chambres parfois il faut bien le dire lugubres. A l'heure actuelle je ne changerais ma vie pour rien au monde mais j'apprécie vraiment ce petit intermède. Mohamed pour qui la vie ne semble pas toujours simple apprécie notre présence et est vraiment heureux d'être présent pour nous,incroyable cette générosité gratuite,les mots me manquent pour traduire ce que je ressens......Journée de repos total,même pas envie de sortir pour voir ce qui se passe à l'extérieur,du coup nous sommes sur informés sur la situation en Égypte et sur le reste du monde qui ma foi se porte plutôt mal,et franchement parfois je préfère largement ne rien savoir car que peut-on y faire????
En soirée Mohamed nous disait qu'il pensait avoir une vie complètement folle mais maintenant qu'il nous a rencontrés il sait que nous sommes encore plus fous que lui,il a un peu du mal à comprendre notre mode de vie et s'inquiète pour notre futur est surtout inquiet par rapport à un lieu de vie que nous ne possédons pas,a deux caravanes en Suisse à Romanshorn qu'il se propose de nous prêter lors de notre retour,de mon côté ce que je souhaiterais au plus profond de mon cœur c'est d'avoir un lieu de vie lorsque je reviendrai un jour en Suisse et de pouvoir le recevoir comme il se doit. La discussion se poursuit tard ,nous avions décidé de reprendre la route demain,mais finalement décidons de passer une journée supplémentaire dans ce petit paradis,Mohamed en est ravi.
Réveillés de bonne heure Mohamed nous emmène en ville et tient absolument à nous offrir la nourriture dont nous avons besoin pour faire la route,il ne veut absolument pas que nous payions,nous sommes un peu gêné,mais inutile de nous battre il ne veut pas,il fait même l'achat de viande et de fromage pour le repas de ce soir et là je suis obligée de penser à mes amis Serge et Julie car c'est dans un supermarché Metro que nous faisons nos courses,voilà belle lurette que nous n'avions plus mis les pieds dans un supermarché habitués que nous sommes aux petites épiceries locales. Encore une journée de tranquillité avant de reprendre c'est sûr la route demain!!!!
Je pense à toutes les personnes qui sont inquiètes pour nous en Europe, elles se marreraient si elles nous voyaient à l'heure actuelle,Patrick vautré dans un canapé devant la télévision et moi en train de tapoter sur mon petit clavier,la transmissions de pensées devrait vraiment exister par moments!!!!!!!
Encore une fois le vent souffle à décorner les bœufs et sur l'insistance de Mohamed,nous atermoyons notre départ d'une journée,mais une chose est sûre demain,qu'il pleuve,qu'il vente ou qu'il neige nous partons,nous ne pouvons pas rester là indéfiniment. Nous sortons faire une balade sur la plage et même à pied,nous peinons à avancer,le spectacle de tous ces immeubles abandonnés,des tonnes de détritus sur la plage bordant la mer Rouge parée de si belles couleurs est toujours aussi affligeant et m'attriste au plus profond de moi,comment peux-t-on enlaidir la nature à ce point?????Les informations continues à la T.V finissent de m'achever moralement,dur retour à la réalité et au monde moderne que je prends en pleine poire,tout à coup tout me semble moche,je ne me sens pas à ma place au sein de ce monde empli de bruits et de fureur,je me demande quel est le sens de tout cela et où est ma place???Je comprends que le commun des mortels pris dans la spirale du boulot,dodo,T.V où il est bombardé d'informations n'arrive plus à rêver,ni à bouger même si sa situation ne lui convient pas tant tout cela peut être angoissant,j'ai parfois comme le sentiment que l'on aime à maintenir chez nous l'angoisse afin que nous soyons plus malléables. Mes pensées tournent carrément à la morosité il faut vraiment que je bouge à nouveau,que je retourne dans le monde et dans la vie que nous nous sommes crées avec Patrick,toutes ces rencontres,ces découvertes qui me font dire que tout n'est pas perdu,tout n'est pas mauvais et pourri!!!!!!Je me couche heureuse de savoir que demain,je retrouve mon vélo,la route où les choses se résument à l'essentiel,pédaler,avoir de quoi manger et trouver un lieu où dormir,tout le reste étant du bonus.





Monastère St Paul,le 9.02.2011
Etape:une partie en bus 30kms
Le vent est toujours aussi présent,et je pense que si nous devions attendre qu'il tombe,l'année prochaine nous serions toujours là!!!!!Nous mettrons plus d'une heure pour effectuer les 10kms qui nous permettent de rejoindre Mohamed afin de lui faire un dernier coucou,nous pédalons dans la semoule,ma natte est à l'horizontal dans mon dos,c'est juste pas possible,nous prenons la décision qui s'impose,charger nos bucéphales sur un minibus,qui ironiquement se nomme Miracle travel,nous n'allons pas passer le reste de notre vie le long de cette affreuse côte. Je suis toujours un peu déçue de ne pouvoir effectuer la route par mes propres moyens,mais là j'avoue que ce sentiment de déception est largement atténué par les chapelets d'horreurs qui défilent sous mes yeux à toute allure,je me console en me disant qu'au moins je n'ai pas besoin de les voir au ralenti.

Le bus nous déposera à un croisement de la route,nous nous offrons un petit crochet hors de la «civilisation»avec la visite du monastère de St Paul niché au cœur des escarpements rocheux du désert oriental(arabique)que je retrouve avec grand bonheur,instant de répit pour mon âme en grande ébullition. Dès la nationale quittée,tout n'est plus que calme et silence minérale comme si le monde avait été effacé d'un coup de baguette magique.12kms nous séparent du monastère et même si nous savons qu'à l'heure où nous allons arriver nous trouverons porte close,nous décidons tout de même de nous y rendre et qui sait peut-être trouverons-nous de quoi nous loger dans le coin????Vent dans les fesses la distance est vite parcourue même si nous avons l'impression que quelque chose freine nos vélos et que nous peinons à avancer. Lorsque nous arrivons effectivement le monastère n'est pas visitable à cette heure,mais nous pouvons entrés dans son enceinte,où nous faisons la connaissance de Saper,un jeune homme vivant à El Gouna,venu se ressourcer là pour quelques jours,il nous informe de la possibilité de loger sur place il faut juste attendre le feu vert des moines qui pour l'heure sont inatteignables. Nous patientons longuement en buvant thés,cafés fort gentiment offerts tout en devisant sur le monde,qui semble se trouver à des années lumière de ces lieux. Les températures sont plus que fraîches lorsque le soir tombe,nous commençons gentiment à grelotter et nous nous sentons bien soulagés lorsque l'on nous donne la clé d'une chambre que nous pouvons occuper pour la nuit,encore une fois nous n'en n'attendions pas tant. Saper et le portier nous invitent à partager leur repas de haricots rouges et de pain,une fois de plus,que de gentillesse. La chambre est spartiate,aux murs des photos de Marie et Jésus,au moins nous serons bien gardés,par contre sur ces mêmes murs un nombre ahurissant de cadavres de moustiques que nous augmentons en en tuant une quantité industrielle,cela laisse présager une nuit plutôt mouvementée et elle le sera,ces affreuses bestioles n'ayant de cesse de nous harceler toute la nuit.










Zafarana,le10.02.2011
Etape:49kms
Le réveil nous trouve un peu glauques et rapidement le sentiment que la journée sera sans doute un peu pourrie en découvrant un rayon cassée sur la roue arrière du vélo de Patrick,un de ces jour où j'aimerais gardé l'œil fermé sous la couette .Il ne sert cependant à rien de s'énerver et c'est de manière très philosophique que nous sortons notre maigre caisse à outils afin d'essayer de réparer. Bien évidemment le rayon cassé se trouve derrière les pignons de la roue et sans le matériel adéquat impossible à réparer,Patrick arrive cependant à enlever le rayon défectueux et décide de rallier la ville de Suez ainsi en priant le Seigneur que la roue ne s'endommage pas en cours de route de toutes manières nous n'avons pas le choix. Mais avant cela la visite du monastère de St Paul tout de même c'est pour cela que nous sommes venus en ces lieux. Ce monastère date du IVème siècle,époque à laquelle plusieurs ermitages furent regroupés dans les escarpements du Djebel al-Galala al-Qibliya,autour du site où Saint Paul avait établi le sien. Né dans une riche famille d'Alexandrie au milieu du IIIème siècle,Paul s'était réfugié dans le désert oriental arabique pour échapper aux persécutions romaines. Il vécut seul dans une grotte pendant plus de 90 ans,buvant l'eau d'une source et se nourrissant des fruits d'un palmier. Pour la petite histoire!!! Nous y sommes reçus chaleureusement par un moine affable et des plus sympathique,qui tout d'abord nous propose de prendre le petit déjeuner,que nous refusons il ne faut tout de même pas exagérer. Nous passons tout d'abord un moment en sa compagnie à parler de notre voyage et du monde en général avant qu'il ne nous fasse visiter les lieux. L'église St Paul construite dans et autour de la grotte où Paul vécut,constitue le coeur de l'ensemble monastique. Elle abrite une profusion d'autels,de cierges,d'oeufs d'autruche(symbole de la résurrection) et de peintures murales représentant des saints et des scènes bibliques de toute beauté. En surplomb une forteresse qui servait de refuge aux moines lors des attaques bédouines apparemment des plus fréquentes. Mais au fil du temps la nature au coeur de ces montagnes s'est asséchée,les bédouins vivant de l'élevage de troupeaux ne trouvèrent plus de quoi nourrir leur bétail ont petit à petit migrer vers la vallée du Nil. Je passerai plus d'une heure fort agréable en compagnie de ce moine avant que nous ne prenions congé et reprenions la route de la côte. Hier en nous rendant au monastère avec Patrick nous avions le sentiment que nos vélos avaient un problème et qu'ils freinaient tout seul en repartant nous comprenons mieux le pourquoi du comment,en fait les 12 kms de route ne sont qu'un long faux plat,nous n'avons pas besoin de donner un seul coup de pédale pour nous retrouver sur la nationale,incroyable hier j'avais pourtant la sensation que la route descendait!!!!
Retour sur la nationale la chose est nettement moins drôle,nous retrouvons le bruit,la circulation(principalement des camions)et les horreurs que la côtes dispense depuis un certain nombre de kilomètres déjà,il n'y a plus qu'à mettre la tête dans le guidon et s'accrocher.
Zafarana,je m'attendais à une ville et en fait ce n'est qu'un carrefour,plutôt moche,des relais pour routiers, un guest house qui vaut la peau des fesses,encore une fois plutôt déprimant comme vision. Sur le bord de la route 2 chauffeurs routiers se cuisinent un petit thé et tout naturellement nous offre de le partager en leur compagnie,petite rencontre qui me fait chaud au coeur et j'en ai bien besoin. Le ciel est gris et menaçant d'un seul coup d'un seul le vent tombe pour faire place à la pluie,il ne manquait plus qu'elle,voilà bien longtemps que nous ne l'avions plus vue et je m'en passais aisément!!!!!! Pas envie de continuer la route dans ces conditions,nous nous renseignons alentours afin de voir si nous pouvons trouver de quoi nous loger chez l'habitant,faisons le tour des relais routiers,impossible,petite halte dans un café où nous sommes rejoints par le bonhomme de la station essence se soucie fort gentiment de notre sort et part en quête pour nous. Des habitants seraient bien d'accord de nous loger contre rémunération et alors que l'affaire allait se conclure voilà que la police n'est pas d'accord,veut que nous logions dans la guest house onéreuse,il n'en n'est pas question. Il ne nous reste plus qu'à reprendre la route,mais le temps presse la nuit commence à tomber et le ciel est des plus noir.
Au bout de 5 kms sur le côté de la route une maison qui semble abandonnée,nous tentons notre chance. Fermée à clé nous pensons dormir sous le porche,qui nous protège du vent mais ne nous offre aucun abri contre la pluie. Nous y bénéficions d'une vue magnifique sur le golfe de Suez,l'eau m'apaise et le ballet des tankers qui s'en vont rejoindre la ville de Suez est impressionnant. Notre frugale repas avalé,nous songeons à installer nos couches pour la nuit,mais voilà qu'il se remet à pleuvoir,plusieurs fenêtres de la maison sont cassées Patrick entrera pas l'une d'elle et comme par miracle il peut ouvrir la porte d'entrée par l'intérieur,nous y entrons toute notre barda à,au vue des conditions météorologiques nous ne pouvons pas passer la nuit dehors. Lumière éteinte et sans faire de bruit nous nous installons pour la nuit en priant le ciel que personne n'est la mauvaise idée de venir nous y importuner. Finalement je trouve que cette journée plutôt merdeuse sur toute sa longueur se termine pas trop mal,je me dis qu'il ne sert à rien de s'inquiéter et je me couche en me disant advienne que pourra et dormirai du sommeil du juste,tandis que Patrick un peu plus inquiet passera une nuit en demi teinte.



















Suez,Port Taoufiq,le 11-12.02.2011

Etape:51kms une partie en bus
Le matin bien heureux de n'avoir été dérangés par âme qui vive nous ne demandons pas notre reste,nous empressons de refaire nos bagages et de reprendre la route,décidément notre bonne étoile veille sur nous,je la remercie du fond du coeur!!!!
Pas de surprise du côté des paysages toujours aussi moches,complexes hôteliers aussi bien achevés qu'inachevés,la côte n'offrant pas de récifs coralliens dans le coin,ceux-ci s'adressent plus à une clientèle Égyptienne,les fonds provenant pour la plupart des pays arabes;pour parachever la beauté des lieux,complexes pétrochimiques,cimenteries,usines de manganèse et autres,j'ai hâte d'en terminer avec toutes ces horreurs,j'en ai ras la hotte,celles-ci ont définitivement un effet dépressiogène sur ma personne. Nous nous arrêtons dans une petite gargote au milieu des poubelles pour nous désaltérer d'un thé,certes pas le cadre idéal,mais les mômes qui s'occupent de la place nous accueillent à bras ouverts et nous offrent le thé,voilà qui me met un peu de baume au coeur!!!Le vent se lève à nouveau avec force et nous n'avons pas du tout envie de nous batailler avec lui,nous nous postons sur le côté de la route afin d'y faire du stop. Nous n'attendrons pas longtemps avant qu'un pick up ne s'arrête,nos vélos y sont chargés en deux coup de cuillère à pot et nous voilà partis à fond les manettes en compagnie de 2 adorables Égyptiens qui s'en vont sur Le Caire mais nous laisserons à l'embranchement de la route de Suez. Là nous essayons bien de pédaler un peu mais nous n'avançons pas et cette fois-ci c'est à bord d'un minibus que nous ferons le reste de la route jusqu'à Suez. Enfin arrivés en ville c'est toute une épopée qui commence pour nous.
Nous sommes vendredi,jour férié pour les Égyptiens,la ville semble calme, pas grand monde à première vue dans les rues,mais des chars de l'armée sont postés à tous les croisements,la population semble vaquer normalement à ses occupations. L'agglomération se partage entre la ville de Suez proprement dite et Port Taoufiq,à l'embouchure du canal,c'est dans cette partie de la ville que se trouvent tous les hôtels et de ce fait là que nous nous rendons. Nous avançons tranquillement lorsque nous sommes stoppés par l'armée,passeport,destination et à l'évocation de Port Taoufiq,on nous répond que c'est impossible,nous ne pouvons pas passer pour cause de sécurité. Nous leur faisons comprendre que nous cherchons un endroit où dormir et effectivement on nous confirme que pour se faire nous sommes obligés de nous rendre à Port Taoufiq,on nous demande de patienter un moment,deux soldats nous accompagnent pour boire un thé,conciliabule,téléphone,apparemment la voie est libre nous pouvons passer. Après quelques 200 mètres,nous sommes stoppés à nouveau,repasseport destination c'est le même scénario qui recommence,on nous demande d'attendre,pour se rendre à Port Taoufiq,nous devons emprunter l'artère principale et apparemment en ce moment il y aurait des manifestations,ce qui ne tarde pas à se confirmer lorsque nous voyons tous les chars qui se mettent en branle,vision quelque peu cauchemardesque qui me fait me demander ce que je fous ici,la réponse est simple pas d'autres choix, ne serait-ce que pour quitter le pays. Les soldats partis remplir leur devoir en nous demandant de ne pas bouger et de les attendre,nous sommes laissés seuls et rapidement un attroupement se fait autour de nous et les questions fusent,tous semblent médusés de nous voir là avec nos vélos,pas d'animosité,beaucoup nous souhaitent la bienvenue. Les soldats interviennent rapidement pour disperser la foule qui commencent à se faire dense autour de nous. Ils nous accompagnent à l'écart dans un lieu plus calme et nouveau conseil de guerre,cette fois-ci, nous avons droit à une voiture d'escorte,qui nous emmènera après plusieurs arrêts,temps d'attente directement au QG des grosses huiles étoilées de l'armée. Le chef comme dans les films trône derrière son bureau de chêne entouré d'au moins 7 de ses sbires,tous semblent ahuris de nous voir là,mais finalement peut-être pas autant que moi de me trouver dans cette situation. Nos passeports sont auscultés à la loupe,regardés sous toutes les coutures et les questions pleuvent. Sommes-nous au courant de la situation politique actuelle,où sommes-nous allés depuis que nous sommes en Égypte,et bien d'autres questions encore,je sens comme une atmosphère de suspicion et ai malgré moi toujours quelques craintes par rapport aux réponses de Patrick qui comme tout le monde le sait parle un anglais quelque peu primaire,d'ailleurs pour lui tout roule et pas d'inquiétudes à avoir. On nous offre un thé de l'eau,quelques questions anodines posées entre des questions plus sérieuses,tout cela effectué de manière très courtoise. Je reçois confirmation de mon ressenti lorsque l'on nous demande si nous avons un appareil photo,suite à notre réponse affirmative les officiers veulent voir les clichés que nous avons effectués dernièrement. Au bout d'un temps qui me semble ne jamais devoir finir,il semblerait que nous ayons montré patte blanche car maintenant se pose la question du lieu où nous voulons nous rendre et de comment faire pour y aller. Nous donnons le nom du guest que nous avons repéré dans notre guide,apparemment le haut gradé appelle les lieux et cela ne semble plus poser de problème pour que nous nous y rendions,un des officier cependant ne semble pas d'accord,et cela discutaille ferme. Finalement,nous serons accompagnés par une voiture d'escorte avec à son bord deux officiers et une mitraillette,j'avoue que je ne me sens pas très rassurée. Nous passons sans aucune difficulté les barrages les uns après les autres,les officiers nous accompagnent jusque dans le guest,à l'accueil un homme pas des plus sympathique,je ne comprends que quelques mots d'arabe mais ce dernier ne semble pas d'accord pour nous accueillir,je sens bien que les officiers insistent et finalement l'affaire est dans le sac,les officiers nous abandonnent à notre sort en nous disant de nous sentir chez-nous en Égypte et s'excusent de la situation actuelle. Je suis tout de même médusée de l'accueil reçu par l'armée,je ne veux pas entrer dans aucune considération politique,mais que tout le monde se soit dépatouillé ainsi pour nous sans qu'à aucun moment on nous oblige à résider dans l'endroit de leur choix ou que l'on ne nous fasse comprendre que l'on n'avait rien à faire ici,je me dis tout de même chapeau,car en ce moment ils ont certainement des préoccupations bien plus importantes que celles de tenir compagnie à 2 touristes en vélo sans aucun doute possible égarés en ces lieux,à moins qu'ils ne soient complètement fous!!!!
Une fois posée dans ma chambre d'hôtel qui se nomme Arafat,toute la tension accumulée sans que je ne m'en rende compte tombe et je me sens complètement vidée et épuisée,je me sens envahie par une immmmmmmmense fatigue,j'aurais envie de me coucher et de ne plus bouger pendant 48h,mais mon estomac crie famine. Dehors le calme règne et aucune contre indication pour que nous sortions. Une gargote servant poulet et salade fera notre bonheur et tandis que nous nous régalons de ce festin de roi,nous pouvons voir des images de liesse à la T.V,des gens qui dansent,des feux d'artifice,les drapeaux égyptiens qui flottent au vent,visiblement il se passe quelque chose et nous ne tardons pas à entendre les klaxons,dans la rue la population clame sa joie,le président Hosnie Mubarak a annoncé sa démission et s'en est allé,c'est une nouvelle ère qui commence pour le pays!!!Joie et bonheur règnent également dans le petit café où nous nous rendons pour le petit thé du soir. Nous y sommes plus que chaleureusement accueillis par une population constituée de pauvres et de laisser pour compte usés par la vie,heureux de nous savoir dans leur pays en cette période trouble. Hassan offrira une bague à Patrick afin qu'il ne l'oublie pas,on nous offre thé,cigarettes et il nous est difficile de quitter les lieux,tant toutes ces personnes ont envie que nous restions,moment des plus fort qui me réconforte après cette rude journée des plus chargée émotionnellement.
Je me réveille complètement groggy comme si j'avais fait la java toute la nuit,et il me sera impossible tout au long de la journée de sortir de cet état,moralement un peu touchée par cette longue remontée de la côte,les événements de la veille,je cherche un sens à la vie et me pose une multitude de questions sur la façon qu'a le monde de tourner,Patrick m'écoute patiemment et il ne me sert à rien de lutter il faut juste attendre que cela passe,les e-mails reçus,les inquiétudes de mes proches ne font qu'accentuer cet état de fait,mais en ce moment je me sens bien incapable de rassurer qui que ce soit et n'ai pas encore envie de mener un autre type de vie,et je me dis qu'en voyage il en va de même que dans tout autre style de vie,il y a des moments de vague à l'âme,des moments d'hésitation et de remise en question,si tout était lisse cela se saurait!!! Il faut que nous nous réorganisions avant de reprendre la route,le plus important étant de pouvoir réparer le vélo de Patrick et trouver une banque afin d'y changer de l'argent(fermée en ce jour) et une fois de plus je suis ahurie de voir à quel point les choses parfois peuvent se faire comme par miracle ou intervention de la divine providence. Rencontre avec un Égyptien fort sympathique et parlant très bien l'anglais,il connaît justement le magasin où Patrick peut y faire réparer son yackounet et l'y emmène sans tarder. Patrick reviendra quelques heures plus tard rayonnant son vélo est à nouveau en état de marche et de plus a trouvé un endroit où changer de l'argent,complètement inespéré,nous poussons tous deux un grand ouf de soulagement,demain nous pouvons reprendre la route et je me sens toute joyeuse à l'idée de quitter la côte de la mer Rouge. En ce jour Suez semble avoir retrouvé tout son calme,les chars sont toujours postés aux carrefours mais vides de soldats,seule le bonheur de la population soulagée dans sa grande majorité d'être débarrassée de leur président atteste des derniers événements,et c'est désormais les avoirs de ce derniers qui bien évidemment se trouve dans nos banques suisses qui occupe toutes les conversations. A l'heure actuelle c'est l'armée qui occupe le pouvoir et à mon avis une fois l'euphorie de cette victoire passée cela va être un dur retour à la réalité,mais je ne serai plus en Égypte pour le vivre!!!!!

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