Erfoud,le 27.11.2010
Etape:60kms
Le vent semble s'être un peu calmé durant la nuit,ou du moins j'ai tellement bien dormi que je ne m'en suis pas aperçue.Au réveil,je questionne le ciel,bleu parsemé de quelques nuages,un peu de vent mas pas de manière excessive.Avec la tempête de la veille il me plaît d'imaginer que les dunes ont fait peau neuve,Eole qui dans ces régions se nomme aussi Chergi,Sahel a de son souffle divin effacé toute trace humaine redessinant à son gré les courbes et dessins de ces beaux monticules.Il me plairait de m'y balader en ce jour, les paysages doivent être à nouveau vierge,traces de pas,de pneus ayant disparu.Le désert est un peu à l'image de la vie,toute empreinte n'y est qu'éphémère s'effaçant pour laisser la place à de nouvelles éternels cycles et recommencements perdurant jusqu'à la fin des temps.IL en va de même pour notre courte existence terrestre,notre réelle empreinte y meurt vraiment lorsque plus personne n'est là pour se souvenir de nous!!!!!Et nous ne sommes pas à l'image des fossiles appelés trilobites qui peuplent la région depuis Tazarine jusqu'en ces lieux.On y aurait même trouvé des traces de dinausores,témoins d'une autre époque et preuve qu'un autre genre de vie existait,d'ailleurs à mon grand étonnment j'ai même vu des fossile d'oursins, y avait-il une mer avant en ces lieux????Au vue de ce qui se passe sur la terre en ce moment je me dis que dans un siècle ou deux la vie sur terre sera complètement chamboulée,et si nous avions l'occasion de pouvoir y revenir peut-être et même certainement ne reconnaîtrions plus rien du tout.Me sentant vraiment heureuse et comme un coq en pâte à l'auberge du Petit Prince, je me sens un peu triste à l'idée de quitter les lieux en mettant ainsi fin à ces 2 jours de repos des appréciables,un dernier coup d'oeil sur les dunes,dernière petite conversation avec Hassan qui est vraiment un homme des plus sympathique avant de remonter en selle.Me retrouver sur mon vélo me procure une sensation étrange comme si je n'en n'avais pas fait depuis des mois,la chose me semble toute nouvelle en ce jour et je me poserais presque la question de savoir de quel côté de la route je dois rouler,incroyable mais vrai!!!!Nous retournons sur nos pas en direction de Rissani,et la vision est complètement différente,devant moi grande plaine désertique avec les dunes s'estompant petit à petit sur ma droite, laissant place à un paysage plat et complètement désolé,qui devient d'une austérité quasiment lugubre lorsqu'au bout de 8 kms le ciel s'obscurcit subitement,le vent se lève avec force soulevant sable et poussière ne laissant qu'une image brouillée de tout ce qui se trouve autour de moi.Pédaler,respirer,avancer tout devient difficile la route comme à l'aller n'est qu'un long faux plat où il faut pédaler au cours des légères descentes et où les montées prennent des allures de Mt Everest,tout cela n'est pas franchement agrèable mais pas d'autre choix que de faire avec.Il me tarde d'arriver au moins à Rissani où Patrick agite l'idée d'un bon café et d'une bonne omelette,il faut parfois de telles perspectives pour avancer plus aisément,tendre vers un but pour mieux avancer.Je retrouve avec joie la petite ville de Rissani quelque peu animée en ce samedi matin,et encore avec plus de bonheur un délicieux noos noos et une omelette,avant de reprendre la route vers Erfoud qui se trouve à un peu plus de 20kms.Une bonne surprise m'attend cependant une fois le virage pris sur la route d'Erfoud,le vent souffle toujours mais nous l'avons plus dans le dos et surtout nous traversons une belle et grande palmeraie,entourée de magnifiques murs de pisé qui nous protège de la colère zéphyrienne.L'endroit est beau et je suis étonnée de voir les palmiers gris de poussière qui se prélassent et se balancent au gré du vent les pieds dans l'eau.Nous filons à belle allure oublié la dureté des 40 premiers kms,je pourrais rouler encore longtemps dans ces conditions.Soudainement les paysages changent les palmiers disparaissent pour laisser place à une grande plaine désertique aux sols blancs qui me font penser à un désert de sel.A rouler ainsi j'aurais pu imaginer que le vent s'était endormi,mais arrivée en vue d'Erfoud je vois l'embranchement de la route que nous prendrons au cours de notre prochaine étape et mes illusions tombent en voyant les drapeaux flotter follement au vent, je n'ai pas envie de m'attarder sur ce fait,demain est un autre jour!!!!Erfoud ville de 24'000 habitants capitale de la datte, à première vue,ville moderne et sans charme une grande avenue qui bien évidemment porte le nom d'un quelconque Mohamed,la première impression est confirmée et d'ores et déjà je sais que les seules choses que j'aurai envie d'y faire seront trouver un lieu pour la nuit et manger.Ici le logement semble cher,après plusieurs essais infructueux Patrick arrive à trouver une chambre basique,vue simplement à travers la fenêtre le serveur n'ayant pour l'heure pas les clés,le prix de 80DH n'est pas négociable et Patrick se débrouille tout de même pour négocier un café gratuit en plus de la chambre.L'attente est longue,plus d'1heure les clés ne viennent toujours pas,il ne fait pas très chaud,j'ai le sentiment que l'hiver ou quelque chose qui y ressemble m'est tombé dessus d'un coup,et lorsque nous commençons à bouger pour monter nos bagages,le bonhomme vient à nous nous annonçant que l'hôtel est complèt,j'en reste sur le cul et n'ai plus qu'à réequiper mon vélo et aller voir ailleurs.Le bonhomme réussira tout de même à nous courir après afin que nous payions le café,dit plus poliment nous lui faisons comprendre qu'il peut aller se brosser,il n'insiste pas. Nous finissons par atterrir à l'hôtel des gazelles,l'accueil y est sympa,le proprio nous explique que c'est le premier hôtel d'Erfoud, et nous n'avons aucune peine à le croire à en juger par l'état désuet des lieux.La chambre est basique,relativement propre et pour 50DH ce sera un choix correct pour la nuit.Par contre l'état des douches et la chaleur ambiante ne nous incite aucunement à nous laver,et oui des vrais yacks!!!!!
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