Australie
Australie
du Sud
Agnes
Creek,le 22.11.2012
Etape:75 kms
A
minuit nous déménageons,les fourmis se sont invitées dans notre
plumard,définitivement emmerdant et irritant le microcosme
australien. Nuit ventée,fraîche,finalement acceptable.
Au réveil,ciel
couvert et vent soutenu,ce sera de travers au menu du jour.
Changement d'état,Australie du Sud,nous avançons nos montres d'une
heure,désormais,8 h 30 de décalage horaire avec l'Europe. Une étape
qui ne consistera presque qu'en une seule ligne droite,paysages
rugueux,nature aride,vaste plaine herbeuse et caillouteuse,un maquis
tantôt dense,épineux et petits arbrisseaux,tantôt
clairsemé,eucalyptus,chênes du désert,mamelons rocheux colorés
comme un air de désolation,j'aime bien.
Chemin
faisant plusieurs aires de repos,il faut se faire à l'idée,fini le
luxe des bonnes douches,les tankers d'eau ont disparu. Agnes
Creek,aire de repos minimaliste et négligée,une table,des
bancs,quelques beaux eucalyptus,la rendent un peu moins moche et
tristounette. Des tonnes de mouches qui nous pourrissent la vie,oh
secours Florian. Patrick en mal d'occupation,nous prépare un
feu,cela tombe bien,il ne fait pas moins de 40°C à l'ombre!!!!
Entre mouches et chaleur les yacks sont au bord de la crise de nerfs.
Au final,le petit feu de Patrick,un vrai bonheur,il égaye nos
têtes,distille dans l'air une délicieuse odeur d'eucalyptus tout en
éloignant les mouches.
Quelques
gouttes de pluie au moment du repas,mais ne nous affolons pas,même
pas de quoi mouiller nos couches déjà prêtes depuis longtemps.
Nous nous couchons sous un ciel noir des plus menaçant,il fait
chaud,très chaud,trop chaud et pas un brin de zèphe,mais la nuit
nous appartient !!!!!!!
Marla,le
23.11.2012
Etape :
88 kms
Contre toute
attente,nuit fraîche et merveilleuse. Les nuages ont à nouveau pris
le relais des étoiles qui avaient fait leurs apparition au cours de
la nuit. Dès le réveil,vrombissement des nuées de mouches qui déjà
ont envahi notre espace,rien de mieux que de pédaler pour leur
échapper,merci les mouches !!!!!
Route neuve au
revêtement déjà tout craquelé,troué,bosselé,vent de travers,pas
vraiment gênant,nous avançons gaillardement de lignes droites en
lignes droites. La circulation est des plus éparse. Un homme
s'arrête à mes côtés,me demandant si nous avons besoin d'eau,ce
n'est jamais de refus,en plus du précieux liquide,il nous offrira un
paquet de pâtes,boîtes de thon et de saumon,je rêve,ce n'est pas
encore Noël pourtant,parfois je me dis que nos bucéphales donnent
l'opportunité aux gens d'être bons envers nous !!!!!??????
Des
paysages qui ont grandement changé,vaste plateau aride et
désertique,sol caillouteux rouge où ne poussent que spinifex et
buissons d'épineux,de temps à autres quelques barres rocheuses
colorées,se dressent tels des autels,seuls amers au sein de cet
environnement plat. Quelques dingos s'enfuient sur notre passage.
Belle étape,rondement menée !!!!!
Marla,road
house,station essence,supermarché,poste,un concentré de
patelin,sans doute pour les nombreuses communautés aborigènes
vivant dans les environs. Une fois de plus,la seule eau potable est
en vente et vaut de l'or. Récolte d'eau sur le parking,qui nous vaut
quelques magnifiques rencontres,Bob,Kathie avec qui je partage un
grand moment de complicité et qui me laissera 4 cigarettes sur la
table lors de son départ,un chercheur d'opale(nous commençons à
toucher à la région des mines d'opale),qui nous en offrira quelques
débris qui ne valent rien,mais sont fort jolis,après-midi,public
relation,dans le parc,les gens vont et viennent,profitent de
l'occasion pour un brin de causette. Nous faisons la connaissance de
Pierre,Parisien,voyageant en solo à bord de sa petite voiture,ne se
sent pas très bien suite à quelques mauvaises rencontres sur la
route de Uluru,passons l'après-midi et la soirée en sa compagnie
avant de l'entraîner avec nous vers le lieu de notre bivouac,petit
coin de bush en retrait de la road house.
Pas de fourmis à
l'horizon,nous nous installons. Début de nuit difficile,trop
chaud,pas de vent et ces fourbasses de fourmis qui sortent une fois
la nuit tombée,nous obligeant à déménager à deux reprises.
Cadney,le
24.11.2012
Etape :
83 kms
Très bonne fin de
nuit,une fois la fraîcheur installée. Le monde appartient à ceux
qui se lèvent tôt,et bien ce matin,lorsque Patrick me réveille
avec mon café,je ne peux m'empêcher de penser que le monde
m'appartient un peu trop en ce moment. Pierre dort toujours lorsque
nous larguons les amarres,sous un ciel bleu azur,promesses de grosses
chaleurs.
Petite brise de
travers,circulation des plus erratique,tranquilles et seuls au monde.
Maquis à l'odeur de miel,quelques banksias en fleur,bouillie de
kangourous,épaves de voitures dévastées et calcinées,les paysages
sont de plus en plus désertiques,vastes plateaux rocailleux,herbes
rases et sèches,petits épineux,de temps à autres un arbre qui
survit par je ne sais quel miracle,le plateau du Larzac en couleur.
Un couple de Canadiens nous offre 2 bières fraîches en plus de
remplir nos bouteilles d'eau,tentant,mais nous n'allons tout de même
pas commencer à picoler dès 9 h du matin !!!!! Pierre nous
rejoint un peu plus tard,un brin de conversation avant que nous ne
nous séparions.
Pas un coin
d'ombre pour se protéger,un mercure qui dès 10 h du matin,flirte
avec les 40°C pour atteindre les 46°C au cours de la journée.
Paysages reposant pour la tête,je philosophe sur ma selle et parle
avec mon bucéphale,l'heure est grave.
Cadney road
house,station essence,camping. Fatigue,chaleur,crasse ont raison de
nous,nous cédons à l'attrait d'une bonne douche. Camping
minimaliste,lui aussi,accueil sympa,15$ la nuit,qu'il est bon de se
sentir propre !!!!!!
En soirée,rencontre
avec un jeune Australien qui nous fait un brin de causette en
grillant ses saucisse. Il se montre fort étonné et tout content que
je puisse parler l"Australien",lorsque je lui dis que je suis
Suissesse,un grand point d'interrogation s'inscrit sur son
visage,Patrick de Paris et bien,mais c'est où Paris et la France. Je
lui raconte un peu nos pays,très étonné d'apprendre que la Suisse
et bien non ce n'est pas la Suède et que notre monnaie est
différente du dollar australien,il n'a jamais vu de neige de sa vie.
De son côté,il travaille à l'entretient de la ligne de chemin de
fer,reliant, Darwin à Adélaïde,il nous parle de la vie en
Australie,tout fier de son pays et de son histoire. Jeune homme très
touchant qui ouvre de grands yeux ronds lorsque nous lui contons
quelques bribes de notre périple. Rencontre qui me laisse aussi
stupéfaite qu'émerveillée,qu'au 21 ème siècle,ère de
l'hypercommunication,on puisse en savoir aussi peu sur le monde,cela
tient du miracle. Notre jeune homme qui est loin d'être idiot,n'est
sans aucun doute pas des plus malheureux !!!!!
Ce soir c'est la
fête,riz accompagné d'un thon au citron et des deux bières
fraîches,cadeau de ce matin. Il faut attendre longtemps avant que la
chaleur ne tombe,seuls occupants du camping,nous installons nos lits
au milieu de la pelouse,pas de fourmis à l'horizon.
Pootnura,le
25.11.2012
Etape :
80 kms
Ça papote tard
au pub du road house,mais que peut-on bien faire à part picoler en
vivant dans un tel trou ??? Une nuit qui commence bien mais ne
tiendra pas ses promesses. Réveillés en milieu de nuit par un vent
tempétueux d'une violence incroyable,le ciel est étoilé,la pluie
ne l'accompagnera pas. A nouveau réveillés,cette fois-ci par un
aborigène qui se tient à proximité et nous parle,pas du tout envie
de savoir ce qu'il veut,Patrick l'envoie sur les roses,il sait bien
faire!!!!! Il fait partie d'un groupe tout droit sorti du panier à
salade des poulets en fin d'après-midi,pas facile de se rendormir
après cela.
Chaque jour
amène son lot de fatigue supplémentaire et le réveil est de plus
en plus difficile,heureusement,mon poussin tout fatigué qu'il soit,veille toujours aussi attentionné sur moi. Ciel d'azur,les mêmes
températures que la veille sont annoncées,courage,abnégation,nous
avons hâte que cette tranchette s'achève.
En ce jour tout ne
sera qu'aridité et chaleur. Vêtu d'herbes rases,recouvert
d'arbrisseaux,d'épineux,lits de rivière asséchés bordés de
quelques arbres,à perte de vue et à l'infini tout n'est que
désert,vaste plateau balayé en ce jour par des vents extrêmement
violents,qui pour nous souffle 3/4 arrière,propulsion éolienne,nous
avançons comme des fusées. Seules les lignes blanches distinguent
la route,fabriquée du même matériau que le désert,de son
environnement. La nature dans toute sa rudesse inhospitalière. A
naviguer au sein de toute cette austérité,je me transforme sur la
selle de mon bucéphale en un grand point d'interrogation,où
vais-je,où cours-je,dans quel état j'erre,la larme à l'oeil
lorsque je pense à Noël qui bientôt se pointe et aux miens qui me
manquent,POURQUOI ???? Comment ne pas se sentir seule parfois au
milieu de toute cette désolation ??? Rien de bien nouveau
sous le soleil en fait !!!!!!!!
Pootnura,aire de repos aussi
triste et cradingue que ses consœurs,y trône une épave de voiture
calcinée,un tanker d'eau non potable,des tables et des bancs.
Après-midi à lutter contre un vent violent qui emporte tout et nous
prend la tête,les mouches qui débarquent lorsque le vent se
relâche,pas vraiment idéal pour se relaxer et pour parachever ce
tableau déjà paradisiaque,l'orage qui gronde au loin,nous sommes
cernés de toutes parts,cumulus,cirrus et autres us,c'est la
traversée du désert,la vraie dans tous les sens du terme. La
fatigue s'imprime dans nos cellules,les nerfs sont mis à rude
épreuve. C'est avec soulagement que nous regardons le soleil
décliner,signe que les mouches bientôt vont se coucher et peut-être
l'installation d'un peu de fraîcheur.
Tandis que nous
sommes en train de manger,un couple d'Allemands,débarque à bord de
son 4X4. Passage de frontière oblige,ne voulant pas les jeter,ils
ont cuisiné tous leurs légumes,ils nous en remplissent une pleine
gamelle avant de repartir,MERCI !!! notre repas prend des
allures de fête. Douche au tanker d'eau,nous nous glissons dans nos
couches surchauffées sous un ciel des plus incertain.
Coober
Pedy,du 26 au 28.11.2012
Etape :
82 kms
En ce moment
l'Histoire a un peu trop tendance à se répéter et à se
ressembler. 3 h du matin,tempête et gouttes de pluie,branle bas de
combat,attente,avant que nous ne nous recouchions,je me
rendors,Patrick fait le pied de grue.
Le matin nous trouve
épuisés et sans beaucoup de courage,et pourtant il faut reprendre
la route. Vent violent dans le nez,l'étape prend des allures de
cauchemars,que c'est dur. Tout autour de nous, désert rien que du
désert,aride et rocailleux qui s'ornent de monticules terreux
ressemblant à d'immenses taupinières,nous abordons la région des
mines d'opales.
Le ciel nous
menace toujours,quelques gouttes de pluie en guise d'avertissement.
Les 20 derniers kilomètres sont pour moi une véritable
torture,Patrick guère plus en forme que moi, le prendra sur lui,me
tirant dans sa roue et m'encourageant. Quel soulagement lorsque la
petite ville minière,3'000 âmes de Coober Pedy se matérialise
enfin sous nos yeux,je pourrais en pleurer de bonheur.
Coober Pedy,nous y étions
venus,lors de notre précédent passage,nous n'y reconnaissons pas
grand chose,la petite bourgade qui il y a fort peu de temps,n'était
que troglodyte a bien grandi. Une rue principale bordée de magasins
d'opales et de quelques petits commerces,la communauté grecque qui y
a émigré dans les années 60 a toujours pignon sur rue. Nous ne
sommes plus que l'ombre de nous-mêmes,incursion au supermarché,pour
la boisson fraîche de rigueur,enfin nous pouvons nous poser,ne nous
reste plus qu'à trouver un lit. Un contact couch surfing,nous
n'avions toujours pas de réponse lors de notre départ d'Alice
Springs,le verdict tombe. Jalun,Indien de Manipur est d'accord pour
nous accueillir, le soulagement est une fois de plus de taille,appel
téléphonique,il nous récupère en fin d'après- midi.
Nous patientons
dans la tourmente,vent,pluie,mais tout cela ne nous gêne plus
guère,un vrai lit et une douche nous attendent. Jalun,fait son
apparition,contact d'emblée des plus chaleureux,l'homme est
sympathique. Travailleur social,dans le domaine de la protection des
enfants,il vit dans une petite maison troglodyte,une grande chambre
et un grand lit, pas besoin de climatisation,la fraîcheur règne
dans la maison caverne. L'approche de l'orage,le ciel virant de
couleur,le vent violent sont une fois encore impressionnants.
Bien à l'abri des
intempéries,nous sirotons notre thé,dégustons le délicieux poulet
au curry cuisiné par Jalun,propres et tout de même fiers d'être
arrivés jusque là. Qu'il est bon de ne pas avoir à se préoccuper
de météo et de bestioles ce soir en rejoignant notre couche
douillette.
Petites journées
glandouille,repos,lessive......... nous en avions tant besoin !!!!!!
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