Australie
Côte occidentale:Le Kimberley
Lac Argyle,le 29.09.2012
Etape: 73 kms
Reprise
en douceur après l'excellente semaine de repos passée chez Richard.
La route est tranquille,la chaleur a mis fin à la saison
touristique,l'exode des caravanes rejoignant le sud touche à sa fin.
Brise qui
n'aide en rien,macadam yoyo,omniprésents les ravages du feu. En fin
de matinée la route principale rencontre la bifurcation en direction
du lac Argyle,les superbes photos admirées,me donnent l'envie de ce
petit crochet de 35 kms,j'espère que cela ne sera pas comme Derby.
Soleil au
zénith,vent de face,pas un coin d'ombre où se réfugier,un dénivelé
qui se creuse en de rudes grimpettes. Végétation
changeante,collines parsemées d'herbe grillée,toujours des airs de
savane africaine,avant de pénétrer dans un monde minéral composé
de hautes parois rocheuses rougeoyantes,enfilades de gorges,criques
asséchées,quelques points d'eau subsistent dans le lit d'une
rivière plus importante,faune et bétail s'y regrouperont aux heures
de chaleur décente. Le lac Argyle se fait désirer,entouré de
hautes montagnes qui semblent le protéger tel un bijou dans son
écrin.
Montagnes
qui prennent de l'ampleur,serpentin d'asphalte qui tournicote d'est
en ouest,raidillons qui font mal aux pattes,aux fesses,soif,faim,les
derniers kilomètres avant la délivrance sont vraiment raides.
Tandis que Patrick est déjà bien loin devant,une voiture s'arrêtera
à ma hauteur,me proposant de l'aide refusant que je continue ainsi
sous cette chaleur digne des fourneaux de Lucifer,deux jeunes hommes
me pousseront dans la fin d'un raidillon particulièrement casse
pattes,vraiment sympa!!!!
Le lac
Argyle pas de véritable village,seuls sont présents,un camping
caravaning,un motel et sa petite épicerie fast food. Véritables
zombis hallucinés et affamés,nous sommes pour l'heure incapables
d'apprécier le spectacle qui s'offre à nos yeux. Nous nous jetons
sur notre plâtrée de pâtes préparées avant le départ,retrouver
nos esprits et récupérer nous prendra un certain temps.
Lac
Argyle,la plus grande retenue d'eau d'Australie,un cadre idyllique
d'une beauté à couper le souffle,des eaux opalescentes où se
mirent au gré des heures qui défilent montagnes rougissantes ou
rosissantes. Envie d'une bonne baignade mais sommes rattrapés par la
réalité,rives rocheuse,présence de crocodiles,descente
vertigineuse(aucune envie de devoir la regrimper) pour accéder à
ses berges,fin du rêve,mission impossible. Difficile d'y trouver un
bivouac,tout n'est que roches,les interdits abondent,nous finirons
par jeter notre dévolu,sur un point de vue aménagé,une table
branlante,dominant le barrage alimenté par la rivière Ord,qui
continue sa course au sein d'une gorge profonde et escarpée.
Silence
d'or,superbe coucher de soleil,instant magique!!!!!
Territoires
du Nord
Keep
River N.P,le 30.09.2012
Etape:
52 kms
Sommeil
intermittent et moustiques emmerdants,réveil des plus matinal sous
l'oeil rond d'une lune bientôt pleine. Traces laissées par la rude
étape de la veille,la mise en route est difficile. Vent dans le nez
hier ce matin nous aurions pu rêver et bien non ce dernier a
totalement changé de direction,à nouveau dans le nez,je commence à
croire que nos bucéphales agissent tels des aimants. Les cabrioles
de quelques kangourous s'égayant sur notre passage,un rayon de
soleil joyeux en ce début de matinée ardue.
Retour sur
la Victoria HWY désertée,cape à l'est,les derniers kilomètres de
notre parcours dans l'ouest australien avant de faire notre entrée
dans les Territoires du Nord. Changement de fuseau horaire,nos
montres sont avancées d' 1 h 30,le décalage avec notre petit monde
européen encore plus grand,7 h 30. Frontière entre les deux
états,zone de quarantaine,Patrick farfouille dans les poubelles y
dénichent quelques pommes.
La route a retrouvé un
peu de sa platitude,savane africaine,kapokiers en fleur,arbres et
végétation rachitiques. Keep River N.P,piste de 3 km nous amenant
au centre d'information,renseignements pris,l'endroit semble beau
mais n'est jalonné que de pistes,chaleur,fatigue,ciel menaçant,pas
envie. Nous stoppons à l'entrée du parc,installant d'ores et déjà
notre bivouac à l'abri d'un grand toit,pour plus de sûreté,air
chargé d'électricité et saturé d' humidité,ciel de plus en plus
noir,l'orage menace. Après-midi léthargique,lointains grondements
de tonnerre,vent qui souffle en rafales,l'orage est tout proche mais
passera à côté de nous,dommage une bonne douche en compagnie de
mère nature nous aurait fait le plus grand bien.
Une
première,installation de la moustiquaire,trouvée dans les poubelles
d'un camping,les moustiques sont légion dans la moiteur du
crépuscule.
En milieu de nuit
quelques grondements donnent l'alerte,rafales de vent et les
premières gouttes de pluie,une logique endormie qui nous fait
imaginer que le toit,ouvert aux quatre vents, nous
protège,définitivement tirés de notre rêverie,lorsque qu'un
déluge poussé par le vent s'abat sur nous,juste le temps de mettre
nos possessions à l'abri,nous nous recroquevillons dans le dernier
petit coin resté intact. Deux heures plus tard,les éléments se
calment,nous terminons notre nuit.
Saddle,le
1.10.2012
Etape:68
kms
Yeux
bouffis et tête dans le cul,la nuit fut tout de même plutôt
agitée,nous reprenons la route sans précipitation,l'orage nocturne
a rafraîchi l'air,les températures sont clémentes.
Lignes
droites,route bosselée,savane africaine,collines rocailleuses avant
de pénétrer dans un monde étrange,paysages oniriques, dignes d'un
tableau de Dali,amas rocheux,enchevêtrement de racines,arbres
tortueux,les nombreux baobabs,arbres pour moi joyeux et
heureux,étirant leurs petites mains griffues vers le ciel y ajoutent
une touche humaine,renforçant l'impression d'un lieu peuplé
d'esprit. Yeux écarquillés,béats d'admiration,les arrêts sont
fréquents et les clichés nombreux.
Émergeant du bush,Saddle,aire de repos aménagée,nouveauté depuis que nous
sommes dans les Territoires du Nord,des tankers d'eau potable y sont
à disposition, sise au pied d'une superbe falaise rocheuse.
L'endroit est magnifique et envoûtant,avons envie d'en
profiter,n'irons pas plus loin.
En
fin d'après-midi,débarquement de quelques touristes
australiens,parmi eux,Di,Lisa,David et Noël qui nous offrent une
bonne bière fraîche en guise de bienvenue avant de nous inviter à
partager leurs gargantuesque repas,viande en
pagaille,saucisses,légumes frais,fruits,salade,vin et bière coulant
à flot. Se rendant demain dans l'ouest australien,nous mangeons
toute la nourriture excédentaire en leurs possession qu'il devrait
abandonner dans les poubelles de la zone de quarantaine. Nous
quittons nos hôtes le ventre bien rond,accompagnés du rire de Di et
Lisa bien éméchées,elles picolent dur les Australiennes!!!!!
Bonne
musique en bruit de fond nous nous glissons sous la moustiquaire,pas
eu le temps de compter les moutons que déjà Patrick scie du
bois!!!!!
East
Baines,le 2.10.2012
Etape
61 kms
Route
bosselée,étape plaisante,seuls quelques véhicules et road
trains,(nous nous rapprochons de la ville portuaire de
Darwin)perturbent la quiétude de notre environnement. Savane
africaine aux herbes folles dansant dans le vent tandis que défilent
sous nos yeux les derniers baobabs.
La
chaleur est telle que nous cuisons littéralement sur nos bucéphales
et lorsque se présente à nous l'aire de repos de East Baines,la
question ne se pose même pas,elle signe la fin de cette étape,nous
sommes fatigués.
Non
loin la rivière Baines enjambée par un pont,les arbres de ses rives
y abritent toute une variété d'oiseaux,cacatoès
noirs,lorikets,perroquets tandis que dans ses eaux s'y
baignent,canards,hérons et aigrettes. Le clou du spectacle un
magnifique baobab que Patrick immortalisera sous tout ses
coutures,enfin depuis le temps qu'il en rêvait de son baobab au
coucher du soleil.
Les
tankers d'eau,véritable aubaine,douche improvisée à l'aide de nos
bouteilles avant de nous glisser sous la moustiquaire,semblant de
fraîcheur et de propreté luxe de la débrouille,le sommeil ne se
fait pas attendre!!!!
Sud
de Timber Creek,le 3.10.2012
Etape:92
kms
Repartons
tranquillement encore complètement inconscients,fort heureusement de
l'étape de «merde» qui nous attend. Pour l'heure,les kangourous
gambadent sur notre passage,aigles et busards tournoient dans le
ciel,route plaisante et circulante,tout va bien.
Le yackounet de
Patrick semble montrer des signes de fatigue,jeu au niveau de l'axe
de la roue arrière,pas les outils adéquats,roue peut-être
voilée,le garde-boue ne cesse de frotter et de couiner,les effets du
bricolage de Patrick sont de courtes durées,les arrêts se
multiplient. Petite piste empruntée pour le casse-croûte de
midi,retour sur le bitume,je constate que la roue arrière de mon
bucéphale est crevée,bout de limaille logé à l'intérieur du
pneu,quelle poisse!!! Réparation,re départ une heure plus tard.
Longeons durant un
moment la rivière Victoria entourée de formations rocheuses,bush
plaisant,quelques baobabs encore,eucalyptus,kapokiers aux magnifiques
fleurs jaune pétant.
Patrick est de
plus en plus inquiet pour son vélo,le pneu arrière prend une forme
bizarre comme si une hernie le déformait. Timber Creek,enfin,patelin
endormi paumé au milieu de nulle part,quelques maisons,un poste de
flic,un garage fermé,deux camping caravaning.
Café pour nous
remettre de nos émotions,Patrick démonte sa roue arrière,faiblesse
au niveau du pneu arrière,un petit trou laisse échapper des bouts
de trame,la chambre à air est en parfait état. Roue remonté,pneus
regonflés,il n'y a plus qu'à croiser les doigts dans l'espoir de
trouver une solution à Katherine,prochaine ville sur notre route.
Lieu un peu
déprimant où zonent quelques aborigènes amorphes et avinés. Un
feu se déclare,poussé par le vent il embrase tout le bush sur son
passage,à notre grand étonnement personne ne réagit,cela semble
faire partie des normalités de la vie quotidiennes,des dizaines de
busards et autres rapaces sont postés en bord de route ou survolent
les lieux attendant que lézards et autres proies fuyant le danger ne
se mettent à découvert.
Décidons de
poursuivre notre route qui serpente au milieu de tous ce bush en
train ou déjà brûlé. Deux heures plus tard,alors que dans le
soleil couchant,nous entamons enfin une bonne et belle descente,un
grand PAF se fait entendre,même pas besoin de regarder pour savoir
que le pneu de Patrick est définitivement mort!!!! Les emmerdes se
précisent!!!!!
Attendons un
peu en bord de route dans l'espoir qu'un véhicule puisse nous
embarquer et nous emmener jusqu'à Katherine,dans le crépuscule un
van s'arrêtera mais pas de place pour nos bucéphales. Nuit noire et
profonde la circulation est complètement muette. Casse-croûte
avalé,bivouac de fortune en bord de route dans un carré de bush
brûlé récemment.
Demain il fera jour!!!!!!
Katherine,le
4.10.2012
Auto
stop: 240 kms
Rien ne sert de
s'affoler,petit déjeuner et rituel du café avant de faire le
poireau en bord de route,les véhicules ne sont pas légion,et au
cours des deux premières heures aucun d'eux ne fait l'affaire. Un
camion plateau fini par se pointer,l'homme fort sympathique peut nous
emmener mais seulement jusqu'à la road house de Victoria River à
quelques 60 kms de là,pas l'idéal mais mieux que rien.
Les bornes défilent
rapidement,les points de vue sur la rivière Victoria et sa gorge
sont magnifiques,cela va bien trop vite dommage de ne pouvoir en
profiter.
Victoria road
house,2 heures de poireautage à nouveau,un vieux patrol nissan
tirant une remorque, à son bord,Jesse,jeune barbu édenté et
crasseux qui me propose son aide,pourquoi pas. Nos bucéphales
prennent place sur la galerie,et Jesse fait de l'ordre dans le
capharnaüm qui règne à bord et nous réussissons à caser nos
valoches dans sa chariote arrière entre planches de surf(qui n'en
n'ont plus que le nom),cane à pêche,rame,frigidaire et autres
objets indéfinissables. C'est parti pour 180 kms. Jesse,véritable
marginal vivant depuis une quinzaine d'années à bord de sa
voiture,sillonnant les routes d'Australie,vivant d’expédients,petits
travaux lorsque le besoin se fait sentir. Papotons de tout et de
rien,le temps et les kilomètres défilent rapidement,l'homme est
attachant et le moment agréable.
Katherine,il nous
déposera non loin du centre commerciale avant de poursuivre se route
à destination de la côte est.
Seule une adresse
e-mail pour joindre Rob le couch surfeur qui nous accueille sur
Katherine, panne d’électricité généralisée,impossibilité
d'agir,nous sommes coincés en compagnie du yackounet malade de
Patrick. Autour de nous l'agitation alcoolisée d'un groupe
d'aborigène bat son plein,du plus jeune au plus âgé,femmes hommes
confondus,tout ce petit monde vocifère ,bouteille à la main,clopes
au bec,spectacle des plus affligeant. Ronde incessante de la police
et d'une patrouille aborigène. Patrick parti à la recherche d'un
bivouac pour la nuit,je suis rapidement entourée par une horde
d'aborigènes, abîmés,la cervelle ramollie par l'alcool il tente de
parler du bush,de leurs ancêtres,coutumes,ramassis de conneries que
nous supportons stoïquement avant que tout le monde ne lève le camp
dans la nuit déjà bien avancée.
L'électricité ne reviendra
que vers 22 h,connection internet grâce à Mac Macdonald,Rob est en
déplacement dans le bush ne reviendra qu'après-demain. C'en est
assez pour aujourd'hui,nous trimbalons comme nous pouvons le
yackounet de Patrick et toute notre barda au milieu d'un terrain,où
nous nous foutons de savoir si les flics vont nous virer ou pas.
Bivouac installé,qu'une envie fermer les yeux et dormir!!!!!
WoW le lac Argyle a l'air magnifique en effet et je rêverais de voir de baobabs...
RépondreSupprimerLa pause à Saddle avait l'air bien sympathique avec ce super diner gargantuesque et l'équipe de bons vivants!!!
Trop dingue aussi la rencontre avec ce Jesse et la vie qu'il mène... incroyable...
Et très triste en effet de voir les ravages destructeurs du colonialisme sur une ethnie qui pourtant aurait eu tant de choses à nous apprendre...
Courage pour la réparation du vélo!
et encore bonne route,
merci de partager tout cela en beaux textes et photos....
a tout plus et plein de becs