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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mardi 25 septembre 2012

Australie Thermite Nest- Bellary Creek du 25.07 au 2.08.2012


                       Australie



                Côte Occidentale: Le Pilbara


Thermite Nest,le 25.07.2012

Etape: 68 kms


       

                                                   Après ces deux jours de confort relatif,aurais envie de faire la sourde oreille face à l'appel de la route,partir de ces lieux que pourtant je n'apprécie pas vraiment me demande un certain effort,aurais envie de rester au fond de mon duvet,lire,écrire...... m'adonner à toutes ces activités qui me plaisent tant mais qui n'ont plus place dans mon quotidien,vie d'errance si prenante qui sait si bien donner,mais qui parfois prend tellement.



                                                  Nous nous embarquons en ce jour pour une tranche de plus de 600 kms de no mans land,nos bucéphales ressemblent à de véritables road trains,des sacs pendouillent de partout, n'ont jamais été aussi chargés au cours de ce voyage. Nous quittons en ce jour la côte océanique pour rejoindre l'intérieur du pays,communément nommé Outback ici en Australie,en passant petit geste de la main, le coeur un peu serré, je prends congé pour un temps de l'océan Indien. Le vent souffle violemment et n'est bien évidemment pas en notre faveur. Depuis quelques jours les personnes rencontrées nous font gentiment remarquer que nous nous sommes trompés de sens,en cette saison le vent soufflant du nord au sud!!!!!!!! Nous commencions nous-même à avoir de fortes présomptions sur la chose,pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer,je me le demande!!!!!!! Un homme averti en vaut deux,il n'y a désormais plus qu'à faire avec!!!!!!


                                                        Fétus de paille trimballés par le vent,nous dansons tels des marins ivres sur une route serpentine rectiligne à travers de vastes étendues herbeuses et sèches hérissées de termitières géantes(impressionnant ce que ces petites bestioles sont capables de construire),odeur de mimosa qui nous chatouille les narines,un vide plein de tout comme je l'aime!!!!!!!  Quelques émeus effarouchés s'enfuient sur notre passage,animal aux airs ahuris et préhistoriques,plumages s'envolant tel le tutu d'une danseuse étoile lorsqu'ils courent de leurs démarche dandinante,il ne manque jamais de me faire rire aux larmes.


                                                          


                                                     Fatigue,mal aux fesses,soleil déclinant,sol trop dur pour planter notre guitoune,serais capable de me coucher sans autre sur le bord de la route quand miracle un vaste parking avec vue sur des termitières géantes se présente à nous,pas un tour de roue de plus,préparation de nos couches, petit coup de picheton,malgré la charge de nos bucéphales,nous avons réussi à loger notre pote Stanley dans un petit coin,salade de pâtes dans laquelle je m'endors,rideau.







Giralia Creek,le 26.07.2012

Etape:58 kms



                                                           A l'aube il n'y a que les températures  qui sont fraîches,tête de traviole,corps fatigué,Eole annonce d'ores et déjà sa présence de manière tonitruante,la journée s'annonce sportive.



                                                        Relief accentué,yoyo et faux plats le plus souvent ascendants et longs,petite départementale exempte de circulation,cheveux aux vent dans le nez,pilote automatique,petit plateau et moulinage constant,je n'en n'ai cure je me sens heureuse,il n'en va pas tout à fait de même pour mon poussin,moralement touché par cette lutte constante contre les éléments,il s'enferme dans sa bulle,se décourage et je devrai faire usage de toute ma bonne humeur du jour pour éviter qu'il ne sombre dans le désespoir.

                                                    Bush plus pauvre,la végétation se raréfie,les arbres se rabougrissent tandis que de magnifiques fleurs sauvages colorées font leurs apparition grandeur de la Nature et magie lorsqu'au sein de toute cette austérité apparaît en milieu d'après-midi la petite rivière Giralia complètement asséchée en cette saison,écrin de verdure sur fond de terre ocre au sein de laquelle trônent de majestueux eucalyptus. Petit coin de paradis que nous nous approprierons le temps d'un bivouac.


                                                               L'heure n'est pas encore au repos malgré la fatigue. Mise en place de notre campement,collecte de bois pour le feu vespéral et ravitaillement en eau. Postée en bord de route avec ma bouteille vide,j'attends l'âme bienveillante qui s'arrêtera pour nous offrir ce liquide fort précieux,l'attente n'est pas longue,un homme s'arrête et se propose de nous remplir la totalité de nos bouteilles,quelle aubaine. Tandis que je m'empresse des bouteilles plein les bras peu désireuse de le faire attendre,je m'emmêle les pinceaux et m'étale de tout mon long dans la caillasse,résultat des courses,ai tenté de garder ma dignité mais une fois de plus ai laissé un peu de peau sur le sol australien cette fois-ci,genoux,coudes et mains éraflés,j'en suis quitte pour quelques jours de douleur!!!!!



                                              Profitons pleinement de l'instant en compagnie de notre   dernier petit verre de rouge(toutes les bonnes choses semblent avoir une fin) à la lueur de notre feu de camp avant de nous glisser au fond de nos couches sous l'oeil compatissant d'une lune grandissante.










Rivière Yannarie,le 27.07.2012

Etape: 80 kms


                                                            Depuis que nous avons quitté la côte océanique les différences de températures diurnes et nocturnes sont encore plus marquées,de l'ordre de 27°C au cours de la journée et 12°C la nuit. Patrick s'active bien avant l'aube pour réactiver le feu et me concocter mon café matinal,m'assurant ainsi des conditions de réveil idéales,quel Homme!!!


                                                       Présence soutenue et continue du vent,apparition de hordes de mouches(véritable fléau du bush australien),relief marqué,l'étape du jour s'avèrera plutôt ardue. Le moral en berne et fatigué,Patrick se sent au bord de la rupture physique,énervé par le vent et les mouches inquisitrices qui vous rentrent dans les yeux,le nez.... désormais il est impératif de fermer la bouche en pédalant. De mon côté malgré la fatigue et la douleur aux genoux qui se fait sentir à chaque de pédale,j'exulte et je me sens la reine de cette région,minière,du Pilbara dans laquelle nous faisons notre entrée en ce jour,la nature y est si inhospitalière qu'il m'étonnerait fort que le trône me soit contesté, alors peu m'importe le vent et les montées qui se veulent de plus en plus prononcées. Highway N° 1 qui n'en n'a que le nom,ruban de bitume étroit tout aussi exempte de circulation,nature aride,rugueuse,qui au fil des kilomètres se transforme,une terre de plus en plus rouge,un maquis formé de petits arbustes,épineux,herbe sèche et piquante,massifs de fleurs sauvages colorées, plateau rocailleux jalonné  de nombreuses petites barres rocheuses qu'il nous faudra grimpouiller de manière successive. A l'horizon se dessinent les contre forts de la chaîne  montagneuse des Hamersley,amer et but à atteindre nous indiquant sans erreur possible la route à suivre.



                                                       Yannarie rivière,aire de repos gratuite,sur l'une des berge de son lit asséché,magnifiques eucalyptus,oiseaux bavards et colorés où retraités et caravanes se pressent en grand nombre. Dénichons un petit coin sympa et paisible à l'ombre d'un eucalyptus,au près de notre arbre nous vécûmes heureux,le temps d'un après-midi et d'un confortable bivouac.




























Mt Murray,le 28.07.2012

Etape:80 kms


                                                               Ruban de macadam rectiligne jusqu'à l'entêtement,vastitude et infinité des paysages qui me renvoie à ma petitesse et à mon rien  que je remplis de mon tout,zone aride,une nature toute entière vouée aux rouges, la terre comme en souffrance décline celui du sang séché:végétation assoiffée,épineux,arbres rabougris,fleurs colorées,mimosa fleuri,l'orangé joyeux des  petits escarpements,pics et monticules rocheux. Patrick évite la chute de justesse lorsqu'un grand serpent sinueux se met en passe de traverser la route devant ses roues.


                                                           Le vent,invité toujours aussi inopportun entrave notre progression,la fatigue commence à se faire pesante,le moral de Patrick est vacillant et j'use de ma dernière énergie pour le soutenir comme je le peux.


                                                En début d'après-midi,nous atteignons la road house de Nanutara,un camping caravaning,une épicerie fast food,endroit plaisant,superbe rivière aux eaux tentatrices,s'y poser restera dans le domaine du rêve,interdit au camping,nous nous y arrêterons le temps d'un café. Rapide conseil de famille,décidons de trouver un lieu dans les kilomètres à venir.


                                               Alors que bouteille en main sur la bord de la route je fais le poireau pour notre ration quotidienne,c'est un 4X4,police du trafic routier chargé de contrôler tous les road trains de l'ouest australien,à son bord un flic sympa,offrira à chacun de nous une fraise géante et gouteuse. Au pied du Mont Murray(215 m),magnifique coin de bush dégagé,vue sublime sur les paysages alentours,je ne pourrais rêver plus belle maison pour ce soir. Le serpent rencontré en ce jour nous incite à la prudence, plantons notre guitoune pour plus de sûreté.




                                                            Repos bien mérité en admirant un splendide coucher de soleil,journée de pédalage terminée,le vent du bush chante à mon oreille un air de liberté!!!!
























House Creek,le 29-30.07.2012

Etape:56 kms


                                                          Fatigue du fond des âges qui colle tellement à la peau que même le sommeil n'arrive plus vraiment à la réparer. Moral et bonne humeur sont cependant au rendez-vous et ils ne sont pas de trop pour soutenir un poussin au moral toujours un peu vacillant qui peine à maintenir le rythme et doute de ses capacités.


                                                           Univers désertique aux allures préhistoriques de fin ou début de monde,vision lointaine des Hamersley Range,paysages lunaires,collines sableuses ou rocheuses,une palette de couleurs qui se décline du brun au ocre en passant par l'orange,sur laquelle tranche le vert tendre des acacias. Les cadavres de bovins et de busards jonchent la chaussée comme une signature authentifiant l'inhospitalité de la nature,une mise en garde contre tout égarement. Univers qui me prend aux tripes,voyage au bout de moi-même,pensées et rêves s'enroulent dans ma tête tandis que luttant contre le vent mes jambes fatiguées s'activent tels des pistons bien huilés grignotant lentement,patiemment ces espaces insondables et infinis.



                                                         House Creek lit de rivière asséché au pied du Mt Stuart,une aire de repos aménagée,table,toilettes,en partie ombragée par de somptueux eucalyptus,endroit plaisant et petit nous devrions y être tranquille. Campement préparé,corvée de bois effectué,notre voeu le plus cher,ne plus rien faire,peut enfin être exaucé. C'est en fin d'après-midi que débarque Yann,jeune Suisse de Gstaad,en Australie pour un an afin de pratiquer son anglais. Nous l'invitons à notre flambée tandis qu'il nous offre un délicieux verre de vin blanc sec,moment fort plaisant en sa compagnie,il passera sa nuit au près du feu dans sa couche australienne.


                                       


                                                        Décidons avant de fermer l'oeil sur cette journée qui s'achève de nous accorder le lendemain une journée de repos,la nuit n'en sera que meilleure.

                                                    Au matin,Yann inquiet de notre sort nous ravitaille en eau pour la journée,sucre et serait,si nous étions d'accord prêt à tout nous donner,avant de poursuivre sa route,la même que la nôtre mais en plus rapide,je suppose.


                                

                                                   Les quelques caravanes du soir ont disparu,les retraités pressés se jettent de bonne heure à l'assaut de la route,nous laissant les lieux pour nous tous seuls. Une journée au ralenti à trainer nos carcasses,un repos qui permet au corps d'exprimer toute l'ampleur de sa fatigue. Un seul jour n'est sans aucun doute pas suffisant,mais les provisions commencent à diminuer et la route est encore longue.































Cheela Plains,le 31.07.2012

Etape:88 kms


                                                         Beaucoup plus pimpants après cette journée de repos,nous levons tranquillement le camp ne nous donnant surtout aucun objectif de distance,cela évite de se mettre la pression.


                                     


                                                          Vent présent qui restera à l'état de brise,route plate sans grand trafic. La chaine des Hamersley se rapproche,bush omniprésent,paysage changeant sans cesse mais qui pourrait paraître identique à trop le décrire. En fin de matinée,une caravane avec à son bord un couple de quinquagénaire australien,s'arrête à la hauteur de Patrick lui demandant si il veut de l'eau fraîche et s'enquérant d'un couple franco suisse en vélo(Patrick est tout seul je suis forcément bien loin derrière),il mettra un certain temps à comprendre qu'en fait c'est de nous qu'ils parlent. Paul et Paula étaient à Tom Price voisins de camping avec notre jeune ami Yann,celui-ci leurs a donner comme mission de nous offrir de l'eau si ils nous rencontraient. Extrêmement touchés et émus par ce magnifique geste de solidarité nous repartirons avec en poche une invitation dans le NSW,de l'eau et des oranges,elle est pas belle la vie.

                                                      Cheela Plains,comme son nom l'indique,vastes étendues plates dominées par le Mont Wall (1'000 m),entourée de quelques formations rocheuses,au loin quelques fermes isolées pratiquant l'élevage de bovins,nous sommes seuls au monde et bienheureux dans notre monde. Trop fatigués pour nous préoccuper des serpents et autres bestioles venimeuses,simple bivouac et feu de camp suffiront à notre bonheur.

























Hardey River,le 1.08.2012

Etape:82 kms



                                                Vent qui nous laisse tranquille,jetés comme au hasard çà et là quelques escarpements rocheux au milieu d'une plaine qui ne semble jamais vouloir finir, cassent l'uniformité des paysages,synonyme pour Patrick de monotonie tandis que de mon côté je me délecte du spectacle. Un soleil hésitant qui enflamme l'ocre des montagnes surgissant au nord,à l'est et à l'ouest,au sud une masse nuageuse pommelée,des températures en baisse. Quelques gouttes de pluie dans l'après-midi mais une menace qui ne se concrétise pas vraiment.



                                                      Le lit asséché de la rivière Hardey,lieu idéal pour le bivouac de ce soir,place à notre rituel quotidien,café,feu de camp,soupe de nouilles et le reste de mon énergie pour partir à la chasse de quelques clichés inédits et inoubliables.



                                                   Fatigués mais heureux du moment présent nous refaisons notre monde,vague à l'âme,moment nostalgie,d'énormes pensées sont envoyées aux êtres chers qui nous manquent et avec qui nous partagerions bien de tels instants.






















Bellary Creek,le 2.08.2012

Etape:83 kms



                                                     Début de matinée frais,absence de soleil,sauvagerie et beauté de l'environnement. Aux alentours pas âmes qui vivent,la nature reste le domaine des busards,aigles,bande de cacatoès,perroquets colorés et autres volatiles aux noms inconnus. Les montagnes se rapprochent et prennent forme.


                                                 Paraburdoo,petite bourgade minière émergeant d'une vallée poussiéreuse face à une mine montagne entaillée,vidée de ses tripes,sillonnée par les 4X4 des diverses compagnies,site interdit au public. Parc ombragé transformé en véritable baisodrome pour cacatoès en folie,BBQ,eau potable,supermarché.... une vraie ville quoi!!!!! Le choc est d'importance après avoir vécu en véritables sauvages durant quelques 10 jours. Quelques achats pour compléter nos réserves et nous concocter un brunch gargantuesque. Patrick ne perd pas le nord ,se rue dans le magasin d'alcool et en ressort  heureux et requinqué,son ami Stanley sous le bras.



                                                          Redémarrons en début d'après-midi,la route se vallonne avec l'approche des montagnes et a complètement perdu de sa tranquillité,les mineurs des différentes compagnies,road trains chargés de minerai semblent s'être donné le mot et nous voilà d'un seul coup d'un seul sur les périphériques parisiens,pas drôle du tout.





















                                                                                      Le lit de la rivière Bellary,éloignée de la route nous accueillera pour cette nuit de libation. Couches préparées,tranquillité et sérénité retrouvées,ciel splendide et étoilé,demain la pleine lune,nous trinquons et retrinquons au coin du feu à la réussite de cette épopée à travers le bush qui devrait se terminer demain avec notre arrivée sur Tom Price,il est temps,nous avons la couleur du bush,sentons la saucisse fumée voir bien pire,la douche devient une nécessité. Fatigue aidant,les quelques petits verres que nous nous sommes envoyés laissent des traces,nous nous enfonçons dans nos couches pour sombrer la  minute suivante dans le sommeil du juste.

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