Ma photo
Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mardi 25 octobre 2011

Asie Centrale:L'Ouzbékistan Boutakara du 6 au 8.10.2011


Asie Centrale:L'Ouzbékistan
Vallée de Fergana

Boutakara,du 6 au 8.10.2011
Etape:65 kms
Nous quittons notre professeur d'anglais,qui pour un enseignant le parle plus que vaguement,je me dis que le niveau d'étude est bien bas par moments dans ce pays et sa petite famille sans oublier d'ajouter quelques photos à notre galerie de portraits. Au cours de ces derniers jours je ne compte plus toutes les rencontres et séparations,il y en a tant que parfois cela confine presque à de la surconsommation,je ressens le besoin de me poser,de prendre du recul de me vider l'esprit et ranger mon coeur,mais ce ne sera pas pour aujourd'hui puisque nous partons retrouver Iroda,notre professeur de français rencontrée en cours de route.
Un magnifique soleil et une route campagnarde,peu circulante au travers des paysages habituels avant d'atteindre la ville d'Andidjan (350'000 habitants),la plus grande ville de la vallée de Fergana et sa Mecque spirituelle,la plus pure ville ouzbek du pays et le meilleur endroit pour observer les Ouzbek dans leur élément. Nous sommes toujours aussi sollicités et gâtés tout au long de notre trajet,je pense que si nous devions nous arrêter à chaque invitation,nous ne parcourrions pas plus de 5 kilomètres par jour,incroyable. Avant de nous rendre dans le village de Boutakara sis à quelques 10 kms de la ville nous décidons d'un petit tour au bazar. Tandis que Patrick est parti faire quelques achats et que je garde nos bucéphales,des dizaines et des dizaines de personnes s'amassent autour de moi,j'ai l'impression d'être une martienne débarquant tout droit de sa planète,jeunes,vieux,femmes,enfants tous sont là à me poser des questions pleines de bienveillances,poussant des cris d'émerveillement à chacune de mes réponses,les gens se repassent le mot et même si je ne comprends pas très bien la langue je peux entendre notre histoire qui circule de bouche à oreille,du jamais vu,Patrick lui-même se trouvera fort impressionné de me voir toute petite au milieu de cette foule immense. Alors que nous sommes assis sur le trottoir à manger notre grappe de raisins,c'est tout d'abord un homme qui nous apportera un pain,avant qu'un autre ne nous offre pains et boissons,nous en sommes ébahis,mais nous ne sommes pas au bout de notre surprise,c'est bientôt une assiette pleine d'un succulent plov qui nous est offert,à peine croyable,nous en sommes tout chamboulés. Une vraie leçon d'humilité,il faut dire qu'elles sont quotidiennes dans ce pays,j'espère juste que nous sommes de bons élèves!!!!
Le seul moyen de couper court à tous ces épanchements est la fuite en avant dans la bonne humeur.
Boutakara ne fut pas trop dur à trouver,cela devient un peu plus compliqué lorsqu'il s'agit de trouver Iroda et une fois de plus nous pouvons compter sur la bienveillance de la population,qui multipliera les coups de téléphones afin de localiser notre amie. C'est bientôt une Iroda,trépignante,excitée,un vrai rayon de soleil qui nous accueille,elle commençait à douter de notre venue nous ayant attendus durant toute la matinée. Elle vit en compagnie de sa belle-mère,ses deux filles,Vazira et Nazira,son mari étant pour l'heure absent,parti travailler en Russie afin d'améliorer le quotidien de ses proches. Une grande maison en bois typique de la région,aux pièces spacieuses et confortables,dotée d'une belle cour intérieur,un verger,pommiers,grenadiers,des fleurs,une pergola de vigne,un enclos et ses deux moutons,une cuisine extérieur et son tandor(four à pain), l'endroit est magnifique,d'une propreté toute helvétique,respire calme et sérénité. Elle est fière de nous montrer tout cela.
Et comme c'est toujours le cas en Ouzbékistan un bon accueil ne pourrait se passer des plaisirs du ventre,la table croule sous l'abondance des produits locaux,fruits,noix,pain,gâteaux.......... et que faire sinon honneur à tant de bonnes choses. Iroda à l'instar des professeurs rencontrés jusqu'à ce jour s'exprime parfaitement bien en français,ses filles bien qu'un peu timides dans un premier temps semblent vouloir suivre les traces de leurs mère. Toutes deux se montrent heureuses de notre venue et ne savent que faire pour nous faire plaisir. Quelques visites amicales du voisinage,nous sommes invités par sa plus proche voisine au mariage de sa fille. Invitation que nous refusons dans un premier temps,nous avons encore beaucoup de route à parcourir jusqu'en Chine,mais Iroda insiste tellement que nous finissons par céder pour son plus grand bonheur.
Soirée en famille,Iroda est toute fière de nous préparer un succulent plov,tandis que les filles courent et s'agitent pour que nous ne manquions de rien. Comme partout en Ouzbékistan,pas d'eau courante dans les maisons,la source est plus ou moins éloignée et c'est à l'aide de seaux que le précieux élément est ramené dans les chaumières,cela peut paraître étonnant dans des villes à l'apparence modernes,comme si le 21 ème siècle n'avait pas encore tout à fait frappé à la porte. Iroda nous fera chauffer un gros chaudron d'eau et le bonheur est parfait lorsque nous sommes propres,l'estomac plein et que nous pouvons nous glisser dans la couche que nous a préparée la maîtresse de maison. Nous retrouvons notre rythme de voyage et de croisière et nous couchons comme des poules,il fait nuit à 19 h et cela ne nous gêne guère.





Dès mon réveil un excellent petit déjeuner m'attend,et Iroda poussera même le vice jusqu'à me beurrer mes tartines,cela fait une éternité que je n'avais plus senti le goût du beurre. En ce moment notre amie ne travaille pas,en quelques sortes des vacances,toutes les années,du 12 septembre à la fin octobre,les étudiants de toutes les facultés du pays sont réquisitionnés pour la cueillette du coton. Si j'ai bien tout compris,les villageois ne veulent plus s'adonner à cette pénible tâche,n'étant payé que 100 SOUM(1€=3'300 SOUM) par kg ramassé,les étudiants servent de main d'oeuvre rétribuée,l'état subventionnant les salaires. Les professeur quant à eux doivent également se rendre à tour de rôle dans les champs afin d'organiser le travail. Iroda n'aime pas bien cela,le travail dans les champs,mais elle n'a guère le choix,procédé qui fleure bon l'ère communiste. Pour l'heure elle est pleine de projet et voudrait nous emmener partout et que nous faisions connaissance avec tout le monde.
Nous retournons à Andidjan où nous rendons visite à sa grande soeur,hospitalisée pour un problème d'hypertension,cette dernière nous reçoit avec des larmes plein les yeux et me serre dans ses bras jusqu'à m'en étouffer,je me sens émue jusqu'au fond des tripes. En Ouzbékistan,pour qui se fait soigner dans des hôpitaux gouvernementaux,les soins sont gratuits,les patients ne payent que les médicament,mais la qualité de ces derniers semblent laisser à désirer. La soeur d'Iroda est hospitalisée dans une petite clinique privée,une chambre style clapier à lapin dotée de deux lits et à voir l'infirmière qui se pointe la seringue à la main,sans même un plateau et la manière dont est installée la perfusion, complètement archaïque, de la voisine,je ne miserai pas beaucoup plus sur la qualité de ces soins-ci!!!!! Toute l'équipe médico-infirmière se réunit autour de nous,tout heureuse de voir des étrangers leur rendre visite,nous sommes invités à partager leur repas,nous déclinons et ma foi nous restons un peu comme des idiots,lorsque l'on nous demande ce qu'ils pourraient faire pour améliorer la qualité des soins.



Nous nous rendons ensuite à l'hôpital psychiatrique,Iroda aimerait nous le faire visiter. Étonnamment l'endroit est entouré d'un vaste jardin et respire le calme et la tranquillité,des infirmières ramassent les feuilles d'automne en compagnie de quelques patients. Renseignement pris nous ne pouvons pas visiter l'endroit sans une autorisation dûment signée par le médecin chef,nous abandonnons l'idée.
Nous retrouvons ensuite l'ami d'Iroda,celui qui l'accompagnait lorsque nous nous sommes rencontrés sur la route et ce dernier nous invitera au restaurant,avant qu'il ne nous raccompagne à la maison.
Un heureux moment de répit avant que ne débute tout le cérémoniel de mariage,qui n'aura lieu que demain. En ce jour tous les villageois,hommes femmes confondus,famille,amis,voisins(un monde fou)s'adonnent à la préparation du mariage,ils viennent rendre visite à la famille,apportent,nourriture et cadeaux,l'occasion pour tous de se réunir et surtout de manger. La mariée qui est dans sa chambre en compagnie de ses amies fait de brèves apparitions afin de saluer chaque nouvel arrivant. De notre côté,nous sommes submergés par les paroles de bienvenue,les questions,nous sommes entourés,chouchoutés,Iroda à nos côtés en parfaite interprète ce qui permet de pouvoir satisfaire à la curiosité de tout un chacun. Nous serons installés à une table et là c'est l'orgie qui commence,les plats se succèdent,riz
préparé de manières diverses,salades,soupes,bonbons,gâteaux,chocolat,fruits....tout
cela servi dans le désordre,je suis complètement dépitée, de me retrouver avec devant le nez une soupe de mouton fumante,lorsque je viens enfin de terminer le dessert!!!!! Après plusieurs heures de ce traitement je me sens complètement gavée,je n'en peux plus,mon estomac va exploser et j'ai les neurones en surchauffe,mais Iroda est tellement heureuse que nous soyons là.
Que se passe-t-il du côté des futurs mariés,et bien le fiancé est chez-lui dans sa maison où se déroule le même rituel. Plus tard dans la soirée,fiancé et mollah se rendront dans la maison de la fiancée et ces derniers seront mariés religieusement en présence de quelques proches.
Nous pouvons enfin nous esquiver,retrouver quelque calme dans le beau jardin d'Iroda,impossible de se coucher de suite,notre ventre est bien trop plein pour cela.








Mariage proprement dit

Au cours des grandes cérémonies familiales ce sont les hommes qui sont chargés de la préparation de la nourriture. Patrick a rendez-vous dès 6 h du matin pour la prise de quelques clichés.


En ce jour ce sont tout d'abord les hommes puis les femmes et enfin les jeunes qui se rendent à tour de rôle dans la maison de la mariée,et c'est rebelote,le grand banquet tout aussi fourni que la veille,je vous passe les détails.
La mariée revêtue de sa magnifique robe blanche,est tant et si bien fardée qu'elle ressemble à une poupée Barbie. Elle est resplendissante,le marié viendra la retrouver et le mariage civile a lieu. Le marié s'en retourne chez-lui et ce sont les festivités qui commencent. Place à la musique,un orchestre qui chante et qui joue,pour payer les musiciens,chacun est invité à danser,le public paye les danseurs, argent qui servira à rétribuer les musiciens. L'après-midi se poursuivra ainsi entre musique,nourriture. Nous sommes encore et toujours sollicités de toutes parts,discours,danses,photos......




















En fin d'après-midi,il est l'heure pour la mariée de quitter la maison de ses parents,comme dans beaucoup de pays musulmans,lorsqu'une fille se marie,elle va vivre en compagnie de sa belle-famille. Recouverte d'une grande cape verte et le visage cachée,elle est entourée de ses proches et tous pleurent à chaudes larmes. Instant difficile de la séparation,moment des plus émouvant me rappelant toutes les séparations vécues au cours de toute ma vie,je ne suis pas loin des larmes moi aussi.

La mariée prend place dans un petit bus en compagnie de quelques proches,tandis que nous autres invités montons à bord d'un bus afin de l'accompagner dans sa nouvelle demeure. Le bus surchargé s'ébranle au son des tambours et des trompettes,fort heureusement le marié n'habite pas loin....... Là elle est accueillie par sa belle-mère,qui lui offre en guise de bienvenue un pain et de l'eau. Le marié arrive ensuite revêtu d'une sorte de robe de chambre, il chargera la nouvelle épousée tel un sac de patate sur son épaule et la portera dans sa chambre,où l'attend son trousseau de jeune mariée,nouvelle garde-robe,linge de maison,meubles........ Je retrouverai la belle toute de blanc vêtue,gisant sur un coussin telle une poupée désarticulée,le nez et les yeux rougis par les pleurs,elle est cachée derrière un rideau et passera là,les 3 prochains jours de sa vie,mis à part les quelques instants où son mari l'accompagnera pour de courtes balades dans la cour. Durant les 40 jours suivants il sera interdit au nouveau couple de quitter la maison familiale.




La famille étant conservatrice la mariée ne peut se joindre à la fête qui se poursuit,pour nous,nouveaux discours,danses tandis que nous continuons à manger. Bientôt pour notre plus grand soulagement Iroda nous donne le feu vert pour le départ,malgré la fatigue de toutes ces sollicitations,ce furent des moments intenses qui resterons gravés pour longtemps dans notre mémoire,tant de générosité,de gentillesse,de disponibilité.......... Avant de rejoindre la maison un dernier petit détour,vers la maison d'un artisan potier local,qui sera tout fier de nous montrer ses oeuvres.
Dernière soirée en compagnie d'Iroda,qui déjà se sent triste de notre départ et se met en devoir de nous préparer nos provisions pour la route,nous sommes obligés de la stopper sinon elle nous offrirait tout son garde-manger. Nous repartirons tout de même les sacoches pleines d'excellentes victuailles,confitures maison,noix,compote de poivrons,amandes,oeufs,pain,gâteau,sa belle maman nous préparera un pot de poudre de noix sucrée(énergie pour la route à venir)!!!!!!!!!
Après une excellente nuit de sommeil l'heure des adieux a sonné,et c'est non sans tristesse que nous quittons cette merveilleuse famille. Iroda serait prête a nous accompagné jusqu'en ville distante de quelques 12 kms tandis Nazira et Vazira affichent des mines toutes affligées.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire