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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

samedi 30 juillet 2011

Les pays du Caucase:L'Arménie Sarigyuch-Alaverdi du 22 au 26.07.2011


Les pays du Caucase:L'Arménie

Sarigyuch:le 22.07.2011
Etape:48 kms


Si il y a une phrase qui devra qualifier cette journée pour moi c'est bien celle du manque d'envie,pas envie de partir,de monter sur mon vélo,de pédaler,en fait envie de rien,mais voilà!!!!!
En quittant Gosh,une descente inespérée toujours à travers bois en suivant la rivière de plus de 30 kms jusqu'à Ijevan(signifie caravansérail),la ville fut pendant de nombreux millénaires une importante route commerciale est-ouest. Nous n'y ferons que passer,mais l'endroit semble agréable,quelques beaux bâtiments début du 20 ème siècle. Région vinicole,production de vin blanc local,qui serait tout à fait acceptable.
Nous nous proposons en ce jour de visiter le monastère de Makaravank,mais l'idée d'une nouvelle montée ardue de 6 kms ne nous tente guère,nous déposons nos vélos dans un hôtel du coin et effectuerons le parcours en stop,nous avons la chance de trouver un chauffeur de pick up qui fera un détour afin de nous y emmener,pas de transport public,le monastère est situé au bout d'une mauvaise piste et complètement perdu en bout de vallée au milieu d'une forêt. Le cadre est beau,quelques magnifiques sculptures sur ses murs extérieur accompagné de la simplicité et sobriété intérieure qui prévalent dans les églises et monastères arméniens. Les visiteurs ne sont pas légion,nous marcherons quasiment tout le chemin retour avant de retrouver nos bucéphales et de remonter en selle sous une chaleur écrasante.
Nous avons mangé notre pain blanc et c'en est fini de la descente,montées abruptes seront notre lot pour cette fin de journée. Sur le bord de la route une petite église rose,une aire de pique-nique,un vieil arbre creux de 1'500 ans devenu lieu de prière dans lequel les fidèles ont érigé un autel,accrochés croix,crucifix et autres objets de croyance. Nous sommes fatigués et l'endroit nous plait bien. Nous y faisons la connaissance d'Aran qui en compagnie de deux de ses amis est en train de boire et de festoyer,francophile avéré,il semble tout connaître de l'Histoire de France,parle quelques mots de notre langue et tient absolument à ce que nous partagions un peu de temps et de nombreuses bières en sa compagnie. Le moment est agréable,mais ne sommes pas fâchés lorsqu'il se termine,Aran commence à être un peu alcoolisé et la crainte que l'alcool continue à couler à flot nous fait refuser sa proposition d'hébergement.
Une fois tout ce petit monde parti,nous nous rendons compte que l'endroit n'est vraiment pas idéal pour un bivouac,les soiffards alcoolisés y font souvent halte le temps d'écluser quelques bières la sono de leur voiture à plein volume. Nous craignons que notre nuit ne soie par trop perturbée par tous ces vas et viens intempestifs et la place manque entre les détritus qui jonchent le sol pour étendre notre couche. Il commence à se faire tard et il ne nous reste plus qu'à trouver dans l'urgence une solution pour cette nuit. La terrasse d'une maison inhabitée nous servira de refuge,l'endroit aurait pu être parfait,mais l'aboiement des chiens et le trafic routier nous feront passer une nuit de mauvais sommeil agité.

























Alaverdi,le 23.07.2011
Etape: 82 kms
La fatigue est toujours bien présente,mais le moral est au beau fixe et je me sens prête à en découdre avec la route,le manque d'envie est passé. Au menu de la journée toute une chaîne de collines qu'il faudra traverser,la nature est sèche les foins battent leur plein,les montées composeront la majeure partie du terrain au cours des 40 premiers kilomètres,astreignant et dur,accompagnés du chant des grillons. Je ne m'attarde pas trop sur tous ces paysages monotones,me concentrant sur mon guidon. Descente inattendue et bienvenue en direction du village de Noyemberian et du croisement de la route qui emmène à la frontière géorgienne,que nous emprunterons dans quelques petits jours,notre visa arménien touche malheureusement déjà bientôt à sa fin. Mais avant cela un détour par le canyon de Debed,immense et impressionnante faille au fond de laquelle coule la rivière du même nom. La route suit le cours remontant de la rivière et nous nous attendions en fait à une route allant dans le même sens,étonnament le faux plat est descendant et en notre faveur,arrangeant en ce jour!!!!!!
Électricité dans l'air,amoncellement de gros nuages noirs,l'orage quotidien se prépare et nous fait accélérer l'allure,il éclatera 3 kms avant l'arrivée nous obligeant à prendre refuge le temps d'une accalmie,c'est accompagnés d'une pluie soutenue que nous faisons notre entrée dans la sinistre ville minière(cuivre) d'Alaverdi,en son centre une usine métallurgique,de grandes cheminées qui lâchent dans le ciel une fumée noire à l'odeur âcre. La ville de 10'000 habitants semble avoir été dévastée par un ouragan,immeubles vétustes proches de l'insalubrité,usines fermées,entrepôts à l'abandon,rues défoncées,conduites d'eaux apparentes,gros tuyaux rouillés,sur lesquels plane une indiscible tristesse encore une fois nous nous demandons où nous avons atterri, et le temps gris et pluvieux ne fait rien pour arranger les choses. Il paraît presque inimaginable de pouvoir trouver un hôtel dans ce gourbis,un jeune garçon viendra à notre rescousse et nous accompagnera jusqu'à l'hôtel Laura où nous y sommes reçus par une charmante dame du nom de Sveta qui s'empresse d'appeler la gérante des lieux,sur ses entrefaite arrive Gayane,la chambre est correcte et propre l'endroit malgré son horrible environnement semble tout à fait confortable et agréable,mais les prix annoncés bien trop élevés pour les lieux,je laisse Patrick beaucoup plus âpre à la négociation que moi diriger les opérations,il finira par obtenir la chambre à la moitié du prix annoncé au départ,je respire je ne me voyais pas remonter en selle sous la pluie afin de chercher un endroit où crécher. Tout est bien qui fini bien,le repos tant attendu est enfin là,quelques monastères à visiter dans le coin mais hors de question de nous y rendre en vélo,nous nous débrouillerons entre transports publics et auto stop. Je me couche heureuse de savoir que je ne remonterai pas sur mon bucéphale durant 3 jours!!!!













Alaverdi,du 24 au 26.07.2011
La vision de la ville sous le soleil n'est guère plus engageante que sous la pluie,mais notre chambre d'hôtel donne sur quelques verdures et de là nous entendons le bruit de la rivière,l'endroit n'est pas si mal au final.
Entre transports publics et auto stop il nous sera très facile de nous rendre dans les différents monastères et églises visités,et une fois de plus la décision fut sage tous étant perchés au sommet de route impossible,même le bus avait du mal,peinant et pétaradant sous l'effort.

La description de tous ces magnifiques lieux visités se résument toujours aux mêmes mots,alors que chaque endroit a sa particularité,sa propre vibration,je pense que les photos en parleront bien mieux que je ne saurais le faire.
L'église d'Odzun,magnifique église du 7 ème siècle située au centre du village du même nom. De couleur rose,superbes arches,les habituelles croix et autres ornements. Comme nous sommes dimanche nous avons la bonne surprise d'arriver au milieu de la messe célébrée par un prêtre barbichu et chevelu revêtu de ses magnifiques attours chatoyants.


















Le monastère de Sanahin,inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco,complexe monastique datant du 10 ème siècle,entouré de vieilles tombes,galeries médiévales,sombres chapelles. Une librairie y avait été construite en 1062 et au 12 ème siècle une école médicale y fleurit,ne reste à l'heure actuelle plus que les bancs pour attester de cette période faste.


















Le monastère d'Aghpat,lui aussi inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et sans aucun doute un de mes préféré,on y jouit d'une magnifique vue sur le canyon de Debed,,il y règne une atmosphère toute particulière et il reste une énergie en ces lieux ,pourtant désertés depuis fort longtemps, telle, que j'ai eu l'impression que les moines venaient juste d'en partir.


































Une ultime journée de pure glandouille,contraste total avec le reste de ce séjour,en terre arménienne,repos,farniente quel Bonheur
                                 Arménie

Tout rêve a un prix et celui de l'Arménie fut la folle dépense d'énergie,les routes pentues et ardues,la chaleur au cours de ce «pèlerinage» où bien souvent nous avons emprunté les routes du Calvaire pour parvenir à notre but,mais toujours la récompense fut au bout de la route,églises et monastères perchés dans des endroits impossibles donnant des airs de contes de fée aux paysages alentours. Arménie pays de contraste total où les deux extrêmes se côtoient indéfiniment,beauté de tous ses bâtiments religieux et décrépitude complète de ses villes,le «faste»et la modernité de sa capitale et la pauvreté de ses villages,une population qui par moments nous a accueilli à bras ouverts et nous a tout donné et une autre plus méfiante et fermée nous nous sommes vus pour la première fois de ce périple refuser de l'eau pour remplir nos gourdes. Un sens de l'hospitalité,une chaleur humaine pourtant bien présents,mais qui ne s'expriment pas de manière spontanée.
Petit pays(3 millions d'habitants) tout neuf abandonné à un sort des plus difficile après l'éclatement du bloc de l'est,partout cette ex géante que fut la Russie y a laissé sa trace et ses stigmates,pays à l'économie moribonde,aux infrastructures défuntes tout y est à reconstruire et il lui faudra sans doute bien du temps pour renaître de ses cendres.
Mon seul regret en quittant ce pays est le temps bien trop court que j'y ai passé,tant de lieux encore y sont à découvrir,tant de choses à y comprendre,en 3 semaines j'ai le sentiment de n'avoir qu'effleurer l'âpre réalité d'un pays à l'histoire tourmentée et dramatique qui est un peu à l'image de sa géographie. Je quitte l'Arménie en me disant que l'idée d'un futur retour n'est pas à exclure!!!!!

1 commentaire:

  1. bizarre sentiment après ce reportage, je ressens en effet toute la tristesse et la fierté de ce petit pays. Entre passé, ruine et avenir?
    Là où il y a trop de croix les pierres restent mais souvent l'espoir des peuples disparaît, regardez ce qu'est devenue ma bretagne : des vieilles pierres! et des algues vertes!
    merci de nous faire participer à votre errance!

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