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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

lundi 11 juillet 2011

Anatolie du nord-est Canaksu(Cildir lake)-Hanak-Posof du 30.06 au 02.07.2011

Anatolie du nord-est

Canaksu(Lac Cildir),le 30.06.2011
Etape: 74 kms

Dès la sortie de Kars,nous retrouvons les vertes campagnes cultivées,ses troupeaux de vaches,d'oies,de canards(hum un bon foie gras!!!). La route est tranquille peu de trafic et elle reprend ses habitudes dans un bon dosage de montées et descentes,pas de tout repos mais mes mollets de vieux suisses commencent à connaître la chanson!!! En arrivant à Susuz après une belle descente nous nous rendons compte que nous nous sommes trompés de route,nous nous sommes fourvoyés de 6 kms et notre belle descente va se transformer en belle montée. Pas dramatique,c'est la première fois que cela nous arrive et de plus Susuz est une jolie petite bourgade,nous y sommes invités à boire le thé,l'occasion pour moi de dépoussiérer mon allemand,quelques personnes ayant vécu en Allemagne sont toutes heureuses de pouvoir reparler la langue de Goethe. Nous y faisons également la connaissance d'un petit papy ayant lui vécu en France dans la région parisienne,il ne parle que quelques mots de français et est en train de se battre avec l'administration française apparemment depuis quelques temps ne reçoit plus sa retraite et ne sais pas comment faire,nous ne pouvons malheureusement guère l'aider.
Notre trajectoire rectifiée nous poursuivons à travers des paysages similaires. Arrêt dans une station essence pour refaire le plein d'eau et grignoter quelques gâteaux,alors que nous sommes prêts à reprendre la route,le patron des lieux nous invite à partager son repas et apparaît devant nous une assiette de nouilles,des haricots,du pain et de l'ayram (délicieux yogourt liquide un peu salé ici additionné de menthe et de concombre) un vrai festin de roi!!!! Ah décidément les stations essence turques,elles n'ont pas leur pareil nul part ailleurs!!!!!! Gavés comme des oies nous poursuivons joyeusement notre chemin, toujours aussi étonnée d'avoir droit à tant d'égards. Nous arrivons bientôt en vue du vaste lac Cildir,la couleur bleu pastel de ses eaux offre un magnifique contraste avec le jaune scintillant des champs de colza et de fleurs sauvages aux couleurs multiples,tout cela respire calme et sérénité,je me sens dans mon élément. Net péjoration de l'état de la route,on dirait qu'elle a subi une attaque de mites géantes tant les trous sont importants et nombreux,épreuve de slalom géant!!!! Les rives du lac sont quasiment désertes la présence humaine se matérialise par moments par quelques petites fermettes éparses pas de vrais villages. Les kilomètres commencent à se faire sentir et l'envie de pouvoir profiter un peu de ce petit paradis terrestre nous titille lorsque sur les rives du lac en contre-bas une petite maison avec le panneau restaurant,il ne nous en faut pas plus pour bifurquer afin de nous rendre compte de quoi il en retourne. L'endroit est magique,l'accueil est des plus sympathique on nous offre le thé,de la pastèque et nous propose de planter la tente pour la nuit,la fatigue laisse la place à la détente,nous n'avons plus qu'à nous poser et profiter de l'endroit. Au milieu du lac un petit îlot,lieu de nidification de centaine de mouettes qui s'ébattent dans une cacophonie indescriptible.
Tandis que nous sommes prêts à planter notre guitoune sur les rives du lac se présente une petite famille turque,un couple accompagné d'un neveu,d'une nièce et leur petite fille. Le couple ayant longuement vécu en Allemagne s'exprime parfaitement en allemand. Tout naturellement ils nous invitent à partager leur repas,salade,poisson grillé et thé un vrai régal et hors de question que nous payions!!!! Le couple est revenu en Turquie après quelques années passées en Allemagne,ils possèdent une maison à Istanbul,une maison dans leur village natal de Cildir et désormais ils naviguent entre leurs diverses propriétés et leurs nombreux enfants qui sont tous restés en Allemagne,la vie ne fut pas toujours des plus facile pour eux mais maintenant qu'ils sont à la retraite ils peuvent enfin profiter du fruit de leur dur labeur. Encore une de ces belle rencontre qui fait si chaud au coeur.
Alors que nous apprêtons à installer notre tente un vent tempétueux se lève,les températures chutent, on nous propose de nous installer dans la petite salle du restaurant désertée par les clients,heureusement notre tente plantée sur les rives du lac,signifiait l'inondation assurée. Pur moment de bonheur à admirer le coucher de soleil avant de se glisser bien au chaud et à l'abri dans nos couches!!!!!
























Hanak,le 1.07.2011
Etape: 77 kms

Difficile de s'arracher à des lieux aussi plaisants,il faut parfois se faire un peu violence pour reprendre la route,mais fort heureusement les paysages que nous offre mère nature sont de toute beauté. Notre serpent bitumeux vérolé gagne du nord et de l'altitude,le calme est parfait pas de circulation toute cette sauvagerie,prairies de fleurs et champs de colza rien que pour nous. Les heures s'égrènent au rythme du battement de nos mollets dans ce décors champêtre,entre montées et descentes, ce sera tout d'abord le col de Tasliyarma(2017 m) puis celui de Meryem (2016 m),la journée s'écoule paisiblement. Hanak marque pour nous la fin de cette étape,les 77 kms avalés suffiront à notre peine pour aujourd'hui. Une station essence vendant des machines agricoles,une vaste étendue herbeuse toute indiquée pour y planter notre tente. L'accueil y est sympa mais sans plus,on nous offre cependant le thé,quant à la question de la tente il faut attendre l'arrivée du patron. L'attente commence et elle se fait longue,au bout de presque 2 heures de poireautage,je m'enquiers de l'arrivée du patron,en fait il était là depuis un certain temps déjà et nous répond en nous disant qu'à 13 kms de là il y a une station essence superbe endroit pour passer la nuit. Les boules,le moral en prend un coup,les 13 kms de route ne sont que montée et il commence à se faire tard,après un rapide conseil de famille nous optons pour la petite ville,où l'on nous indique le parc municipal,nous y sommes accompagnés par une bande de mômes bruyants et excités,nous avons comme le pressentiment que notre choix ne fut sans doute pas des plus judicieux,mais il est désormais trop tard,nous n'avons plus qu'à faire avec. Nous passons un moment avec les enfants avant de leur faire comprendre que pour nous il est l'heure de dormir,étonnament cela ne semble pas poser de problème et ils s'en vont gentiment. Mais voilà à peine sommes-nous coucher qu'ils reviennent à la charge,excités ils nous appellent,nous lancent des cailloux,dès que nous faisons mine de nous lever ils partent en courant afin de mieux revenir,c'est l'enfer. Dans le parc quelques hommes sirotent une bière en papotant,à plusieurs reprises ils les chasseront,leur demanderont de nous laisser tranquilles,mais rien y fait. En désespoir de cause,deux d'entre eux viendront nous voir,ils connaissent un lieu où les enfants ne viendront pas. Une petite cabane de plastic servant à ranger les outils du chantier qui se trouve juste à côté,ils nous débarrassent l'endroit et nous nous installons dans notre hutte humide de fortune,pas le pied,mais cela fera l'affaire pour la nuit,nous ferons mieux demain!!!!! Au milieu de la nuit, 3 jeunes alcoolisés,lanceront pierres et cannettes de bière sur notre bivouac de fortune,ils s'enfuient comme des dératés,la queue entre les jambes, lorsque Patrick se lève.
Un peu choquée par cette agression gratuite,la première de tout notre voyage j'aurai beaucoup de peine à retrouver le sommeil.













Posof,le 2.07.2011
Etape:54 kms

Le matin nous retrouve tous les deux hagards,la nuit fut des plus courtes et le manque de sommeil se fait cruellement sentir,mais je n'ai qu'une hâte quitter ces lieux. Il faut tout d'abord trouver un garage pour réparer le vélo de Patrick, il y a quelques jours de cela avait perdu une vis de son porte-bagage avait effectué la réparation à Kars, mais visiblement travail très mal fait,et c'est à recommencer,dans la foulée mon compteur kilométrique rend l'âme(la batterie est à plat),la fermeture éclair de ma casquette se barre en couille. Décidément la journée commence mal,j'ai le moral dans les chaussettes et dans ces moments là il est bien d'être à deux afin de se soutenir,Patrick étant dans le même état que moi,mais à nous deux nous arrivons à faire face tant bien que mal à la situation. Les choses s'arrangent quelque peu lorsque deux jeunes super sympas répareront en deux coups de cuillère à pot le porte-bagage du Yackounet de Patrick et de plus gratuitement. Ce gros souci en moins nous pouvons débuter cette étape de manière plus sereine,pour le moral du moins,car du côté de la route cela commence par une immense patate de celle qui fait franchement mal aux pattes. Changement drastique au niveau des paysages,au loin se profilent des paysages alpins,parois rocheuses,forêts de pins. Montées sévères jusqu'au petit village de Damal,un immense nid de cigogne en marque l'entrée,joli petit bourg à la population des plus sympathique. Nous y faisons la connaissance d'un Turc ayant lui aussi vécu en Allemagne,décidément mon allemand est des plus utile,qui nous offrira un délicieux toast de fromage fondu et de nombreux thés,se sent heureux c'est un peu comme si nous lui avions rendu visite. Impossible de garder un mauvais souvenir de l'événement de la nuit dernière après de telle rencontre.
C'est au sein de montagnes pelées,alpages,troupeaux de vaches,sous un ciel des plus mitigé,l'orage menace que s'effectuera la dure ascension du col de Ilgar Dagi ( 2550 m). Il n'en finit pas et s'étire sur plus de 10 kms,pour moi c'est la rota,je suis à l'agonie et devrai à plusieurs reprises mettre pied à terre,Patrick s'inquiète persuadé que je n'y arriverai pas,mais c'est sans compter avec mon caractère de Gruyérienne,en mon for intérieur,je peste,je vitupère mais je jure mes grands dieux que même avec les dents je vais y arriver à ce foutu sommet.....Je suis complètement rincée mais pas peu fière de moi lorsqu'enfin apparaît le panneau bleu salvateur annonciateur du col,quelle débauche d'énergie!!!!!! Les paysages sont superbes chaînes de montagnes intriquées,forêts luxuriantes,tout à fait digne de nos paysages alpins,j'avais presque oublié à quoi cela ressemblait et oh combien c'était grandiose!!!!! Pas vraiment le temps de traîner sur ces hauteurs,il se met à pleuvoir,c'est une longue descente abrupte et ébouriffante de plus de 20 kms,l'orage est à nos fesses,les éclairs zèbrent le ciel, qui nous emmènera sur le village de Posof,celle-ci me videra du peu d'énergie qu'il me reste,en arrivant à destination je suis atterrée de constater que le village de Posof est perché au sommet d'une patate abrupte,je me sens complètement découragée. Mais pour l'heure nous sommes en Turquie et dans une station essence,donc sauvés,on nous sert un délicieux thé revigorant,le temps de récupérer avant de s'attaquer à la fin de cette étape. Tandis que nous sirotons notre thé,l'orage se déchaîne,coup de tonnerre et pluie diluvienne,mais je n'en n'ai cure,je suis à l'abri et ce foutu col est derrière moi et la meilleure nouvelle du jour,pas besoin de se rendre jusqu'à Posof la route qui mène en Géorgie,bifurque quelques 400 m plus haut où se trouvent deux hôtels. Le premier affiche complet,quant aux deuxième il est bien luxueux et le prix de 50 lires anéantissent mes espoirs,mais pour moi hors de question de faire 100 m de plus et je me battrai comme une lionne pour faire descendre le prix à 35 lires,c'est gagné et j'aurai droit à une nuit dans un vrai palace qui se nomme l'hôtel Klass avec en prime un gargantuesque petit déjeuner,finalement elle est pas si mal la vie!!!!! 















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