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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

dimanche 15 mai 2011

Anatolie du sud-est Adiyaman-Kâtha 13 au 15.05.2011


Anatolie du sud est

Adiyaman,le 13.05.2011
Etape:74 kms

Il y a des jours où à peine debout que je songe déjà à me recoucher,aujourd'hui est un de ces jours,mais là il ne faut pas pousser,je viens d'utiliser mon joker avec cette journée de repos à Gölbaçi et je n'ai qu'à empaqueter mes valoches et reprendre la route. Un denier thé en compagnie de Mehmet et de son fils,qui nous offrira du fromage pour la route. Il est un peu inquiet et nous demande de faire attention,des orages et de la grêle ont été annoncés pour ce jour,effectivement le beau soleil présent lors de mon réveil a déjà laissé place à un ciel couvert où s'accumulent de gros nuages,nous n'avons qu'à croiser les doigts.
Aujourd'hui pas de petites routes,nous sommes obligés d'emprunter la nationale,qui n'est pas en meilleur état que les petites routes,faite de gros cailloux accrocheurs,je n'y compte pas les trous et les bosses,toujours ce sentiment de jouer à saute mouton,mais,fort heureusement elle est suffisamment large et une petite bande sur le côté nous permet de ne pas être trop incommodés par la circulation importante faite principalement de camions.
Le bruit engendré par toutes ces charriotes toutes ferraillées est sans doute le plus gênant. Nous attaquons fort par une grosse grimpette qui nous emmène sur plusieurs kilomètres et je suis bien obligée de me rendre compte que même après ce jour de repos,j'ai les pattes toujours douloureuses!!!! Les paysages sont fort beaux,magnifiques vergers,champs de colza parsemés d'immenses coquelicot,vignobles,sauvage à souhait. Les villages ne sont pas nombreux et la campagne est quasiment vierge,seule nuisance,la route et ses véhicules. Au fil des kilomètres les dénivelés deviennent plus magnanimes et ce seront quelques belles descentes ponctués de quelques grosses patates,mais le tout reste tout à fait gérable. Quelques belles rencontres,quelques thé offerts seront les cadeaux de la journée. Le ciel est de plus en plus noir et j'entends le tonnerre qui gronde au loin,pour une fois la pluie n'est pas pour nous,du moins pour le moment.
Présence de zones industrielles,fabriques de béton et autres usines, nous approchons de la grande ville Adiyaman,que je vois se concrétiser sous mes yeux avec grand bonheur,cela sonne presque la fin de l'étape. Adiyaman,250'000 habitants,ville moderne aux larges boulevards,immeubles flambant neufs,là aussi les campagnes électorales battent leur plein,les drapeaux volent au vent et la musique racoleuse est tonitruante. En s'enfilant dans les petites ruelles de la ville plus anciennes,petites terrasses où les hommes boivent le thé tout en jouant aux cartes,au Okey(jeu qui se joue comme le rami,mais se présente comme les dominos)très populaire en ce pays. Petites ruelles commerçantes où règne une joyeuse animation,tout cela me plaît bien,mais pour Patrick trop de bruit et d'agitation. Décidons de pousser un peu plus et de sortir de la ville afin de trouver un gite pour la nuit. La route est descendante et il suffit presque de se laisser aller. Quelques 10 kms plus loin une station essence,nous nous y arrêtons et sommes invités à boire le thé,accueil extrêmement chaleureux de la part de Sabre,Rachid tous sont d'origine kurde, et en sont très fiers, entourés de leurs nombreux enfants. De fil en aiguille leur demandons si il y existerait une possibilité de dormir dans le coin,et bien oui il y a la petite mosquée pourvue d'un petit toit qui devrait nous abriter des intempéries. Nous installons nos matelas et duvets avant que les femmes de la maison qui vivent en contre-bas ne nous invitent pour boire le thé,nous passons un excellent moment en compagnie de toutes ces femmes et leur ribambelles de mômes,l'endroit est magnifique,bordé de vertes collines,champs de coquelicots,des oiseaux aux plumages multicolores,ruchers,des poulets qui s'égayent joyeusement autour de nous,le bonheur parfait récompense de tous les efforts de la journée. Une fois de plus on ne nous laisse pas piocher dans nos réserves de nourriture et c'est un excellent köfte (blé mélangé à des oeufs et relevé de diverses épices),accompagné de salade et de yoghourt qui nous sera servi,un vrai régal que nous dégustons en compagnie des hommes,les femmes mangeront plus tard.
Les températures fraichissent franchement,un vent glacial se lève et la pluie menace,nos amis insistent pour que nous dormions à l'intérieur de la mosquée,derrière le rideau (emplacement réservé aux femmes pour la prière). L'endroit est des plus confortable,il y fait bon et le sol est même recouvert d'une moquette. Tandis que Patrick fume sa dernière cigarette dehors,je suis déjà toute emmitouflée dans mon duvet et je m'y ferai toute petite,la porte grince et s'ouvre,les lumières s'allument c'est un bon musulman qui vient rendre hommage à son dieu,je ne bouge pas d'un poil et retiens mon souffle,tandis que je l'entends marmonner mais tout va bien les lumières s'éteignent et le calme baigne à nouveau ma chambre de fortune,je croise les doigts pour que les musulmans de la région ne soient pas trop assidus à la prière!!!!!! Je ferme les yeux bercée par le bruit de la pluie!!!!!





















Kâtha,le 14.05.2011

Etape:24 kms

La nuit fut excellente,nullement dérangés par âmes qui vivent. Un dernier thé en compagnie de nos amis avant de continuer notre chemin. Ciel menaçant,c'est une denrée quotidienne,fort vent de face. La chaussée est pourrie et le trafic important,les paysages sont similaires à ceux de la veille,mais j'avoue qu'en ce jour je me concentre plus sur l'effort à fournir,l'étape ne sera constituée quasiment que de grimpettes,et sur les véhicules qui croisent ma route. Kâtha petite ville plutôt moche de 60'000 habitants,pas vraiment d'attrait mais étape quasiment obligatoire si nous voulons nous rendre au Mont Nemrut,qui se trouve à 55 kms de là mais sur une route bien trop escarpée pour que nous nous y rendions en vélo. Les choix d'hébergement à la portée de notre bourse sont plus que limités et nous nous installons au Commagene camping,un maigre carré de verdure quasiment en bord de nationale,seule consolation les douches chaudes!!!! Nos fringues vélo auraient bien besoin d'une lessive,ils tiennent presque debout et ils ne vont sans doute pas tarder à marcher tout seuls,mais je me rends rapidement compte que ce n'est pas le lieu pour une bonne lessive et le climat rend la chose encore plus impossible!!!! A peine avons nous installé notre petite guitoune qu'il se met à pleuvoir à torrent,n'avons plus qu'à espérer qu'elle soit imperméable!!!!
Après-midi de repos bienvenu,de toutes manières il n'y a rien d'autre à faire!!!!! Le sommeil est difficile à trouver j'ai le sentiment de coucher sous un lampadaire au bord d'une autoroute!!!!


Kâtha,Mont Nemrut,le 15.05.2011

Le Mont Nemrut,la «huitième merveille du monde»est le point de rencontre au sommet d'une pyramide à une hauteur de 2206 m des civilisations occidentale et orientale. Édifié en l'honneur du roi Antiochos 1er de Commagène,ce sanctuaire funéraire fut construit par l'empilement de millions de petits galets qui forme un tumulus autour duquel se trouvent des terrasses ornées d'un autel de feu, des statues géantes représentant le roi Antiochos;Zeus le Dieu des dieux et des cieux il personnifie toutes les forces naturelles en lien avec les cieux,la lumière,la clarté les nuages,le tonnerre,l'orage et l'éclair;un aigle,un lion tous deux symbolisant la souveraineté ciel du Royaume de Commagène;Tyché la déesse de la fertilité celle qui nourrit tout,déesse de la fortune,de la destinée et de la chance;Apollon fils de Zeus qui représente la force éclairée,calme et mesurée qui possède le don de voir la nature avec sa lumière et le pouvoir de la transformer en n'ayant recours qu'à la raison;Héraclès il représente la force imbattable de l'homme contre la nature,il travaille pour le bien, la résistance et se rend utile à l'humanité en faisant disparaître les catastrophes et désastres naturelles.
L'endroit semble fort beau et il y a fort longtemps que nous avons envie de nous y rendre,mais bien évidemment aucun transport public,les tours opérateurs se gavent et demandent des prix exorbitants, et le genre groupe organisé n'est pas notre truc. Il serait cependant dommage d'être venus jusque là et ne pas pouvoir nous y rendre,nous décidons de tenter le stop et nous postons au bord de la route. Nous n'aurons pas longtemps à attendre avant qu'un père et son fils ne s'arrêtent,ils ne vont pas jusque là mais se proposent de nous emmener sur un bout de route. Chemin faisant, le père Hussein ,décide de jouer également les touristes en ce dimanche et de nous emmener jusqu'au site,nous n'en revenons pas de notre chance. La route est des plus pentue,je ne peux que me féliciter de ne pas être sur mon bucéphale, et s'élève à travers des paysages pelés de haute montagne,la vue plongeante sur la plaine de l'Euphrate est grandiose. En prenant de l'altitude,le brouillard se met de la partie,mais de ce côté là nous sommes également chanceux,il ne pleut pas et la vue est suffisamment dégagée pour que nous puissions apprécier la beauté des lieux,et puis cela tombe bien je vais pouvoir m'expliquer avec Zeus et ses congénères et leur demander ce qu'ils fichent en ce moment pour que le climat soit aussi détraqué????
Les têtes sont franchement impressionnantes,les photos devraient parler d'elles-mêmes et l'endroit valait vraiment le détour,je me sens toute heureuse et guillerette après cette visite. Hussein nous déposera au bord de la route,nos chemins se séparent,un nouveau petit coup de stop et nous voilà de retour à Kâtha,décidément il est franchement facile de voyager dans ce pays. Après-midi tranquille de repos,demain nous reprenons de la pédale en me rendant au Mont Nemrut j'ai pu me rendre compte de quoi serait fait les 30 premiers kilomètres de la prochaine étape et ma foi il n'y a qu'à s'accrocher!!!!!





















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