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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

dimanche 27 mars 2011

Jordanie Vallée du Jourdain Madaba-Irbid du 19 au 23.03.2011



Vallée du Jourdain du 19 au 23.03.2011
1ère étape:72 kms

La bonne odeur du café et le réveil tout en douceur de mon poussin ne m'aident guère à me sortir des plumes ce matin,je ferais bien la sourde oreille et resterais sous ma couette ignorant l'appel de la route et les encouragements de Patrick. Mais tout cela restera à l'état de rêve,il faut plier bagages et continuer vaille que vaille. Trop grande accumulation de fatigue ou est-ce le ciel nuageux et le temps mitigé qui freinent mes ardeurs coutumières???? Le serveur avec qui nous avons passé un peu de temps à papoter est tout triste de nous voir partir et nous offrira un café en guise de présent de départ,toujours très touchée par ces marques de gentillesse tout droit sorties du coeur,je me demande parfois ce que je peux bien faire pour les mériter et là encore aucune réponse à apporter à la question.
Madaba restera pour moi une petite étape des plus sympathique,le calme de sa ville,le charme de ses petites églises,le son des cloches se mêlant à celui du muezzin,son bon pain,ses bonnes bouffes,le confort somme toute douillet de notre petit guest et la quitter en pensant à tous les kilomètres qui m'attendent me demande un certain courage et tout au long de cette étape,je ne serai pas très en patte,mais c'est la vie il y a des jours sans et des jours avec.
Reprenons la même route qu'à l'aller,mais les difficultés en sont incomparables,ce qui me laisse tout loisir d'apprécier les paysages aux petits airs de Toscane,champs de colza,oliveraies,luzerne,quelques fruitiers annonciateurs du printemps,les premières fleurs éclosent,troupeaux de moutons et de chèvres paissant dans les champs,heureux changement de décors après tous les déserts traversés au cours de ces derniers mois,cela donne un peu de répit à mes sens la nature soudain les égaye de ses couleurs et de ses odeurs,et à l'image de la madeleine de Proust réveille en moi des image d'Europe et de terroir,qui m'accompagneront tout au long de cette journée. Entre yoyo et la descente un peu effrayante avec ses virages en épingles à cheveux (je devrai poser pied à terre afin de laisser refroidir mes freins qui ont tendance à la surchauffe),nous retrouvons la mer Morte aux magnifiques eaux bleu gitane. C'est à ce moment là que nous pouvons vraiment mesurer l'ampleur du dénivelé et la difficulté de la route parcourue, je me sens assez ébahie d'avoir réussi à grimper tout cela!!!

Nous retrouvons la route nationale et son flot de circulation assourdissant,ses camions et leur tonnes de tomates,repassons devant notre palace parking,je n'y lancerai qu'un bref regard définitivement trop luxueux pour moi!!!!! La mer Morte qui nous avait offert de superbes paysages sauvages dans sa partie sud se trouve dans le nord un peu gâchée par les complexes touristiques,ses plages privées et ses monceaux d'ordures,dommage!!!
Nous entrons désormais dans la vallée du Jourdain,terre biblique de Galilée,jalonnée de lieux hautement significatifs de l'Histoire chrétienne,entre autre l'endroit où le Christ fut baptisé en son temps,le pauvre si il devait le refaire aujourd'hui je suis sûre qu'il en perdrait tous ses cheveux tant la rivière du Jourdain est polluée et doit être infestée de pesticides engrais et autres. La vallée du Jourdain,bol de riz du pays, nous offre bientôt ses magnifiques paysages verdoyants et cultivés,et cela ne se cantonne plus seulement aux tomates,mais ce sont d'immenses champs,d'aubergines,poivrons,
courgettes,piments,fenouils,carottes,oliveraies,bananeraies,orangeraies......en ramassant les légumes tombés sur la route c'est maintenant une ratatouille que je pourrais confectionner,élevage de bétail et en plus des sempiternels troupeaux de moutons et de chèvres mon ceour sautille de joie en apercevant des vaches qui ressemblent fort aux belles vaches fribourgeoises. L'endroit est par conséquence le plus densément peuplé du pays. A un jet de pierre,les territoires palestiniens,malheureusement sous contrôle israélien,et des villes que j'aimerais tant visitées,Jéricho,Ramallah,Jérusalem,Bethléem.....
La route n'est pas drôle,complètement pourrie,ventée,faux plats,montées et descentes se succèdent sans nous laisser vraiment de répit,le trafic nous assourdit et nous asphyxie bien souvent. Une maison en construction à côté d'une belle bananeraie où chantent les oiseaux et coassent les grenouilles accueillera les nomades fatigués que nous sommes.
Dans la nuit en face de nous sur une petite colline nous pouvons voir briller les lumières de Jérusalem. Malgré une fatigue bien présente la nuit fut plus que mitigée entre aboiements de chiens et piqûres de moustiques.














2ème étape:75 kms

Nous poursuivons le long de la vallée et la route est similaire à celle de la veille,nous savons qu'une petite route militaire longe le Jourdain et à la première occasion bifurquons au milieu des cultures et finissons par la trouver. Le calme enfin retrouvé,je me sens comme en état de grâce,mais malheureusement celui-ci ne durera pas longtemps. Rapidement stoppés à un check point militaire, nous avons droit à la procédure habituelle,après l'éberluement du départ,notre pédigrée est passé au peigne fin,passeport,questions,le téléphone s'agite..... Tout se passe dans la détente et la bonne humeur, un café nous est offert,on nous laisse partir en nous disant qu'il n'y a pas de problème, mais la direction qui nous est donnée est celle du retour sur la nationale,dommage, essayé, pas pu. En ce jour la chaleur est digne d'un été caniculaire européen,la route ne nous fait toujours pas vraiment de cadeau et nous suons à grosses gouttes, nous nous encourageons en nous disant que ce qui est fait n'est plus à faire. Je l'avais lu à plusieurs reprises:impossible de voyager en Jordanie sans se faire caillasser par les enfants et ados de 3 à 20 ans,ce matin encore, en prenant mon vélo je me targuais d'avoir pu échapper à cette abomination,ai-je déclenché les foudres du ciel en y songeant,ce qui n'était que récit devient réalité lorsque la première pierre atterrit non loin de nos vélos,fort heureusement les jets ne sont pas précis et ne nous atteignent pas,les lanceurs sont aussi couards que maladroits et détalent lorsque Patrick descend de son vélo pour en découdre avec eux. L'épisode se reproduira malheureusement plusieurs fois au cours de cette étape. Cependant la nature continue de nous régaler de ses plus beaux atours et l'Humanité de quelques belles rencontres semées le long de notre route mots de bienvenue,thé,gâteaux,verre d'eau nous seront offerts de quoi me réconcilier avec n'importe quelles conditions de voyage.
Le ciel se fait de plus en plus menaçant de gros nuages noirs s'accumulent au-dessus de nos têtes et la chaleur est pire que jamais. Lorsque arrive l'heure de trouver un abri pour la nuit,nous optons pour une option de bivouac si possible pourvu d'un toit. Une petite ferme,quelques oliviers,champs de courgettes,tomates,aubergines, nous y faisons la connaissance de Khaled à qui nous demandons la permission d'y planter notre tente,d'un grand sourire il nous invite à partager sa petite maison,3 lits,un ventilateur,un nid d'hirondelles veillant tendrement sur ses oeufs,de l'électricité,un véritable palace où j'accepte de me poser avec reconnaissance. Nous y faisons la connaissance de Khalil,qui tient un petit tea shop aménagé dans un bus le long de la route et de Jamal,café,papotage partagés en leur compagnie et la fatigue cède la place à un heureux sentiment de détente. Nous ne comprenons pas très bien ce que trafique Khaled qui s'en va en nous disant qu'il reviendra peut-être dans le courant de la soirée. Quelques gouttes de pluie alors que nous terminons de manger en pensant aux délices de notre couche qui nous attend,voilà que débarquent Khalil et Jamal, ils nous apportent une télévision dernier cri,nous en restons sur le cul. L'intention est certes des plus louable mais nous n'avons qu'une envie dormir,un moment en leur compagnie devant le petit écran avant de leur faire comprendre à grand renfort de bâillements et d'étirements, notre grand état de fatigue et envie de dormir, cela met un certain temps mais ils finissent par comprendre et nous laissent à notre solitude nocturne. Nous sommes profondément plongés dans les bras de Morphée,lorsque à 2 h du matin Khaled fait sa réapparition,allumant lumière,télévision avant de se mettre au lit pour émettre au bout de peu de temps de sonores ronflements ce qui permet à Patrick d'éteindre sons et lumières.



















3ème étape:Irbid 40 km
La nuit ne fut au final pas si mauvaise,et prendre notre café au milieu de toute cette verdure accompagnés du chants des oiseaux est un moment des plus appréciable. Nous partirons sans avoir pu réveiller Khaled,un dernier thé en compagnie de Khalil et Jamal qui peinent à nous laisser partir.
La route est toujours aussi pourrie et circulante, de la même teneur que la veille jusqu'au moment où nous bifurquons pour prendre l'autoroute(et oui vous ne rêvez pas en Jordanie,nous pouvons circuler en vélo sur l'autoroute,bien souvent en bon état et pourvue d'une bande de sécurité),le trafic est un peu moins intense, et les grimpettes après quelques faux plats réguliers se corsent franchement pour devenir des plus ardues. En cours de route,de sympathiques et chaleureuses rencontres,quelques thés offerts(pas un jour ne se sera passé sans que l'on nous fasse un quelconque présent),une ou deux caillasses qui volent. Vraiment pas fâchée d'arriver à destination d'Irbid,je me sens fatiguée,mes fringues sont sales et je dégage l'odeur d'un troupeau de yacks. Nous y trouvons au petit hôtel Al-Almeen al Kabeer,un accueil des plus chaleureux,une chambre spacieuse,une douche glaciale de quoi faire peau neuve et notre bonheur.


Irbid:22 au 23.03.2011
Irbid deuxième plus grande ville jordanienne,600'000 habitants,siège de la Yarmouk Université l'une d'une des plus fameuse du Moyen Orient,la ville grouille de jeunesse,de magasins ,de confiseries aux devantures alléchantes,un magnifique petit marché de fruits et légumes et la vie urbaine se déroule tranquillement sans agitation excessive. Pas vraiment envie de m'y balader,surtout envie de me reposer après avoir sacrifié au rituel de la lessive,de plus le mauvais temps est de retour,les températures ont chuté et quelques pluies éparses,m'incitent à me calfeutrer entre les 4 murs de ma chambre. Rencontre sympathique avec Jésus et Maryse un couple de cyclo touriste de la région de Blois,qui donne lieu à un échange de bon nombres de récits.
Demain,départ en direction de la frontière syrienne et là nous ne pouvons que croiser les doigts et compter sur notre bonne mine. En principe il faut être en possession de son visa syrien (qu'il n'est possible d'obtenir que dans son pays d'origine) en se présentant à la frontière,
et bien évidemment nous ne l'avons pas,avais contacté l'ambassade syrienne du Caire qui m'avait dit de nous présenter directement à la frontière et qu'il était possible de pouvoir l'obtenir ainsi, il vaudrait mieux,car pour le moment nous séchons un peu sur les solutions de rechange. Passera, passera pas seul l'avenir nous le dira.

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