Ma photo
Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

dimanche 20 février 2011

Egypet Vallée du Nil du 23 au 28.01.2011



Vallée du Nil du 23 au 28.01.2010

Louxor-Edfou,le 23.01.2011
Etape:130kms
Après une journée supplémentaire passée à Luxor,nous voilà à nouveau en pleine forme et tout excités à l'idée de partir à la découverte de la vallée du Nil.
Aujourd'hui dimanche jour d'approvisionnement du gaz,de toutes les rues femmes et enfants affluent roulant leur bouteille de gaz vide sur le sol afin de les échanger contre des neuves au près du camion qui assure la livraison. C'est dans cette joyeuse effervescence entouré d'un grand tintamarre que nous enfourchons nos montures.

En ce jour plusieurs routes s'offrent à nous pour parvenir à destination d'Edfou,nous décidons d'emprunter la rive ouest qui devrait être un peu plus tranquille que la route nationale et surtout nous permettrait de traverser les cam-pagnes. Nous croisons les doigts en raison de règles de sécurité établies par le gouvernement ,il n'est pas toujours possible pour les étrangers de l'emprunter,
nous comptons sur notre bonne étoile pour que cela nous soit possible. Alors qu'à l'aller une certaine fébrilité régnait aux check points,cette fois-ci lors de notre passage à peine une présence militaire et à notre grand étonnement nous y passons sans autre forme de procès,parfois c'est à rien n'y comprendre,mais nous ne nous en plaignons pas.
La route est complètement pourrie et fissurée j'ai le sentiment de retourner au jeu de saute mouton de mon enfance,pas vraiment très agréable. Rapidement nous retrouvons la campagne verdoyante,principalement des champs de cannes à sucre,jardins potagers,troupeaux de vaches,de chèvres,les voitures font place à nombreuses carrioles tirées par des ânes,quelques tracteurs biélorusses. Habituée depuis que je suis en Égypte à l'austérité du désert toutes ces couleurs,le chant des oiseaux,le bruit m'explose en pleine face,tous mes sens sont en éveil,les paysages sont d'une beauté à couper le souffle et je n'ai pas assez de mes 2 yeux pour tout voir et que dire de mes oreilles qui sont sollicitées de toutes parts,les hello fusent de partout,pour les grands mots de bienvenue et pour les enfants,le mot money scandé à l'unanimité,les véhicules rencontrés nous klaxonnent bruyamment. J'ai besoin de toute mon attention pour faire face à toutes ces sollicitations sans oublier de garder un oeil sur la route et ses nombreux chausse trappes. Bien que le monde moderne y fasse petit à petit son apparition,j'ai tout de même le sentiment que le temps s'y est arrêté un peu plus longuement que dans certaines régions du pays.
Arrêtés sur les bords de la route pour une pause casse-croûte,nous rencontrons tout d'abord un groupe de cyclistes américains,puis un couple de Hollandais,en une seule journée nous aurons rencontré plus de cyclistes que durant ces presque 6 mois de voyage.


Aux abords d'Esna,une grande excitation règne sur notre passage,les adultes égal à eux-mêmes nous souhaitent la bienvenue,tandis que l'on peut ressentir une certaine agressivité de la part des mômes et des jeunes adolescents,certains nous lancent des cailloux,d'autres s'accrochent à notre porte-bagage,Patrick est carrément poussé par l'un d'eux,évitant la chute de justesse et c'est sans compter avec les mots d'insulte. Cette situation pour nous inédite nous interpelle,nous ne comprenons pas et n'y trouvons aucune explication. Moment durant lequel,j'avoue humblement haïr tous les mômes de la terre,mais nous rencon-
trons suffisamment de regards et de sourires lumineux pour qu'au final nous nous sentions plus interrogateurs que traumatisés face à cette situation.


A quelques 90kms un check point où nous retrouvons notre groupe de cyclistes américains assis en grappe sur un banc,les policiers ne veulent pas les laisser passer et continuer leur route sur cette rive,cela fait presque une heure qu'ils sont dans l'attente d'une solution. A notre tour d'être freinés dans notre élan et sommes contraints d'attendre en leur compagnie. Aucune explication ne nous est donnée,si ce n'est que nous ne pouvons poursuivre par cette route et devons regagner l'autre rive. La situation se dénoue rapidement,on nous emmène vers un petit embarcadère d'où nous prendrons,gratuitement,sous la bonne garde d'un policier et d'un de ses acolyte armé jusqu'aux dents,un bateau qui nous fera traverser le Nil. Arrivés à destination les choses n'en restent pas là,nous restons sous la bonne garde du policier (impossible de s'éloigner même pour acheter un coca) et nous apprenons que le reste de la route se fera sous escorte. Rien de nouveau pour les Américains,qui tout au long de leur descente de la vallée du Nil ont été accompagnée par une escorte et qui se sont vus accrédités en ville d'un garde qui faisait le poireau devant leur chambre d'hôtel,impossible pour eux d'aller où que ce soit sans être accompagnés. Pour l'heure tout ceci ne nous enchante guère mais apparemment nous n'avons pas le choix. La voiture d'escorte enfin arrivée nous pouvons redémarrer tous en choeur et pour moi cela ne tarde pas à prendre des allures de cauchemar,les Américains foncent tête baissée et moi avec mes cannes de serins il faut que je me calque sur le tempo scandé par toute la vigueur de ces viriles mollets,sans qu'il ne soit question de s'arrêter en route. Avec Patrick nous sommes habitués à faire de fréquentes haltes pour se pauser 5 minutes surtout au bout d'un certain nombre de kms,là il s'agira de 35kms non stop. Au bout d'un moment je commence à peiner et ai des difficultés à tenir le rythme,mon fessier est tellement endolori que je ne sais plus comment m'assoir sur ma selle,et pour couronner le tout la voiture d'escorte me fait comprendre que je ne vais pas assez vite. Patrick en vaillant chevalier fera tout ce qu'il peut pour me rendre la tâche plus facile,mais il ne peut pas pédaler à ma place,je serre les dents et continue vaille que vaille. Les hello et klaxons continuent de résonner dans l'air,en début de journée j'y répondais joyeusement mais là où j'en suis rendue,j'arrive tout juste à lever le petit doigt et ce n'est plus qu'un vague couinement qui sort de ma gorge enrouée. C'est envahie par un sentiment de soulagement innommable que nous arrivons enfin à destination,Edfou. Je suis épuisée et Patrick ne vaut guère mieux,inimaginable pour nous de rouler dans de telles conditions. Les policiers nous lâchent bien évidemment devant l'hôtel le plus cher de la ville,là hors de question,nous prenons la poudre d'escampette abandonnant les Américains à leur sort afin de trouver un logement à notre convenance. Le basique mais correcte El Medina hôtel revêt d'un seul coup des airs de paradis,malgré son aspect défraîchi et son mobilier usé jusqu'à la corde nous y sommes fort chaleureusement accueillis,et je peux enfin me poser en compagnie d'un verre de thé. J'ai besoin de retrouver mes esprits et de digérer cette longue étape. En mon for intérieur je ne peux m'empêcher de maudire ces foutus Américains,je
suis persuadée que sans eux nous serions passés comme une lettre à la poste.
Edfou,ville de 73'000 habitants,centre potier et sucrier est une cité provinciale vivante et agréable,le contact avec la population y est des plus chaleureux,nous rencontrerons Assouan qui nous offrira un thé,mais n'avons guère envie de nous attarder,nous n'avons qu'une envie une bonne douche et un LIT!!!

Edfou-Assouan,le 24.01.2011
Etape:108kms

La nuit fut bonne et nous semblons avoir bien récupérés de notre dernière étape,nous pouvons reprendre la route,mais laquelle,retourner sur la rive ouest au risque d'être à nouveau stoppés en cours de route ou la nationale qui ne semble pas poser de problème. Nous optons pour la seconde solution qui nous semble la plus sage.
Comme nous nous y attendions le trafic y est plus intense,les voitures roulent plus vite et plus que jamais nous nous devons de rester attentifs,mais la route est suffisamment large pour que je ne me sente pas inquiétée outre mesure,le bruit occasionné par tous ces véhicules étant pour moi l'élément le plus dérangeant.
Durant les 20 premiers kms les paysages sont toujours aussi verdoyants,les champs de canne à sucre,les palmiers à la coupe de cheveux rasta,les jardins potagers occupent la scène. Petit à petit les rives du Nil deviennent moins cultivables,une petite chaîne de montagne pelée à traverser, les paysages se désertifiant,les villages sont plus éparpillés. Mère nature reprend ses droits. De temps à autres le majestueux Nil se laisse entrapercevoir et sa couleur d'un bleu intense offre un fabuleux contraste avec l'austérité alentour. Superbe,je ne pensais pas cette région si belle,mon seul regret que la route ne longe pas plus fréquemment le fleuve.

Les kilomètres s'egrennent par moments un peu trop lentement à notre goût,l'étape de la veille a tout de même laissée quelques séquelles et la fatigue se fait sentir,j'ai les pattes raides et le popotin en charpie. Sur cette route non désertique je retrouve les plaisirs de petits arrêts à la terrasse d'un café le temps d'une pause et d'un thé bien sucré et revigorant.
L'après-midi touche à sa fin lorsque nous arrivons à Assouan et j'en suis fort aise car j'ai le sentiment que je ne pourrais pas faire 100 mètres de plus. Patrick tout aussi fatigué que moi prendra sur lui de nous trouver un logis,un de ces moment où il faut puiser au fond de soi-même afin d'y trouver le courage nécessaire. Notre choix se portera sur «l'hôtel» Al Amin,l'endroit qui au départ ne semblait pas trop mal se révèle rapidement être un peu merdique,pas toujours clairvoyants lorsque la fatigue s'en mêle. Le personnel y est moyennement sympathique,on nous demandera 10 livres pour garer nos vélos dans une pièce,la propreté y est quelque peu douteuse,et la douche froide s'agite comme un marteau piqueur lorsque je la mets en route et n'ai d'autres choix que de me laver vaguement sous le robinet,un peu les boules après tous ces kilomètres,cela fera la route pour ce soir nous verrons bien demain. Consolation tout de même lorsque j'arrive à pirater une connexion internet,ce qui ouvre de vastes possibilités entre autres celle de pouvoir mettre à jour notre blog.
Assouan du 25 au 26.01.2011
Assouan,ville de 1,8 millions d'habitants et haut lieu touristique,fréquentée principalement par les groupes en tous genres et de tous poils effectuant des croisières sur le Nil. La ville est dotée d'un immense souk qui semble être à l'usage exclusif des consommateurs étrangers et ressemble à n'importe quel autre lieu de ce type dans le monde. Les contacts n'y sont que mercantiles,le harcèlement continuel,les prix pratiqués prohibitifs,tout ce que nous aimons!!!
Nous nous rabattons donc sur les balades au bord du Nil,le fleuve s'y étale dans toute sa largeur majestueuse coulant langoureusement, indifférent à tout le commerce qui s'effectue sur son dos et du commerce il y en a. Une quantité industrielle de bateaux de croisière (immense bunkers tôlés et laids) occupent une grande partie de l'espace et gâchent quelque peu les vues que nous pouvons avoir sur le fleuve,sans parler des bâtiments tels que le Môvenpick entre autre qui ajoutent leur laideur à ce spectacle déjà fort peu réjouissant pour les yeux .Là encore le harcèlement est perpétuel,nous ne pouvons faire 100m sans que nous soit proposer,un tour en felouque,une balade en taxi ou en calèche,achats dans divers magasins et j'en passe. Nous restons pantois devant le spectacle de touristes en maillots de bain,luisantes d'huile solaire en train de se faire bronzer sur les ponts des bateaux de croisière,situés en centre ville. Des bancs placés fort à propos sur le quai permettent à des brochettes d'Égyptiens de pouvoir admirer le spectacle. Peuple pudique,il semblerait que les valeurs culturelles et les principes religieux s'effacent devant la mâne financière apportée par tous ces groupes peu respectueux des us et coutumes. Hypocrisie de nos sociétés!!!!!
Alors qu'en ce moment au Caire les rues s'enflamment de tout le mécontentement de la population vis à vis de son gouvernement,sans doute attisé par les événements tunisiens(renversement du gouvernement),la ville d'Assouan est bien loin de toutes ces préoccupations et ne s'intéresse qu'à la chasse touristique. Nous sentons un peu déçus et désappointés,pas le genre de lieux où nous avons envie de nous éterniser.
Mais la vie bien souvent nous offre de beaux cadeaux et ici ce sera celui des retrouvailles avec Sherif avec qui nous partagerons notre repas du
soir et qui par la même occasion m'aidera à résoudre mes difficultés internet. Je pourrai enfin m'y mettre sérieusement.
Flemme et connexion internet gratuite nous feront rester dans notre trou à rat,je passerai la journée à travailler d'arrache pied pour mettre à jour notre blog,tandis que Patrick plein de sollicitude me soutiendra moralement,j'espère que vous apprécierez!!!!!


En fin d'après-midi nous retrouvons Sherif et son amie Amira venue lui rendre une courte visite,moment des plus plaisant passé en leur compagnie avant de se séparer,nos routes prenant des chemins différents nous ne devrions plus nous revoir,mais qui sait. Encore une de ces rencontre éphémère qui restera gravée dans mon coeur,tant elle fut forte et authentique.
Le soir, le gracieux ballet de felouques voguant toutes voiles dehors au coucher du soleil nous réconcilie avec les lieux,grandiose!!!
Assouan-Edfou,le 27.01.2011
Etape:114kms
Assouan est la ville la plus sud où nous nous rendrons le long de la vallée du Nil,nous n'avons pas en tant qu'étrangers l'autorisation de rejoindre Abou Simbel en vélo. Nous repartons en direction d'Edfou et si la ville d'Assouan ne nous a que moyennement emballée elle nous aura au moins permis de nous reposer. C'est pleine de l'envie de pédaler et de retrouver la petite ville d'Edfou que j'ai beaucoup appréciée lors de mon passage précédent que je retrouve mon bucéphale. Les paysages sont les mêmes qu'à l'aller mais le regard posé sur eux est différent,les visions ne sont pas les mêmes dans l'autre sens. La route me semble également plus facile,les kilomètres défilent allègrement et c'est ivres de bonheur qu'avec Patrick nous pédalons de conserve.


Sur la route nous rencontrons grand nombre de camions emplis de dromadaires se rendant au marché de Daraw. Spectacle des plus amusant. La plupart des animaux sont acheminés en caravane depuis le Soudan,le long de la route des Quarante-Jours(qui doit son nom au nombre de jours qu'il fallait pour la parcourir) jusqu'au nord d'Abou Simbel,puis transportés en camion jusqu'à Daraw,avant d'y être vendus. Nous prenons le temps d'un petit détour et de quelques clichés.

Un autre petit crochet nous amènera au temple de Kom Ombo,qui se dresse sur un promontoire surplombant un méandre du Nil,là où les crocodiles peuplaient jadis les berges. Temple dédié au dieu crocodile Sobek,certainement grandiose en son temps il n'en reste en ce jour que quelques ruines et piliers qui même si ils sont remarquablement sculptés ne valent pas,pour moi, le prix demandé pour la visite,nous nous contenterons d'en faire le tour et en verrons autant que si nous y étions entrés. N'étant pas douée d'imagination archéologique,je peine à imaginer ce que devait être tous ces lieux aux temps de leur splendeur.


En fin de journée nous retrouvons le petit hôtel,Al Medina,la sympathique ville d'Edfou,sa population extrêmement accueillante,
son magnifique et grand souk de fruits et de légumes,les petites terrasses animées des cafés où fument les chichas......A la T.V les événements qui se déroulent au Caire passent en boucle,mais pas plus qu'à Assouan,la population ne semble concernée.
Encore une journée qui se termine bien trop vite,c'est pleine d'un sentiment de grand Bonheur que je retrouve les bras de Morphée.




Edfou,le 28.01.2011
Petite journée de coocooning et de repos,avant de poursuivre notre route. Nous allons y retrouver le désert que nous traverserons plein est en direction des côtes de la mer rouge.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire