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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

vendredi 21 janvier 2011

Maroc Sur la route de Safi 14.10.2010



Safi,le 14.10.10 Etape 67kms






Nuit de bataille avec les moustiques,ces créatures dont je n'ai pas encore compris l'utilité sur cette terre!!!!Ce matin au réveil les jambes sont lourdes,ouille,je scrute le ciel va-t'il faire beau,aucune envie de me prendre la sauce encore une fois sur le coin du nez,envie de partir sans en avoir envie.Parfois il faut vraiment du courage pour réenfoucher sa monture,mais je sais qu'une fois dessus et partie j'oublie tout et n'ai qu'une idée même si cela demande beaucoup d'effort avancer et je sais désormais que je suis capable de le faire alors oui partons!!!!Et oui en vélo,on se retrouve seule avec soi-même,je sais que personne ne peut pédaler à ma place et la réussite de mon étape ne dépend que de moi j'ai beau invoquer le ciel ou toute autre instance,il ne tient qu'à moi d'avancer et d'arriver au but.Cela demande parfois beaucoup d'abnégation et de lâcher prise,sacrée école de la vie si il en est,mais au bout du chemin l'ultime récompense la satisfaction de l'avoir fait et de la fierté aussi,je ne dois qu'à moi-même de me trouver en ces lieux!!!!!Et puis il y a l'autre avec lequel il faut compter,l'important étant de se soutenir et de s'encourager mutuellement,les prises de tête n'ont pas la même incidence et seraient tout de suite beaucoup plus délétères, et il est vrai que depuis que nous avons quitté la France je me sens très proche et solidaire de Patrick qui me le rend bien.D'emblée les conditions de route semblent idéales,des températures agréables,peu de trafic,un vent qui s'est mis en sourdine(même si en mon for intérieur je crains à tous moments qu'il ne se réveille,mais je pédale en me disant que tout ce qui est fait n'est plus à faire) et surtout des paysages magnifiques.Des champs dévalent des pentes abruptes presque jusqu'à l'océan et ses côtes sauvages battues par les vagues.Bientôt les paysages se désertifient,désert pierreux où paissent des troupeaux de moutons accompagnés de leur berger,je me demande bien ce qu'il trouvent à manger sur ces terres déssechées et arides???Mais la vision de ces troupeaux sur fond d'océan est pour le moins étrange.La route est très vallonnée,tout au long du trajet ce sera un yoyo continuel,mais les descentes parfois nous donnent suffisament d'inertie pour mieux amorce la montée suivante reste que par moments c'est plutôt ardu.Alors que nous avons fait halte sur le bord de la route afin de casse-croûter,un homme sort de sa maison juste en face et nous invite à grand renfort de gestes à boire un thé,ce n'est bien évidemment pas de refus.Mustapha s'exprime en français de manière hésitante,mais il nous explique qu'il est gardien de cette maison à moitié construite qui ne peut se terminer faute de moyens,il faut bien travailler car il a une nombreuse famille à nourrir.Il est enchanté de rencontrer des gens comme nous et scandalisé que le gouvernement ne nous aide pas financièrement dans notre projet,car il faudrait beaucoup plus de personnes comme nous,il se trouve ravi de pouvoir nous aider en nous offrant un thé et un biscuit.Il vit en compagnie d'un chien et d'un magnifique matou,nous papotons un moment avant de reprendre notre route.Je me sens toujours aussi fatiguée mais cette rencontre me redonne du peps tant elle me réchauffe le coeur,comme à chaque fois je me sens toute petite face à de tels gestes et attentions et je ne peux que déplorer que cela n'existe plus dans notre bonne vieille Europe et à chaque cela me rappelle ce vieux Turc rencontré quelque part sans cet autre magnifique pays qui nous disait qu'en Europe nous avions perdu notre coeur et j'aurais quelques tendances à être d'accord avec lui.Il ne nous reste que 22 Kms à parcourir mais les côtes ont comme quelques tendances à s'accentuer,qu'une chose à faire s'accrocher au guidon!!!!Enfin nous arrivons en vue de Safi,et la première chose que nous pouvons apercevoir de la ville est son immense port industriel en contre-bas,gaz,phosphate,et le plus grand port exportateur de sardines au Maroc,la ville me semble immense et effectivement elle compte 415'000 âmes. Alors que nous faisons halte pour prendre la mesure des lieux arrive un cycliste marocain qui fait partie d'un club et revient de son entraînement.Il s'arrête pour faire un brin de causette en notre compagnie,il nous dit qu'au Maroc plus rien n'existe au niveau vélo, aucun tour ni aucune compétition.Comme c'est sur sa route il se propose de faire route avec nous afin de nous montrer l'hôtel où nous pensons nous rendre,une fois à destination un au revoir et chacun sa route chacun son chemin,encore une rencontre fort sympathique.Alors que Patrick est en train de tourner pour nous trouver un logis pour la nuit, 2 jeunes se présentent pour discuter un peu,il emmènent Patrick dans une petite pension et l'aide à négocier les prix,ils nous aideront à monter nos sacoches et tout à coup disparaissent,nous ne les verrons plus.Une fois installés une bonne douche chaude,excusez du peu,nous partons à la découverte des lieux et là encore c'est une excellente surprise.Je m'attendais à une ville moche et bruyante et je découvre un très beau souk,un magnifique fort(le fort de la mer)qui servait de prison dans des temps anciens et une magnifique vieille médina qui aurait sans doûte bien besoin d'être restaurée,certains appartements devant être proches de l'insalubrité,mais l'endroit a une âme et cela me plaît.Dans le souk,nous trouvons un petit étal qui vend oh miracle des pizzas marocaines qui semblent fort appétissantes,pas besoin de nous prier afin que nous prenions place pour déguster une de ces merveilles.Là nous faisons la connaissance d'un jeune rasta surfeur et d'un autre homme avec qui nous entamons la conversation,l'homme se lève pour partir,à peine un au revoir et une fois que ce dernier a disparu de notre vue notre jeune rasta nous apprend qu'il a payé notre repas et notre thé, nous en restons comme deux ronds de flan.Notre jeune rasta nous emmènera faire un tour dans la médina, avant de reprendre sa route pour rentrer chez-lui,décidément cette journée est vraiment riches en heureuses rencontres et de plus c'est sans doûte la plus belle étape en vélo que nous ayons faite au Maroc.La ville me semble particulièrement accueillante partout où nous allons des personnes nous souhaitent la bienvenue,discute un moment et toutes nous disent qu'au Maroc nous sommes chez-nous!!!!!En vivant tout cela je comprends mieux pourquoi nous continuons de voyager et n'avons aucune envie que cela s'arrête!!!!

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