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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

vendredi 16 mai 2014

Turquie Beysehir Antalya du 9 au 16.05.2014

                                       Turquie

Beysehir,le 9.05.2014
Etape:108 kms

                                                 Nous ne saurions quitter Konya sans rendre une dernière visite au Mevlana,étincelant de beauté sous le ciel chargé d'une météo chagrine. 






                                        Il est facile de quitter la ville. Vent dans les fesses,roues de mon bucéphale accrochant sur une route fatiguée amorçant une très longue montée au sein de paysages austères,collines rocailleuses où rien ne pousse,nature hostile sans âme qui vive. 









                                        Le col de Belenbasi Beli(1460 m),atteint,je pourrais m'imaginer au bout de cette première épreuve,une colline en cachant une autre,l'effort se poursuit,fort heureusement comme le dit si bien Patrick,la montée est régulière,et un Eole magnanime fait toute la différence,ce n'est pas sans une certaine jubilation intérieure que je vois apparaître le panneau Hanönü Beli(1560 m),deuxième col de la journée. La froidure a fait depuis longtemps fuir mon poussin beaucoup plus véloce,aucune envie de m'attarder en ces lieux hostiles balayés par le vent.










                                     Stupéfiant changement de décor,descente échevelée au sein de superbes paysages alpins,éperons rocheux,montagnes de forme et couleurs aussi disparates que variées,pins,fruitiers,arbres d'eau,troupeaux de moutons. Région toujours aussi peu habitée,les stations essence ont disparu,seules quelques lokantas jalonnent notre parcours.











                                          Pluie,vent dans le nez,route légèrement ondulante,20 kms avant Beysehir,petits villages,champs de blé,troupeaux et à mon grand soulagement,qui ne sera que de courte durée,stations essence,elles sont légion,refont leur apparition. La surprise du départ,cède la place au découragement,lorsque toutes nos demandes de couchage,finissent par une fin de non recevoir,Yok(non),réponse inhabituelle maintes et maintes fois répétées,en contrepartie,on nous offre le thé,c'est déjà ça,il fait un froid de canard.

                                                  Beysehir(70'000 habitants),ville moderne,sise au bord du somptueux lac au nom éponyme,conditions climatiques,fatigues m'empêchent de profiter pleinement du panorama. Tournons,virons,écumées en vain toutes les stations essence,gorgées d'eau les rives du lac,ne permettent pas de planter notre guitoune,c'est la galère.....En désespoir de cause,nous nous rabattons sur la gare routière où permission nous est donnée de nous installer dans son hall pour la nuit,soulagement,peut-être pas le nirvana,mais au moins sommes-nous au chaud,quant à la nuit que nous allons y passer,seuls dieu ou Allah le savent !!!!!! Thé et délicieux plat réconfortant avant de plonger dans nos duvets sous le regard interrogateur des voyageurs en partance.




Derebucak,le 10.05.2014
Etape:63 kms


                                                      Voix stridente ululant dans un haut parleur,tirée brutalement de mon sommeil de plomb,fort heureusement mon lit à même le sol m'évite une chute certaine,la nuit fut étonnament bonne,dommage du peu. Avant de décoller visite du vieux quartier se réduisant à peau de chagrin,la superbe mosquée Ercefoglu(classée par l'Unesco),vieilles maisons déglinguées..... c'est beau et valait bien un petit détour.













                                              Le lac Beysehir,plus grande étendue d'eau douce de Turquie,ondes d'un bleu opalin dans lesquelles se reflètent,chaîne montagneuse aux sommets enneigés,roseaux dorés par un soleil ayant entamé une bataille perdue d'avance avec de lourds nuages noirs et menaçants,poules d'eau,aigrettes,cormorans,grenouilles...tout un monde de bels emplumés s'égayant en tous sens,barbotant,seul leur concerto cacophonique trouble le silence de ces lieux superbes et sauvages,que nous longeons durant un temps.














                              Peu de circulation,route tape cul au revêtement grossier,vent dans le nez,il fait froid,très froid. En quittant le lac,notre serpent de bitume,virevolte,tournicote s'envole en de rudes montées abruptes. 22 kms du départ,mon bucéphale,louvoie de l'arrière en émettant d'étranges sons,crevaison !!!!! Patrick est loin devant,une voiture interceptée,le préviendra de mon infortune,ma douce moitié se précipite à mon secours,sort son matériel de Mac Gyver,mais voilà au moment de coller la rustine sur le pneu,zut,plus de colle.... et là même sa b.....et son couteau ne peuvent rien pour lui,fort heureusement en réserve dans ses sacoches,une chambre à air,flambant neuve,nous sommes sauvés.



Surtout suivre la ligne blanche





                                             Paysages alpins féeriques,formations rocheuses,éperons granitiques,pinèdes.... la nature nous fait son cinéma, le show est grandiose,c'est bon pour le moral,route égrenant ses côtes très abruptes,vent sans pitié,soleil faisant quelques apparitions entre de gros nuages et quelques gouttes de pluie,c'est un peu le parcours du combattant,au sein de cette région très peu habitée.









                             Huglu(1400 habitants),une des rare bourgade de cette étape,le thé nous est offert sur la place du village où nous passons un moment sympa en compagnie de quelques locaux,dans la région,la population est moins expansive,curieuse et plus distante,parfois nos bonjours sont à peine payés de retour,après toutes ces semaines d'accueil enflammé,je me sens un peu comme abandonnée !!!!!


                                                Poursuivons,serpentant,me traînant le long de côtes vraiment abruptes et niquent les pattes,au sein d'une nature toujours aussi généreuse de sa beauté,gorges étroites,terrains d'alpage où les rochers semblent comme posés,là, par des mains d'artiste.....









Tellement rare et tellement beau de le voir sur son vélo!!!!















               Derebucak,vraiment fatiguée,j'y ai fondé tous mes espoirs,une station essence,YOK. Le café de la place,personne ne nous parle ni ne répond à nos salutations,le thé nous est cependant offert !!!!!! Interrogé quant à la possibilité de trouver un lieu pour dormir,un homme nous emmène dans un immense appartement qui semble à l'abandon,je crois toucher du doigt le paradis,mais lorsqu'il se lance,renseignements pris dans une diatribe à laquelle je ne comprends rien si ce n'est qu'il nous en coûterait 30 TL (j'ai grillé tous mes jetons dans le clapier à lapin de Konya),je n'ai plus qu'à repartir la queue entre le jambes et poursuivre ma route.


                         Quelques 10 kilomètres plus loin,une aire de pic nique et mosquée au sein d'un cadre idyllique. Le temps est vraiment pourri,vent violent,sol détrempé,menace de pluie. Nous nous tâtons longuement,quasiment pas un chat ne passe dans les parages,peu de chance pour que quelqu'un vienne y prier,après maintes hésitations,nous nous invitons dans la maison d'Allah en espérant du fond du coeur n'offenser personne !!!!!!!





Bergerie,le 11.05.2014
Etape:64 kms

                                         La nuit ne fut pas très bonne dans la glaciale maison d'Allah,au réveil,humeur morose et âme peu combattive alors que je me sais repartie sur les sentiers de la guerre. Températures polaires,transie de froid,les guibolles en compote,durs les premiers coups de pédale,les nuages emmaillotent les chaînes montagneuses de leurs blancs voiles cotonneux,cigognes insensibles au froid barbottent dans les flaques d'eau jalonnant notre route plate,cela ne saurait durer,en construction. Soleil faisant de timides apparitions entre les nuages, rares véhicules,carrières de marbre exploitées par les chinois,piste détrempée bordée d'un côté par une étroite plaine cultivée,de l'autre par des parois rocheuses abruptes,s'élevant infiniment et interminablement à travers une nature minérale revêtue de pinèdes jusqu'au col de Gevenli Beli (1510 m),le froid de ce début d'étape n'est plus qu'un vieux cauchemar.




























                             Les joies de la descente ne seront que de courte durée,quelques petits hameaux nichés au creux de la montagne,rencontre avec un sympathique cycliste hollandais faisant route inverse. Ibradi,petit bourg et son traditionnel café à l'accueil toujours aussi tempéré avant de nous lancer à nouveau à l'assaut de la montagne,les kilomètres sont grignotés à coups de pédale poussifs,les somptueux paysages sont là pour accrocher l'oeil et divertir le corps souffrant dans l'effort,gorges étroites,hautes parois rocheuses,précipice vertigineux,troupeaux de chèvres..... pour Patrick il en bave et c'est beau de mon côté par moments j'en bave et c'est tout !!!!! Nuages noirs s'amoncelant dans les cieux noircissants,vent soufflant en rafale,grandiose nature revêtant des airs inquiétants,orage aux fesses,je ressens comme une urgence à pédaler afin de trouver refuge pour la nuit.

                                                  La montée n'en finit pas,un petit plateau,une bergerie exhalant d'infâmes odeurs de bouc n'invitant guère à l'arrêt,la perspective sur la route à venir est telle,qu'elle nous cloue sur place,COTE. Au détour du premier virage,un couple de paysans faisant récolte d'herbes et autres plantes,nous indique une bergerie de pierre inhabitée et nous invite à nous y installer pour la nuit,épuisés,nous ne saurions refuser l'offre qui tombe comme du pain béni. Abri certes sommaire mais au sein d'un cadre majestueux et sauvage,le ciel peut désormais nous tomber sur la tête,nous avons un toit !!!!

                                Quelques bouts de bois suffiront à Patrick pour nous fabriquer un feu,douce chaleur réchauffant l'âme et le corps tandis que nos estomacs engloutissent tous ce que contiennent nos valoches. Orage évité,couchés avant le soleil,nous serons réveillés par Cem,le chevrier saisonnier vivant dans le campement non loin de là,tout joyeux,il nous apporte,fromage et yoghurt tout en nous invitant pour le thé du lendemain. Pas de place pour l'irritation devant une attention aussi touchante. Cem n'a pas tourné les talons,que le sommeil déjà nous a regagné.































Gundogdu,le 12.05.2014
Etape:68 kms



                                          Merveilleuse nuit de sommeil,la belle surprise d'un ciel d'azur sans un nuage éclairé par un soleil déjà ardent. Maisons faites de bric à broc,campement de fortunes des chevriers saisonniers,veillant sur quelques 1'000 biquettes. Nous y sommes chaleureusement accueillis par Cem et sa maman,qui mettent les petits plats dans les grands,feu crépitant dans le fourneau,fromage,yoghurt,confitures,tomates,pain,thé.....nous sommes traités comme des rois. Passons un moment en leur compagnie,au milieu des biquettes gambadant follement avant de reprendre la route,lestés d'un sac contenant,pommes et oranges tandis que me sera offerte une paire de chaussettes.



















                                          Route montueuse poursuivant longuement sa folle et rude ascension,nous gratifiant de sublimes vues plongeantes sur la vallée et son fleuve Mavnagat aux eaux couleur d'aigue-marine. Grande est l'émotion en apercevant dans le lointain,la mer Égée,je me sens envahie de fierté en réalisant que je les ai traversé toutes ces chaînes de montagne,j'ai réussi !!!

Arrivés au bout de ce titanesque effort,enfin nous plongeons,descente vertigineuse sous le regard éberlué des troupeaux de chèvres détalant sur notre passage,la route pourrie n'est cependant pas de tout repos,éviter les chausse trappe,trous,bosses.....véritable jeu d'adresse,il serait un peu dommage de se croûter après cette débauche d'énergie.



















                               Choc culturel et thermique,le changement de décor est hallucinant,paysages alpins se transformant rapidement en paysages méridionaux,tout à coup j'ai pris place à bord du TGV !!!! Les roues de mon bucéphale chantent tandis que je serre les fesses sur la selle,défilent devant mes yeux,cascades aux eaux cristallines,cerisiers,oliviers,noyers,figuiers de barbarie,fleurs,vignobles,champs de blé,maïs,cyprès,orangers,citronniers......une nature en fête qui a des airs de Toscane.






                       Le retour sur la nationale nous emmène dans un nouveau monde,retour dans le bruit et la fureur de notre trépidante vie moderne,grand boulevard,flot ininterrompu de véhicules pétaradant,barres d'immeubles,magasins,enseignes publicitaires..... comme elle nous paraît loin tout à coup notre petite bergerie,notre séjour dans la montagne fut si intense,qu'il me paraît avoir duré bien plus longtemps qu'en réalité. Mavnagat,grande ville moderne,nous y régalons nos estomacs de succulents lamachun(sorte de pizza turque,pâte très fine recouverte de viande hachée,tomates,oignons)avant que Patrick n’exauce mon souhait,celui de voir la mer. Nous restons éberlués devant le spectacle s'offrant à nos yeux,tout n'est que complexes hôteliers luxueux,plage recouverte de chaises longues et ombrelles,touristes de tous poil,faisant bronzette,s'agitant autour d'un filet de volley ball.....mais où est la mer,et la Turquie dans tout cela,courage fuyons !!!!




Cherchez-nous où sommes-nous????




                            Route plate très circulante,chaleur importante,un immense complexe hôtelier composé d'une station essence,magasin,piscine.... abandonné,un gardien tellement déprimé qu'il semble au bord du suicide,nous donne la permission de planter notre guitoune dans la pelouse jadis réservés aux camping cars,le malheur des uns fait le bonheur des autres !!!!!!!













Antalya,du 13 au 16.05.2014
Etape:71 kms

                                                        Nuit perturbée par le bruit sourd de la route dévidant son flot ininterrompu de véhicules. Ce que nous avons gagné en platitude,nous l'avons perdu en quiétude. Route nationale,très circulante,jalonnée,de complexes touristiques,enseignes publicitaires,villes identiques se succédant sans surprise aucune. Au loin se dessine joliment une chaîne montagneuse aux formes découpées. Bus touristiques en pagaille déversant sa cohorte de touristes(principalement russes et allemands),à nos joyeux bonjours ne répondent que regards mornes et en coin,chacun dans son monde,je suis impressionnée de constater que tout ce monde,en vacances pourtant,n'affiche pas la mine heureuse du bonheur. Je sens que notre monde celui dans lequel nous nous préparons à faire notre entrée après 4 ans de vadrouille,s'impose à moi, à pas feutrés,par petites touches.


                        Bifurcation vers une route un peu plus tranquille,plaines maraîchères avant que notre horizon ne soit à nouveau envahi par les complexes hôteliers, vision qui a quelque chose d'une catastrophe qui n'a rien de naturelle.


                                 Les faubourgs d'Antalya sont atteints,il ne nous reste plus qu'à trouver Omer(warm showers)et son logis qui nous attendent. En ce jour notre bonne étoile était vraiment là fidèle au rendez-vous. Avons été beaucoup plus rapides que prévu,la veille avait envoyé un message pour rectifier la date de notre arrivée,n'ayant eu l'occasion de consulter à nouveau notre boîte e-mail,n'avait pu prendre note du message d'Omer,nous disant qu'il quittait la ville en ce jour et ne serait de retour que deux jours plus tard. L'adresse repérée,un sympathique chauffeur de taxi,appelle Omer pour le prévenir de notre arrivée,ce dernier venait de quitter la ville,il lui suffira de 10 minutes pour nous rejoindre,nous introduire dans son petit studio qu'il met à notre disposition avant de repartir vaquer à ses occupations. Que de luxe,petit studio doté,d'une cuisinette,salle-de-bains,canapé clic clac..... tout cela rien que pour nous,nous sommes les maîtres de ces lieux,il ne nous reste plus qu'à nous poser,reposer et profiter de notre séjour.


















































                                            Antalya(1,2 millions d'habitants), vieille ville hautement touristique cernée par un champignon urbain moderne ayant explosé au cours de ces dernières années. Superbes vieilles maisons,mosquées,ruines......survivant au milieu des bazars touristiques,restaurants,hôtels,boutiques en tous genres..... Bien qu'encore hors saison,la foule s'y presse déjà,malgré tout il reste facile d'y trouver quiétude et sérénité,nous coulons des jours heureux,récupérons,Omer fera une brève apparition. Assistons à quelques manifestations de colère provoquées par la tragédie minière. Profondément attristés et peinés,en colère contre un monde où le profit économique pèse beaucoup plus lourd que la vie d'un Humain !!!!!!!




















































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