Ma photo
Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mercredi 6 février 2013

Australie Bridgewater Lake-Warnambool du 8.01 au 12.01.2013


                   Australie


             Victoria

Bridgewater Lake,le 8.01.2013
Etape:108 kms

                                               Les moustiques ne m'ont pas loupée,ai tellement bien dormi que ce n'est qu'au réveil que je constate l'ampleur des dégâts,un oeil complètement boursoufflé,il va me falloir la journée pour retrouver figure humaine. Ciel nuageux,vent pour une fois favorable,nous décollons de très bonne heure pour profiter ce cette aubaine. Le tumulte océanique nous accompagne au cours des premiers kilomètres qui défilent sans peine et à vive allure,immenses fermes d'élevage,je pourrais me croire dans mes vertes contrées,vaches noires et blanches,odeur de purin,en faisant abstraction de l'océan qui les borde,étrange d'ailleurs,toutes ces vaches aussi près de la grande bleue,tout ce bétail n'est sans doute pas étranger à la quantité de mouches(des milliers)phénoménale qui hantent les lieux,totalement et irrémédiablement invivable,peut-être pas pour rien non plus que tant de propriétés soient en vente? Peu avant la bourgade de Nelson,changement d'état,nous entrons dans le Victoria et avançons nos montres de 30 minutes,10 heures de décalage horaire avec l'Europe. 

                                                              Nelson,charmant petit bourg,situé à l'embouchure de la rivière Glenelg,qui s'y jette dans l'océan. Stoppés net dans notre élan,en raison des feux qui font toujours rage,la route menant à Portland est fermée jusqu'à nouvel avis,pas de bol pour une fois que nous avons le vent dans le popotin. Patrick boude et s'impatiente,véritable caliméro contre qui le monde entier s'est ligué et pourtant il fait bon flâner au près de la rivière si calme après l'impétueux océan. Le temps tourne,la route est toujours close,nous en avons pris notre parti et décidé de rester là pour y passer la nuit,lorsque Patrick revient tout joyeux,la route est à nouveau ouverte. Nous préparons notre barde en 2 temps 3 mouvements et repartons,voilà qui du coup ne m'arrange pas vraiment,fort vent,plus aussi amical,ciel complètement bouché. Quittons rivière et océan pour regagner l'intérieur des terres,route vallonnée,fermes d'élevage,plantations industrielles de pins,maquis dense et sauvage aux arbres en forme de brocolis,fleurs sauvages. Tout à coup notre épopée prend des allures de fin du monde,la pluie se met à tomber,l'air devient trouble et opaque,odeur de fumée,arbres calcinés,fumée rampante,la forêt se consume,triste spectacle sur plus de 20 kilomètres,d'une nature qui se meurt. Elle retrouve,tout à coup sa saine vigueur,pluie qui m'emmerde,mais me rassure quant au devenir de la nature,mais elle ne fera sans doute pas le poids face au fort vent qui continue de souffler. Route qui bifurque,devient extrêmement vallonnée,vent dans le nez,pas de la tarte,mais les paysages sont sublimes,grandioses de sauvagerie,collines,maquis,forêts,quelques fermes et maisons(beaucoup sont en vente),j'ai l'impression de me rendre au bout de la fin du monde et surtout de celle de ne jamais pouvoir y arriver,montée trop escarpée,je pousse mon bucéphale,descente vertigineuse,je me caille,quand enfin,je suis morte,le lac Bridgewater se matérialise. Il y a des endroits tellement emplis de beauté et de je ne sais quoi,qu'ils font en un clin d'oeil,oublier toutes les peines pour ne laisser place qu'à l'émerveillement. Nappe d'eau tranquille,sur laquelle glissent au milieu des herbes poules d'eau,canards,aigrettes... bosquets d'arbres et maquis cachent à notre vue l'océan que l'on entend mugir au loin. Incroyable mais vrai,l'endroit est aménagé,WC,BBQ,tables et bancs,heure tardive et temps pourri nous assurent une tranquillité absolue. Magnifique espace vert et son incontournable NO CAMPING,un peu de souci à nous faire,il pleuviote,fait froid et aucun endroit abrité pour dormir,en pleine cogitation,lorsqu'un homme se présente à nous,une pleine boîte de mûres fraîchement cueillies qu'il nous apporte en cadeau. Adepte de la petite reine qu'il pratique au cours de ses loisirs,il est soufflé par notre parcours,il n'en revient pas. Il nous donne la permission de planter notre guitoune sur le terrain pour la nuit et celle de déménager sur le sien si nous décidions d'un plus long séjour avant de s'en aller en nous souhaitant une bonne nuit. Notre bonne étoile s'est exprimée,merci,soulagement. Montons notre guitoune à la nuit plus que tombante et maintenant que nous voilà tirés d'un certain mauvais pas prenons notre temps pour apprécier ces instants magiques avant de nous glisser dans le confort réconfortant de notre maisonnette,demain il fera jour!!!!!!




























Portland,le 9.01.2013
Etape: 33 kms

                                                     Fatigue incommensurable,oeil dur à ouvrir,temps mitigé,ciel gris et pluie menaçante. J'aurais vraiment envie de m'attarder,mais la météo chagrine et le manque de victuailles nous engagent à lever le camp. Cape Bridgewater, route virevoltante,très montueuse,paysages d'une virginité absolue,nature austère,se désertifiant en approchant de l'océan,au loin le parc éolien du cape Nelson,moulins à vent des temps modernes,je me sens parfois l'âme d'une Don Quichotte à partir ainsi à l'assaut et à la découverte, nez dans le vent à dos d'un bucéphale qui n'est point ailé,de notre vaste planète. Tâche,qui certains jours,me paraît bien trop présomptueuse.


                                                                    Cape Bridgewater,endroit désolé bout du bout du monde,mouvement perpétuel d'un océan qui sans répit part à l'assaut de ces capes rocheux,y inscrivant son histoire,façonnant au fil du temps,la nature au gré de ses humeurs,l'érodant et le grignotant à force de patience,cet océan qui jamais ne s'endort,grandiose de beauté,effrayant de par sa force sauvage,e m'y sens si petite,mon existence,guère plus qu'un petit point,qui ne laissera aucune trace dans l'Histoire de l'Humanité,juste de qui relativiser les soucis de mon bref passage terrestre. Une belle leçon d'humilité qui me mettrait presque la larme à l'oeil. Au sein de ce chaos liquide,vit une importante colonie de phoques,j'étais venue pour les voir,mais je me sens bien trop fatiguée,j'ai froid et le courage me manque pour effectuer les 2 h 30 de marche nécessaires pour les rencontrer. Mon diligent poussin nous prépare un café réchauffant que nous dégustons méditatifs face à l'océan entre deux gouttes de pluie,avant de reprendre la route.


                                                          Portland,ville portuaire comme son nom l'indique de moyenne importance,quelques vieilles maisons de pierre noire volcanique,églises à l'architecture massive imposante et tristounette,une bibliothèque municipale et son accès internet gratuit et la surprise du chef,une douche municipale,eau chaude gratuite,parcs aménagés abondants,petit paradis pour bourlingueurs sans logis. Shopping,décrassage avant de nous installer dans un parc en bord de mer. En soirée un groupe de Chinois réunis autour d'un BBQ pour fêter un anniversaire nous offre quelques saucisses et brochettes excédentaires,si même les Chinois s'y mettent!!!! Bancs suffisamment larges abrités par un toit,superbe aubaine avec la pluie qui menace toujours.










Port Fairy,le 10-11.01.2013
Etape: 80 kms

                                                   Excellente nuit sur nos bancs de SDF. Retour sur la Princess Highway,nous n'en sommes pas franchement ravis mais aucun autre choix ne s'offre à nous. Jour à marquer d'une pierre blanche,Eole n'est pas présent au rendez-vous,tout de même fort ce vent,même absent,nous pensons à lui et nous en parlons. Etape facile et agréable(trop circulante pour Patrick)à travers campagnes,fermes d'élevage ovin et bovin. Chemin faisant j'apercevrai,un koala perché sur son eucalyptus,magnifique petite bestiole qui ressemble à s'y méprendre à une peluche,mais que fait-il là en bord de route,peut-être s'ennuierait-il tout seul dans sa campagne,vision qui réussira à me rendre heureuse pour la journée.

                                                  Port Fairy(2'000 habitants)avait été investi au début du 19 ème siècle par des fermiers irlandais qui l'avait nommée Belfast,fut rebaptisée plus tard Port Fairy d'après le nom d'un bateau. Belles maisons de bois style cottage anglais,la petite ville jouit d'une situation exceptionnelle,port le long de la rivière Moyne,d'un côté,de l'autre la côté océanique et ses anses sableuses. L'endroit est charmant et attire son lot de touristes,la ville quadruple le nombre de sa population durant les vacances scolaires,campings,plages sont bondés,mais l'ambiance est relaxe,suffisamment d'espace et de parcs aménagés pour que tout un chacun puisse y respirer librement et à son aise.


                                                              En bord de mer,un charmant parc ombragé et aménagé,il y a même une douche. Nous nous y installons dans la tranquillité la plus absolue. Pour moi la baignade ne sera pas encore pour aujourd'hui,balade sur la plage,forte brise océane glaciale comme compagne,je suis frigorifiée,les Australiens,eux,se baignent,mais comment font-ils,je n'y mettrai même pas le petit doigt de pied. En fin d'après-midi,le ciel se couvre le temps vire à la pluie,pas bon pour nous,notre parc n'offre aucun abri. Patrick s'en va bravement à la recherche d'un endroit plus adéquat,ils ne sont pas légion,il revient tout content d'avoir trouvé une petite cabane de pierre magnifiquement située en bord d'estuaire,juste à côté de la petite île parfaitement sauvage de Griffith. La pluie se mettant à tomber,remballons notre barda et déménageons. La cabane est effectivement magnifique,mais Patrick n'y avait pas pensé,le soir venu,éclairée comme un hall de gare,nuit pourrie assurée,mais nous avons beau chercher,nous ne trouvons pas mieux. Le ciel semblant s'être calmé,en désespoir de cause,nous retournons dans notre parc,nous n'avons pas le temps de garer nos vélos que la pluie se remet à tomber,retour à la cabane,nous ferons avec. Il se fait tard,mais impossible de se coucher encore. L'île de Griffith abrite une colonie de quelques 10'000 oiseaux Shearwater ou Muton Bird,qui chaque année parcourent entre Alaska et Sibérie plus de 30'000 kms pour venir se reproduire en ces lieux,les marcheurs partant à la rencontre de ces volatiles,rentrant à la nuit tombée après avoir passé la journée en mer sont nombreux.


                                                       Enfin couchés plutôt heureux de notre choix,pluies et vent se déchaînent à l'extérieur,le rugissement de l'océan empli notre cabane. 1 h 30 du matin,un seul trou dans le toit c'est pour Patrick,nous oblige à déménager,dur dur la vie d'artiste parfois!!!!!!


                                                        On ne change pas une équipe qui gagne,Patrick,nuit quasiment blanche,pour moi,nuit à peu près potable malgré la rudesse des éléments,pas vraiment fraîche la petit troupe au matin,mais le moral est bon et le beau temps de retour. Envie de lâcher un peu nos bucéphales pour la journée et de jouer les touristes pédestres. Il est possible d'effectuer à pied le tour de l'île de Griffith,qui n'en n'est plus vraiment une,puisque rattachée à la terre. Endroit superbe et sauvage,avec la colonie de Shearwater qui l'habite,il s'en dégage une forte odeur de fiente,plus un oiseau à l'horizon,déjà partis chercher pitance en mer,d'eux l'on n'aperçoit que leurs nids,qui consistent en d'innombrables trous qui peuvent atteindre jusqu'à 2 mètres de profondeur,les couples d'oiseaux sont fidèles et s'unissent pour la vie au même partenaire,chaque année un œuf,que les parents couvent à tour de rôle, est pondu. Au moment de la migration les adultes laissent derrière eux leurs progéniture qui les suivra quelques 3 semaines plus tard,seuls 50 % d'entre eux survivront à ce premier voyage. Baies sableuses,roches volcaniques noires qui tranchent sur le bleu océanique,l'île nous conte l'histoire,d'un gardien de phare y ayant vécu en compagnie de sa famille,celle d'un lieu protégé et préservé,où rien n'a changé au fil des siècles,l'humain n'y ayant laissé qu'un phare désormais à l'abandon et ses empreintes de pas,voyage en arrière dans le temps. Balade revigorante dans un premier temps mais qui nous laisse hagards de fatigue.  Sieste de derrière les fagots dans notre parc de bord de mer,de quoi retrouver une forme acceptable. Bain de mer,juste pour dire,pour Patrick,bonne dînette,le temps est suffisamment clément pour que nous puissions dormir à la belle étoile dans notre parc.



























Warnambool,le 12.01.2013
Etape:49 kms

                                                 Enfin une nuit digne de ce nom. Le ciel a retrouvé sa morosité,pas qu'en Europe,les étés pourris. L'ancienne ligne de chemin de fer,reliant Port Fairy à Warnambool a été aménagé en piste cyclable,étape totalement et parfaitement bucolique. Chemin sympa et agréable,nous évoluons tranquillement sous le regard affable de centaines de vaches,accompagnés par les milliers de sempiternelles mouches,encore une fois tout n'est que fermes,élevage et production laitière. A mi chemin,le patelin de Koroit,qui a gardé les fortes racines de population irlandaise qui maintient fièrement les traditions de son pays d'origine. Changement de décor soudain,petits lacs,marécages où barbotent,cygnes noirs,canards,hérons sur fond de dunes de sable,splendide.



                                                            Warnambool,grande ville de quelques 34'000 habitants avec elle se termine la tranquillité de notre petit chemin,une superbe côté sauve,un océan rageur qui alterne les bleus profonds et turquoise,un vent glacial venu tout droit d’Antarctique y soulevant de petites crêtes blanches. En bord de mer parkings géants,parcs aménagés,pas vraiment esthétique,grouillant de monde. Une ville pas vraiment belle non plus,complètement désertée. Nous avons gagné en confort par rapport aux nombres de kilomètres et à la quantité de nourriture à transporter en conséquence le shopping se veut beaucoup plus régulier,un peu chiant,mais on ne peut pas gagner à tous les niveaux.



                                                             Sur un promontoire,une cahute abritée du vent,mais surtout de la pluie qui menace toujours,nous nous doutons bien que ce n'est pas forcément un bon plan,mais nous sommes fatigués et le courage nous manque pour poursuivre notre route trop de distance à parcourir. Plus la journée avance et plus le sentiment du plan foireux se précise,ballet incessant des voitures qui roulent à tombeau ouvert,la son à fond sur le parking attenant,en contre bas,fête foraine et ses manèges et cerise sur le gâteau,concert de musique(même pas bonne)tonitruant. Les badauds vont et viennent,mais je ne peux tout de même pas leur en vouloir,nous sommes en été et ce sont les vacances. En fin de journée,Arthur et Pierre deux jeunes Normands voyageant en camper van débarquent,l'occasion de passer un moment des plus agréable en partageant une bière. Ça caille dur et il est déjà fort tard lorsque les choses se calment et que nous pouvons enfin nous mettre au lit. Pierre et Arthur dorment sur le parking,je ne sais pas vraiment pourquoi,mais cela me fait du bien de les savoir là,merci les gars. Notre cahute est comme il se doit brillamment éclairée,à 3 h du matin,nous sommes réveillés par 3 jeunes complètement beurrés qui nous tiennent des propos totalement incohérents,ils semblent repartir sans autre,mais jetteront sur notre cahute quelques bouteilles qui volent en éclat. Un peu dur de retrouver le sommeil après cela. Arthur et Pierre quant à eux se feront violemment secouer à bord de leurs camper van. Acte gratuit malheureusement souvent occasionné par l'alcool et inhérent aux grandes villes.























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire