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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mardi 18 septembre 2012

Australie New Beach- Warrora du 8.07 au 15.07.2012


                                       Australie


                                Côte occidentale

New Beach,le 8.07.2012
Etape: 84 kms

                                    

                                                                               Les couleurs de l'aube sur cet endroit paradisiaque sont toutes aussi merveilleuses que celles du crépuscule,quelques vaches qui nous scrutent de leurs air bovin me rappelle le pays,et comme la veille au grand dam de Patrick,je ne peux m'empêcher de dégainer l'appareil photo et de mitrailler à tout va. Difficile de m'arracher à la magie de l'endroit,mais nos sacoches commencent à faire triste mine et d'ici peu nous allons manqué de vivres,Carnavon prochaine ville qui se trouve sur notre route et où nous attend Chris(warm showers), est trop éloignée pour que nous puissions la rejoindre en un jour,nous tenterons de nous en approcher le plus possible afin que l'étape de demain soit la plus courte possible,pas d'autre choix cependant que de poursuivre.



                                                                      Platitude de la route,similitude des paysages,intensité du trafic,flot de vacanciers de plus en plus important,grand nombre de road train, qui parfois atteignent plus de 50 mètres,nous obligent à redoubler de prudence.





                                                             Etape tranquille et agréable,même si les kilomètres ne semblent jamais vouloir en finir. Nous nous rapprochons de la côte océanique et soudain Patrick ressent un désir irrépressible de revoir la grande bleue. A quelques 40 kms de Carnavon,une piste aux airs bien pourris,9 kms pour rejoindre la plage de New Beach,voilà qui tente fortement Patrick,de mon côté,le manque de nourriture,les kilomètres en plus,l'état de la piste.... je ne m'en sens guère l'envie et aurai bien le temps de revoir la mer,je finirai tout de même par me rallier aux désirs de ma moitié. La piste tient ses promesses et heureusement que Patrick se trouve fort loin devant moi,car je n'aurai de cesse de pester et râler en jonglant à travers trous,ornières,tôle ondulée,sable,véritable exercice de style pour ne pas tomber de ma monture et pour moi la cerise sur le gâteau est la vue de toutes les caravanes ayant pris d'assaut l'endroit, le temps des vacances scolaires,je commence à être de fort méchante humeur,et les tentatives pour montrer malgré tout bonne figure ne sont guère convaincantes,là encore on ne peut pas toujours être fan de son mec!!!! Pas évident de trouver un endroit pour planter notre guitoune,et pour Patrick plus d'une heure pour récolter le bois pour le feu vespéral. Malgré tout,il faut bien avouer que la petite baie sableuse et ses mangroves sont de toute beauté. La balade et les clichés au coucher de soleil m'amènent une saine détente,rapidement mise à mal,par la horde de moustiques qui effectuent des attaques répétitives et en règle,même la fumée de notre feu de bois échoue à les éloigner, sur nos pauvres personnes qui n'ont plus qu'une malheureuse soupe de nouilles à se mettre sous la dent!!!! Voilà une fin de journée que je qualifierais de parfaitement merdeuse,n'ai plus qu'à regagner mes pénates non sans râler à l'idée de la piste que je devrai à nouveau me farcir demain matin!!!!!
































Carnavon,du 9 au 12.07.2012
Etape:44 kms



                                                       Nuit rassérénante,bonne humeur retrouvée. La légère brise matinale frisquette se transforme en rafale de vent dans le nez lorsque nous reprenons la piste,parcours du combattant et véritable chemin de croix qui ne relèvent pas de la partie de plaisir,sans le dire,je le pense très fort dans ma tête,voilà une épreuve que nous aurions pu nous éviter,je chasse rapidement les réminiscences de ma mauvaise humeur de la veille qui ne demanderait pas mieux que de refaire surface. Légère amélioration en retrouvant la route de bitume,le vent n'est plus de face mais de travers,et le relief a retrouvé sa platitude. Longues plaines qui tirent profit des eaux de la Gascoygne rivière,cultures maraîchères et fruitières y abondent,bananeraies,champs de pastèques,manguiers,citronniers.... voilà qui change de l'aridité de ces derniers jours.




                                                                          Une bonne petite surprise nous attend,la route étant meurtrière en ces jours de lourd trafic,le rotary club de Carnavon,s'est posté en bord de chaussée afin d'offrir à tous ces chauffeurs pressés d'arriver au but,une petite pause accompagnée d'un café gratuit,ce n'est pas de refus,c'est parfait pour accompagner les deux malheureuses tranches de pain de mie,seule survivance de nos valoches bondées du départ,même une souris en ressortirait avec les larmes aux yeux.



                                                                                       Les derniers kilomètres n'en finissent plus,ce sont deux estomacs complètement affamés qui font leurs entrée dans la petite ville côtière de Carnarvon(6'000 âmes),longues avenues poussiéreuses bordées de palmiers moribonds avant de rejoindre le centre ville rendu chaotique en raison des travaux de réaménagement,une vie locale qui tourne autour de quelques petits commerces et d'un supermarché,ici aussi la vie semble tourner au ralenti. Je n'ai d'yeux que pour le supermarché dans lequel je me rue sans hésitation aucune,j'ai tellement faim que j'en ressortirai les bras chargés de sacs,de quoi tenir un siège.



                                                                          Estomacs calés,je me charge de contacter Chris,tandis que Patrick ne peut que tristement constater que son pneu arrière est à nouveau crevé,rustines et colle made in China qui n'ont certainement pas bien supporter le voyage équatorial en Asie du Sud Est,ne lui reste plus qu'à remettre la main à la pâte. Contacter Chris devient rapidement un casse tête,chinois,lui aussi,n'ai pas eu au cours de ces derniers jours l'opportunité d'une connection internet,il ne sait même pas que nous sommes là,je suis en possession de son adresse,mais personne à la maison,n'ai plus qu'à dégoter une connection internet afin de lui envoyer un petit mot,en croisant les doigts. Tandis que j'attends Patrick parti se débarbouiller,un homme tout sourire s'avance vers moi et oh miracle,c'est Chris,prévenu sans doute par radio cocotier de la présence de deux cyclistes en ville,il s'est empressé de venir à notre rencontre,nous étions attendus,au cours de ces derniers jours il n'a eu de cesse de rencontrer des personnes qui lui faisaient part de notre progression journalière. L'Australie un grand pays????




                                                                               Chris nous accueille dans sa somptueuse demeure, vaste et magnifique appartement avec vue imprenable sur la Gascoygne rivière,en compagnie de sa voisine Jennifer et d'un excellent verre de vin blanc glacé,une journée qui prend des allures paradisiaques,contact simple et feeling excellent,Chris,cycliste à ses heures sait exactement ce dont nous avons besoin après ces quelques jours passés dans le bush. Lorsqu'il nous présente nos appartements nous n'en revenons pas de notre chance,un studio,doté d'une douche,machine à laver,micro onde,frigidaire.... rien que pour nous. La douche un réel Bonheur tandis que la machine à laver ronronne et grogne sous le poids de sa charge. Soirée tranquille,un nouveau petit coup de rouge en compagnie de notre nouvel ami Chris avant de nous écrouler dans notre vrai lit,dieu que j'apprécie ces luxe et confort qui me sont offerts!!!!!














                                                                                  Au matin le ciel fait grise mine,grosse masse nuageuse à l'horizon,une brise fraîche et rageuse se met à souffler de façon tempétueuse avant que la pluie ne se mette à tomber,merci les cieux qui auront attendu ce jour de repos avant de se déchaîner. Jour de repos pas vraiment en fait,comme toujours il s'agit de se réorganiser,lessive,vaisselle,shopping pour le réapprovisionnement,connection internet et quelques messages,alors que je n'aurais qu'une envie,me relaxer et ne penser à rien. Le retour dans le monde actif,le monde des hommes pressés où trop de choses semblent s'agiter autour de nous,après plusieurs jours passés au sein de la nature sauvage,seuls avec nous-mêmes, est toujours source d'un certain stress que nous peinons à gérer,nous n'arrivons pas à faire le joint,alors que toutes les conditions de confort sont réunies pour que nous puissions profiter pleinement de nos journées,nous nous engueulons,nous nous égratignons. Nous nous en rendons parfaitement compte,mais il nous est pour l'heure impossible d'agir différemment,nous arrivons juste à éviter que les choses ne prennent trop d'ampleur.
Rapidement Chris nous invite à rester aussi longuement que nous le désirons,voilà qui nous laisse le temps d'effectuer les tâches indispensables à notre propre rythme,rien de mieux pour détendre l’atmosphère.


                                                         Séjour des plus agréables,Chris et Jennifer seront ravis des pâtes au thon que je leur cuisinerai.



                                                                             Patrick toujours aussi matinal s'en ira faire un tour du côté de la Jetty,attention monument historique classé,un chemin de fer,qui au siècle passé servait à acheminer jusqu'au port la laine de mouton, ensuite embarquée à bord de bateaux pour être exportée vers l' Europe. En ce jour,les lieux se sont transformés en musée,locomotives et wagons,mis au rebut.


                                                                      
                                                                                        Une balade le long de la magnifique rivière avec l'espoir d'apercevoir des pélicans,pas vu la queue d'un,sans doute dérangés par la tempête se sont réfugiés pour quelques jours en des lieux plus paisibles.




                                                    Toutes les bonnes choses ont une fin,reposés et réorganisés il est l'heure de songer au départ,il est temps pour nous de quitter la douce et charmante compagnie de Chris,joueur de guitare et nostalgique à ses heures. Encore une de ces rencontre magnifique qui change le goût et la couleur d'un pays.


















Boologooro,le 13.07.2012
Etape:80 kms




                                                                     Sacoches chargées à bloc,nous réussissons je ne sais pas quel miracle à y faire entrer,le ragoût d'agneau cuisiné et offert par Jennifer(thank you very much) et la bouteille de rouge qui répond au délicieux nom «d'arrogant frog»offerte par Chris. Je remets le pied à l'étrier,le coeur gonflé d'émotion et la larme à l'oeil,bye bye l'ami Chris,see you again some where and keep in touch!!!!




                                                                     Un vent violent nous accompagnera durant les 20 premiers kilomètres ,le temps de dépasser les maraîchers, la Gascoygne rivière et d'atteindre la nationale pour enfin profiter d'un Eole porteur,une fois n'est pas coutume.




                                                                               Un bush semi-aride,arbres tortueux,noueux comme en souffrance,épineux et broussailles. Nombreux troupeaux de bovins et d'ovins,qui s'affolent à la vue de nos bucéphales, courent en tous sens,traversent la route au péril de leurs vie, ne sachant pas très bien à quels saints se vouer. Nombreux cadavres d'animaux en tous genres jalonneront notre route en ce jour. Terre rougeâtre à perte de vue,quelques fermes,nombreux road trains,mais bien souvent rien,moi la solitude du bush,plein d'un vide qui par moments pourrait paraître vertigineux,que j'aime à remplir de mes rêves et pensées. Un calme propice à la cogitation, je me demande comment l'on arrive encore à gamberger dans notre monde envahi par tant de nuisances?




                                                                                    Etape facile au final,nous trouvons un petit coin de bush,non loin d'un corral à moutons,jonchés d'os d'animaux. Épineux déblayés c'est avec un fémur de bovidé que notre guitoune sera plantée,récolte du bois,repos du guerrier en compagnie d'un bon café. Nous nous amusons à entourer notre campement d'ossements imaginant que les âmes des braves animaux trépassés veilleront sur notre nuit de sommeil en nous protégeant des mauvais esprits.




                                                                     Au couchant nous nous régalons du délicieux ragoût de Jennifer accompagné du picheton de Chris,nous finirons la soirée un peu sur Soleure(terme suisse signifiant un peu pompette),nous gagnerons nos couches un peu à quatre pattes pour sombrer sans tarder dans un sommeil bien mérité.













Minilya,le 14.07.2012
Etape:60 kms




                                                                                Une pensée matinale pour la France,fête nationale,bal des pompiers,jour de goguette,que la fête soit belle et que la morosité soit oubliée pour un jour!!!!



                                                                                                       Pour nous cela prend également comme des airs de fête,étape relaxe et plaisante au sein de paysages identiques à ceux de la veille. En fin de matinée nous atteignons Minilya,une road house,une aire de repos gratuite aménagée,tables,BBQ, sur les berges de la rivière éponyme,bordée de somptueux et majestueux eucalyptus,l'endroit est magnifique et il ne nous en faut pas plus pour nous décider à mettre fin à cette étape et nous octroyer un peu de bon temps. Notre guitoune plantée,le bois récolté pour la flambée du soir,je m'installe,contente et désireuse de me remettre à mon clavier,c'est le moment que choisit Vincent,retraité du Victoria en vacances dans la région,pour venir faire un brin de conversation,je n'en n'ai guère envie,mais fais contre mauvais fortune bon coeur. Patrick fuit lâchement et me laisse en charge des relations publiques,tandis que Vincent me déballe tout son curriculum vitae avant de courir chercher son appareil photo contenant tout son album de famille,je suis bonne pour le mariage de ses nombreux enfants,la naissance de ses nombreux petits enfants et tout le tralala,tandis que je peste un peu intérieurement,lui se montre tout content d'avoir trouvé une oreille aussi attentive,je me console en me disant que je ne peux pas toujours recevoir à mon tour également de donner un peu,une fois abandonnée l'idée de m'adonner à mes propres activités,je prends plaisir à sa compagnie,mais respire tout de même lorsqu'il se décide à partir pour une petite sieste. Celle-ci ne durera guère,il s'en revient presque aussitôt en compagnie de l'apéritif,je fais la connaissance de Stanley,qui ne tardera pas à devenir notre ami,un bon petit vin rouge et sec en cubi de 4 litres(zut moi qui avais décidé de ne plus boire!!!!),accompagné de crackers,fromage,olives de son jardin...... un vrai festin de roi,du coup Patrick ne se fait plus prier,quel fourbe, pour prendre part à l'agréable et intéressante conversation. Vincent est en fait accompagné de son épouse qui gît malade au fond de son lit,parti s'enquérir de son état qui ne semble pas vouloir s'améliorer,il s'en reviendra cette fois-ci,avec le repas du soir,côtelettes d'agneau qu'il nous mitonnera au feu de bois,pour le coup je m'en voudrais presque d'avoir intérieurement si mal accueilli la venue de cet homme éminemment sympathique et touchant. Une soirée franchement agréable où je me retrouve une fois de plus un peu touchée par les quelques gorgeons éclusés,je ne suis définitivement pas encore sur le chemin du couvent,mais bon c'est juré à partir d'aujourd'hui,je ne bois plus!!!!

















Warrora,le 15.07.2012
Etape:70 kms



                                                              Patrick toujours aussi matinal,a depuis bien longtemps déjà profité de son moment de solitude qu'il chérit tant en compagnie d'un café au près du feu lorsque,fatiguée, j'ouvre un oeil quelque peu glauque sur cette nouvelle journée qui s'annonce. Nous nous préparons tranquillement,nos bucéphales chargés,nous sommes prêts à décoller,Vincent,toujours aussi attentionné s’enquiert de nos besoins éventuels avant de nous offrir un vrai café. Profondément touchée par tant de sollicitude,Vincent fut pour moi une belle leçon de vie et je ne peux que me féliciter d'avoir su garder la porte ouverte!!!! Nos chemins se séparent,il fait cap au sud vers Albany tandis que nous continuons notre progression vers le nord.




                                                                   Les kilomètres qui nous éloignent de Perth augmentent gentiment mais sûrement,nous commençons à percevoir les changements climatiques,la chaleur est de plus en plus présentes et les effets sur la nature se font désormais sentir. Le bush toujours présent est bien moins fourni,arbustes et buissons d'épineux sont plus éparses,de nombreux mimosas en fleurs régalent nos narines de leurs subtiles fragrances,grandes étendues rocailleuse où poussent quelques maigres herbes sèches. Troupeaux de moutons toujours aussi bêtes et imprévisibles,broutant le long des fossés,leurs courses effrénées et inquiètes les amenant bien souvent à terminer leurs vie,transformés en galette, faisant le bonheur des corbeaux,buses et aigles,sur le bord de la chaussée,il n'en restera bientôt plus que carpettes poussiéreuses et tas d'ossements calcinés.
Une route très peu circulante qui joue les montagnes russes,un vent constant qui entrave notre progression au sein de cette zone aride,mais une étape qui toutefois reste bien agréable,pour moi rien ne vaut la solitude de ces grands espaces!!!













                                                                 En ce jour le bush ne se montre guère hospitalier pour planter notre guitoune,herbes rases,épineux,sol pierreux, le regard peine à trouver un lieu susceptible de nous accueillir tandis que la fatigue s'empare de nos corps. Au croisement d'une piste rejoignant la côte océanique,un emplacement,juste de quoi nous y glisser avec un espace suffisant pour notre feu vespéral. Chacun s'active à sa tâche,récolte de bois,organisation de notre maison avant de se poser rassérénés et heureux de cette journée qui malgré les conditions fut des meilleure. Mis à part le vent qui nous chante toujours sa ritournelle,le calme est absolu,grand moment d'éternité que la dégustation de ma soupe de nouilles en admirant les paysages aux couleurs mordorées du couchant à la douce chaleur de notre feu de bois!!!
















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