Ma photo
Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mercredi 4 mai 2011

Turquie Anatolie centrale Basdere-Elbistan du 4 au 9.05.2011



Anatolie Centrale

Basdere :4.05.2011

Etape:30 
Après plus d'un mois d'inactivité il est l'heure pour nos bucéphales de reprendre la route. Le ciel après tous ces jours de morosité a revêtu une tenue quasiment estivale,les températures sont montées en flèche.
Il m'est difficile de m'arracher au doux cocon crée par Brit et Bekir,2 semaines en leur compagnie m'ont permis de mieux faire leur connaissance,des liens se sont tissés et je me sens triste à l'idée de les quitter,mais il faut bien un jour reprendre la route!!!!! Physiquement je ne me sens pas en pleine forme sinusite et bronchite sont toujours présentes,mais après 3 jours de repos et d'oisiveté,je pourrais commencer à faire du nombrilisme torturé,le dortoir me rappelle un peu trop la présence d'Anaïs,Florian,Camille et Gabriel qui sont désormais bien loin de moi et qui me manquent déjà. Malgré sa grande sollicitude,je commence à sentir Patrick qui piaffe d'impatience à l'idée de remonter en selle. C'est un peu stressée et inquiète que je prépare mes bagages,un dernier café en compagnie de nos amis et nous voilà partis.
D'entrée de jeu nous attaquons par une côte digne de Paris-Roubaix,extrêmement pentue et pavée,impossible de rester en selle et il faut pousser nos montures heureusement que Patrick est là pour me donner un coup de main,à peine 3 kms et je suis déjà à l'agonie.
Un dernier regard sur les formes incroyables de cette Cappadoce,dont je ne me lasse définitivement pas. Petit à petit les paysages se transforment,la route grimpe, à travers de magnifiques champs cultivés,au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude,le sol s'appauvrit,pâturages herbeux et caillouteux où paissent d'importants troupeaux de moutons. Scènes rupestres qui ne sont pas sans me rappeler mon terroir natal.
La région est peu habitée,nous traversons quelques petits villages où les habitants oisifs,nous lancent de joyeux Merhaba(bonjour,bienvenu),la chaleur humaine est omniprésente en Turquie,c'est ce qui l'a toujours rendue si chère à mon coeur. Je l'avais presque oublié mais voilà Eole se rappelle à notre bon souvenir et se soulève en rafales coléreuses. Je suis vraiment à la peine et ces 30 kms suffiront amplement pour cette reprise. Arrivés à Basdere,nous décidons que notre étape se terminera là. Nous repérons au milieu d'un parc,un petit édifice qui pourrait nous servir d'abri pour la nuit. A peine avons nous déposé nos vélos que nous sommes assaillis par les mômes du village qui sortent de l'école. Nous sommes entourés d'un joyeux brouhaha,tous veulent nous parler,cahier d'anglais,dictionnaires sont de sortie et chacun y va de son anglais chaotique,posant question,essayant de raconter sa vie. Après quelques 3 heures passées en leur compagnie,je n'ai plus aucun espoir de trouver un peu de paix,un môme s'en va et deux autres le remplacent. Fatigués nous avons besoin d'un peu de calme nous décidons de reprendre nos bicyclettes pour trouver un endroit à la sortie du village. La chose n'est pas aisée et rien en vue alors que nous nous décidons à refaire demi-tour, nous sommes interpellés par une femme s'occupant de son jardin. Lorsque nous lui expliquons que nous cherchons un endroit pour dormir,elle nous invite tout naturellement chez-elle,c'est alors qu'arrive Mehmet son frère,qui nous invite à dormir chez-lui,et encore une fois l'endroit est plus qu'inespéré,une petite chambre douillette nous y est offerte et hors de question que nous mangions dans notre coin,nous partageons le repas de la famille. Mehmet,Turc d'une cinquantaine d'année s'est expatrié dans de nombreux pays pour travailler,de ce fait il s'exprime dans un mélange d'anglais,de russe,d'allemand émaillé de quelques mots d'italien,plein de prévenance il n'arrête de s'inquiéter afin que nous ne manquions de rien. Son épouse nous prépare un excellent repas. Nous avons droit à tous les albums de famille,pas vraiment la tranquillité recherchée mais ils sont tellement gentils. Puis ce sont les voisins qui débarquent pour boire le thé,et rebelote la nourriture arrive à nouveau sur la table comme par enchantement,produits maison excellents mais n'en jetez plus la cour est pleine. Nous sommes obligés de montrer par force bâillements que nous n'en pouvons plus et qu'il est l'heure pour nous de fermer les yeux,une fois cela admis,c'est avec un plaisir non dissimulé que je peux enfin me glisser dans ma couche pour une excellente nuit,alors que dehors le vent se déchaîne et l'orage gronde,mais à vrai dire je m'en fous complètement enfouie au fond de mon duvet.









Develi:5.05.2011

Etape:50 kms

Au réveil ma première pensée est pour ma mamounette qui en ce jour fête ses 70 ans,un petit pincement au coeur,que j'aimerais être avec elle et la serrer dans mes petits bras,je souhaite juste qu'elle sait oh combien je pense à elle????
Mehmet et sa femme sont toujours aussi charmants et hors de question que nous les quittions le ventre vide,arrive sur la table un petit déjeuner gargantuesque composer de produits du terroir,tout est organique comme nous l'annonce fièrement Mehmet,une chose est sure un vrai régal qui affole nos papilles gustatives. Après cette belle journée de soleil la météo est à nouveau mitigée,le ciel reprend ses mauvaises habitudes et fait grise mine,dans ma tête je me prépare à quelques pluies en cours de route,au moins je ne serai pas prise en traitre!!!!
Dès le départ cela ne rigole pas nous attaquons notre premier col,la route monte nous emmenant à travers des paysages de pâturages empierrés au sol assez pauvre. J'ai le sentiment que cela n'en finit pas,je me sens déjà un peu mieux que hier mais la bronchite est toujours là,le nez coule comme une fontaine,j'ai les pattes raides et je ne parle pas de mes fesses,mais bon j'avance vaille que vaille. Décidément la reprise est plutôt duraille et le rythme pas vraiment facile à retrouver,incroyable un mois sans vélo et même en ayant aiguisé mes mollets dans des marches en Cappadoce, la forme acquise au cours de ces derniers mois de vélo a comme disparu. Après le col (1635 M d'altitude),nous redescendons dans une plaine cultivée où paissent des troupeaux de vaches,de moutons et merveilleuse surprise,cadeau de la journée,sur les pylônes électriques de grands nids où des cigognes couvent jalousement leurs oeufs,quel beau spectacle!!!!!!
Entre pluie et soleil la route joue les montagnes russes jusqu'à la fin de cette étape. Chemin faisant nous nous arrêterons à plusieurs reprises dans des petites échoppes de thé,à chaque fois nous sommes accueillis par un tollé de bienvenu,les questions pleuvent,nous suscitons émoi et éveillons la curiosité de cette population rurale des plus sympathique qui m'impressionne par sa gentillesse,et chose hors du commun,impossible de payer un thé,nous sommes des mussafirs(personne qui se trouve loin de chez elle) et ils ne veulent pas de notre argent,un homme m'offrira même un pain!!!!! Décidément en Turquie le sens de l'accueil dépasse tout ce que nous connaissons jusqu'à maintenant, c'est encore plus fort qu'au Maroc c'est pour dire!!!!
Develi,ville de moyenne importance,
hormis sa population elle ne présente pas d'attrait particulier,mais quelle soulagement lorsque j'y mets pied à terre. Le petit hôtel Kattas,version luxueuse à prix modeste par rapport aux lieux que nous avons l'habitude de fréquenter nous y attend,une douche chaude,un lit douillet,que demande le peuple,que du bonheur!!!!!!
Quasiment chaque ville en Turquie a sa spécialité culinaire,à Develi ce sont les pide (pizza turque de forme oblongue),nous nous faisons un devoir que d'y goûter et ma foi,nous ne serons pas déçus.































Deresimli: étape:6.05.2011

Etape: 47 kms

Avant de partir je jette un oeil sur la météo et je n'aurais pas dû,orages et pluie sur tout le pays sont annoncés,je me sens fatiguée et même si le soleil luit,la perspective de me faire rincer ne me sourit pas du tout et c'est à reculons que je refais mes bagages,pour Patrick tout cela ne pose aucun problème et la question ne se pose même pas!!!!!
Le soleil ne tarde pas à laisser la place à une pluie diluvienne digne du déluge et la route plutôt pourrie et raccommodée de partout, ne nous laisse aucun répit,dieu que cela monte,j'ai peine à distinguer les paysages tant le ciel est couvert,les nuages s'accrochant sur les hautes montagnes de la chaîne du Taurus,dommage cela semble magnifique,mais au vue des conditions il est difficile de pouvoir en profiter. Point cependant des plus positif, la circulation est quasiment inexistante. Arrivés au village de Shamelik,tentons de trouver la petite échoppe de thé,il n'y en a pas,mais en Turquie nous ne sommes jamais vraiment à la rue,quelques turcs nous voient passer du haut de leur terrasse et nous invitent à prendre le café chez eux,j'y suis accueillie par une dame âgée qui me serre dans ses bras comme si elle me connaissait depuis toujours et ne m'avait pas revue depuis des lustres,franchement émouvant!!!!! Notre hôte turc s'exprime dans un français quasiment parfait ayant vécu durant quelques années à Montpellier avant de retourner au pays,il nous propose thé,café,petit déjeuner avant de nous quitter le travail l'attend à Kayseri,il nous laisse en compagnie de notre charmante vieille dame et nous dit de prendre notre temps,yoghourt,pain,fromage et autres gourmandises font leur apparition sur la table,nous mangeons et buvons notre café sous l'oeil bienveillant de notre hôtesse qui nous fait comprendre que nous pouvons rester tout le temps que nous le désirons,incroyable!!!!!!!!! C'est le coeur tout retourné que je m'en vais,me demandant une fois de plus ce que j'ai fait pour mériter cela!!!!!!! Encore quelques kilomètres de rude montée avant de redescendre sur une plaine cultivée,petits villages agricoles,la pluie redouble,nous sommes obligés de trouver refuge dans une petite échoppe de thé,les hommes présents sont éberlués de nous voir débarquer et sont effarés de constater que le pantalon de Patrick est détrempé,après le thé,on nous propose à manger et le serveur nous fera un feu afin que nous puissions nous réchauffer et nous sécher,encore une fois que dire de tant de sollicitude. Nous faisons la connaissance de Salih qui boit un thé en notre compagnie avant de disparaître comme par magie. La pluie se calme nous reprenons la route sans vraiment savoir où celle-ci va nous emmener,pour l'heure tout ce que je sais c'est que cela grimpe toujours. Arrivés au village de Dere Simli,le ciel se charge à nouveau de gros nuages noirs et nous décidons que cela sera la fin de l'étape pour ce jour. Alors que nous sommes en train de discuter avec des villageois tâtant le terrain pour un lieu où nous pourrions passer la nuit,voilà qu'apparaît notre fameux Salih,qui tout naturellement nous invite chez lui pour boire le thé et y passer la nuit,pas d'amélioration en vue pour ce jour,nous reprendrons la route demain. Salih est un petit bonhomme un peu simple,divorcé,il vit en compagnie de sa mère âgée et asthmatique. La maison est propre et rangée mais dès l'entrée nos narines sont assaillies par l'odeur d'urine de matou en chaleur,je suis saisie par un haut le coeur mais finirai par m'y habituer. Salih ne parle pas l'anglais et son discours en turc est parsemé de quelques mot d'allemand,en hôte prévenant,il s'affaire,allume la T.V,et dans un flot ininterrompu de paroles,nous raconte sa vie,tente de nous inculquer quelques mots de turc,me couve du regard,me caressant régulièrement les cheveux,tant d'insistance aurait tendance à m'inquiéter,mais je me rends vite compte qu'il le fait un peu à la manière d'un enfant. Nous recevons la visite de ses voisines qui le taquinent et l'aideront à préparer le thé. Nous ne sommes qu'en début d'après-midi et je ne rêve que d'une chose,dormir,le temps passé devant la télévision passe des plus lentement,mais pas vraiment le choix. Hors de question,bien que Salih et sa maman ne semblent pas riches que nous sortions notre nourriture,elle nous prépare une délicieuse soupe et un plat qui ressemble sans que je puisse vraiment le définir à des pâtes,du yoghourt maison que nous nappons d'un sirop de raisin ,délicieux. Ils finiront tout de même par accepter notre pain et notre fromage. L'heure de se coucher arrive enfin,Patrick partagera la chambre de Salih,tandis que je dormirai dans le salon en compagnie de sa maman et là c'est toute une épopée qui commence. La lumière éteinte mamita branche une petite lampe rose,façon lupanar,toute la nuit j'aurai l'impression de dormir sous un lampadaire. Ma petite dame a quelque peine à respirer est à moitié allongée sur son lit et souffle bruyamment,quand enfin j'arrive à fermer l'oeil,voilà le téléphone qui sonne,elle descend de son lit à grand bruit pour s'épancher longuement au bout de la cornette,une fois ceci terminé,elle vient s'assoir au bord de mon lit,me prend la main et me tient tout un discours en turc,versant par ci par là une petite larme,je n'y comprends rien et surtout j'ai l'oeil qui se ferme. Enfin je peux m'endormir et tout se passe jusqu'à l'aurore,lorsque j'entends un bruit au pied de mon lit,c'est ma mamita qui fait sa prière à 4 pattes par terre,décidément cette nuit n'aura pas été de tout repos. Au matin je retrouve un Patrick qui n'est guère plus reposé que moi,l'odeur d'urine de matou en chaleur l'a quelque peu incommodé pour trouver le sommeil. Notre mamita nous a préparé un copieux petit déjeuner avant que nous ne reprenions la route. Voilà une aventure dont on se souviendra,un dernier signe de la main et c'est sous un ciel des plus mitigé que nous reprenons la route.
























Doganbeyli,le 7.05.2011

Etape:37 kms
Le ciel bas et les nuages noirs menaçants n'augurent rien de bon pour la journée à venir. Les températures sont des plus fraîches. Dès les premiers coups de pédales nous sommes dans le bain,la route continue de monter rudement et j'ai tôt fait de me retrouver en sueur. Les paysages quant à eux sont splendides,alpages empierré parsemés de conifères entourés de la haute chaîne du Taurus enneigé,sauvage à souhait. La neige n'est pas bien loin. La route n'en finit pas,et c'est sous une averse de grésil que nous finissons par parvenir au col Gezbeli Geçidi qui culmine à une altitude de 1990 m,il y est fait un froid de canard et nous ne pouvons y profiter de la vue sur les paysages en contre bas le ciel est bouché,je n'ai qu'une envie,redescendre,dommage après l'effort monumental pour y parvenir. La route plonge ensuite de manière spectaculaire jusqu'au petit village de Hanyeri,où je me retrouve complètement congelée,les mains rougies et douloureuses,alors que Patrick tente de me réchauffer,apparaît Yilmaz habitant Adana,il est en ce moment dans sa famille où l'on fête le mariage d'une de ses cousine depuis 4 jours,il nous invite à boire le thé,ce qui n'est pas de refus,puis insiste pour que nous mangions quelque chose et c'est alors un vrai festin qui fait son apparition sur la table,soupe,poulet,riz,légumes,tout le monde est aux petits soins pour nous,incroyable!!!!! Un tel accueil me semble par moments immérité. Nous reprenons la route réchauffés et le ventre plein,la route descend dans un premier temps avant de remonter drastiquement,nous attaquons le col de Küçük Gezbeli Geçidi 1630 m à travers des paysages similaires,le ciel s'est un peu dégagé et nous pouvons profiter des superbes vues sur les montagnes alentours et les plaines qui nous tendent les bras en fond de vallée. Nous redescendons tranquillement à travers des plaines cultivées émaillées de fruitiers en fleurs,de temps à autres une cascade et de nombreuses rivières,le soleil est de retour et c'est la fête pour mes sens qui semblent se réveiller après une longue hibernation. Nous débarquons sur la petite place de Doganbeyli,véritable petit village fermier(principalement élevage) de montagne,créant curiosité et attroupement,les questions habituelles pleuvent,et tous se retrouvent stupéfaits en regardant notre carte routière,les avis semblent diverger sur la direction à prendre mais tous se trouve d'accord pour dire que notre carte n'est pas juste,tandis que nous les principaux intéressés buvons tranquillement notre thé,les discussions vont bon train, et de temps à autres quelqu'un vient nous voir pour nous préciser la bonne route à prendre,les palabres s'éternisent. De notre côté nous en avons plein les pattes et décidons de faire halte dans ce hameau sympathique où nous nous sentons bien. On nous laisse entendre que nous pouvons dormir à la mosquée mais que pour se faire il faut poser la question au vendeur du petit magasin,à peine la question posé ce dernier appelle son ami Yussuf qui saute dans sa voiture,nous n'avons qu'à le suivre nous sommes les bienvenus dans sa maison. Nos vélos sont rangés dans le garage,puis nous faisons la connaissance de Fatma sa fille étudiante vétérinaire qui parle quelques mots d'anglais, de sa femme aux magnifiques yeux bleus Nouria et de Mustafa le petit dernier. Yussuf est fermier et possède quelques vaches,des champs,tandis que Patrick passe un moment en sa compagnie,je bois le thé avec les femmes,c'est alors que débarque Seda,jeune professeur de mathématique d'Izmir qui parle parfaitement bien l'anglais ce qui facilite les échanges. Les jeunes filles nous préparent un repas digne de Gargantua,que nous savourerons dans une ambiance chaleureuse et détendue,bonheur simple de la vie familiale. Une chambre aux lits douillets nous attend pour une merveilleuse nuit de sommeil!!!







































































Göksun,le 8.05.2011

Etape:76 kms
Tous les matins Yussuf et Nouria se lève à 5 h pour emmener les vaches dans leur pâture,il va sans dire qu'il y a belle lurette qu'ils sont debout lorsque j'ouvre l'oeil sur un soleil éclatant,enfin!!!
Un excellent petit déjeuner fait des produits du terroir,confiture,fromage,oeufs et autres gourmandises maison. Moment d'émotion lorsque nous quittons ce petit monde qui aimerait tant que nous revenions,le mot de la fin sera pour Fatma qui nous dira nous vous aimons!!!!! C'est presque la larme à l'oeil que j'enfourche ma bicyclette,rencontre certes éphémère mais tellement intense,c'est toute la richesse de notre vie d'errance!!!!
C'est la première fois depuis que nous sommes en Turquie que nous roulons sous un véritable soleil et cela change toute la donne. La route toujours aussi pourrie,jusqu'à présent nous n'avons jamais roulé dans ce pays sur une route digne de ce nom,nous emmène à travers champs cultivés,prés aux fleurs sauvages,vergers en fleurs où coulent de petites rivières,nous avons quitté la haute montagne nous nous éloignons de la chaîne du Taurus et autour de nous de petites collines aux douces formes arrondies,c'est de toute beauté. La route est fortement vallonnée et quasiment vierge de toute circulation,nous délectons de tout ce calme et de la beauté de l'environnement,le soleil aidant nous prenons notre temps,petite pause thé dans un charmant village où l'accueil est toujours aussi chaleureux,les thés bien évidemment nous sont offerts. A l'heure actuelle les campagnes politiques pour l'élection parlementaire battent leur plein et les politiciens font leur cinéma tenant bien souvent office dans les petites échoppes de thé,nous pouvons observer tout ce beau monde en costume,cravate détonnant parmi ce monde rural fait de simplicité ,et ma foi leurs courbettes ressemblent à s'y méprendre à celles de nos politiciens en campagne.
La route se veut à nouveau plus pentue et pour cause nous nous attaquons au col Kaan Geçidi 1565 m,pas les Pyrénées mais tout de même 3 cols en 2 jours cela commence à compter pour nos gambettes qui reprennent leur entraînement. Les 10 kms de descente effrénée sont les bienvenus et nous amène quelque fraîcheur,tout à coup c'est à la chaleur que nous ne sommes plus habitués.
Pour les derniers kilomètres nous rejoignons la nationale aux nombreux véhicules et camions,il est toujours difficile de sortir de notre bulle et de nous retrouver parmi le bruit et la pollution et le dernier tronçon de cette étape sera tout en montée jusqu'à Göksun,petite ville moderne et pas vraiment attrayante,mais pour l'heure je suis tellement fatiguée que je n'en n'ai cure,tout ce qui m'importe est de trouver une douche et un bon lit si possible dans la tranquillité,j'ai besoin de me retrouver un peu dans la solitude,j'ai besoin de digérer toutes ces belles rencontres,parfois lorsque la fatigue se fait sentir comme c'est le cas en ce jour,cela demande beaucoup d'énergie d'être présent aux autres,attentif et à l'écoute. La petite chambre douillette aux douches chaudes de l'hôtel Göksu fera tout à fait l'affaire.














Elbistan,le 9.05.2011

Etape:78 kms
Le soleil est toujours de la partie c'est complètement inespéré est-ce que le printemps se déciderait enfin à faire son entrée en Turquie???? Les paysages dans leur ensemble sont similaires à ceux de la veille,la route est toujours fortement vallonnée et bien souvent nous montons beaucoup plus que nous ne descendons. La forme physique semble revenir petit à petit,même si la route n'est pas tendre avec nous. En fin de journée la fatigue commence à se faire sentir,mollets et fesses sont douloureux ce qui nécessite des arrêts plus fréquents. Sur la fin de notre parcours nous rejoignons à nouveau la nationale pour notre plus grande désolation,mais par moments nous n'avons franchement pas le choix. Peu avant d'arriver dans la ville d'Elbistan,un magnifique parc, un petit lac où nagent quelques carpes et canards et une cafétéria où l'on nous sert le thé en grande pompe, sucre emballé,serviette,bouteille d'eau, Patrick est vert en songeant à son porte monnaie et au prix que va lui coûter son thé,cela le rendrait presque de méchante humeur, étant partie pour payer, qu'elle n'est pas notre surprise de constater que même dans un tel endroit on nous offre le thé et la bouteille d'eau en prime,je ne serai,je pense jamais au bout de mon étonnement quant à l'accueil dans ce pays.
Lorsque nous arrivons à Elbistan,le ciel commence à se couvrir et il tombe quelques gouttes de pluie,il nous faut encore trouver un endroit pour la nuit et ceci n'est pas chose aisée,décidons de nous éloigner un peu de la ville. Demandons dans une station essence si nous pouvons planter notre tente,l'homme n'est pas contre bien au contraire le seul hic,le terrain ne s'y prête pas du tout,il se creuse la tête pour trouver une solution et nous propose de dormir dans la benne d'un camion,le seul inconvénient celui-ci n'est pas bâché et les nuages noirs au-dessus de nos têtes laisse présager d'un peu de pluie,nous déclinons l'offre et partons chercher notre bonheur ailleurs.
Non loin de là,quelques champs à vache et maisons,nous demandons aux propriétaires de l'une d'elle de pouvoir y planter notre tente. Tout d'abord je peux lire de l'incompréhension sur leur visage,la famille ne parle pas un mot d'anglais et avec mes quelques mots de turc je mettrai un certain temps à me faire comprendre,c'est sous l'oeil intrigué de la famille dans une petite parcelle de terrain ceint par un fil de fer barbelé(et oui je ne voudrais pas que les vaches mangent ma tente)que nous montons notre petite maison orange. Le moment de surprise passé,la famille se rapproche de nous et commence à s'inquiéter de nos conditions de vie, la pluie menaçant sérieusement ils ont peur que nous ne soyons mouillés et ayons froids et nous proposent de déménager sous un petit hangar,avec force geste nous réussissons enfin à leur faire entendre que pour nous tout va bien. Alors que nous nous apprêtons à manger ils viennent nous inviter à partager un thé,ce qui n'est jamais de refus. La conversation est un peu chaotique,mon turc s'émaille de jour en jour de mots nouveaux mais ceci reste insuffisant. Le fils Abdoulrahim sort son cahier d'anglais dont il ne parle étonnament pas un mot,en y voyant la photo d'une infirmière je leur explique que Patrick et moi sommes infirmiers en psychiatrie,que n'ai-je pas dit là? La mère court dans la maison et s'en revient avec un assortiment de médicaments,leur fille Ruveyda âgée de 15 ans souffre de problèmes psychologiques apparemment importants puisque dans son traitement présence de neuroleptiques,le père aimerait savoir ce que nous en pensons,nous leur faisons comprendre que nous ne pouvons rien en dire ne connaissant pas leur fille et de plus avec la barrière de la langue...... Ruveyda vit chez un de ses oncle,le père insiste alors pour aller la chercher et que nous la voyons,nous sommes affamés et fatigués et ne voyons pas bien l'intérêt d'une telle démarche,mais le père semble tellement désespéré et insiste tant et plus que nous finissons par accepter. Commence une longue attente de 3 heures ,avant que Ruveyda jeune adolescente souriante ne débarque en compagnie de son père et de son oncle. Elle a couché en anglais sur un bout de papier,ses peines et problèmes,à l'aide d'un dictionnaire j'entame la conversation et lui pose quelques questions mais tout ceci n'est pas très aisé et je peine à saisir la teneur des difficultés. Ruveyda insiste alors pour nous emmener dans un lieu où il y a internet et la possibilité de pouvoir y discuter via un serveur qui effectue les traductions anglais-turc,j'ai le sentiment de nager en pleine irréalité et n'ai qu'une envie dormir. Mais après réflexion avec Patrick nous nous disons que c'est peut-être à notre tour de rendre service,ce n'est qu'un juste retour des choses. Nous montons tous à bord du camion direction le magasin de carrelage où trône le fameux ordinateur. Tandis que Patrick attend dehors, en compagnie de Ruveyda je m'adonnerai à un véritable entretien psychiatrique comme je n'en n'avais plus pratiqué depuis fort longtemps. La chose était couru d'avance,je ne peux que donner,suite à cette prise de contact,que quelques conseils,mais tout le monde semble ravi et rassuré. Il est plus de minuit quand enfin je peux rejoindre ma couche,je n'en peux plus!!!!! Il y a vraiment des jours où j'ai le sentiment de rêver ma vie!!!





























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire