Australie
Côte
occidentale
Jurien
Bay,le 22.06.2012
Etape:59
kms
Une
nuit qui fut bonne, un petit matin au froid toujours aussi
piquant,même notre réchaud en devient récalcitrant.....la journée
s'annonce belle,seule ombre au tableau la présence d'Eole qui
s’époumone,bien évidemment pas dans le bon sens.
Australie,25
millions d'habitants,6 ème plus grand pays du monde,sa capitale
Canberra,sa monnaie,le dollar australien $AUD 1$AUD =0,85 €
Retour
au Nambung N.P,avec le vent dans le pif,ce n'est plus la même
chanson. Les Pinacles,endroit pour le moins étonnant,au milieu de
nulle part,un désert hérissé de formations karstiques aux formes
parfois bien étonnantes,dommage,la lumière crue de la journée
empêche d'apprécier le spectacle à sa juste valeur. Mais
souvenirs,souvenirs!!!!!
Nous reprenons la route,le
vent plus que jamais dans le nez,la route,extrêmement vallonnée et
circulante,pas de bande de sécurité sur les côtés,et un flot
ininterrompu de véhicules,principalement de monstrueuses caravanes
qui parfois nous rasent vraiment de très près,difficile de rester
zen et d'apprécier pleinement les sublimes paysages qui s'offrent à
nos yeux.
Le soulagement est
grand lorsque nous mettons pied à terre à Jurien Bay,petite station
de villégiature,huppée et en pleine expansion,qui doit sa
réputation à sa production de langoustes. Endroit prisé des
pêcheurs à la petite semaine,les Australiens sont fanatiques de ce
sport. Quelques petites îles au loin,où vit la majorité de la
population des phoques d'Australie,malheureusement nous n'en verrons
pas la queue d'un. Bien évidemment pour nous les choses se
compliquent lorsqu'il s'agit de trouver un couchage pour la
nuit,pelouses manucurées,parcs,barbecue,tables que du bonheur mais
civilisation égale interdictions et elles sont nombreuses,nous
pouvons oublier les toilettes publiques pour une fois,les amendes,si
l'on s'y fait pincer,bien trop sont salées!!!!
Le
long de la mer,une petite promenade pedestre,un joli kiosque en bois
ouvert aux quatre vents,l'endroit est beau,nous y installons nos
couches à même le sol,nous verrons bien!!!! C'est sous l'oeil
interloqué ou amusé des promeneurs que nous déballons toute notre
barda pour café et dinette. L'endroit est paisible,assistons à un
superbe coucher de soleil avant de nous glisser frigorifiés dans nos
duvets,dieu qu'il fait froid!!!!!!
Leeman,le
23.06.2012
Etape:47
kms
Au
réveil,l'oeil glauque et bouffi,le visage chiffonné,endroit certes
paisible,mais une nuit franchement pas terrible,le sentiment d'avoir
dormi dans un congélateur. Nous sommes congelés sur pied et
remballer tout notre barda me demande un certain courage,une fois
ceci terminé,direction les BBQ qui en plus de nous offrir de
succulents pains toastés ont le mérite de nous réchauffer les
mains. Petit matin maussade et très venté,nous sommes le weekend et
les pêcheurs se pressent au portillon. Quelques clichés de
cormorans séchant leurs plumes au soleil avant de reprendre la route
nez dans le vent.
Empruntons
une superbe route,très vallonnée, de contournement,loin du bruit et
de la fureur du monde. Pour moi la fatigue est bien présente,et pour
faire face à notre facétieux Eole je dois mouliner tant et plus,une
débauche incroyable d'énergie,je me sens lessivée. Les paysages
sont superbes,bush aux arbres touffu d'où émergent de magnifiques
dunes de sable principalement.
Leeman,petite bourgade
morne sous le ciel maussade et petit port de pêcheur,qui ne déborde
pas d'activité. Tandis que nous casse-croûtons en nous demandant
une fois de plus où nous allons bien pouvoir dormir,un cycliste
australien,nous aborde pour nous indiquer un lieu,plus loin sur la
crête rocheuse,où nous pouvons planter notre tente. Patrick part en
exploration et s'en revient tout content,l'endroit est magnifique et
des plus paisible.
Plateau
karstique,surplombant l'océan,face à un joli petit îlot,séduite
par cette endroit sauvage et tranquille,je suis toute émue de
retrouver ma guitoune,cela faisait si longtemps,le sentiment de
rentrer à la maison.
Tandis que
je me pose admirant ces lieux idylliques,Patrick,qui commence à
sentir le phoque, trouvera le courage,il fait un froid de canard,
d'aller prendre une douche,décidément il peine à se passer des
toilettes publiques!!!!! Pour moi bien trop froid et j'ai encore le
sentiment de sentir la rose,vive les lingettes!!!!!
Moment
d'éternité,à siroter notre café,manger nos soupes de nouilles qui
ont fait un retour en force dans nos valoches,nous sommes tout
simplement heureux!!!!
Campement
dunes,le 24.06.2012
Etape:67
kms
Après une magnifique
nuit étoilée bien au chaud dans le ventre de ma maison,nous levons
le camp sans précipitation,il est dommage de voir se dessiner sur
l'horizon une perturbation et les prémices de la pluie,le vent
toujours, du nord est dans le nez n'aide en rien. Weekend oblige le
défilé des caravanes,campings cars et autres engins motorisés fait
rage,la balade bucolique ne sera pas pour aujourd'hui d'autant plus
que c'est la fin de l'Indian Ocean Drive,et retour sur la Brand
Highway où nous faisons la connaissance des road trains(immense
camion qui peuvent atteindre 40 mètres de longueur,voir plus et
comportent bien souvent 3 remorques,roulant à une allure folle,aucun
moyen pour eux de stopper,distance de freinage beaucoup trop
longue),flippant et ébouriffant lorsque l'un d'eux se met en passe
de nous doubler,il va falloir que nous nous y habituions. Une route
étroite,pas de bandes d'urgence,nous serrons les miches sur les
selles de nos montures,toujours ces petites croix,rappel morbide de
toutes ces vies perdues en vain. Pas vraiment l'esprit à admirer les
paysages alentours.
En milieu d'après-midi
les nuages s'amoncellent dans le ciel et la luminosité faiblit
d'importance. Région d'élevage intensive,vaches,moutons,de vastes
terrains herbeux et quelques immenses fermes,nous tentons notre
chance dans l'une d'elle et y demandons la permission pour planter
notre guitoune,la réponse tombe sans se faire attendre,c'est NON
terrain privé. Repartons un peu dépités,mais sans que le moral
soit touché,c'est notre choix de vie à nous de l'assumer!!!!! Une
piste cabossée,une grande butte qui une fois escaladée nous offre
le spectacle de magnifiques dunes de sable et une ligne de chemin de
fer qui me paraît bien incongrue plantée là au milieu de nulle
part. Un petit carré de terrain,relativement plat et protégé du
vent,ce sera notre campement pour la nuit.
Le vent tombe
avec la nuit,un ciel noir et complètement bouché ne nous reste plus
qu'à prier pour qu'il ne pleuve pas!!!!!
Geraldton,le
25-26.06.2012
Etape:59
kms en vélo 40 kms en voiture
Quelques gouttes de
pluie qui nous réveillent à 4 h 30 du matin après une bonne nuit
de sommeil,Patrick réussit malgré tout à nous concocter notre
nectar matinal. Juste le temps de lever le camp avant que la pluie ne
s'installe méchamment et durablement. Sur la demande de Patrick je
revêts pour la première fois le gilet jaune fluorescent,tenue de
chantier offerte en son temps par un travailleur turc au Kazakhstan.
Une route encore moins large que la veille,pas de bandes
d'urgence,vent dans le nez,une luminosité des plus réduite,les
croix funestes toujours,un flot constant de camions,road
trains,caravanes qui bien souvent nous frôlent,nous louvoyons sur
leurs passage et nous garons bien souvent sur les bas côtés afin
d'éviter tout incident. Région
d'élevage(bovins,ovins,caprins),champs d'oliviers, vastes étendues
herbeuses qui n'offrent aucune possibilité de refuge. Pas rassurés
du tout nous nous accrochons comme nous pouvons,inquiets l'un pour
l'autre au guidon de nos valeureux destriers.
Dongara et Port Denison
deux petites bourgades de villégiature sises sur la Irwin
river,certes fort jolies mais qui n'offrent là encore aucune
possibilité d'hébergement,même pas de goguenots publics,aux
vagabonds que nous sommes. Continuer relève presque de l'acte
suicidaire,la pluie redouble d'importance,la visibilité se réduit
encore,mais n'avons guère le choix,nous poursuivons vaille que
vaille,éreintés,mis à mal par le vent,scrutant les environs à la
recherche de notre planche de salut,mais je suis comme ma soeur Anne
et ne vois rien venir. Mais voilà que tout à coup notre bonne
étoile se réveille et se présente à nous sous la forme de
Jenny,une sexagénaire australienne,qui se rend à l'aéroport de
Geraldton pour récupérer sa fille,elle trouve les conditions par
trop inhumaines pour nous laisser poursuivre ainsi notre route et
nous propose de charger nos bucéphale à l'arrière de sa voiture
plateau,ce n'est pas de refus et je crois bien qu'il y a fort
longtemps que je ne me suis pas sentie aussi soulagée qu'en ce
moment. Rencontre éphémère mais des plus sympathique,elle nous
déposera quelques 40 kms plus loin,face à la mer et ses
embruns,sous une pluie battante et des bourrasques de vent.
Geraldton,ville plutôt
grande selon les standards australiens,un immense port industriel et
de pêche,rues commerçantes,nous nous rendons à l'information
touristique,et le prix des hébergements nous fait frémir. En sortie
de ville,tentons tout de même notre chance dans l'un des camping les
moins cher,et là nous hallucinons complètement,un site qui
ressemble à une piscine(carrément impensable de pouvoir y planter
sa tente en ce jour,sans électricité pour la modique somme de
30$AUD(~25€),sans possibilité de négociation et sinon nous avons
le choix un bungalow pour la somme encore plus modique de 150
$AUD(~120€),non merci sans façon. J'avoue que le moral en prend un
coup et c'est la mort dans l'âme que nous partons explorer et bien
devinez quoi les toilettes publics,cela tombe bien,il y en a un juste
à côté. Je ne peux pas dire que l'endroit soit des plus
reluisant,ni accueillant,mais au moins nous serons à l'abri des
intempéries,et je sens que bientôt nous allons pouvoir éditer un
guide inédit du routard,voir un petit futé, sur les chiottes de
l'ouest australien.
Le moral en
berne,je médite sur ma condition,lorsque Steeven fait son
apparition,cerise sur la gâteau de cette journée plutôt merdeuse
il faut bien le dire,SDF d'une cinquantaine d'année quelque peu usé
par la vie,une dégaine d'ado. alcoolique ou junkie,un peu
mythomane,tout content de rencontrer des voyageurs comme lui. J'avoue
que dans un premier temps,je ne suis pas loin de la dépression, cela
ne me fait guère plaisir d'imaginer, que tout comme lui je suis une
cloche et crains pour la tranquillité de ma nuit à venir,foutue
égoïste. Mais une fois posée,les difficultés de la journée
digérées,les choses ne me semblent plus aussi négative et place à
la détente. Au final Steeven s'avèrera un compagnon d'infortune des
plus agréable,tout heureux de pouvoir enfin boire un café chaud
grâce à notre réchaud,il ne cessera de nous
offrir,café,tabac........ tout en nous faisant entrer dans son monde
de rêves et de chimères. Tandis que nous tentons de fermer
l'oeil,sous les néons électriques qui jamais ne s'éteignent,
longuement il poursuivra son monologue,berceuse qui met un point
final à cette éprouvante journée.
Petit matin
frisquet et venté après une nuit de sommeil bien trop courte mais
tranquille,nous quittons un Steeven affalé au milieu de toutes ses
possessions,toujours dans son monde et qui semble faire face à une
journée fort chargée,doit se rendre en ville au bar et organiser la
suite de son voyage.
Faisons le pied de
grue en attendant l'ouverture des banques en regardant le ballet de
quelques aborigènes désoeuvrés. Quelques courses avant de nous
rendre à la bibliothèque municipale flambant neuve,qui nous offre
dans un cadre des plus confort,l'accès internet gratuit(c'est bien
la seule chose gratuite en ces lieux). L'occasion enfin d'avoir
quelques nouvelles de nos proches et amis qui tout comme nous se
languissent de ce long silence. Les sacoches de nos bucéphales sont
complètement vides,je m'adonne au « plaisir » du
shopping tandis que Patrick poireaute dans les bourrasques de vent
entrecoupées de quelques ondées passagères.
Nos bucéphales
chargés à bloc et qui , pour l'occasion contiennent même un cubi de
vin rouge,que nous nous faisons le plaisir anticipé de siroter en
soirée,nous faisons cap vers les toilettes publics du nord de la
ville et oui ceux du sud pas vraiment convaincants. Banlieue plutôt
huppée à quelques 4 kms du centre,un bord de mer joliment
aménagé,parc,barbecue..... les WC sont à son image,vaste,d'une
propreté helvétique,l'endroit tout trouvé pour une nuit de
rêve.......Une fin de journée agréable à baguenauder en bord de
mer,apéritif et succulent repas appréciés à leurs juste
valeur,tout semble baigné jusqu'au moment où,tandis que je
reconditionne les sacoches de mon vélo,un gardien muni d'un
trousseau de clé fait son apparition,c'est l'heure de fermeture de
notre hôtel 5 étoiles(celles-ci chutent d'un seul coup d'un seul)
improvisé. Nous ne nous laissons pas démonter et installerons notre
campement à l'abri du vent devant la porte désormais close.
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