Australie
Côte
occidentale
New
Beach,le 8.07.2012
Etape:
84 kms
Les
couleurs de l'aube sur cet endroit paradisiaque sont toutes aussi
merveilleuses que celles du crépuscule,quelques vaches qui nous
scrutent de leurs air bovin me rappelle le pays,et comme la veille au
grand dam de Patrick,je ne peux m'empêcher de dégainer l'appareil
photo et de mitrailler à tout va. Difficile de m'arracher à la
magie de l'endroit,mais nos sacoches commencent à faire triste mine
et d'ici peu nous allons manqué de vivres,Carnavon prochaine ville
qui se trouve sur notre route et où nous attend Chris(warm showers),
est trop éloignée pour que nous puissions la rejoindre en un
jour,nous tenterons de nous en approcher le plus possible afin que
l'étape de demain soit la plus courte possible,pas d'autre choix
cependant que de poursuivre.
Platitude de la
route,similitude des paysages,intensité du trafic,flot de vacanciers
de plus en plus important,grand nombre de road train, qui parfois
atteignent plus de 50 mètres,nous obligent à redoubler de prudence.
Etape
tranquille et agréable,même si les kilomètres ne semblent jamais
vouloir en finir. Nous nous rapprochons de la côte océanique et
soudain Patrick ressent un désir irrépressible de revoir la grande
bleue. A quelques 40 kms de Carnavon,une piste aux airs bien
pourris,9 kms pour rejoindre la plage de New Beach,voilà qui tente
fortement Patrick,de mon côté,le manque de nourriture,les
kilomètres en plus,l'état de la piste.... je ne m'en sens guère
l'envie et aurai bien le temps de revoir la mer,je finirai tout de
même par me rallier aux désirs de ma moitié. La piste tient ses
promesses et heureusement que Patrick se trouve fort loin devant
moi,car je n'aurai de cesse de pester et râler en jonglant à
travers trous,ornières,tôle ondulée,sable,véritable exercice de
style pour ne pas tomber de ma monture et pour moi la cerise sur le
gâteau est la vue de toutes les caravanes ayant pris d'assaut
l'endroit, le temps des vacances scolaires,je commence à être de
fort méchante humeur,et les tentatives pour montrer malgré tout
bonne figure ne sont guère convaincantes,là encore on ne peut pas
toujours être fan de son mec!!!! Pas évident de trouver un endroit
pour planter notre guitoune,et pour Patrick plus d'une heure pour
récolter le bois pour le feu vespéral. Malgré tout,il faut bien
avouer que la petite baie sableuse et ses mangroves sont de toute
beauté. La balade et les clichés au coucher de soleil m'amènent
une saine détente,rapidement mise à mal,par la horde de moustiques
qui effectuent des attaques répétitives et en règle,même la
fumée de notre feu de bois échoue à les éloigner, sur nos pauvres
personnes qui n'ont plus qu'une malheureuse soupe de nouilles à se
mettre sous la dent!!!! Voilà une fin de journée que je
qualifierais de parfaitement merdeuse,n'ai plus qu'à regagner mes
pénates non sans râler à l'idée de la piste que je devrai à
nouveau me farcir demain matin!!!!!
Carnavon,du
9 au 12.07.2012
Etape:44
kms
Nuit
rassérénante,bonne humeur retrouvée. La légère brise matinale
frisquette se transforme en rafale de vent dans le nez lorsque nous
reprenons la piste,parcours du combattant et véritable chemin de
croix qui ne relèvent pas de la partie de plaisir,sans le dire,je le
pense très fort dans ma tête,voilà une épreuve que nous aurions
pu nous éviter,je chasse rapidement les réminiscences de ma
mauvaise humeur de la veille qui ne demanderait pas mieux que de
refaire surface. Légère amélioration en retrouvant la route de
bitume,le vent n'est plus de face mais de travers,et le relief a
retrouvé sa platitude. Longues plaines qui tirent profit des eaux de
la Gascoygne rivière,cultures maraîchères et fruitières y
abondent,bananeraies,champs de pastèques,manguiers,citronniers....
voilà qui change de l'aridité de ces derniers jours.
Une bonne petite
surprise nous attend,la route étant meurtrière en ces jours de
lourd trafic,le rotary club de Carnavon,s'est posté en bord de
chaussée afin d'offrir à tous ces chauffeurs pressés d'arriver au
but,une petite pause accompagnée d'un café gratuit,ce n'est pas de
refus,c'est parfait pour accompagner les deux malheureuses tranches
de pain de mie,seule survivance de nos valoches bondées du
départ,même une souris en ressortirait avec les larmes aux yeux.
Les derniers
kilomètres n'en finissent plus,ce sont deux estomacs complètement
affamés qui font leurs entrée dans la petite ville côtière de
Carnarvon(6'000 âmes),longues avenues poussiéreuses bordées de
palmiers moribonds avant de rejoindre le centre ville rendu chaotique
en raison des travaux de réaménagement,une vie locale qui tourne
autour de quelques petits commerces et d'un supermarché,ici aussi la
vie semble tourner au ralenti. Je n'ai d'yeux que pour le supermarché
dans lequel je me rue sans hésitation aucune,j'ai tellement faim que
j'en ressortirai les bras chargés de sacs,de quoi tenir un siège.
Estomacs calés,je me
charge de contacter Chris,tandis que Patrick ne peut que tristement
constater que son pneu arrière est à nouveau crevé,rustines et
colle made in China qui n'ont certainement pas bien supporter le
voyage équatorial en Asie du Sud Est,ne lui reste plus qu'à
remettre la main à la pâte. Contacter Chris devient rapidement un
casse tête,chinois,lui aussi,n'ai pas eu au cours de ces derniers
jours l'opportunité d'une connection internet,il ne sait même pas
que nous sommes là,je suis en possession de son adresse,mais
personne à la maison,n'ai plus qu'à dégoter une connection
internet afin de lui envoyer un petit mot,en croisant les doigts.
Tandis que j'attends Patrick parti se débarbouiller,un homme tout
sourire s'avance vers moi et oh miracle,c'est Chris,prévenu sans
doute par radio cocotier de la présence de deux cyclistes en
ville,il s'est empressé de venir à notre rencontre,nous étions
attendus,au cours de ces derniers jours il n'a eu de cesse de
rencontrer des personnes qui lui faisaient part de notre progression
journalière. L'Australie un grand pays????
Chris nous accueille dans
sa somptueuse demeure, vaste et magnifique appartement avec vue
imprenable sur la Gascoygne rivière,en compagnie de sa voisine
Jennifer et d'un excellent verre de vin blanc glacé,une journée qui
prend des allures paradisiaques,contact simple et feeling
excellent,Chris,cycliste à ses heures sait exactement ce dont nous
avons besoin après ces quelques jours passés dans le bush.
Lorsqu'il nous présente nos appartements nous n'en revenons pas de
notre chance,un studio,doté d'une douche,machine à laver,micro
onde,frigidaire.... rien que pour nous. La douche un réel Bonheur
tandis que la machine à laver ronronne et grogne sous le poids de sa
charge. Soirée tranquille,un nouveau petit coup de rouge en
compagnie de notre nouvel ami Chris avant de nous écrouler dans
notre vrai lit,dieu que j'apprécie ces luxe et confort qui me sont
offerts!!!!!
Au matin le ciel fait
grise mine,grosse masse nuageuse à l'horizon,une brise fraîche et
rageuse se met à souffler de façon tempétueuse avant que la pluie
ne se mette à tomber,merci les cieux qui auront attendu ce jour de
repos avant de se déchaîner. Jour de repos pas vraiment en
fait,comme toujours il s'agit de se
réorganiser,lessive,vaisselle,shopping pour le
réapprovisionnement,connection internet et quelques messages,alors
que je n'aurais qu'une envie,me relaxer et ne penser à rien. Le
retour dans le monde actif,le monde des hommes pressés où trop de
choses semblent s'agiter autour de nous,après plusieurs jours passés
au sein de la nature sauvage,seuls avec nous-mêmes, est toujours
source d'un certain stress que nous peinons à gérer,nous
n'arrivons pas à faire le joint,alors que toutes les conditions de
confort sont réunies pour que nous puissions profiter pleinement de
nos journées,nous nous engueulons,nous nous égratignons. Nous nous
en rendons parfaitement compte,mais il nous est pour l'heure
impossible d'agir différemment,nous arrivons juste à éviter que
les choses ne prennent trop d'ampleur.
Rapidement Chris nous invite
à rester aussi longuement que nous le désirons,voilà qui nous
laisse le temps d'effectuer les tâches indispensables à notre
propre rythme,rien de mieux pour détendre l’atmosphère.
Séjour des plus
agréables,Chris et Jennifer seront ravis des pâtes au thon que je
leur cuisinerai.
Patrick toujours aussi
matinal s'en ira faire un tour du côté de la Jetty,attention
monument historique classé,un chemin de fer,qui au siècle passé
servait à acheminer jusqu'au port la laine de mouton, ensuite
embarquée à bord de bateaux pour être exportée vers l' Europe. En
ce jour,les lieux se sont transformés en musée,locomotives et
wagons,mis au rebut.
Une balade le long de la
magnifique rivière avec l'espoir d'apercevoir des pélicans,pas vu
la queue d'un,sans doute dérangés par la tempête se sont réfugiés
pour quelques jours en des lieux plus paisibles.
Toutes les bonnes choses ont
une fin,reposés et réorganisés il est l'heure de songer au
départ,il est temps pour nous de quitter la douce et charmante
compagnie de Chris,joueur de guitare et nostalgique à ses heures.
Encore une de ces rencontre magnifique qui change le goût et la
couleur d'un pays.
Boologooro,le
13.07.2012
Etape:80
kms
Sacoches chargées à
bloc,nous réussissons je ne sais pas quel miracle à y faire
entrer,le ragoût d'agneau cuisiné et offert par Jennifer(thank you
very much) et la bouteille de rouge qui répond au délicieux nom
«d'arrogant frog»offerte par Chris. Je remets le pied à
l'étrier,le coeur gonflé d'émotion et la larme à l'oeil,bye bye
l'ami Chris,see you again some where and keep in touch!!!!
Un vent violent nous
accompagnera durant les 20 premiers kilomètres ,le temps de dépasser
les maraîchers, la Gascoygne rivière et d'atteindre la nationale
pour enfin profiter d'un Eole porteur,une fois n'est pas coutume.
Un bush
semi-aride,arbres tortueux,noueux comme en souffrance,épineux et
broussailles. Nombreux troupeaux de bovins et d'ovins,qui s'affolent
à la vue de nos bucéphales, courent en tous sens,traversent la
route au péril de leurs vie, ne sachant pas très bien à quels
saints se vouer. Nombreux cadavres d'animaux en tous genres
jalonneront notre route en ce jour. Terre rougeâtre à perte de
vue,quelques fermes,nombreux road trains,mais bien souvent rien,moi
la solitude du bush,plein d'un vide qui par moments pourrait
paraître vertigineux,que j'aime à remplir de mes rêves et
pensées. Un calme propice à la cogitation, je me demande comment
l'on arrive encore à gamberger dans notre monde envahi par tant de
nuisances?
Etape
facile au final,nous trouvons un petit coin de bush,non loin d'un
corral à moutons,jonchés d'os d'animaux. Épineux déblayés c'est
avec un fémur de bovidé que notre guitoune sera plantée,récolte
du bois,repos du guerrier en compagnie d'un bon café. Nous nous
amusons à entourer notre campement d'ossements imaginant que les
âmes des braves animaux trépassés veilleront sur notre nuit de
sommeil en nous protégeant des mauvais esprits.
Au couchant
nous nous régalons du délicieux ragoût de Jennifer accompagné du
picheton de Chris,nous finirons la soirée un peu sur Soleure(terme
suisse signifiant un peu pompette),nous gagnerons nos couches un peu
à quatre pattes pour sombrer sans tarder dans un sommeil bien
mérité.
Minilya,le
14.07.2012
Etape:60
kms
Une
pensée matinale pour la France,fête nationale,bal des pompiers,jour
de goguette,que la fête soit belle et que la morosité soit oubliée
pour un jour!!!!
Pour nous cela prend
également comme des airs de fête,étape relaxe et plaisante au sein
de paysages identiques à ceux de la veille. En fin de matinée nous
atteignons Minilya,une road house,une aire de repos gratuite
aménagée,tables,BBQ, sur les berges de la rivière éponyme,bordée
de somptueux et majestueux eucalyptus,l'endroit est magnifique et il
ne nous en faut pas plus pour nous décider à mettre fin à cette
étape et nous octroyer un peu de bon temps. Notre guitoune
plantée,le bois récolté pour la flambée du soir,je
m'installe,contente et désireuse de me remettre à mon clavier,c'est
le moment que choisit Vincent,retraité du Victoria en vacances dans
la région,pour venir faire un brin de conversation,je n'en n'ai
guère envie,mais fais contre mauvais fortune bon coeur. Patrick fuit
lâchement et me laisse en charge des relations publiques,tandis que
Vincent me déballe tout son curriculum vitae avant de courir
chercher son appareil photo contenant tout son album de famille,je
suis bonne pour le mariage de ses nombreux enfants,la naissance de
ses nombreux petits enfants et tout le tralala,tandis que je peste un
peu intérieurement,lui se montre tout content d'avoir trouvé une
oreille aussi attentive,je me console en me disant que je ne peux pas
toujours recevoir à mon tour également de donner un peu,une fois
abandonnée l'idée de m'adonner à mes propres activités,je prends
plaisir à sa compagnie,mais respire tout de même lorsqu'il se
décide à partir pour une petite sieste. Celle-ci ne durera guère,il
s'en revient presque aussitôt en compagnie de l'apéritif,je fais la
connaissance de Stanley,qui ne tardera pas à devenir notre ami,un
bon petit vin rouge et sec en cubi de 4 litres(zut moi qui avais
décidé de ne plus boire!!!!),accompagné de crackers,fromage,olives
de son jardin...... un vrai festin de roi,du coup Patrick ne se fait
plus prier,quel fourbe, pour prendre part à l'agréable et
intéressante conversation. Vincent est en fait accompagné de son
épouse qui gît malade au fond de son lit,parti s'enquérir de son
état qui ne semble pas vouloir s'améliorer,il s'en reviendra cette
fois-ci,avec le repas du soir,côtelettes d'agneau qu'il nous
mitonnera au feu de bois,pour le coup je m'en voudrais presque
d'avoir intérieurement si mal accueilli la venue de cet homme
éminemment sympathique et touchant. Une soirée franchement agréable
où je me retrouve une fois de plus un peu touchée par les quelques
gorgeons éclusés,je ne suis définitivement pas encore sur le
chemin du couvent,mais bon c'est juré à partir d'aujourd'hui,je ne
bois plus!!!!
Warrora,le
15.07.2012
Etape:70
kms
Patrick toujours aussi
matinal,a depuis bien longtemps déjà profité de son moment de
solitude qu'il chérit tant en compagnie d'un café au près du feu
lorsque,fatiguée, j'ouvre un oeil quelque peu glauque sur cette
nouvelle journée qui s'annonce. Nous nous préparons
tranquillement,nos bucéphales chargés,nous sommes prêts à
décoller,Vincent,toujours aussi attentionné s’enquiert de nos
besoins éventuels avant de nous offrir un vrai café. Profondément
touchée par tant de sollicitude,Vincent fut pour moi une belle leçon
de vie et je ne peux que me féliciter d'avoir su garder la porte
ouverte!!!! Nos chemins se séparent,il fait cap au sud vers Albany
tandis que nous continuons notre progression vers le nord.
Les kilomètres qui nous
éloignent de Perth augmentent gentiment mais sûrement,nous
commençons à percevoir les changements climatiques,la chaleur est
de plus en plus présentes et les effets sur la nature se font
désormais sentir. Le bush toujours présent est bien moins
fourni,arbustes et buissons d'épineux sont plus éparses,de nombreux
mimosas en fleurs régalent nos narines de leurs subtiles
fragrances,grandes étendues rocailleuse où poussent quelques
maigres herbes sèches. Troupeaux de moutons toujours aussi bêtes et
imprévisibles,broutant le long des fossés,leurs courses effrénées
et inquiètes les amenant bien souvent à terminer leurs
vie,transformés en galette, faisant le bonheur des corbeaux,buses et
aigles,sur le bord de la chaussée,il n'en restera bientôt plus que
carpettes poussiéreuses et tas d'ossements calcinés.
Une route très peu
circulante qui joue les montagnes russes,un vent constant qui entrave
notre progression au sein de cette zone aride,mais une étape qui
toutefois reste bien agréable,pour moi rien ne vaut la solitude de
ces grands espaces!!!
En ce jour le bush ne
se montre guère hospitalier pour planter notre guitoune,herbes
rases,épineux,sol pierreux, le regard peine à trouver un lieu
susceptible de nous accueillir tandis que la fatigue s'empare de nos
corps. Au croisement d'une piste rejoignant la côte océanique,un
emplacement,juste de quoi nous y glisser avec un espace suffisant
pour notre feu vespéral. Chacun s'active à sa tâche,récolte de
bois,organisation de notre maison avant de se poser rassérénés et
heureux de cette journée qui malgré les conditions fut des
meilleure. Mis à part le vent qui nous chante toujours sa
ritournelle,le calme est absolu,grand moment d'éternité que la
dégustation de ma soupe de nouilles en admirant les paysages aux
couleurs mordorées du couchant à la douce chaleur de notre feu de
bois!!!
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