Roumanie
Razaorele,le
24.08.2014
Etape:93
km
Orage,pluie
matinale,moiteur étouffante,c'est sous un ciel gris et bas que nous
quittons Mitko,qui remplit nos sacoches des légumes de son jardin.
Abandonnons en ce jour l'idée d'une petite route suivant le
Danube,avons suffisamment donné,pour emprunter la nationale menant à
Silistra. Campagne vallonnée,où défilent terre noire et labourée
des champs à venir,vergers,rassemblement de cigognes en partance
pour leur long voyage migratoire toujours aussi émouvant. Dans le
petit village de Polyana,un homme nous offrira un plein sac de fruits
et légumes,plus avenants et ouverts les bulgares dans cette partie
du pays.
Silistra,ville
frontalière,n'est pas plus plaisante que déplaisante,juste
ordinaire et comme le dit si bien Patrick,une ville reste une
ville,le temps d'un café,quelques courses,même pas vraiment celui
de réaliser que je suis en train de quitter la Bulgarie.
Bulgarie
La Bulgarie fut une
découverte totale,je suis tombée sous le charme de sa nature
abondante,généreuse et variée,j'y fus enchantée par l'incroyable
beauté de ses montagnes,monastères,rivières..... J'y fus frappé
par une pauvreté quasiment omniprésente,ces airs d'abandons
qu'affichent maintes villages désertés par la jeunesse et où ne
vit plus qu'une population âgée,j'y fus bien souvent oppressée par
la présence de la mort semblant rôder partout. J'y ai trouvé le
plus souvent une population triste et fermée,comme vaincue par les
tracas de la vie et survie quotidienne. Les routes furent loin d'être
faciles,mais je retiens cependant la grande civilité des chauffeurs
bulgares. Bien évidemment j'y fus très heureuse de partager de
grands moments de bonheur en compagnie de
Anaïs,Florian,Camille,Gabriel,Vesselka,Jérôme,Irina et Léa et je
les en remercie encore de tout cœur. Vraiment heureuse que la chance
m'ait été donnée de connaître ce pays,je le quitte en ce
jour,mais ce n'est qu'un bref au revoir,puisque sous peu,la route m'y
ramènera,ce qui n'est pas pour me déplaire.
Poste frontière ne
ressemblant à pas grand chose,bâtiments décatis d'un côté comme
de l'autre,annonçant sans doute la couleur de ce nouveau pays. Le
passage en douane se résume à un rapide regard sur le
passeport,cette fois-ci j'ai bien appris ma leçon,je sais que je me
trouve en Europe et ne pose pas la question de mon tampon d'entrée
et sortie. Bienvenue en Roumanie,petite route à la croisée des
chemins en rase campagne.
Roumanie environs 22 millions
d'habitants,capital Bucarest,sa monnaie,le Lei ou les Leu au pluriel,
1 € équivaut ~ à 4,3 Leu. Le romain langue latine aux sonorités
familières bien souvent proche de l'italien. Le pays a fait sont
entrée dans l'union européenne,le 1 janvier 2007.
Les premiers coups de pédale
roumains s'effectuent sur une petite route,fortement vallonnée,
flambant neuve,exempte de trafic à travers forêts et
vignobles,quelques beaux points de vue sur le Danube.
Dès la frontière passée,je
ne saurais en expliquer le pourquoi,mais tout paraît plus
lumineux,plus gai,les morts sont redescendus de leurs piédestal et
se contentent de leurs place dans le cimetière,les rares personnes
rencontrées nous saluent d'un grand geste de la main et d'un large
sourire.
La
pluie du matin a amené une chaleur tropicale étouffante,suant à
grosses gouttes,les kilomètres sont durs à avaler. Côte nique les
pattes au sommet de laquelle trône le monastère de Dervent,pris
d'assaut par la foule des croyants en cette journée dominicale.
Razaorele,reclus de
fatigue,il est temps de trouver un campement,de nouveaux repères
sont à trouver,un homme questionné à ce sujet,nous invite dans sa
maison semblant se trouver à quelques kilomètres de là,tout
kilomètre supplémentaire est désormais mission impossible. Nous
nous rabattons sur l'église du village et l'idée fut des
meilleure,nous y sommes chaleureusement accueilli par un jeune
prêtre,en partance pour la ville de Constata,il se voit désolé de
ne pouvoir nous recevoir chez-lui,mais sommes les bienvenus pour
planter notre guitoune à côté de l'église. Avant de nous
quitter,il nous offrira,tomates,fromage,pain,une bouteille de raki et
une image de la vierge Marie,je suis preneuse cela peut aider !!!!!
Joyeuse dînette que nous
partageons avec les chats du terroir avant de nous glisser
bienheureux de pouvoir trouver un juste repos.
Cernavoda,le
25.08.2014
Etape:76
km
N'avons pas eu à
attendre longtemps,avant de faire connaissance avec la race canine
roumaine,n'ayant apparemment pas usurpé sa réputation,les clébards
semblent être légion dans cette contrée et c'est impuissants que
nous assisterons dès la nuit tombée,à un concert puissant
d'aboiements continus perturbant une nuit qui aurait pu être de bon
sommeil.
Retrouvons l'homme qui
nous avait si gentiment invité chez-lui,la veille,incompréhension
totale de notre part,il habitait la porte à côté. Un vendeur de
moutons et sa carriole,tentera de m'en refiler un,j'hallucine !!!!!!!
Au début de chaque
étape,je vis avec l'espoir,qu'enfin la route deviendra plate,point
n'est besoin d'être devin,pour me rendre compte que cela ne sera pas
encore pour ce jour. Coteaux vallonnés plantés de magnifiques
vignobles,la route est dure, jalonnée de grosses patates atteignant
par moments les 10 %,elle devient piste sur 10 kilomètres,carrossable
au départ,elle se détériore pour n'être plus que difficile nous
obligeant à pousser nos pauvres montures malmenées et
tressautantes. A perte de vue ce ne sont que collines,champs de
tournesols,blé,maïs,terres labourées en attente de nouvelles
cultures,Roumanie,terre de culture mais d'élevage également,nombreux
sont les troupeaux de vaches,moutons,chèvres et oies....la campagne
est belle,la circulation quasiment inexistantes,les seuls usagers en
sont les carrioles tirées par ânes ou chevaux. Rencontre avec le
Danube que nous longerons sur quelques 15 kilomètres de platitude
avant que le yoyo incessant ne reprenne son entêtante et obsédante
ritournelle. Passants et villageois nous saluent joyeusement,y vont
de leur petit mot d'encouragement,enfants joyeux et curieux qui même
sans parler l'anglais tentent de nous conter quelques histoires,la
joie de vivre semble à nouveau présente,malgré tous les signes
extérieurs de pauvreté.
Cernavoda(20'000
habitants), port fluvial sur le Danube,la ville est dotée d'une
centrale atomique,à part son petit quartier renfermant quelques
vieilles maisons et une mosquée,elle n'est guère avenante et nous
n'avons pas à cœur de la visiter. Piquons directement en direction
de l'imposante église,avons dans l'idée que ce sera notre bon plan
de Roumanie. Bingo,n'avons pas droit à un accueil aussi chaleureux
que celui de la veille,mais à la permission d'y planter notre
guitoune dans l'indifférence générale. Ce sont une fois de plus
les escadrons de moustiques qui signent notre retraite dans nos
appartements.
Harsova,le
26.08.2014
Etape:62
km
Sommeil
sporadique,le concert canin nocturne n'ayant pas les effets d'une
berceuse.
Une envie de
platitude devenant obsédante et qui n'est pas encore au goût du
jour,un Danube que je n'aperçois que très rarement,même si mon
poussin m'affirme que nous en suivons les méandres,en train de
crapahuter dans les collines à quelques 20 bornes du fleuve,je l'ai
un peu mauvaise intérieurement,l'entreprise étant déjà
difficile,j'essaye d'éviter de râler trop ouvertement. Selon
Patrick,tout devrait changer à partir de Cernavoda,mais je suis
comme ma sœur Anne et ne vois rien venir,je le soupçonne,de
m'avoir embobinée pour m'entraîner dans son épopée danubienne. Le
prix de notre tranquillité se paye à coups de nombreux kilomètres
supplémentaires sur des routes qui bien qu' asphaltées n'en sont
pas mois rafistolées et cassantes. Cerise sur le gâteau les
clebs,chaque maison en compte un voir plusieurs,tous hurlant sans
exception sur notre passage,mais il y a aussi,les solitaires,ceux qui
sont en meute,les errants,les paumés,les désœuvrés et les bien
trop nombreux agressifs, qui tous crocs dehors déboulent à fond de
train sur nos personnes avec la ferme intention de nous boulotter. En
ce jour,plusieurs fois au bord de la crise cardiaque,mais dieu soit
loué pour l'heure je n'ai pas perdu un seul bout de bidoche.
Montées et descentes
se succédant sans répit,balade rupestre et bucolique à travers
collines,champs,vignobles,nombreux ruchers itinérants,troupeaux de
vaches,moutons,chèvres et oies en compagnie de leurs bergers,belle
vision sporadique du Danube.....
Chaleur et vent sont de
la partie,gagnés par la fatigue,mettons un terme à notre
étape,lorsque se présente à nous la bourgade d'Harsova,située sur
les rives du Danube,un port de pêche cradingue,quelques vieilles
bâtisses abandonnées,nous ne pousserons pas plus avant la visite
touristique et trouverons une petite pension en sortie de ville.
Bonnes douche et couche rime
sonnant joyeusement à mon oreille et m'assurant une bonne nuit de
sommeil à l'abri de la sérénade canine nocturne.
Horia,le
27.08.2014
Etape:85
km
Nuit de sommeil
réparatrice,m'ayant permis de retrouver mes esprits et de redevenir
philosophe,à trop me focaliser sur le but et la platitude,j'en suis
arrivée à ne plus profiter des beaux paysages s'offrant à moi. En
ce jour au guidon de mon bucéphale,je suis pétrie de bonnes
résolutions et me sens prête à affronter montées,descentes,à ne
pas voir le Danube et tout cela sans rechigner,voilà qui devrait
nous faciliter la vie.
Pour nous mettre en
jambe 10 kilomètres de route nationale asphaltée de neuf,à travers
collines,une énième grimpette avant de bifurquer pour plonger vers
une route proche du Danube s'étirant au sein d'une plaine
céréalière.40 kilomètres d'une petite route plate,où défilent
les villages,vivant au rythme des sabots de chevaux martelant le sol
et à celui des cris aigus des troupeaux d'oies jacassantes,les
nids de cigognes y sont désormais vides et abandonnés,je m'en sens
un peu triste,je m'étais habituée à la présence de ces
sympathiques emplumées.
Apparition de parcs
d'éoliennes,nature assoiffée,terrains s'appauvrissant,collines
arides balayées par les vents,la nature s'est revêtue de cette
austérité que j'apprécie tant,je me sens heureuse comme un poisson
dans l'eau.
Cerna,rencontre
avec un cycliste allemand,sur les routes depuis 3 semaines,ayant
beaucoup roulé,il semble en avoir assez d'un peu de tout. Après
avoir étudié la carte et récolté ses infos,changement de cap,nous
apprêtions à effectuer bon nombres de kilomètres
supplémentaires,mais surtout inutiles.
Chaleur
importante,vent contraire,route montagnes russes,nous nous séparons
après avoir roulé quelques kilomètres de conserve,il prend la
direction de la côte,celle de la mer noire.
Horia,typique
petit village roumain,les maisons y sont colorées,bien
entretenue,bordées de jolies barrières de bois,ornées de
nombreuses fleurs,la grisaille villageoise de la Bulgarie a désormais
disparu. Nous y plantons notre tente,dans le terrain attenant à
l'école après autorisation. Les chiens sont certes des plus chiants
dans ce pays,mais pas un jour ne passe sans que nous ne partagions
notre repas,invariablement composé de
salade(tomates,concombres,poivrons....)fromages,salami.... avec l'un
d'eux,rituel visant peut-être à nous en attirer la bienveillance
!!!!!!!!
Tulcea,du
28 au 30.08.2014
Etape:45
km
Pluie nocturne,fraîcheur
matinale se transformant rapidement en moiteur. Route nous jouant sa
partition par trop connue de montées et descentes,fort vent de
travers ou dans le nez,collines pelées,plaines ondulantes.......
Le retour sur la nationale,un
vrai cauchemar,le vent nous malmène et nous fait tanguer sur une
chaussée des plus circulante,rendant notre progression
périlleuse,difficile voir dangereuse.
Le soulagement est important
en atteignant les faubourgs de Tulcea,ville portuaire de 100'000
âmes,se situant à l'embouchure du delta du Danube. Le voilà
enfin,le but ultime de notre progression vers l'est,ce fameux delta
après lequel nous avons tant pédalé,et là nous en restons comme
deux ronds de flan,première impression à froid,dieu que c'est moche
!!!!! De couleur terreuse,il est bordé par de gigantesques usines
aux cheminées fumantes(production d'alumine et de plastic)la ville
industrielle et industrieuse est d'une laideur extrême et ne semble
pas avoir grand chose à nous offrir,à part,un lieu peinard où
reposer nos fatigues,celui-ci trouvé en la pension Nicole,ne nous
reste plus qu'à réfléchir sur la suite à donner à notre
aventure. Après un très rapide conseil de famille,nous prenons à
l'unanimité la décision de monter en compagnie de nos bucéphales à
bord d'un train,direction la capitale,Bucarest,pour l'heure ras la
hotte du Danube et de ses méandres.
Prenons malgré la laideur
des lieux,le temps de nous y reposer. En ce moment a lieu le festival
du Danube,l'heureuse surprise d'un petit concert de jazz en
soirée,duo hongrois fort sympathique,autour d'une bière en mangeant
des brochettes,chouette nous faisons comme tout le monde,avant de se
carapater à toute vitesse,les moustiques sont de retour !!!!
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