Bulgarie
Svilengrad,le
4.07.2014
Etape:38
kms
Quitter la
Turquie,voilà,longtemps que j'y pense sans avoir envie d'y penser.
L'heure n'est plus à la cogitation,rattrapés par la réalité d'un
visa touchant à sa fin. Cette fois-ci la route menant à Kapikule et
la frontière bulgare est sans retour,fort vent dans le nez,les
champs de tournesols ont la tête basse sous le ciel endeuillé de
nuages. Impressionnante file de camions,transports internationaux
s'étirant sur les 8 derniers kilomètres de territoire turc,la
circulation ne semble être que dans un sens en cette période de
l'année,celui du retour à la maison pour les émigrés
turcs,défilent des plaques d'immatriculation
allemandes,autrichiennes,suisses.....voitures aux fesses traînant
sur le bitume tant elles sont chargés,tirant une petite chariote
toute aussi bondée.
Pimpante et
gigantesque douane turque où les formalités ne sont que formalités
réglées en deux minutes. Sortie de Turquie,douche gratuite,à notre
passage se déclenchent des jets nous aspergeant d'eau de javel,pour
une fois que nous sommes propres..... séance de désinfection
apparemment payante,nous n'avons pu échapper au jet par contre nous
échappons à la facture. Douane bulgare affichant une triste mine à
côté de sa consoeur,mais en pleine réfection les choses devraient
s'arranger. Des formalités douanières toutes aussi simples et le
douanier se marre lorsque je lui pose la question du tampon qu'il ne
semble pas vouloir apposer sur notre passeport,pourquoi le
ferait-il,nous voilà de retour en Europe et ne sommes-nous pas
européens,nous en restons comme deux ronds de flan,et le douanier
pour nous faire plaisir,nous applique un tampon d'entrée à peine
discernable faute d'encre.
La
frontière passée,l'ambiance n'est plus la même,un je ne sais quoi
qui fleure le communisme du temps jadis,énormes bâtisses ayant
comme des airs d'abandon,une certaine décrépitude ambiante qui
n'est pas sans me rappeler notre entrée en Géorgie.
Bienvenus en
Bulgarie(6,3 millions d'habitants),sa capitale:Sofia,sa monnaie:le
Lev, 1 € environs 2 Lev.
Petite
route de campagne au trafic éparse, panneaux de
signalisation,enseignes... s'écrivent désormais en cyrillique,route
cabossée mais sans excès,nous avons connu pire,platitude relative
et sans doute trompeuse,au loin se dessinent clairement collines et
la chaîne montagneuse des Rhodopes. Jalonnant notre route
ventée,multitude de cigognes trônant dans leurs nids en compagnie
de leurs progéniture,vignobles,une campagne ressemblant à la
nôtre.
Svilengrad,première
bourgade bulgare(20'000 habitants)se trouvant sur notre chemin en ce
jour. Rencontrons Cris,jeune bulgare,guide touristique à
Sofia,parlant parfaitement l'anglais,il nous dégottera le petit
hôtel tout neuf ayant ouvert ses portes il y a deux jours,des prix
défiant toute concurrence,nous font écourter cette étape,ne
résistant pas au bonheur de dormir dans un bon lit. Svilengrad,ville
peu fréquentée par les voyageurs,dotée de nombreux casinos,elle
fait cependant le bonheur des turcs et des grecs venant s' y
encanailler le temps d'un weekend,le jeu étant interdit dans leurs
pays respectifs tandis que les filles s'y font rares.....
La
Suisse s'étant fait éliminer de la coupe du monde,il ne me reste
plus qu'à supporter l'équipe de France,sentiment de normalité et
d'appartenance à la race humaine,en étant assis dans un café
devant la télévision un verre de bière à la main,200 de
tension,nous y croyons,nous y croyons.......le coup de sifflet final
met fin à tous nos espoirs,les bleus peuvent se rhabiller et rentrer
chez-eux,désormais que le meilleur gagne !!!!!! Bonheur d'un vrai
lit fleurant bon la lessive,nous ne serons pas dérangés par nos
voisins,seuls habitants des hôtes de ces lieux.
Rudina,le
5.07.2014
Etape:80
kms
Sans
frontière le vent nous a accompagnés en Bulgarie et ses intentions
envers sont toujours aussi peu louables,les nuages de la veille ont
quitté le ciel en ce début de journée un peu frisquette.
Première
incursion au supermarché toujours aussi déstabilisante,nouveaux
produits que je ne connais pas,écriture cyrillique que je n'arrive
pas à déchiffrer,je nage dans le bonheur.
Nous
n'aurions même pas besoin de demander notre chemin,en allant là où
nous avons le vent dans le nez,nous sommes sûrs de tomber juste à
tous les coups. Petite route pas toujours en bon état,mais l'absence
quasiment totale de circulation,la rend extrêmement sympathique. 30
kilomètres de faux plat montant à travers champs de
blé,tabac,tournesols,vignobles,noyers,festival de cigogne ayant élu
domicile sur les poteaux électriques de chaque patelin traversé,les
paysans vaquent à leurs occupations à bord de carrioles tirées par
des mules. Au premier abord le contact est moins
chaleureux,réconfortée par les quelques bonjours de la main
récoltés le long de la route. Dans un bled un immense café aux
lugubres airs soviétiques,un homme d'apparence peu sympathique,nous
offrira cependant notre café,le thé est à ranger au musée des
souvenirs,en Bulgarie,le breuvage national,mis à part bière et
autres alcool,consommés dès les premières heures du jour,est le
café,excellent mais extrêmement fort,notre palpitant déshabitué
en battra la chamade.
Grimpettes à travers forêts
de chêne,sauts de puce de villages en patelins,maisons grises et
déprimantes,vaste bâtisses abandonnées,la campagne est
pauvre,samedi,jour de marché hebdomadaire,étals riquiquites
proposant leurs maigre marchandise,que la Turquie paraît riche en
comparaison.
Retrouvons champs et
pâturages,une nature déboisée,troupeaux de vaches et de moutons.
Un homme à qui nous demandons notre chemin nous offrira un sac de
prunes. Grimpettes nique les pattes,une route qui nous échappe,nous
nous fourvoyons et sommes bons pour quelques kilomètres
supplémentaires.
Superbe et
propre nature, mosquées et villages turcs font leurs
apparition,coeur et esprit toujours en transit du côté de la
Turquie sont heureux de se retrouver en terrain connu.
Rudina,charmant
village aux belles maisons de pierre,je peux me servir de mes
rudiments de turc,sésame nous permettant de planter notre guitoune
au près d'une maison. Accueil chaleureux,café et un excellent dîner
nous sont offerts. Sentiment de plénitude dans ces lieux d'une
tranquillité absolue comme vivant hors du temps.
Kardjali,du
6 au 9.07.2014
Etape:40
kms
En guise de
petit déjeuner,lait sucré sortant tout droit du pis de la vache.
Paysages tout en rondeurs,montées et descentes se succédant au sein
d'une belle nature agricole,champs de tabac,blé ,vignobles,troupeaux
de moutons,culture formant patchwork,petits villages habillant le
sommet des crêtes,mosquées et églises orthodoxes,au loin se
dessinent les hautes montagnes rocheuses des Rhodopes,ennemies des
jours à venir.
Chiflik,s'y
trouve le Perperikon,lieu de culte thrace découvert il y a peu,nous
ne saurions y passer sans nous y rendre,l'intention était là,mais
lorsque nous abordons la furieuse grimpette emmenant au sommet de la
colline où se dessine un vague tas de pierre,nous nous contenterons
d'une vue lointaine.
Kardjali(25'000
habitants),l'entrée de la ville est marquée par un énorme tas de
plomb,seuls vestiges d'une gigantesque usine abandonnée,elle étale
ses larges boulevards,ses vastes bâtisses décrépites témoin d'une
aire communiste révolue,il en émane une atmosphère tristounette de
misère sociale,en ce dimanche,les commerces sont fermés et les rues
désertées,la ville est morte et semble bouillir sous la chaleur
écrasante.
Nous
avons rendez-vous avec Marin(couch surfing),partie en goguette,nous
passerons l'après-midi à l'attendre dans le parc public jouxtant sa
maison,largement le temps de s'imprégner de l'atmosphère en
observant le peu d'agitation dominicale. En Bulgarie,les morts ne se
laissent pas oublier facilement,partout leurs photos sont
placardées,entrées de maisons,troncs d'arbres.....une petite église
orthodoxe,au bel intérieur chargé d'icônes,sentiment de malaise un
peu étouffant,les portraits de disparus couvrant murs et arbres des
alentours.
Marin,solide
bulgare ayant roulé sa bosse,parle plusieurs langues,extraverti et
bon vivant,le courant passe instantanément. Il vit en compagnie de
sa grand-mère dans une vaste maison où il fait bon s'y
poser,quartier calme et populaire. Un séjour qui se passe sous le
signe du vrai repos tant attendu,chacun vaque à ses occupations,se
retrouvant le soir autour d'une bière et d'un bon repas.
Marin nous
emmène pour une visite guidée de la ville,quartier
gitan,impressionnée par l'imposante usine de tabac abandonnée il y
à quelques 20 ans,en Bulgarie la population n'est pas intéressée
par les vieilles choses et veut du neuf.
Escapade du
côté d'un barrage,la ville en compte deux,son lac a belle allure
tout entouré de collines et de forêts.
Nous nous
sentons bien en compagnie de Marie et sa grand-maman,le repos est
salutaire,le départ prévu pour aujourd'hui est repoussé à demain.
Et le yaourt? il est comment le fameux yaourt bulgare?
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