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Le vrai domicile de l'homme n'est pas une maison mais la route,et la vie elle-même est un voyage à faire à pied. Bruce Chatwin

mercredi 4 juin 2014

Turquie Ugurlu - Kapikiri(Bafa Gölü)du 26.05 au 4.06.2014

Turquie

Ugurlu,le 26.05.2014
Etape:84 kms



                                               C'est le coeur vraiment lourd que je quitte Kas,le Mocamp,Hasan son beau sourire et son coeur immense,posté au bord de la route,il nous regarde partir,petit homme souriant se transformant en petit point avant de disparaître pour sortir de ma vie,que je me sens triste. Certes,la route et ses excès,son manque de tempérance,ses hauts,ses bas me fatigue physiquement,mais jamais je ne m'en lasse,ni ne m'y ennuie. Mois et années passant,il m'est de plus en plus difficile de me séparer des êtres auxquels je m'attache tandis que le manque de ceux que j'aime depuis toujours va grandissant. Cœur immense rempli d'Amour et de vide,sans borne,ni frontière,je sais que jamais il n'affichera complet,qu'il y aura encore et encore de nombreuses rencontres et séparations,Bonheur,Tristesse,mais dans ma poitrine il bondit de joie,parfois même d'impatience de savoir mon bucéphale tourné dans la direction des retrouvailles.

                                     Ondulations côtières sinueuses,la grande bleue exhibe ses atours étincelants,abritant de nombreux îlots rocailleux dénudés,elle a fière allure et maîtrise l'art d'apaiser le vague à l'âme et tranquilliser l'esprit,je suis heureuse qu'elle soit ma compagne en ce début d'étape. Ma route se voulant plus intérieure,la quittant je ressens comme un manque et n'aurai de cesse de scruter l'horizon pour tenter d'apercevoir,même furtivement,ses flots bleus. Je peine à m'intéresser à mon environnement qui,pourtant,ne manque pas de charme. Les kilomètres s'avalent chaudement,par moments difficilement,mais nous avançons.































                                     Je crois avoir pris un coup de chaud sur le carafon et être victime d'hallucinations,lorsque attablés dans une station service à siroter tranquillement un thé,débarquent un convoi de jeeps safari,avec à leur bord des hordes de touristes de tous poils, en maillots de bain,armés de bouées,flotteurs....accompagnés d'un animateur qui n'est rien moins que le pirate des Caraïbes dans une cacophonie digne d'un poulailler. Tout ce beau monde se rue dans la boutique souvenir,avant de faire un raid vers le buffet pour finalement se vautrer dans la piscine tandis que les véhicules sont lavés à grande eau,une usine bien pensée qui tourne à plein régime. Nous en restons comme deux ronds de flan.







                                           En reprenant la route,une mauvaise surprise nous attend,mon bucéphale est tout aussi crevé que moi,dur,plus qu'à sortir le matos,nouvellement acquis,rustine à appliquer sans colle, pour mon poussin désormais le roi de la bricole le tour est joué en 5 minutes.



Nous n'aurons pas à aller très loin pour trouver une clairière au sein d'une pinède. Le temps d'installer notre guitoune et manger,il fait déjà nuit,la destination plumard est toute indiquée.






Ortaca,du 27 au 28.05.2014
Etape:74 kms

                                                        A peine suis-je couchée que retentit une détonation,effrayée,j'imagine déjà,un chasseur,son gros fusil,sa petite cervelle,venu pour nous déloger,pas du tout. Entourés de champs de blé,la nuit venue afin d'éviter,que des opportuns viennent se servir dans ce garde manger à ciel ouvert,un système automatique pétaradant a été mis en place. Tellement fatiguée que celui-ci n'aura comme toujours aucune incidence sur mon sommeil,pour mon Homme(il en a marre d'être un poussin!!!)un peu plus compliqué,comme toujours également !!!!!

                                                         Un peu trop puisé dans les réserves la vieille,je me réveille,fatiguée,la mise en train est chaotique,mais le moral au beau fixe et l'ambiance à la bonne humeur.

Forêts de pin,cigognes aménageant leurs nids,des paysages qui ne sont pas,par moments,sans rappeler ceux du sud de la France. 







                           Début d'étape d'une platitude relative,nous évitons la baie de Fethiye,nous pourrions y rencontrer le pirate des Caraïbes et ses acolytes,courage fuyons!!!!! Le thermomètre grimpe dans le rouge(33°C)tout comme la route qui se met à caracoler follement sinuer au sein d'un monde minérale aride,hautes montagnes ocres auxquelles s'accrochent quelques arbres rabougris. Bucéphale grince,mes jambes se grippent,les montées n'en finissent pas,je suis à l'agonie ou presque,même les encouragements de ma tendre moitié ne m'aide guère,j'en viens même à pester de ne pouvoir emprunter ce tunnel interdit aux vélos,c'est pour dire !!!!! Col de Göcek(340 m),une altitude qui fait sourire,mais que l'effort fut rude pour y parvenir,il marque le terme de mes souffrances pour cette étape qui ne consistera plus qu'en une longue descente ou presque.




















                                   Ortaca(50'000 habitants),petite ville moderne,populaire et pas désagréable,nous y retrouvons,Thomas(warm showers) qui nous accueille dans ses appartements. Jeune français vivant en compagnie de son amie et de ses deux chats,depuis 5 ans en Turquie,c'est avec grand plaisir que nous partagerons une journée en sa compagnie,l'occasion d'échanger dans la langue de Molière nos expériences passées et nos rêves à venir.















Dalyan,le 29.05.2014
Etape:27kms

                                Thomas rejoignant des potes dans la ville de Dalyan pour une sortie vélo,nous en profitons pour partir en sa compagnie,balade bucolique sur une petite route de campagne que nous n'aurions pas eu l'occasion d'emprunter tout seuls,nature sauvage le plus souvent intouchée,superbe.








                                              Dalyan,bourgade touristique doit sa réputation à sa situation géographique, nichée entre la mer et le lac Koycegiz,traversée par la rivière Cayi. Perchés sur une haute paroi rocheuse,les mystérieux tombeaux troglodytes de Caunos,de toute beauté. 





















                             Thomas est rejoint par deux amis,poursuivons de conserve jusqu'à la plage de Istuzu,bande de sable séparant la mer et le bout du lac Koyzegiz bordé de lauriers sauvages,endroit superbe respirant paix et sérénité. La plage de Istuzu,lieu de ponte des tortues caret,une des espèce les plus en danger,en raison de la qualité de ses écailles,une fondation hollandaise tente de les sauver et de les préserver,une visite s'impose. Hélices de moteur,filets de pêches,hameçons....sont le plus souvent la cause des blessures infligées,quelques tortues gigantesques rescapées tentant de s'y remettre de leurs blessures.









                                       Prenons congé de Thomas et de ses amis,petit conseil de famille,l'endroit nous plaît tellement que nous avons envie d'y rester. Avec l'accord du gardien plantons notre guitoune non loin de la plage. Après-midi sympa à observer les familles turques en pic nique,repos,sieste sur nos matelas que nous partageons avec une minette sympathique,nous sommes sous le charme. Rêvions du beau coucher de soleil à venir,l'après-midi touchant à sa fin,le ciel se noircit,Eole se lève en force hérissant la mer de crêtes blanches,notre guitoune tremble et frisonne,nous ne pouvons que prier pour qu'elle aie conservé sa qualité de roseau. Le temps de notre repas du soir,auquel notre minette s'invite,avec vue panoramique avant que la pluie ne se mette à tomber.






























































Iskele,le 30.05.2014
Etape:84 kms

                                            Nuit quelque peu agitée en compagnie des cieux en furie,notre futée petite minette a trouvé refuge,sous notre toile de tente et a dormi sur les pieds de Patrick,qui n'avait pas très bien compris le poids qui y pesait,pas très contente lorsque nous la réveillons. Ciel gris et pluie sont toujours d'actualité,il ne fait pas froid et la première côte offerte en guise de petit déjeuner se charge de nous réchauffer,bucéphale tangue et zigzague tandis que je arc-boute sur les pédales,dur !!!!!



















Embarquons à bord d'un bateau qui nous déposera de l'autre côté de la rivière. Routelette(le mot n'existe pas mais je le trouve joli,excusez-moi) rurale au revêtement lépreux et cassant nous emmenant tout en suivant les rives du lac Koyzegiz à travers une nature parfaitement sauvage,montagnes,conifères,lauriers,grenadiers,cactus,tortues en goguette ...ponctuée de quelques hameaux,où l'accueil se veut toujours des plus chaleureux.











Etape sportive,les montées ne nous laissent guère le temps de respirer. Baie de Gökova,nous y retrouvons la grande bleue et ses beaux rivages,le dénivelé se fait un peu plus magnanime. Akyaka,nous l'avions connue petite bourgade au tout début de son développement touristique,la baie entourée de hautes collines arborées reste superbe,la ville quant à elle s'est transformée en un conglomérat compact et irrespirable,d'hôtels,cafés,restaurants......n'ayant rien à nous offrir en terme d'hébergement et n'avons de toute évidence aucune envie d'y rester. Chemin faisant le camping municipale où une vieille rombière fort peu sympathique(très rare en Turquie),nous propose un emplacement pourri pour notre guitoune,pour la somme de 30 TL(10 €),non merci sans façon !!!!!






















           Poursuivons le long de la côte superbe et sauvage,le patelin d'Iskele,petit port de pêche,chantier naval,maisonnettes de pierre,déjà nous respirons mieux. En bord de mer,une clairière,les restes d'un camping abandonné,l'endroit est plutôt sale. Nous y rencontrons un vieux monsieur,vivant à l'année dans une tente bric à broc,en compagnie de ses 3 chiens et 4 chats,il nous offre fort sympathiquement un café avant de nous laisser vaquer à nos occupations. Parfois il faut bien du courage après une telle étape, pour monter notre campement.






















Akbük,du 31.05 au 1.06.2014
Etape:22 kms

                                                       Nous n'avons que quelques mètres à parcourir,pour trouver notre thé du matin,véritable aubaine et grand moment d'éternité. Situés en bord de mer,dans un lieu idyllique,un turc baragouinant quelques mots d'allemand, et sa camionnette,vendant thés et autres en cas,pas frais le gardon,yeux rouges et injectés,il semble avoir du mal à se rassembler,préparer le thé,un travail herculéen,et lorsqu'il s'agit de trouver le sucre et les petites cuillères,mission impossible. Notre homme,totalement perdu, tourne en rond,parle tout seul fait de grands signes en direction des cieux invoquant Allah. Je réussis à trouver deux petites cuillères qui gisaient sur une table,cela semble l'apaiser un peu. Patrick lui tend un billet de 5 TL,la monnaie semble toute aussi introuvable que les petites cuillères et le billet est englouti dans la poche,mais notre homme ne semblant pas vraiment en forme,nous ne saurions réclamer,jamais payé un thé aussi cher depuis que nous sommes en Turquie,mais le sentiment de faire une bonne action. Lorsque nous le quittons il retourne à ses démons et petites cuillères,nous pouvons le voir parler tout seul élevant les bras vers le ciel mais Allah ne semble pas d'un grand secours !!!!!









                                Route très ondulante épousant la côte ,paysages carte postale,criques et baies,eau déclinant toute la palette des bleus,pinèdes,charmants petits patelins où les villageois vendent le fruit de leur récolte en bord de route......décor magique qui me donne des ailes malgré la difficulté. Akbük,cela représente un détour,mais le panneau nous tente bien,envie d'aller voir ce qui s'y trouve et nous ne serons pas déçus,une grande baie aux eaux peu profondes,transparentes et bleues turquoise,deux épiceries,deux restaurants,barques de pêcheurs,quelques pontons où sont amarrés quelques voiliers,l'endroit est féerique,je n'ai pas envie d'aller plus loin. Contrairement à ce que j'avais lu un jour en Inde,Dieu n'est pas un architecte,mais bien un Artiste !!!!!























                               Le Doga restaurant,propose quelques places de camping,non loin de la plage,accueil sympathique,ambiance vacancière,nous l'adoptons. Baignade des plus revigorante avant de végéter en bord de plage. Sentiment de plénitude,grands moments d'éternité !!!!!






























                            J'ai comme le sentiment que la Nature complote,à chaque fois que nous décidons de nous arrêter dans un endroit et tirons des plans sur la comète de nos envies,le mauvais temps se met de la partie. Dimanche pourri,venté,pluvieux,râpé pour la baignade,mais une journée passée à contempler mon environnement sans faire grand chose reste des plus agréable.



















Becin,le 2.06.2014
Etape:68 kms



                                           Dès les premiers coups de pédale le ton est donné,c'est la tête dans le guidon que nous commençons en fanfare,cette belle journée. Ici en Turquie il n'y a vraiment que la nature qui a des airs vacanciers. La nature identique à elle-même est superbe,récompensés par des vues d'une beauté à couper le souffle en nous élevant,forêts de pins,eucalyptus,lauriers sauvages,fleurs,un caméléon imprudent sauvé par Patrick lorsqu'il traversait la chaussée,région peu habitée.
































                                  Oren,petite bourgade sympathique,cafés traditionnels où les hommes jouent aux dominos,marque la fin d'une certaine nature, forêts cédant la place à des montagnes plus arides et déboisés,oliviers,vergers,font un retour en force,champs de blé déjà moissonnés,petits villages perchés et nichés au creux des collines, mines de charbon à ciel ouvert(mon coeur se serre difficile de ne pas se rappeler la tragédie de Soma),carrière,centrale électrique,une harmonie naturelle parfois bien mise à mal par la main de l'Homme. L'étape se veut très dure,nous enfilons les côtes telles des perles sur un collier et les petites descentes ne nous laissent guère de répit.













                                          Becin,grande bourgade moderne,circulante et bruyante,nous sommes interpelés par Salahatin,alors que nous arrivons en ville,il nous invite à boire le thé dans sa maison. Il baragouine quelques mots d'allemand un peu confus,se montre prévenant mais assez agité,il nous offre thé et coca,met la maison sans dessus dessous,nous sortant photos de famille,ustensiles pour cuisiner,il ira même jusqu'à m'offrir une pendule,lourde et monstrueusement décorée de panda,nous montrant la chambre où nous allons dormir,la douche que nous allons prendre...... mais voilà il faut d'abord qu'il obtienne l'accord de sa femme travaillant à Bodrum,un coup de fil c'est si facile et la réponse est YOK,adieu veaux,vaches,cochons...je fais bien attention à oublier la pendule en partant,nous atterrissons dans le champs d'oliviers parmi les vaches et les chèvres,en bord de national où rien n'est vraiment bien plat. Ne possédant rien je me contente de peu,ma petite guitoune fait tout à fait l'affaire et je retrouve la paix.

                                     Cassés cuit dur,déjà couché,c'est tout d'abord notre voisin de pallier qui vient nous offrir un thé avant que notre ami Salahatin ne se pointe avec 5 litres d'eau et le menu du petit déjeuner !!!!!!













Kapikiri(Bafa Gölü:lac),du 3 au 4.06.2014
Etape:48 kms

                             Entre trafic et couche des plus inconfortable,la nuit ne fut pas terrible. Nous ne nous sentons pas le courage d'affronter Salahatin et décidons de nous mettre en route sans passer par la case départ.

                                            Le yackounet de Patrick souffre à nouveau de grand flottement au niveau de la roue arrière,la grande ville de Milas,endroit tout indiqué pour y trouver un réparateur. Nous trouvons l'atelier d'Evrem,petit artisan qui prenant son boulot très au sérieux,mais ne possède pas les pièces de rechange. Il emmène Patrick chez un autre réparateur de vélo pendant que j'attends en compagnie de ses parents me réservant un accueil incroyable,mon turc est basique mais suffisant pour échanger autour d'un thé qui coulera à flot.

                                     Evrem restera en compagnie de Patrick tandis qu'un autre homme tout aussi charmant passera quelques deux heures à remettre Yackounet sur pied,pour la modique somme de 30 TL(10 €). 




                                    Notre petite famille d'accueil refuse de nous laisser partir avant que nous n'ayons partagé leur petit déjeuner gargantuesque. Nous repartirons,tandis que la pluie se met à tomber doucettement,avec un pot plein de basilic,deux roses offertes par le papa,un collier que la maman m'a noué autour du cou,deux briquets flambant neuf et la larme à l'oeil. Rencontre faite de tant de simplicité et de générosité qu'elle me chamboule le coeur,je mettrai la journée à m'en remettre.





























                                          Enfin,je n'y croyais plus,une étape TGV facile,route plate nous emmenant à travers collines pelées,champs d'oliviers, figuier,grenades,cyprès,eucalyptus,bourgades fermières.... Le lac Bafa,était jadis un golfe de la mer Egée avant que la masse alluviale apportée par la rivière Menderes ne le bouche progressivement. Nappe d'eau entourée d'un cirque de montagnes recouvertes d'oliviers sauvages et collines formées de gros rochers aux formes étranges,d'une couleur telle que je les croirais couler dans le bronze. Le lac,grand nappe d'eau laiteuse,n'affichant pas une forme olympique,recouvert d'une écume bizarre et dégageant une odeur plutôt pestilentielle,aigrettes,cormorans,nombreux vestiges d'une époque lointaine ajoutent au caractère pittoresque des lieux. Bordant la rive,village d'agriculteurs et pêcheurs,chaque mètre carré de terrain cultivable est cultivé,élevage de vaches en stalle,cadichons..... qu'en est-il de ces lieux classés réserve naturelle. Lieux magiques où le temps semble s'être arrêté.











































































                         Kapikiri,petit village qui a mis sa destinée entre les mains du tourisme,chaque maison étant désormais,une pension ou un restaurant,ne manquent que les touristes,est-ce l'avant saison ou les relents du lac????

                                                             La pension Selenes,un beau jardin superbement arrangé,dominant le lac,un accueil sympa,une toute petite place pour y planter notre tente (10 TL),l'endroit nous plaît,heureux d'y déposer nos valoches,et demain c'est repos !!!!!

                                              Jour de repos oblige,un vent tempétueux soufflera tout au cours de la journée,notre guitoune après avoir longuement plié finira par casser,les réparations commencent à tenir du miracle. Même si je peste contre cette météo qui ne fait que nous contrarier,je suis mieux à ne rien faire qu'à pédaler dans la choucroute sur mon bucéphale !!!!!!




























































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