Turquie
Golyaka,le
14.04.2014
Etape
:40 kms
Pas plus tard que hier nous nous félicitions d'être à nouveau dans un
monde moderne où les immeubles sont dotés d'ascenseur,bien nous en
a pris,en ce jour ce dernier est en panne et nous nous
coltinons,valoches et bucéphales tout au long des 6 étages,un bon
échauffement pour entamer cette étape après des vacances bucéphaliques qui n'auront jamais été aussi longues tout au cours de ce voyage. Comme pour
fêter le début de cette nouvelle aventure,un superbe soleil nous
fait cadeau de sa présence,même si les températures matinales
restent bien fraîches.
Mon
poussin véritable GPS sur patte,m'emmène sans encombre à travers
le dédale des rues stanbouliotes,jusqu'à l'embarcadère des
ferry,quel Homme. Trafic intense,les villes ne sont définitivement
pas drôles à dos de bucéphale,mais je me surprends moi-même à
être aussi relaxe au sein de cette avalanche de véhicules en tous
genres,que de chemin parcouru durant ces 3 ans,même le temps
d'admirer chemin faisant,la mosquée bleue,Aya Sophia toutes les
beautés que la ville a à nous offrir,d'ores et déjà contents de
savoir que nous allons y revenir,nous ne nous en lassons pas.
Notre
retour vers l'Europe,à peine entamé que déjà déjà nous
avançons en reculant,cape à l'est,destination Ankara,où nous nous
proposons de rendre visite à nos amis Mustafa et Nihal, avant
cela petit crochet par une réserve ornithologique repérée dans une
revue. Embarquons à bord d'un ferry,destination Bandirma,2 h 30 de
traversée sur la mer de Marmara.
Aucune
envie de nous attarder à Bandirma,bourgade moderne construite à flanc
de colline. La couleur est rapidement annoncée,montées et
grimpettes se présentent dès les premiers coups de pédale,mémoire
et guibolles n'avaient pas oublié que la platitude en Turquie
n'existe pas vraiment,les deux seules options étant montées ou
descentes,une grimpette en cachant une autre. Belle balade bucolique
à travers champs de colza,maïs,fermes
d'élevage,vaches,moutons,magnifique patchwork aux tendres couleurs
printanières,une nature qui a des airs de chez-moi,qui fleure bon le
purin...j'avais presque failli oublié à quel point c'est beau.
Malgré la difficulté de la route,je suis heureuse,de retrouver le
calme et la beauté de ces paysages ruraux.
Golyaka,petit village sis
sur les rives du lac Kay,au centre de ce dernier trône le
café,véritable institution en Turquie,les hommes y devisent en
regardant passer le temps. Accueil des plus
chaleureux,merhaba(bonjour) et bienvenu sonnent haut et fort,on nous
apporte chaises,thés...les quelques mots de turc appris lors de mon
dernier séjour,remontent sans peine de ma mémoire,je suis
impressionnée de constater les trésors que celle-ci peut renfermer.
Ces thés de fin d'étape nous seront offerts,on nous indique quatre
murs et un toit,une cabane de pêcheur sur les rives du lac,où nous
pouvons nous installer pour la nuit. Beau coucher de soleil en
dégustant notre succulent plat de pâtes,cela commence à cailler.
Susurluk,le
15.04.2014
Etape
:60 kms
Pleine lune nous
éclairant comme en plein jour,la nuit fut très froide,nous nous
réveillons congelés. Sommes accueillis comme des rois au café du
village,thés(nous pourrions en boire jusqu'à plus
soif),gâteaux,nous sont une fois de plus offerts,tant de chaleur
humaine,me réchauffant le coeur avant qu'un superbe soleil ne prenne
le relais pour ce qui est du corps. Quittons rapidement,le lac en
empruntant une petite route très ondulante,bosselée et cassante à
travers une superbe campagne,champs de maïs,orge,cultures
intensives,immenses fermes d'élevage,vaches vivant le plus souvent
en stalle et ne pouvant guère profiter des bienfaits de l'air
pur,figuiers,oliviers,marronniers et cerisiers en
fleur,cigognes,troupeaux de moutons et leurs bergers et le grand
retour de mes amis les cadichons.
Manyas,bourgade sympa en
pleine expansion,population des plus accueillante,des travailleurs du
bâtiment nous y offrent le thé. Le relief devient de plus en plus
agressif,serpent de bitume fissuré hérissé de grosses
patates,dur,dur pour les guibolles qui ne sont plus habituées à un
tel traitement.
Söve,village
agricole,les vieux attablés à l'incontournable café du
village,dissertent tandis que le temps s'écoule paisiblement,accueil
des plus chaleureux,les questions vont bon train,érigé tel un
rituel de bienvenu,le thé nous est offert. Mot turc pour désigner
une côte,rampa,plutôt bien choisi,sommes cueillis dès la sortie du
bourg,par une véritable rampe de lancement pour sauteur à ski
affichant un pourcentage de 10%,qui s'achèvera par un grand plongeon
et la grande ville moderne de Susurluk,atmosphère relaxe et
tranquille,contacts plus distants allant de paire avec le monde
urbain.
Air de pique nique à
quelques kilomètres de la sortie de la
ville,tables,bancs,WC,eau,les hommes s'y réunissent pour écluser
bières et autres alcool. Je suis lessivée,l'endroit est tout
indiqué pour y planter notre guitoune. En soirée,tandis que je suis
déjà couchée,un couple interpelle Patrick,il semblerait que nous
soyons invités pour le thé matinal ?????
Pamukcu,le
16.04.2014
Etape:67
kms
A la regarder avec ses
arceaux blessés,sa fermeture éclair ne fermant plus que dans un
sens,ses nombreux pansements... notre guitoune ne respire pas la
santé,inutilisée au cours des 8 derniers mois,elle est malgré tout
bien présente,fidèle au rendez-vous,nous offrant la chaleur,certes
relative en cette saison,de son ventre protecteur et le luxe d'une
nuit beaucoup plus confortable.
Nous avions bien
compris,dès notre réveil,Bayran est là qui nous attend pour nous
emmener dans sa ferme,où nous sommes joyeusement et chaleureusement
accueillis par Rabia,sans
oublier,poules,coqs,canards,moutons,chiens....arche de Noé hautement
coloré. Un gargantuesque petit déjeuner composé des produits de la
ferme nous est servi,langage du coeur et de l'estomac,papotage sans
idiome commun,cartes,atlas sont de sortie,nous comprenons tout de
même que notre idée de rallier Ankara par les petites routes et
villages est pure folie,la route semble être rudement longue et
monter diablement. Conseil de famille,changeons nos plans,cape sur la
côte et la ville de Izmir,qui pour l'heure nous tente bien. Rabia
m'étreint comme si nous nous connaissions depuis toujours,elle
aimerait nous garder longuement,la proposition est bien
tentante,mais la route nous attend.
Notre petite
route de campagne tressautante a cédé la place à une grande et
magnifique nationale très circulante dotée d'une large bande de
sécurité. Cernés par les collines,fort vent dans le nez,toboggan
sur lequel nous avançons péniblement. Champs de blé,fruitiers en
fleur,troupeaux de moutons et leurs bergers,nombreuses usines.
Balikeshir,grande
ville moderne,y rencontrons un fort sympathique cuisinier juché sur
sa bicyclette rêvant d'un grand voyage en vélo,en attendant de
pouvoir le réaliser,il se nourrit un peu de notre vécu autour d'un
thé qu'il nous offre. Incursion dans le vieux quartier de la
ville,artisans,petits commerçants tous plus chaleureux les uns que
les autres ils se battraient presque pour nous offrir un thé,ce
breuvage qui sait si bien créer des liens,héritons par la même
occasion d'une carte générale de la Turquie.
Route ardue,vent se
renforçant,fatigue, point de lieux où se poser chauffeur de camion
nous offrant des concombres. Pamukcu,bourgade agricole,un café
restaurant en bord de route,je suis morte,l'accueil y est
chaleureux,je tente ma chance et permission nous est donnée d'y
planter notre tente dans la pelouse,nous pouvons enfin nous poser et
profiter de merveilleux moments passés en compagnie de
Nesrin,Ilyas et Sibel charmante bulgare qui,de sa voix merveilleuse
nous fait cadeau d'une chanson remuant le coeur tout en mouillant les
yeux. Nos valoches regorgent de nourriture,mais Nesrin tient
absolument à offrir le repas aux moussafirs(voyageurs) que nous
sommes.
Gelembe,le
17.04.2014
Etape:47
kms
Tant de bonnes conditions
réunies que la nuit ne put être que bonne,nous ne saurions partir
sans avoir avalé,la délicieuse soupe de Nesrin. Beau temps,vent
moins présent,relief très accentué,côtes affichant des
pourcentages allant jusqu'à 7% au sein de paysages superbes,devenant
de plus en plus arides au fil des kilomètres. Crêtes des collines
hérissées d'éolienne,champs d'oliviers,troupeaux de moutons,étals
de fruits et légumes encore fermés en cette saison jalonnent les
bords de la route. Les coups de klaxon ont miraculeusement disparu de
notre paysage auditif,seuls ceux de chauffeurs sympas fendent l'air
pour nous encourager et nous saluer.
Guibolles en
compote,mal aux fesses,la bourgade de Gelembe arrive à point nommé.
Un grand routier,les gens s'y restaurent tandis que des
employés,russes,macédoniens.... y lavent voitures et camions. On
nous y offre moult thés et la possibilité de dormir dans la
mosquée,le ciel état menaçant,nous acceptons la proposition avec
gratitude. J'ai parfois honte de voir,comment chez-nous,nous traitons
nos immigrés,montée de l'extrémiste,lois racistes...il serait bon
pour tout un chacun de faire un petit tour dans un pays tel que la
Turquie,capable de nous donner de magistrales leçons de vie et
d'humanité. Aurions-nous perdu notre coeur en cours de route ????
Akhisar,le
18.04.2014
Etape:32
kms
La
nuit dans la mosquée ne fut pas un bon plan,fervents se succédant
tout au long de la nuit,lumières éteintes,allumées,bruit de
gymnastique,nous nous faisons tout petits derrière le rideau,nous
réveillant mutuellement pour cause de ronflements,ça la fout mal,il
faut tout de même pas exagérer !!!!! Pluie au petit matin,l'oeil
glauque,nous nous caillons les miches et cerise sur le gâteau,vent
tempétueux dans le nez. Terrain un peu plus plat,collines hérissées
d'éoliennes à perte de vue,déforestation massive,nombreuses
oliveraies mettant un peu de couleur dans l'aridité de
l'environnement massivement déforesté. Akhisar(127'000
habitants),arrivons juste au moment où éclate un violent
orage,coups de tonnerre,grêle,pluies diluviennes. Au café,rencontre
avec Fouad et ses amis,Fouad baragouine quelques mots d'anglais
mâtiné d'un peu d'allemand,après force thés autour desquels il
partage avec Patrick sa passion pour le ballon rond,il nous
accompagnera dans un petit hôtel au coeur de la vieille ville
commerçante,il nous quitte après nous avoir aidé à monter nos
bagages dans notre chambre. Chambre simple,douillette et confortable,
douche qui n'est pas du luxe,avant de gâter nos estomacs avec de
délicieux pide(pizza turque). Après-midi de repos,j'en ai grand
besoin,tandis que la pluie s'est arrêtée. Ayan,le veilleur de nuit
vient nous souhaiter une bonne nuit tout en nous offrant un thé. Que
du bonheur !!!!!!
Kosucu
Petrol,le 19.04.2014
Etape:61
kms
Excellente nuit de
sommeil dans un lit fleurant tellement bon la lessive. Réveillée en
pleine forme,il pleut des cordes,Ayan vient nous offrir notre thé
matinal,insiste pour que nous restions en raison de la pluie,la femme
de ménage,les consommateurs du petit café,tout le monde s'y met,les
questions vont bon train,on nous offre le thé,personne ne veut nous
laisser partir,mais quand il faut y aller il faut y aller. Vent
absent,partons sous une pluie battante. Avons une fois de plus changé
d'option,le temps est tellement pourri que les envies de mer nous ont
désertées et Izmir,3ème plus grande ville du pays nous paraît
beaucoup trop grande. Petite route départementale plate et peu
circulante jalonnée de patelins, au sein d'une vallée plantée
d'oliviers,vignes,fermettes,troupeaux de moutons et de vaches
paissant paisiblement en compagnie de leurs bergers. Un chauffeur de
camion,me propose de nous embarquer mon bucéphale et moi à
destination directe d'Ankara.
Gölmarmara,charmante
bourgade où l'on nous offre le thé,rencontre sympa avec quelques
mômes parlant l'anglais. La pluie ne cessera qu'en début
d'après-midi,cédant la place à un vent un peu moins soutenu que la
veille mais tout de même bien emmerdant car toujours de face. Les
ondulations se font plus importantes,champs de fleurs
sauvages,coquelicots,pavots,paysages tout en rondeur,chaîne de
moyennes montagnes aux sommets recouverts de neige bordées de
collines.
Superbe étape,aux
magnifiques paysages variés,une nature qui me remue et m'émeut
profondément. Kosucu Petrol,j'ai la bonne idée d'y demander notre
route,on y met à notre disposition un local,restaurant fermé pour
la nuit,on nous y offre pain et thés. Pas belle la vie !!!!!
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