Népal
Katmandou,du
4 au 17.09.2013
J'ai bien failli oublié et
pourtant cela m'a marquée,la mémoire n'est pas toujours fidèle en
apparence,elle sait enfouir les souvenirs qui la dérangent et seule
une empreinte souterraine persiste avec le temps qui passe,les rêves
sont là pour nous rappeler par moments ce qui se trame dans le
tréfonds de notre âme. Au cours des dernières heures passées dans
la maison de Richard à Tokyo,la terre a tremblé,comme un long
frémissement de mécontentement,faisant s'agiter le linge sur les
fils,le sol sous mes pieds...... Simple avertissement,prémices à
d'autres secousses,sentiment de danger imminent,malaise,signe qu'il
est temps pour moi de quitter le Japon ???? Personne ne semble
s'affoler,Richard questionné me dira qu'il s'est habitué à vivre
avec les sautes humeurs de mère Nature, je surprendrai à être
attentive à ce qui se passe autour de moi jusqu'à mon embarquement.
Dans
l'avion,obligée de constater à quel point notre monde change,les
hôtesses de l'air qui jadis se baladaient tout
sourire,distribuant,bonbons,couvertures,servant nourriture et
boissons,se baladent désormais,calculatrice à la main,louant
couvertures....tout se paye,plus rien n'est gratuit,même pas le
verre d'eau,perte d'humanité,c'est le prix de l'économie à payer
!!!!!! Kuala Lumpur,escale,devons récupérer nos bagages,passage de
douane obligatoire,entrée et sortie du pays dans la foulée,n'aurai
jamais séjourné aussi peu de temps dans un e contrée. Fatigue
aidant la fin de ce voyage semble bien long,ai hâte d'arriver à bon
port,déjà j'extrapole sur ce qui m'attend,j'anticipe les joies des
retrouvailles avec mon pays de coeur,celui de mes premières errances
en compagnie de Patrick.
Triburan,aéroport
de Katmandou,en y débarquant l'émotion est grande,plus de 20 ans
que je n'y ai mis les pieds et pourtant j'ai le sentiment que rien
n'y a vraiment changé,toujours aussi rustique,le dutee free shop se
résume à un magasin d'alcool fermé,une foule colorée s'y
presse,déjà règne le chaos asiatique que j'aime tant. Obtention de
visa,3 mois(100 $ simple et rapide),point d'ordinateur tout se fait à
la main. Récupérons nos bagages,rien ne manque et nos bucéphales
encartonnés ne semblent pas avoir souffert de leur voyage. A la
sortie,un homme contrôle à l'aide de nos reçus que nous ne
partions pas en compagnie des possessions d'un autre. Bien trop
fatigués les douaniers en apercevant toutes notre valoches,passage
direct sans que celles-ci ne soient passées aux rayons X. Libres de
vaquer à nos occupations,bienvenus au Royaume du Népal. Nous
reculons nos montres que nous ne possédons toujours pas de 3 h 15,le
décalage horaire avec l'Europe se réduit.
A la
sortie,ballet des chauffeurs de taxi nous ventant les qualités d'un
guest house ou d'un quelconque hôtel,nous sommes loin de la
discrétion japonaise. Abrutis par toutes ces heures de voyage,la
tâche de remonter nos bucéphales réduits à leur plus simple
expression(les cartons étaient un peu petits)semble titanesque,mais
comme si nos gênes se souvenaient de toute la patience acquise au
cours de nos années d'errance,nous ne nous affolons pas. Un thé
népalais pour sceller notre arrivée,retrouver le goût de ce coin
du monde,pas d''eau potable à l'aéroport. Déjà l’attroupement
se crée,tentons en vain d'échapper à l'attention générale,un
endroit un peu plus tranquille,une foule qui s'est
clairsemée,remontons nos vélos sous l'oeil noir brillant et
attentif de quelques curieux,certains ayant le sentiment de nous
aider en tenant une pédale,un guidon.......les questions
fusent,l'intérêt est mobilisé..... Absent et attentif au monde
extérieur,comme dans un scénario désormais bien huilé,le geste
sûr,chaque pièce retrouve sa place,nos fidèles montures prennent
peu à peu forme.
Toute au bonheur
d'être au Népal,j'oublie de me stresser lorsqu'il est l'heure à la
nuit tombée de nous remettre en selle et pourtant il y aurait de
quoi. Choc des cultures après le Japon,le temps fait un bond en
arrière,retour au moyen âge,sur la chaussée,qui n'en porte que le
nom,trous tellement grands que ce ne sont pas des nids de poule mais
d'autruche,bosses,caillasses,poussière.....règne le chaos le plus
total,concert assourdissant de
klaxons,voitures,bus,motos,vélos,piétons,chiens.......évoluent
dans la plus grande anarchie,les plus forts et plus gros semblant
avoir la priorité. Malgré ce monde infernal,je ressens comme une
grande sérénité,tout ce qui se passe au tour de moi semble comme
atténuer,mes yeux,mon nez tous les sens sont en affût
reconnaissant,des lieux,des odeurs qui lui sont familières,je suis
comme une enfant émerveillée de voir défiler au rythme des bosses
et des trous des lieux qui me sont
connus,Pashupatinath,Bodnath.....pas loin de me sentir de retour à
la maison et le lien qui me relie à Patrick depuis tant d'année
vibre,tous ces lieux maints fois visités,nous contant tous un bout
de notre histoire,malgré la distance qui nous sépare,je le sens
trépigner de bonheur sur sa selle. Il sera le temps de faire le
point sur toutes ces émotions plus tard,pour l'heure nous avons
rendez-vous avec Madukhar(warm showers)à Balaju Bazar. Nous nous
arrêtons à de multiples reprises pour demander notre chemin,il est
simple tout droit,alors que nous sommes proches du but,nous ne le
savions pas,nous sommes aidés par de forts sympathiques népalais
qui en un coup de téléphone repère les lieux,nous en sommes à
deux minutes. Madukhar,nous interpelle au passage d'un coup de
sifflet. Lorsque je mets pied à terre je suis toute éberluée que
tout se soit si bien passé,montage des vélos,trajet depuis
l'aéroport,localisation de Madukhar tout semble si simple. Nous
sommes accueillis par Madukhar et Lalita,couple chaleureux possédant
un petit restaurant,ils nous prêteront leurs chambre au cours de
notre séjour. L'estomac crie famine,nous retrouvons le goût du
dahl(soupe de lentilles),baht(riz) , tarkari(légumes),le plat
national népalais,pas le meilleur que j'aie mangé,mais je sais que
ce n'est que le premier d'une longue liste,après 3 mois de soupes de
nouilles,vive le riz !!!!! Les yeux se ferment,nous sommes vraiment
fatigués,mais l'excitation est bien trop importante pour que nous
puissions fermer l'oeil,l'heure des vacances a sonné !!!!!! Nous
nous couchons des étoiles plein les yeux,des tu te souviens plein la
bouche le coeur habité de tous les projets non encore définis plein
la tête. Demain il fera jour !!!!!!! La nuit est habité par le cri
des chiens,rideaux de fer qui se ferment sur les boutiques,une
toux,un crachat,des voix.......nouvel univers dans lequel je me
glisse avec délice.
Nous passerons 4
jours en compagnie de Madukhar et Lalita,instants de partage
sympa,Madukhar,grand fan de la petite reine,tente de faire des
adeptes autour de lui,a plaisir à recevoir les voyageurs du
monde,intéressé par de nombreuses activités,il prend entre autre
des cours de japonais et de chinois. Lalita,typique femme népalaise
se préoccupe de son apparence tout en s'occupant de l'intendance,la
maison,le restaurant..... bienvenu au royaume des hommes machistes
!!!!!! Nous devons nous réhabituer à une certaine promiscuité,la
population vit entassée dans de toutes petites pièces,partageant
une seule douche et WC(mieux vaut ne pas être pressé!!!!).
teinture de henné |
Le Népal,23
millions d'habitants en 2001 (démographie galopante,taux de
croissance 2,45 % par an à vous de faire le calcul). Sa monnaie la
roupie népalaise,1 €= 134 roupie. Sa capitale Katmandou(1'350 m
d'alt. Merci Maya). Le pays n'est pas grand 800 kms x 200 kms,des
kilomètres qui sans aucun doute compterons double voir triple.
Balaju bazar,quartier
populaire,petits marchés de fruits et légumes,boutiques de
fringues, commerçants,artisans,gargotes,la mode n'est pas encore aux
supermarchés. Tout n'est que couleurs qui flashent,odeurs bonnes ou
mauvaises chatouillant les narines,le tout baignant dans un joyeux
brouhaha. Reconnaissons des lieux qui eux semblent nous
reconnaître,retrouvons nos vieilles habitudes,passons de longs
moments un verre de thé à la main à observer l'agitation qui nous
entoure,il semble toujours se passer quelque chose en ces lieux.
Les népalais sont
principalement hindouistes,la cohorte de leurs dieux est sans
fin,tout comme les festivals qui se suivent à un rythme effréné,nous
n'en connaissons jamais exactement le nom,ni la réelle
signification. Début d'un de ces fameux festival,d'une durée de 3
jours,il voit de longues files de femmes tout de rouge vêtues,un
plat contenant leurs offrandes à la main,elles s'en vont aux temples
prier,pour leurs époux ou ceux à venir,la santé de leur
famille.....gracieux spectacle haut en couleurs.
Avons envie de
retrouver un peu d'intimité,un lieu qui nous appartient pour un
temps. Déménageons dans le quartier de Durbar Square,le plus vieux
quartier de Katmandou,envie d'y retrouver ses temples,son atmosphère
médiévale,lieu d'origine de tous mes voyages,c'est un endroit que
bien souvent je visite dans mes pensées,même lorsque j'en suis fort
éloignée,des larmes plein les yeux lorsque j'y arrive en compagnie
de mon bucéphale,ce compagnon si fidèle à qui il m'arrive de
parler,je suis si heureuse de l'emmener en ces lieux magiques,ah si
les bucéphales avaient une âme !!!!!! Nous y retrouvons des visages
connus de commerçants nous accueillant avec un sourire commerciale
!!!!!!
En ce jour mon poussin
ne fait pas dans la dentelle et m'emmène au Paradise guest
house,promesse de quelques jours de bonheur à venir,une petite
chambre toute simple,mais un lit,une douche,de l'eau chaude,que de
luxe !!!!!! Même nos vélos prennent place à nos côtés.
S'ensuivent des
jours de douce paresse sans aucune préoccupation,si ce n'est celle
d'être heureux et de profiter de l'instant présent,retrouvons,le
bonheur de la lecture,de nos longues conversations accompagnées de
verres de thé que nous engloutissons tels des rescapés du
désert,dévorons de succulents dahl bath...... Nous ne pouvons
échapper aux «tu te souviens»,faisant défiler la toile du passé
sur laquelle nous tissons celle de notre futur qui peu à peu prend
forme dans des projets de route et envies.
Katmandou,depuis
le temps que nous y venons seules quelques éléments extérieurs ont
changé,Thamel le quartier touristique par excellence s'est telle une
gangrène un peu plus étendue,les temples de Durbar Square ont subi
de pas toujours heureux ravalements,le nombre de moto(véritable
plaie)s'est accrue de manière alarmante,apparition de nouveaux guest
houses et commerces,les coupures d'électricité sont toujours aussi
fréquentes,les détritus qui jonchent les rues toujours
présents,mais désormais une armée de balayeuses professionnelles
redonnent quotidiennement à la ville des airs de propreté,les rues
sont toujours aussi défoncées,vendeurs de légumes,marchands de
fleurs s'installant dans la fraîcheur matinale près des temples,la
situation politique semble s'être calmée,seule de temps à autres
une grève perturbe les habitudes quotidiennes,le futur nous en
apprendra plus sur le sujet......... Katmandou serait-elle,la
ville éternelle par excellence ?????
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