Allemagne
Vohburg,le
17.10.2014
Etape:65
km
Sentiment
intense de satisfaction en étalant nos couches dans le
couloir,dehors il pleut des cordes,futés comme des goupils ces
yacks!!!! Plus de 4 ans de route nous ont appris trucs et
astuces,contente de pouvoir pour une fois les appliquer dans nos pays
«civilisés»où l'interdit s'inscrit en maître de presque toutes
les situations.
Au réveil,je
rigole un peu plus jaune en constatant qu'il pleut toujours des
cordes,quelle poisse. Pistes sableuses détrempées longeant le
Danube à travers sous-bois,prés où paissent chevrettes et
moutons,mon poussin qui avait si bien bichonné nos bucéphales est
bon pour recommencer toute affaire cessante.
Kelheim ,charmante
petite ville de 15'000 habitants,située au confluent de l'Altmühl
et du Danube,il arrête de pleuvoir lorsque nous y mettons le pied
palmé baignant dans sa basket à terre. Embarquons à bord d'un
bateau pour 6 km de traversée à travers les gorges du Danube. Monte
à bord en même temps que nous un troupeau de touristes
allemands,fort intéressés par notre épopée,tous poussent des oh
et des ah,inspectant de près nos bucéphales,les questions
fusent,sommes l'objet de toutes les attentions,cela faisait longtemps
que nous n'avions connu tel épisode,une dame,viendra me voir me
serrant dans ses bras,me félicitant et m'offrant une médaille de la
Sainte Vierge afin de me protéger sur la fin de ce périple,je ne
sais si Marie me sera d'une quelconque utilité,mais le geste me
touche et me remue profondément. Merveilleux spectacle que ces
gorges défilant devant nos yeux,forêts aux couleurs automnales se
mirant dans les eaux placides du Danube,mince et élégante rivière
qui a taillé au fil des siècles sa route au sein de hautes parois
rocheuses. Weltenburg tout le monde descend,un beau monastère qui
vaudrait sans doute le détour,pris d'assaut par les hordes de
touristes,courage fuyons.
Retour sur les chemins
et pistes détrempés,la balade bucolique reste agréable,il ne fait
pas froid et jouissons d'une tranquillité absolue,que demande le
peuple.
Vohburg,encore
une charmante ville teutonne bien proprette avec ses nombreux
clochers,tours,maisons colorées........commence à avoir
l'impression de voyager dans un musée. L'office du tourisme,un
accueil particulièrement chaleureux nous réservant deux belles
surprises,un café offert dans un bistroquet au choix et une place de
camping gratuite,dotée de douches chaudes et W.C,quelle aubaine,nous
n'en revenons pas de notre chance,respect pour cette petite commune
faisant montre d'autant d'hospitalité,fait plutôt rare dans notre
monde.
Soupes de
nouvelles avalées les fesses dans l'humidité en admirant un beau
coucher de soleil,ce n'est certes pas vraiment le paradis mais cela
pourrait être pire !!!!
Donauwörth,du
18 au 19.10.2014
Etape:85
km
Brouillard à couper
au couteau,humidité,le scénario habituel fort peu agréable,il ne
fait pas encore trop froid,consolation qui console de moins en moins
au fil des jours qui passent.
Sous-bois,feuilles
craquetant sous les roues en suivant le Danube,univers exempt de
bruit,monde paisible au sein duquel je me sens à ma place et
heureuse d'évoluer. Certes notre route reste belle,jalonnée de
superbes paysages et villes,les teutons sont des êtres agréables et
serviables,mais l'esprit du voyage n'y est plus,le sentiment de me
retrouver dans la peau d'une vacancière décalée par rapport à un
monde auquel je n'appartiens pour l'instant pas. Il me manque la
chaleur de vraies rencontres sans artifice,le chaos,la
démerde,l'anarchie toutes ces choses qui ont fait quotidiennement
partie de ma vie au cours de ces dernières années. A évoluer dans
une contrée ressemblant fort à la mienne,je me sens gagnée par la
nostalgie,le manque des êtres aimés,ils n'ont jamais été aussi
près mais ne m'ont jamais paru aussi éloignés. Il est enfin arrivé
le moment,où l'envie d'arriver à bon port à supplanter les
éternelles doutes et interrogations,heureuse de savoir que chaque
coup de pédale me rapproche enfin de chez-moi.
Ingolstadt,Neustadt.......
parcours plus vallonné,apparition du soleil réchauffant âme et
carcasse et nous redonnant un regain de vigueur.
Nouvelle crevaison pour le
yackounet de Patrick,notre pompe ne fonctionne plus vraiment,il
semblerait que la durée de vie de tout notre matériel arrive à
échéance simultanément.
Réparation
effectuée,la nuit commence à tomber lorsque nous arrivons à
Donauwörth,tournons,virons impossible de trouver un camping ou autre
endroit pour se poser. Résolution est prise de trouver une
pension,il fait nuit noire,l'homme auquel je demanderai un
renseignement aura l' extrême obligeance de nous accompagner de sa
voiture dans des endroits qu'il pense le moins cher,les prix sont
exorbitants,il finira par nous laisser devant l'auberge de
jeunesse,tout content de nous avoir amenés à bon port,manque de
chance celui affiche complet. Pas besoin de beaucoup me forcer pour
avoir l'air à bout de force afin d'apitoyer la brave femme de
l'accueil,peut-être pourrait-elle nous trouver un tout petit coin où
installer nos matelas,mais cela ne se fait pas. Elle aura tout de
même la gentillesse d'appeler divers lieux avant de nous dégoter la
pension Gertrude,la moins onéreuse,50 €. Retraversée de la ville
en pleine nuit et sans phare avant d'atterrir chez la fameuse et
foutue Gertrude perchée au sommet du vertigineuse côte nique les
pattes.
Chambre
immense et confortable,nous permettant de retrouver nos
esprits,souffler un peu et récupérer.
Donauwörth,ressemble avec
ses maisons colorées,rues pavées,églises et château à une ville
de conte de fée,j'y paresserai plus que je ne m'y promènerai,je
sature et me sens proche de l'overdose.
Gunzburg,le
20.10.2014
Etape:76
km
Je me rends compte que je
n'ai pas grand chose à dire sur cette étape,principalement
rurale,nous ne verrons que peu le Danube en ce jour,notre route bien
souvent longeant des nationales bruyantes,un trafic et un bruit que
nous n'avons pas envie d'affronter qui nous agresse rapidement des
grimpettes certes pas très longues mais qui me font grincer des
dents,plus envie non plus,juste envie d'avancer et soustraire les
kilomètres. Même si nous n'en n'avons pas envie,il n'y a plus de
place pour l'illusion,nous ne sommes plus en voyage,nous sommes juste
sur la route,sommes par moments envahis par un sentiment de tristesse
devant ce constat irrémédiable.
Gunzburg,petit terrain de
camping au près d'une ferme,un instant de rêve,une famille
nombreuse hollandaise y est installée pour quelques jours de
vacances,nos contacts se limiteront à beaucoup de bruit et un verre
de vin rouge offert,chacun dans son monde,l'autre,l'étranger n'y a
pas sa place.
Ehingen,du
21 au 22.10.2014
Etape:71
km
Une pluie qui n'a
eu de cesse de tomber tout au long de la nuit,au matin,notre guitoune
est trempée,nous nageons dans l'humidité,dur dur,pour parachever ce
tableau idyllique,yackounet est à nouveau crevé,changement de
pneu,pompe ne marchant toujours pas. Suisses vaudois voyageant à
bord d'un camping car auquel sont accrochés quelques
vélos,dérangeons madame qui passe l'aspirateur,monsieur nous
prêtera une pompe à vélo d'aucune utilité,ils sont bien en
possession d'un compresseur,mais ce serait trop d'effort.......plus
qu'à partir à la recherche de la première station essence venue
!!!!! Dur,dur par moments de garder le moral,nous ne sommes pas trop
de deux.
Malgré un vent de face important,la météo est plutôt clémente en ce début de journée et l'étape sympa,le Danube se réduit de jour en jour pour ne plus ressembler qu'à une rivière. Ulm,ville somptueuse où Albert Einstein y vit le jour,ne traînons pas trop en route,des tempêtes tropicales sont annoncées pour cette fin d'après-midi et demain.
Progression difficile freinés par les coups de boutoir d’Éole qui forcit au fil des heures,le ciel est de plus en plus noir et menaçant. Ehingen,nous n'avons plus qu'à nous mettre à la recherche d'une pension,un toit dur à nous mettre sur la tête,notre guitoune fatiguée ne résisterait pas à la tempête.Cela nous prendra un temps infini,entre les endroits complets,ceux qui sont fermés...... Finissons par trouver une petite chambre confortable au prix pour nous toujours aussi exorbitant(50€),mais autant faire devant mauvaise fortune,bon cœur. Une décision que nous regrettons pas,lorsque le déluge s'abat et que Éole se déchaîne.
En ce jour,il n'y a que mon valeureux poussin pour mettre le nez dehors en quête de quelque chose à nous mettre sous la dent,de mon côté je reste terrée dans mon antre à méditer sur ma condition,la larme à l'oeil en pensant au moment où enfin je vais être arrivée à bon port et serrer les miens dans mes bras!!!!